HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Platon, La République, livre II

Page 375

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[375] (375a) Οὐ γὰρ οὖν, ἔφη. Οἴει οὖν τι, ἦν δἐγώ, διαφέρειν φύσιν γενναίου σκύλακος εἰς φυλακὴν νεανίσκου εὐγενοῦς; Τὸ ποῖον λέγεις; Οἷον ὀξύν τέ που δεῖ αὐτοῖν ἑκάτερον εἶναι πρὸς αἴσθησιν καὶ ἐλαφρὸν πρὸς τὸ αἰσθανόμενον διωκάθειν, καὶ ἰσχυρὸν αὖ, ἐὰν δέῃ ἑλόντα διαμάχεσθαι. Δεῖ γὰρ οὖν, ἔφη, πάντων τούτων. Καὶ μὴν ἀνδρεῖόν γε, εἴπερ εὖ μαχεῖται. Πῶς δοὔ; ᾿Ανδρεῖος δὲ εἶναι ἆρα ἐθελήσει μὴ θυμοειδὴς εἴτε ἵππος εἴτε κύων ἄλλο ὁτιοῦν ζῷον; οὐκ ἐννενόηκας ὡς (b) ἄμαχόν τε καὶ ἀνίκητον θυμός, οὗ παρόντος ψυχὴ πᾶσα πρὸς πάντα ἄφοβός τέ ἐστι καὶ ἀήττητος; ᾿Εννενόηκα. Τὰ μὲν τοίνυν τοῦ σώματος οἷον δεῖ τὸν φύλακα εἶναι, δῆλα. Ναί. Καὶ μὴν καὶ τὰ τῆς ψυχῆς, ὅτι γε θυμοειδῆ. Καὶ τοῦτο. Πῶς οὖν, ἦν δἐγώ, Γλαύκων, οὐκ ἄγριοι ἀλλήλοις τε ἔσονται καὶ τοῖς ἄλλοις πολίταις, ὄντες τοιοῦτοι τὰς φύσεις; Μὰ Δία, δὅς, οὐ ῥᾳδίως. (c) ᾿Αλλὰ μέντοι δεῖ γε πρὸς μὲν τοὺς οἰκείους πρᾴους αὐτοὺς εἶναι, πρὸς δὲ τοὺς πολεμίους χαλεπούς· εἰ δὲ μή, οὐ περιμενοῦσιν ἄλλους σφᾶς διολέσαι, ἀλλαὐτοὶ φθήσονται αὐτὸ δράσαντες. ᾿Αληθῆ, ἔφη. Τί οὖν, ἦν δἐγώ, ποιήσομεν; πόθεν ἅμα πρᾷον καὶ μεγαλόθυμον ἦθος εὑρήσομεν; ἐναντία γάρ που θυμοειδεῖ πρᾳεῖα φύσις. Φαίνεται. ᾿Αλλὰ μέντοι τούτων γε ὁποτέρου ἂν στέρηται, φύλαξ ἀγαθὸς οὐ μὴ γένηται· ταῦτα δὲ ἀδυνάτοις ἔοικεν, καὶ οὕτω (d) δὴ συμβαίνει ἀγαθὸν φύλακα ἀδύνατον γενέσθαι. Κινδυνεύει, ἔφη. Καὶ ἐγὼ ἀπορήσας τε καὶ ἐπισκεψάμενος τὰ ἔμπροσθεν, Δικαίως γε, ἦν δἐγώ, φίλε, ἀποροῦμεν· ἧς γὰρ προυθέμεθα εἰκόνος ἀπελείφθημεν. Πῶς λέγεις; Οὐκ ἐννενοήκαμεν ὅτι εἰσὶν ἄρα φύσεις οἵας ἡμεῖς οὐκ ᾠήθημεν, ἔχουσαι τἀναντία ταῦτα. Ποῦ δή; ῎Ιδοι μὲν ἄν τις καὶ ἐν ἄλλοις ζῴοις, οὐ μεντἂν ἥκιστα (e) ἐν ἡμεῖς παρεβάλλομεν τῷ φύλακι. οἶσθα γάρ που τῶν γενναίων κυνῶν, ὅτι τοῦτο φύσει αὐτῶν τὸ ἦθος, πρὸς μὲν τοὺς συνήθεις τε καὶ γνωρίμους ὡς οἷόν τε πρᾳοτάτους εἶναι, πρὸς δὲ τοὺς ἀγνῶτας τοὐναντίον. Οἶδα μέντοι. Τοῦτο μὲν ἄρα, ἦν δἐγώ, δυνατόν, καὶ οὐ παρὰ φύσιν ζητοῦμεν τοιοῦτον εἶναι τὸν φύλακα. Οὐκ ἔοικεν. ῏Αροὖν σοι δοκεῖ ἔτι τοῦδε προσδεῖσθαι φυλακικὸς ἐσόμενος, πρὸς τῷ θυμοειδεῖ ἔτι προσγενέσθαι φιλόσοφος τὴν φύσιν; [375] (375a) Non, en effet, nous ne devons pas perdre courage, dit-il. Eh bien ! repris-je, crois-tu que le naturel d'un jeune chien de bonne race diffère, pour ce qui concerne la garde, de celui d'un jeune homme bien né ? Que veux-tu dire ? Qu'ils doivent avoir l'un et l'autre des sens aiguisés pour découvrir l'ennemi, de la vitesse pour le poursuivre