[8,21] Μετὰ τοῦτο χώρα θ´, ὅσην διαπορεύοιτο,
ὑποχείριος ἦν καὶ πόλις οὐδεμία ἠναντιοῦτο ἔξω Λαουινίου, ἣν
πρώτην τε πόλιν οἱ σὺν Αἰνείᾳ κατάραντες
εἰς Ἰταλίαν Τρῶες ἔκτισαν, καὶ ἀφ´ ἧς τὸ Ῥωμαίων
ἦν γένος, ὡς καὶ πρότερόν μοι δεδήλωται. οἱ δ´ ἐν
ταύτῃ κατοικοῦντες πάντα πρότερον ᾤοντο δεῖν ὑπομένειν, ἢ τὸ
πρὸς τοὺς ἀπογόνους σφῶν {Ῥωμαίους}
πιστὸν ἐγκαταλιπεῖν. ἐγένοντο μὲν οὖν καὶ τειχομαχίαι
τινὲς αὐτόθι καρτεραὶ καὶ πρὸ τῶν ἐρυμάτων ὀξεῖαι
μάχαι· οὐ μὴν ἑάλω γε τὸ τεῖχος ἀπὸ κράτους τῇ
πρώτῃ ἐφόδῳ, ἀλλ´ ἐδόκει χρόνου δεῖν {ἡ πολιορκία}
καὶ τριβῆς. ἀποστὰς οὖν τῆς πολιορκίας ὁ Μάρκιος
περιετάφρευε κύκλῳ τὴν πόλιν καὶ ἀπεσταύρου, τὰς
ὁδοὺς φυλάττων, ἵνα μήτ´ ἀγορὰ μήτ´ ἐπικουρία τις
αὐτοῖς ἔξωθεν προσγένοιτο. Ῥωμαῖοι δὲ τῶν τε κεκρατημένων
ἤδη πόλεων τὸν ὄλεθρον ἀκούοντες καὶ τῶν
προσθεμένων τῷ Μαρκίῳ τὴν ἀνάγκην, ταῖς τε πρεσβείαις
ἐνοχλούμενοι ταῖς ἀφικνουμέναις ὡς αὐτοὺς ὁσημέραι παρὰ τῶν
μενουσῶν ἐν τῇ φιλίᾳ καὶ δεομένων
βοηθείας, τοῦ τε Λαουινίου τὸν περιτειχισμὸν ὀρρωδοῦντες ἐν
χερσὶν ὄντα, καὶ εἰ τόδε τὸ φρούριον ἁλώσεται τὸν πόλεμον ἐπὶ
σφᾶς ἥξειν εὐθὺς οἰόμενοι,
μίαν ὑπέλαβον ἔσεσθαι πάντων τῶν κακῶν λύσιν, εἰ
ψηφίσαιντο τῷ Μαρκίῳ τὴν κάθοδον. καὶ ὅ τε δῆμος
ἅπας ἐβόα τοῦτο, καὶ οἱ δήμαρχοι νόμον εἰσφέρειν
ὑπὲρ ἀκυρώσεως τῆς καταδίκης ἐβούλοντο· ἀλλ´ οἱ
πατρίκιοι ἠναντιώθησαν αὐτοῖς οὐκ ἀξιοῦντες τῶν δεδικασμένων
λύειν οὐθέν. μὴ γενομένου δὲ προβουλεύματος ὑπὸ τῆς βουλῆς
οὐδὲ τοῖς δημάρχοις ἔτι προθεῖναι γνώμην εἰς τὸν δῆμον ἐδόκει. ὃ
καὶ θαυμάζειν ἄξιον, ἀφ´ ἧς δήποτε αἰτίας ἡ βουλὴ σπουδάζουσα τὸν
ἔμπροσθεν χρόνον ὑπὲρ τοῦ Μαρκίου τότε βουλομένῳ
τῷ δήμῳ κατάγειν αὐτὸν ἠναντιώθη· πότερα πεῖραν
αὐτοῦ ποιουμένη τῆς γνώμης καὶ τῷ μὴ συγχωρεῖν
ἑτοίμως ἐπὶ τὸ μᾶλλον σπουδάζειν αὐτὸν παρορμῶσα,
ἢ τὰς καθ´ ἑαυτῆς ἀπολύσασθαι βουλομένη διαβολὰς
ὑπὲρ τοῦ μηθενὸς ὧν ἔπραττεν ὁ ἀνὴρ μήτε αἰτία μήτε
συνεργὸς εἶναι. χαλεπὸν γὰρ ἦν ἀπόρρητον γενόμενον
αὐτῆς τὸ βούλευμα συμβαλεῖν.
| [8,21] IX. APRES cette victoire insigne, par tout où il passait, tout se
rangeait sous son obéissance. Il n'y eut aucune ville qui osât lui résister,
excepté Lavinium. C'était la première ville que les Troyens avaient bâtie
sitôt qu'ils furent arrivés en Italie avec Enée : les Romains en tiraient leur
origine, comme j'ai dit ci-dessus. Les Laviniens étaient bien résolus de
tout souffrir plutôt que d'abandonner leur propre sang ou de rompre les
liens par lesquels la nature les attachait aux Romains. Il se donna de
rudes combats devant la ville: les Volsques attaquèrent vivement les
murailles, et à plusieurs reprises : mais ils ne purent les emporter de
force dans les premiers assauts.
X. MARCIUS qui jugea par une si vigoureuse résistance que cette
place le tiendrait trop longtemps, convertit le siège en blocus, il fit faire
des fossés et des palissades autour de la ville, il s'empara des avenues
et y posta des troupes pour empêcher que les assiégés ne pussent
recevoir ni provisions, ni vivres, ni secours du dehors.
XI. Sur ces entrefaites, les Romains qui apprirent qu'une partie des
villes des Latins avaient déjà été emportées d'assaut et saccagées, et
que d'autres avaient été réduites à la triste nécessité de se ranger sous
l'obéissance du général des Volsques, pressés d'ailleurs et fatigués par
les fréquentes ambassades qu'ils recevaient tous les jours de la part des
villes qui leur étaient demeurées fidèles et qui demandaient du secours,
épouvantés par la nouvelle du blocus de Lavinium qu'on pressait
fortement, et ne doutant point que l'ennemi ne tournât ses armes
contr'eux-mêmes et ne vint aussitôt les attaquer si une fois il prenait cette
importante place, crurent que l'unique remède à tant de maux était de
rappeler Marcius par un décret du sénat.
XII. Le peuple demandait avec empressement le rappel de cet illustre
exilé ; les Tribuns même voulaient faire une loi en cassation de la
sentence portée contre lui. Mais les patriciens s'y opposaient et ne
voulaient pas qu'on révoquât ce qui avait été une fois jugé. Le sénat
ne faisant donc aucune ordonnance sur ce sujet, les tribuns laissèrent
tomber l'affaire, et n'osèrent la proposer une seconde fois dans les
assemblées du peuple. Il est surprenant que le sénat qui avait embrassé
avec zèle les intérêts de Marcius, se soit opposé au peuple lorsqu' il
voulait le rappeler de son exil. On ne sait si les patriciens en usaient ainsi
pour éprouver la confiance du peuple, ni s'ils lui refusaient ce qu'il
souhaitait pour le lui faire demander avec plus d'empressement, ou pour
dissiper les calomnies qu'on avait publiées contre eux et pour montrer
qu'ils n'étaient ni causes ni complices de ce que faisait Marcius. Il était
difficile de pénétrer dans le secret de cet te conduite du sénat ; tant il avait
de soin de tenir ses desseins cachés afin que personne n'y pût rien connaître.
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