[268] (268a) (Σωκράτης)
ἐῶμεν δὴ τά γε σμικρά· ταῦτα δὲ ὑπ᾽ αὐγὰς μᾶλλον ἴδωμεν, τίνα καὶ πότ᾽ ἔχει
τὴν τῆς τέχνης δύναμιν.
(Φαῖδρος) καὶ μάλα ἐρρωμένην, ὦ Σώκρατες, ἔν γε δὴ πλήθους συνόδοις.
(Σωκράτης)
ἔχει γάρ. ἀλλ᾽, ὦ δαιμόνιε, ἰδὲ καὶ σὺ εἰ ἄρα καὶ σοὶ φαίνεται διεστηκὸς αὐτῶν τὸ
ἤτριον ὥσπερ ἐμοί.
(Φαῖδρος) δείκνυε μόνον.
(Σωκράτης)
εἰπὲ δή μοι· εἴ τις προσελθὼν τῷ ἑταίρῳ σου Ἐρυξιμάχῳ ἢ τῷ πατρὶ αὐτοῦ
Ἀκουμενῷ εἴποι ὅτι "ἐγὼ ἐπίσταμαι τοιαῦτ᾽ ἄττα σώμασι προσφέρειν, ὥστε
θερμαίνειν (268b) τ᾽ ἐὰν βούλωμαι καὶ ψύχειν, καὶ ἐὰν μὲν δόξῃ μοι, ἐμεῖν ποιεῖν,
ἐὰν δ᾽ αὖ, κάτω διαχωρεῖν, καὶ ἄλλα πάμπολλα τοιαῦτα· καὶ ἐπιστάμενος αὐτὰ
ἀξιῶ ἰατρικὸς εἶναι καὶ ἄλλον ποιεῖν ᾧ ἂν τὴν τούτων ἐπιστήμην παραδῶ," τί ἂν
οἴει ἀκούσαντας εἰπεῖν;
(Φαῖδρος)
τί δ᾽ ἄλλο γε ἢ ἐρέσθαι εἰ προσεπίσταται καὶ οὕστινας δεῖ καὶ ὁπότε ἕκαστα
τούτων ποιεῖν, καὶ μέχρι ὁπόσου;
(Σωκράτης)
εἰ οὖν εἴποι ὅτι "οὐδαμῶς· ἀλλ᾽ ἀξιῶ τὸν ταῦτα (268c) παρ᾽ ἐμοῦ μαθόντα αὐτὸν
οἷόν τ᾽ εἶναι (ποιεῖν) ἃ ἐρωτᾷς;"
(Φαῖδρος)
εἰπεῖν ἂν οἶμαι ὅτι μαίνεται ἅνθρωπος, καὶ ἐκ βιβλίου ποθὲν ἀκούσας ἢ
περιτυχὼν φαρμακίοις ἰατρὸς οἴεται γεγονέναι, οὐδὲν ἐπαΐων τῆς τέχνης.
(Σωκράτης)
τί δ᾽ εἰ Σοφοκλεῖ αὖ προσελθὼν καὶ Εὐριπίδῃ τις λέγοι ὡς ἐπίσταται περὶ σμικροῦ
πράγματος ῥήσεις παμμήκεις ποιεῖν καὶ περὶ μεγάλου πάνυ σμικράς, ὅταν τε
βούληται οἰκτράς, καὶ τοὐναντίον αὖ φοβερὰς καὶ ἀπειλητικὰς ὅσα τ᾽ (268d)
ἄλλα τοιαῦτα, καὶ διδάσκων αὐτὰ τραγῳδίας ποίησιν οἴεται παραδιδόναι;
(Φαῖδρος)
καὶ οὗτοι ἄν, ὦ Σώκρατες, οἶμαι καταγελῷεν εἴ τις οἴεται τραγῳδίαν ἄλλο τι εἶναι
ἢ τὴν τούτων σύστασιν πρέπουσαν ἀλλήλοις τε καὶ τῷ ὅλῳ συνισταμένην.
(Σωκράτης)
ἀλλ᾽ οὐκ ἂν ἀγροίκως γε οἶμαι λοιδορήσειαν, ἀλλ᾽ ὥσπερ ἂν μουσικὸς ἐντυχὼν
ἀνδρὶ οἰομένῳ ἁρμονικῷ εἶναι, ὅτι δὴ τυγχάνει ἐπιστάμενος ὡς οἷόν τε ὀξυτάτην
καὶ βαρυτάτην (268e) χορδὴν ποιεῖν, οὐκ ἀγρίως εἴποι ἄν· "ὦ μοχθηρέ,
μελαγχολᾷς," ἀλλ᾽ ἅτε μουσικὸς ὢν πρᾳότερον ὅτι "ὦ ἄριστε, ἀνάγκη μὲν καὶ
ταῦτ᾽ ἐπίστασθαι τὸν μέλλοντα ἁρμονικὸν ἔσεσθαι, οὐδὲν μὴν κωλύει μηδὲ
σμικρὸν ἁρμονίας ἐπαΐειν τὸν τὴν σὴν ἕξιν ἔχοντα· τὰ γὰρ πρὸ ἁρμονίας
ἀναγκαῖα μαθήματα ἐπίστασαι ἀλλ᾽ οὐ τὰ ἁρμονικά."
