[496] (Σωκράτης) οἷον περὶ ὅτου βούλει τοῦ σώματος ἀπολαβὼν (496a) σκόπει. νοσεῖ
που ἄνθρωπος ὀφθαλμούς, ᾧ ὄνομα ὀφθαλμία;
(Καλλίκλης) πῶς γὰρ οὔ;
(Σωκράτης) οὐ δήπου καὶ ὑγιαίνει γε ἅμα τοὺς αὐτούς;
(Καλλίκλης) οὐδ' ὁπωστιοῦν.
(Σωκράτης)
τί δὲ ὅταν τῆς ὀφθαλμίας ἀπαλλάττηται; ἆρα τότε καὶ τῆς ὑγιείας ἀπαλλάττεται
τῶν ὀφθαλμῶν καὶ τελευτῶν ἅμα ἀμφοτέρων ἀπήλλακται;
(Καλλίκλης) ἥκιστά γε.
(Σωκράτης) θαυμάσιον γὰρ (496b) οἶμαι καὶ ἄλογον γίγνεται· ἦ γάρ;
(Καλλίκλης) σφόδρα γε.
(Σωκράτης) ἀλλ' ἐν μέρει οἶμαι ἑκάτερον καὶ λαμβάνει καὶ ἀπολλύει;
(Καλλίκλης) φημί.
(Σωκράτης) οὐκοῦν καὶ ἰσχὺν καὶ ἀσθένειαν ὡσαύτως;
(Καλλίκλης) ναί.
(Σωκράτης) καὶ τάχος καὶ βραδυτῆτα;
(Καλλίκλης) πάνυ γε.
(Σωκράτης)
ἦ καὶ τἀγαθὰ καὶ τὴν εὐδαιμονίαν καὶ τἀναντία τούτων, κακά τε καὶ ἀθλιότητα,
ἐν μέρει λαμβάνει καὶ ἐν μέρει ἀπαλλάττεται ἑκατέρου;
(Καλλίκλης) πάντως δήπου.
(496c) (Σωκράτης)
ἐὰν εὕρωμεν ἄρα ἄττα ὧν ἅμα τε ἀπαλλάττεται ἄνθρωπος καὶ ἅμα ἔχει, δῆλον
ὅτι ταῦτά γε οὐκ ἂν εἴη τό τε ἀγαθὸν καὶ τὸ κακόν. ὁμολογοῦμεν ταῦτα; καὶ εὖ
μάλα σκεψάμενος ἀποκρίνου.
(Καλλίκλης) ἀλλ' ὑπερφυῶς ὡς ὁμολογῶ.
(Σωκράτης)
ἴθι δὴ ἐπὶ τὰ ἔμπροσθεν ὡμολογημένα. τὸ πεινῆν ἔλεγες πότερον ἡδὺ ἢ ἀνιαρὸν
εἶναι; αὐτὸ λέγω τὸ πεινῆν.
(Καλλίκλης) ἀνιαρὸν ἔγωγε· τὸ μέντοι πεινῶντα ἐσθίειν ἡδὺ (496d) λέγω.
(Σωκράτης) μανθάνω· ἀλλ' οὖν τό γε πεινῆν αὐτὸ ἀνιαρόν. ἢ οὐχί;
(Καλλίκλης) φημί.
(Σωκράτης) οὐκοῦν καὶ τὸ διψῆν;
(Καλλίκλης) σφόδρα γε.
(Σωκράτης)
πότερον οὖν ἔτι πλείω ἐρωτῶ, ἢ ὁμολογεῖς ἅπασαν ἔνδειαν καὶ ἐπιθυμίαν
ἀνιαρὸν εἶναι;
(Καλλίκλης) ὁμολογῶ, ἀλλὰ μὴ ἐρώτα.
(Σωκράτης) εἶεν· διψῶντα δὲ δὴ πίνειν ἄλλο τι ἢ ἡδὺ φῂς εἶναι;
(Καλλίκλης) ἔγωγε.
(Σωκράτης) οὐκοῦν τούτου οὗ λέγεις τὸ μὲν διψῶντα λυπούμενον δήπου ἐστίν;
(496e) (Καλλίκλης) ναί.
(Σωκράτης) τὸ δὲ πίνειν πλήρωσίς τε τῆς ἐνδείας καὶ ἡδονή;
(Καλλίκλης) ναί.
(Σωκράτης) οὐκοῦν κατὰ τὸ πίνειν χαίρειν λέγεις;
(Καλλίκλης) μάλιστα.
