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[75] Ἤδη γὰρ οἶμαι παντί τῳ δῆλον γεγονέναι ὡς τῶν χωρὶς τοῦ
λόγου τῆς ἀληθείας ἐνεργούντων τι ἢ καὶ φθεγγο μένων ὁμοίων ὄντων τοῖς
χωρὶς βάσεως βαδίζειν βιαζο μένοις. Δυσωπούντων δέ σε εἰς σωτηρίαν καὶ
οἱ περὶ τοὺς θεοὺς ὑμῶν ἔλεγχοι, οὓς διὰ τὴν ἀλήθειαν ἐκβιαζόμενοι
(7.75.2) κωμῳδοῦσι ποιηταί. Μένανδρος γοῦν ὁ κωμικὸς ἐν Ἡνιόχῳ {ἐν
Ὑποβολιμαίῳ} τῷ δράματι
οὐδείς μ' ἀρέσκει (φησὶ) περιπατῶν ἔξω θεὸς
μετὰ γραός, οὐδ' εἰς οἰκίας παρεισιὼν
ἐπὶ τοῦ σανιδίου
(7.75.3) μητραγύρτης· τοιοῦτοι γὰρ οἱ μητραγύρται. Ὅθεν εἰκότως ὁ
Ἀντισθένης ἔλεγεν αὐτοῖς μεταιτοῦσιν·
"οὐ τρέφω τὴν (7.75.4) μητέρα τῶν θεῶν,
ἣν οἱ θεοὶ τρέφωσιν".
Πάλιν δὲ ὁ αὐτὸς κωμῳδιοποιὸς ἐν Ἱερείᾳ τῷ δράματι χαλεπαίνων
πρὸς τὴν συνήθειαν διελέγχειν πειρᾶται τὸν ἄθεον τῆς πλάνης τῦφον,
ἐπιφθεγγόμενος ἐμφρόνως
εἰ γὰρ ἕλκει τὸν θεὸν
τοῖς κυμβάλοις ἄνθρωπος εἰς ὃ βούλεται,
ὁ τοῦτο ποιῶν ἐστι μείζων τοῦ θεοῦ·
ἀλλ' ἔστι τόλμης καὶ βίας ταῦτ' ὄργανα
εὑρημέν' ἀνθρώποισιν.
| [75] Qui ne voit par conséquent que vouloir agir et parler sans
l'intervention du Verbe, c'est ressembler au malade qui essaie de marcher
avec des jambes percluses?
Ah ! du moins, puisse le ridicule dont vos poètes, entraînés par la
force de la vérité, couvrent vos dieux jusque sur la scène comique, vous
déterminer à embrasser le salut ! Le poète Ménandre nous dit, dans la
pièce intitulée le Cocher :
« Fi d'un Dieu qui court les rues dans la compagnie d'une vieille
femme; fi de cet homme qui se glisse dans les maisons, ses tablettes de
mendiant à la main ! »
L'allusion tombe ici sur les prêtres qui allaient quêter de porte en
porte pour Cybèle. De là, l'ingénieuse réponse d'Antisthène : « Je ne me
pique pas de nourrir la mère des dieux quand les dieux refusent de la
nourrir. » Le même poète comique s'indigne contre une coutume de
son temps, et poursuit dans le Prêtre, avec non moins de finesse que de
vérité, l'aveuglement de ses contemporains :
« Si l'homme peut, avec le bruit de ses cymbales et de ses tambours,
conduire le Dieu partout où bon lui semble, quiconque est armé de ce
pouvoir est supérieur au Dieu lui- même. Rêves d'une folle confiance !
Pures imaginations de l'homme !
| [76] Καὶ οὐχὶ μόνος ὁ Μένανδρος, ἀλλὰ καὶ Ὅμηρος καὶ Εὐριπίδης καὶ
ἄλλοι συχνοὶ ποιηταὶ διελέγχουσιν ὑμῶν τοὺς θεοὺς καὶ λοιδορεῖσθαι οὐ
δεδίασιν οὐδὲ καθ' ὁπόσον αὐτοῖς. Αὐτίκα τὴν Ἀθηνᾶν "κυνάμυιαν" καὶ τὸν
Ἥφαιστον "ἀμφιγύην" καλοῦσιν, τῇ δὲ Ἀφροδίτῃ ἡ Ἑλένη φησὶ
μηκέτι σοῖσι πόδεσσιν ὑποστρέψειας Ὄλυμπον.