(Φαῖδρος) ὀρθότατά γε.
| [268] — (SOCRATE) : Alors, les petites choses au
moins, laissons-les! (268a) Ce sont les précédentes qu'il
nous faut plutôt regarder bien au jour pour voir quelle
en est, et dans quels cas, la vertu, j'entends la vertu qui
est celle que possède l'art! — (PHÈDRE) : Une vertu tout à
fait puissante, Socrate, au moins assurément dans les
assemblées nombreuses. — (SOCRATE) : C'est bien vrai! Vois
cependant par toi-même, homme divin, si par hasard
le tissu, à toi, ne t'en apparaît pas, comme à moi, bien
lâche. — (PHÈDRE) : Ce tissu, tu n'as qu'à me le faire voir!
— (SOCRATE) : Sur ce, dis-moi, suppose qu'on vienne trouver
ton ami Éryximaque ou son père, Acoumène, et qu'on
leur tienne ce langage : « Moi, je possède une science
qui est d'administrer au corps un traitement (b) aussi
propre, à mon gré, à l'échauffer qu'à le refroidir; aussi
propre, selon ma fantaisie, à le faire vomir qu'à le faire
au contraire aller du bas; sans parler d'une quantité
innombrable d'effets analogues. Possédant ladite connaissance,
je m'estime capable d'exercer la médecine et
d'en rendre un autre capable, quand je lui aurai communiqué
la connaissance de ces procédés! » Que diraient-ils,
selon toi, en entendant ce langage? — (PHÈDRE) : Eh! rien
d'autre que de lui demander s'il possède en outre la
connaissance, et des gens qu'il faut traiter ainsi, et quand
il faut pratiquer chacun de ces traitements, et dans
quelle mesure à ne point dépasser. — (SOCRATE) : Mais
suppose qu'il leur réponde : « Je ne possède en aucune
façon cette connaissance; j'estime cependant (c) que
celui qui, auprès de moi, a acquis le savoir dont j'ai
parlé est capable de faire ce que tu demandes.» — (PHÈDRE) :
Ils diraient, je pense, que cet homme est fou, si, parce
qu'il a, soit appris d'un livre quelques médicaments
venant on ne sait d'où, soit rencontré ceux-ci par hasard,
il s'imagine être médecin, lui qui n'entend rien à cet
art! — (SOCRATE) : Mais quoi? suppose à présent qu'on
vienne trouver Sophocle et Euripide, et qu'on leur
tienne ce langage : « Je possède une science qui est,
sur un mince sujet, de composer des tirades qui n'en
finissent plus, aussi bien que de toutes petites sur un
grand sujet; d'en composer, quand cela me plaît, qui
excitent la compassion ou d'autres qui, au contraire,
provoquent la peur (d) et sont des menaces... » Et tout
ce que peut dire de ce genre un homme convaincu que,
en enseignant cela, il communique à autrui la confection
d'une tragédie. — (PHÈDRE) : Ceux-ci à leur tour, Socrate,
riraient qu'on pût s'imaginer une tragédie autrement que
comme une oeuvre qui s'est organisée avec ces éléments-là,
mais de telle sorte qu'il y ait entre eux convenance
mutuelle et convenance avec l'ensemble! —
(SOCRATE) : Cependant ils ne l'insulteraient pas, je pense,
avec brutalité; mais leur attitude serait, plutôt, celle
d'un musicien ayant rencontré quelqu'un qui croit être
compétent en harmonie, pour la bonne raison qu'il se
trouve à connaître comment on peut tirer d'une corde
le son le plus aigu ou le son le plus grave; (e) au lieu
de lui dire avec violence : « Tu divagues, misérable! »,
au contraire, en sa qualité de musicien, il lui parlerait
plus poliment : « Il est nécessaire, c'est vrai, excellent
homme, de connaître aussi cette chose que tu sais, quand
on veut être compétent en harmonie; rien n'empêche
cependant que, avec la capacité que tu possèdes, on
s'entende aussi peu que possible à l'harmonie! Tu possèdes
des notions qui sont préalables et nécessaires à
l'harmonie, mais qui ne sont pas la connaissance de
l'harmonie.»—(PHÈDRE) : Oui, c'est très juste!
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