(Σωκράτης) διψῶντά γε.
(Καλλίκλης) φημί.
(Σωκράτης) λυπούμενον;
(Καλλίκλης) ναί.
(Σωκράτης)
αἰσθάνῃ οὖν τὸ συμβαῖνον, ὅτι λυπούμενον χαίρειν λέγεις ἅμα, ὅταν διψῶντα
πίνειν λέγῃς; ἢ οὐχ ἅμα τοῦτο γίγνεται κατὰ τὸν αὐτὸν τόπον καὶ χρόνον εἴτε
ψυχῆς εἴτε σώματος βούλει; οὐδὲν γὰρ οἶμαι διαφέρει. ἔστι ταῦτα ἢ οὔ;
(Καλλίκλης) ἔστιν.
| [496] — SOCRATE. Le voici : Prenons pour exemple telle partie du
corps qu'il te plaira. Examine bien. L'homme n'a-t-il pas
quelquefois une maladie d'yeux? ce qu'on appelle
ophthalmie. — CALLICLÈS. Sans doute. — SOCRATE. Et
probablement il n'a pas dans le même temps les
yeux sains?— CALLICLÈS. Cela ne se peut nullement.
— SOCRATE. Mais quoi! lorsqu'on guérit de l'ophthalmie,
perd-on la santé des yeux, et finit-on par se trouver
tout à la fois débarrassé de l'une et privé de l'autre?
CALLICLÈS. Non, assurément. — SOCRATE. Ce serait en
effet, je pense, prodigieux et absurde : n'est-ce pas? —
CALLICLÈS. Tout à fait. — SOCRATE. Mais, autant qu'il me
semble, chacun de ces deux états se prend et se perd
tour à tour. — CALLICLÈS. J'en conviens. — SOCRATE.
N'en est-il pas de même de la force de la faiblesse? —
CALLICLÈS. Oui. — SOCRATE. Et de la vitesse et de la lenteur?
— CALLICLÈS. Sans contredit. — SOCRATE. Et pour
ce qui est des biens, du bonheur et de leurs contraires,
les maux et le malheur, les gagne-t-on et les perd-on
successivement?— CALLICLÈS. Incontestablement. — SOCRATE.
Si donc il se trouve des choses que l'on puisse
perdre et posséder en même temps, il est évident que
ce n'est pas le bien et le mal. Sommes-nous d'accord
sur ce point? — Penses-y bien avant de répondre. —
CALLICLÈS. J'en conviens parfaitement.
LI. — SOCRATE. Revenons maintenant à ce qui a été
accordé précédemment. A propos de la faim, as-tu dit
que ce fût un sentiment agréable ou douloureux? Je
parle de la faim prise en elle-même. — CALLICLÈS. C'est
un sentiment douloureux; et manger quand on a faim,
est une chose agréable. — SOCRATE. J'entends; mais la
faim en elle-même est douloureuse, n'est-ce pas? —
CALLICLÈS. Oui. — SOCRATE. Et la soif aussi par conséquent?
— CALLICLÈS. Très certainement. — SOCRATE.
Faut-il que je fasse encore plusieurs autres questions, ou
conviens-tu que tout besoin, tout désir est douloureux?
CALLICLÈS. J'en conviens : laisse-là tes questions. —
SOCRATE. A la bonne heure. Mais boire quand on a soif,
n'est-ce pas, selon toi, une chose agréable?— CALLICLÈS.
J'en conviens. — SOCRATE. Et, dans ce plaisir dont tu
parles, le fait même d'avoir soif n'est-il pas douloureux?
— CALLICLÈS. Oui. — SOCRATE. Et l'action de boire
n'est-elle pas la satisfaction d'un besoin, et un plaisir?
CALLICLÈS. Oui. — SOCRATE. Tu dis un plaisir, en tant
que boire? — CALLICLÈS. Sans le moindre doute. —
SOCRATE. Pourvu qu'on ait soif? — CALLICLÈS. D'accord.
— SOCRATE. Et qu'en tant qu'on a soif, on sent de la
douleur? — CALLICLÈS. Oui. — SOCRATE. Vois-tu qu'il
résulte de là, que quand tu dis, boire ayant soif, c'est
comme si tu disais, avoir du plaisir en éprouvant de la
douleur? Ces deux mêmes sentiments ne concourent-ils
pas dans le même temps et dans le même lieu, soit
de l'âme, soit du corps, comme il te plaira, car cela
n'y fait rien, à mon avis? Est-ce vrai, ou non? — CALLICLÈS.
Cela est vrai.
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