(7.76.2) Ἐπὶ δὲ τοῦ Διονύσου ἀναφανδὸν Ὅμηρος γράφει
ὅς ποτε μαινομένοιο Διωνύσοιο τιθήνας
σεῦε κατ' ἠγάθεον Νυσήιον· αἳ δ' ἅμα πᾶσαι
θύσθλα χαμαὶ κατέχευαν ὑπ' ἀνδροφόνοιο Λυκούργου.
(7.76.3) Ἄξιος ὡς ἀληθῶς Σωκρατικῆς διατριβῆς ὁ Εὐριπίδης εἰς τὴν
ἀλήθειαν ἀπιδὼν καὶ τοὺς θεατὰς ὑπεριδών, ποτὲ μὲν τὸν Ἀπόλλωνα,
ὃς μεσομφάλους ἕδρας
ναίει βροτοῖσι στόμα νέμων σαφέστατα,
διελέγχων,
(7.76.4) κείνῳ πειθόμενος τὴν τεκοῦσαν ἔκτανον,
ἐκεῖνον ἡγεῖσθ' ἀνόσιον καὶ κτείνετε·
ἐκεῖνος ἥμαρτ', οὐκ ἐγώ,
ἀμαθέστερος ὢν τοῦ καλοῦ καὶ τῆς δίκης,
(7.76.5) τοτὲ δ' ἐμμανῆ εἰσάγων Ἡρακλέα καὶ μεθύοντα ἀλλαχόθι καὶ
ἄπληστον· πῶς γὰρ οὐχί;
Ὃς ἑστιώμενος τοῖς κρέασι χλωρὰ σῦκ' ἐπήσθιεν ἄμουσ' ὑλακτῶν
ὥστε βαρβάρῳ μαθεῖν.
(7.76.6) Ἥδη δὲ ἐν Ἴωνι τῷ δράματι γυμνῇ τῇ κεφαλῇ ἐκκυκλεῖ τῷ
θεάτρῳ τοὺς θεούς·
πῶς οὖν δίκαιον τοὺς νόμους ὑμᾶς βροτοῖς
γράψαντας αὐτοὺς ἀδικίας ὀφλισκάνειν;
Εἰ δ', οὐ γὰρ ἔσται, τῷ λόγῳ δὲ χρήσομαι,
δίκας βιαίων δώσετ' ἀνθρώποις γάμων,
σὺ καὶ Ποσειδῶν Ζεὺς δ', ὃς οὐρανοῦ κρατεῖ,
ναοὺς τίνοντες
| [76] Mais que dis-je? Ménandre n'est pas le seul qui tienne ce
langage. Homère, Euripide, beaucoup d'autres poètes, convainquent de
néant tous vos dieux, et ne leur épargnent jamais l'ironie, dès que
l'occasion s'en présente. Écoutez-les! Ici Minerve a le regard effronté d'un
chien; là, Vulcain boite des deux jambes. Ailleurs, Hélène poursuit Vénus
de cette imprécation :
« Puisses-tu ne jamais remettre les pieds dans l'Olympe!
Homère insulte ainsi ouvertement au dieu des vendanges:
« Pendant que Bacchus est en proie à ses fureurs, l'étranger souleva
contre le fils de Jupiter ses nourrices égarées. Toutes jetèrent le thyrse, à
l'instigation du cruel Lycurgue.
Euripide ne se montre-t-il pas le digne élève de Socrate, lorsque, les
yeux uniquement fixés sur la vérité, il brave ainsi l'opinion des
spectateurs? Tantôt il s'attaque « à cet Apollon qui, placé au point central
de la terre, rend aux hommes des oracles infaillibles. »
« Poussé par ses conseils, s'écrie-t-il, j'ai immolé ma mère. C'est un
infâme ; traînez-le au supplice, et qu'il soit mis à mort. Le crime appartient
à lui seul. Pour moi, je suis innocent ; j'ignorais où étaient la justice et la
vertu.
Tantôt il nous montre sur la scène un Hercule furieux ; ailleurs il en
fait un débauché, plein de vin, et que nul aliment ne peut rassasier. Faut-il
s'en étonner, quand on le mit, déjà gorgé de viandes, « manger des figues
vertes, et pousser des cris extravagants qui excitaient la pitié même d'un
Barbare ! » Dans Ion, il livre à la publicité du théâtre l'infamie des dieux.
« N'est-ce pas une révoltante injustice, que les législateurs de la terre
vivent eux-mêmes sans aucune loi ? Si, par impossible, qu'importe
cependant? je dirai la vérité, si, par impossible, les hommes vous
châtiaient de vos adultères, toi, Neptune et toi, roi suprême de l'Olympe, il
y a longtemps que les temples seraient vides sur la terre. »
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