dès qu'il est découvert, et de la force pour le combattre, s'il le faut, lorsqu'il est atteint. En effet, dit-il, toutes ces qualités sont requises. Et le courage aussi pour bien combattre. Comment non ? Mais sera-t-il courageux celui qui n'est point iracible, cheval, chien ou autre animal quelconque ? N'as-tu (375b) pas remarqué que la colère est quelque chose d'indomptable et d'invincible, et que toute âme qu'elle possède ne saurait craindre ni céder ? Je l'ai remarqué. Voilà donc évidemment les qualités que doit avoir le gardien pour ce qui est du corps. Oui. Et pour ce qui est de l'âme il doit être d'humeur irascible. Oui aussi. Mais alors, Glaucon, repris-je, ne seront-ils pas féroces entre eux et à l'égard des autres citoyens, avec de pareilles natures ? Par Zeus, dit-il, il est difficile qu'il en soit autrement. Cependant, il faut qu'ils soient doux envers les leurs, et (375c) rudes envers les ennemis ; sinon, ils n'attendront pas que d'autres détruisent la cité : ils les préviendront et la détruiront eux-mêmes. C'est vrai, avoua-t-il. Que ferons-nous donc ? poursuivis-je. Où trouverons-nous un caractère à la fois doux et hautement irascible ? Une nature douce est, en effet, l'opposé d'une nature irascible. Il le semble. Mais pourtant, si l'une de ces qualités manque, nous n'aurons pas de bon gardien ; or, il paraît impossible de les réunir, et il s'ensuit qu'il est impossible de trouver un (375d) bon gardien. Je le crains, dit-il. J'hésitai un instant ; puis, ayant considéré ce que nous venions de dire : Nous méritons bien, mon ami, repris-je, d'être dans l'embarras pour avoir abandonné la comparaison que nous nous étions proposée. Comment dis-tu? Nous n'avons pas réfléchi qu'il existe en effet de ces natures que nous jugions impossibles et qui réunissent ces qualités contraires. Où donc ? On peut les voir chez différents animaux, mais surtout chez celui que nous comparions au gardien. Tu sais sans (375e) doute que les chiens de bonne race sont, naturellement, aussi doux que possible pour les gens de la maison et ceux qu'ils connaissent, et le contraire pour ceux qu'ils ne connaissent point. Certes, je le sais. La chose est donc possible, repris-je, et nous n'allons pas à l'encontre de la nature en cherchant un gardien de ce caractère. Il ne le semble pas. Maintenant ne crois-tu pas qu'il manque encore quelque chose à notre futur gardien ? Outre l'humeur irascible, il doit avoir un naturel philosophe.


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Dernière mise à jour : 18/01/2006