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[1,123] τὰ μὲν οὖν προγεγενημένα τί δεῖ μακρότερον ἢ ἐς ὅσον
τοῖς νῦν ξυμφέρει αἰτιᾶσθαι; περὶ δὲ τῶν ἔπειτα μελλόντων τοῖς παροῦσι
βοηθοῦντας χρὴ ἐπιταλαιπωρεῖν (πάτριον γὰρ ὑμῖν ἐκ τῶν πόνων τὰς
ἀρετὰς κτᾶσθαι), καὶ μὴ μεταβάλλειν τὸ ἔθος, εἰ ἄρα πλούτῳ τε νῦν καὶ
ἐξουσίᾳ ὀλίγον προφέρετε (οὐ γὰρ δίκαιον ἃ τῇ ἀπορίᾳ ἐκτήθη τῇ περιουσίᾳ
ἀπολέσθαι), ἀλλὰ θαρσοῦντας ἰέναι κατὰ πολλὰ ἐς τὸν πόλεμον, τοῦ τε θεοῦ
χρήσαντος καὶ αὐτοῦ ὑποσχομένου ξυλλήψεσθαι καὶ τῆς ἄλλης Ἑλλάδος
ἁπάσης ξυναγωνιουμένης, τὰ μὲν φόβῳ, τὰ δὲ ὠφελίᾳ. σπονδάς τε οὐ λύσετε
πρότεροι, ἅς γε καὶ ὁ θεὸς κελεύων πολεμεῖν νομίζει παραβεβάσθαι,
ἠδικημέναις δὲ μᾶλλον βοηθήσετε· λύουσι γὰρ οὐχ οἱ ἀμυνόμενοι, ἀλλ' οἱ
πρότεροι ἐπιόντες.
| [1,123] CXXIII. - Mais pourquoi récriminer si longtemps sur le passé, si ce n'est pour le profit du présent ?
C'est en vue de l'avenir qu'il faut veiller au présent et redoubler nos pénibles efforts ; car c'est chez
nous une tradition de puiser ses vertus dans les difficultés mêmes. Si vous l'emportez quelque peu sur
vos ancêtres par la richesse et la puissance, ce n'est pas une raison pour modifier votre conduite ; il
n'est pas juste de perdre par l'opulence ce qu'on a gagné par l'indigence. Au contraire, vous avez bien
des motifs de partir en guerre avec confiance l'oracle d'Apollon, qui vous promet de se ranger à vos
côtés, tout le reste de la Grèce qui vous assistera, tant par crainte que par intérêt. De plus, vous ne
serez pas les premiers à rompre le traité, puisque le dieu, en vous incitant à la guerre, convient qu'il a
été violé ; au contraire, vous en vengerez la violation. Celle-ci est le fait, non de ceux qui se
défendent, mais de ceux qui attaquent les premiers.
| [1,124] 'Ὥστε πανταχόθεν καλῶς ὑπάρχον ὑμῖν πολεμεῖν καὶ ἡμῶν
κοινῇ τάδε παραινούντων, εἴπερ βεβαιότατον τὸ ταὐτὰ ξυμφέροντα καὶ
πόλεσι καὶ ἰδιώταις εἶναι, μὴ μέλλετε Ποτειδεάταις τε ποιεῖσθαι τιμωρίαν
οὖσι Δωριεῦσι καὶ ὑπὸ Ἰώνων πολιορκουμένοις, οὗ πρότερον ἦν τοὐναντίον,
καὶ τῶν ἄλλων μετελθεῖν τὴν ἐλευθερίαν, ὡς οὐκέτι ἐνδέχεται περιμένοντας
τοὺς μὲν ἤδη βλάπτεσθαι, τοὺς δ', εἰ γνωσθησόμεθα ξυνελθόντες μέν,
ἀμύνεσθαι δὲ οὐ τολμῶντες, μὴ πολὺ ὕστερον τὸ αὐτὸ πάσχειν· ἀλλὰ
νομίσαντες ἐς ἀνάγκην ἀφῖχθαι, ὦ ἄνδρες ξύμμαχοι, καὶ ἅμα τάδε ἄριστα
λέγεσθαι, ψηφίσασθε τὸν πόλεμον μὴ φοβηθέντες τὸ αὐτίκα δεινόν, τῆς δ'
ἀπ' αὐτοῦ διὰ πλείονος εἰρήνης ἐπιθυμήσαντες· ἐκ πολέμου μὲν γὰρ εἰρήνη
μᾶλλον βεβαιοῦται, ἀφ' ἡσυχίας δὲ μὴ πολεμῆσαι οὐχ ὁμοίως ἀκίνδυνον. καὶ
τὴν καθεστηκυῖαν ἐν τῇ Ἑλλάδι πόλιν τύραννον ἡγησάμενοι ἐπὶ πᾶσιν
ὁμοίως καθεστάναι, ὥστε τῶν μὲν ἤδη ἄρχειν, τῶν δὲ διανοεῖσθαι,
παραστησώμεθα ἐπελθόντες, καὶ αὐτοί τε ἀκινδύνως τὸ λοιπὸν οἰκῶμεν καὶ
τοὺς νῦν δεδουλωμένους Ἕλληνας ἐλευθερώσωμεν.' τοιαῦτα μὲν οἱ Κορίνθιοι εἶπον.
| [1,124] CXXIV. - "Ainsi sur tous les points, les circonstances nous sont favorables pour la guerre ; c'est d'un
commun accord que nous vous engageons à prendre cette décision, et la condition la plus sûre du
succès, c'est que cités et particuliers aient les mêmes intérêts. Aussi ne tardez pas à secourir les
Potidéates, qui sont des Doriens et assiégés par des Ioniens c'était l'inverse autrefois ; hâtez-vous en
même temps d'assurer la liberté des autres Grecs. Car il n'est plus admissible que par notre
temporisation les uns soient déjà maltraités et les autres à la veille de subir le même sort ; et c'est ce
qui arrivera si l'on s'aperçoit que nous nous sommes réunis, mais sans avoir le courage de leur porter
secours. Au contraire, dites-vous bien que la nécessité vous y pousse, ô alliés ; décidez la guerre, car
c'est la meilleure solution. Oui, votez-la, sans crainte du danger immédiat et avec le désir d'assurer
par elle une paix plus durable. Oui, c'est la guerre qui assure la paix, bien mieux que le refus de
combattre par amour de la tranquillité. Ayez la conviction que la cité qui s'est faite le tyran de la Grèce
nous menace tous également, puisqu'elle a déjà soumis certains peuples et projette de soumettre les
autres ; marchons contre elle et réduisons-la, vivons désormais à l'abri du danger et délivrons les
Grecs actuellement asservis." Telles furent les paroles des Corinthiens.
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