HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Clément d'Alexandrie, Discours aux gentils

Paragraphe 97-98

  Paragraphe 97-98

[97] Ἄγαμαι τοίνυν τὸν Χῖον σοφιστήν, Θεόκριτος ὄνομα αὐτῷ· μετὰ τὴν Ἀλεξάνδρου τελευτὴν ἐπισκώπτων Θεόκριτος τὰς δόξας τὰς κενὰς τῶν ἀνθρώπων ἃς εἶχον περὶ θεῶν, πρὸς τοὺς πολίτας "ἄνδρες," εἶπεν, "θαρρεῖτε ἄχρις ἂν ὁρᾶτε τοὺς θεοὺς πρότερον τῶν ἀνθρώπων ἀποθνῄσκοντας." Θεοὺς δὲ δὴ τοὺς ὁρατοὺς καὶ τὸν σύγκλυδα τῶν γενητῶν τούτων ὄχλον προσκυνῶν καὶ προσεταιριζόμενος, αὐτῶν ἐκείνων τῶν δαιμόνων ἀθλιώτερος μακρῷ. "Θεὸς" γὰρ "οὐδαμῇ οὐδαμῶς ἄδικος" ὥσπερ οἱ δαίμονες, "ἀλλ' ὡς οἷόν τε δικαιότατος, καὶ οὐκ ἔστιν αὐτῷ ὁμοιότερον οὐδὲν ὃς ἂν ἡμῶν γένηται ὅτι δικαιότατος." (10.97.3) Βᾶτ' εἰς ὁδὸν δὴ πᾶς χειρῶναξ λεώς, οἳ τὴν Διὸς γοργῶπιν Ἐργάνην θεὸν στατοῖσι λίκνοις προστρέπεσθε, ἠλίθιοι τῶν λίθων δημιουργοί τε καὶ προσκυνηταί. [97] Aussi ne puis-je refuser mon admiration au sophiste divin qui portait le nom de Théocrite. Paraissant sur la place publique après la mort d'Alexandre, il dit à ses concitoyens, pour les faire rougir des vaines opinions qu'ils se formaient sur le compte des dieux : « Rassurez-vous, ô hommes, aussi longtemps que vous verrez les dieux mourir avant vous. » Il n'en faut point douter; ceux qui se forgent des divinités corporelles et palpables, en mêlant à leurs adorations la matière et tout ce qui est créé, sont beaucoup plus malheureux que les démons ; car Dieu n'est pas injuste comme ces derniers. Il est la justice infinie; et l'être qui lui ressemble le plus, c'est le mortel le plus juste. « Accourez donc, mercenaires de toute espèce, qui, dans votre aveugle admiration pour la fille de Jupiter, déesse au visage terrible et protectrice du travail, l'adorez en déposant à ses pieds des cribles ; » insensés qui rendez les honneurs divins à des pierres taillées par votre ciseau.
[98] Φειδίας ὑμῶν καὶ Πολύκλειτος ἡκόντων Πραξιτέλης τε αὖ καὶ Ἀπελλῆς καὶ ὅσοι τὰς βαναύσους μετέρχονται τέχνας, γήινοι γῆς ὄντες ἐργάται. Τότε γάρ, φησί τις προφητεία, δυστυχήσειν τὰ τῇδε πράγματα, ὅταν ἀνδριᾶσι (10.98.2) πιστεύσωσιν. Ἡκόντων οὖν αὖθις, οὐ γὰρ ἀνήσω καλῶν, οἱ μικροτέχναι. Οὐδείς που τούτων ἔμπνουν εἰκόνα δεδημιούργηκεν, οὐδὲ μὴν ἐκ γῆς μαλθακὴν ἐμάλαξε σάρκα. Τίς ἔτηξε μυελὸν τίς ἔπηξεν ὀστέα; Τίς νεῦρα διέτεινεν, τίς φλέβας ἐφύσησεν; Τίς αἷμα ἐνέχεεν ἐν αὐταῖς τίς δέρμα περιέτεινεν; Ποῦ δ' ἄν τις αὐτῶν ὀφθαλμοὺς ποιήσαι βλέποντας; Τίς ἐνεφύσησε ψυχήν; Τίς δικαιοσύνην ἐδωρήσατο; Τίς ἀθανασίαν ὑπέσχηται; Μόνος τῶν ὅλων δημιουργός, "ἀριστοτέχνας πατήρ," τοιοῦτον ἄγαλμα ἔμψυχον ἡμᾶς τὸν ἄνθρωπον ἔπλασεν· δὲ Ὀλύμπιος ὑμῶν, εἰκόνος εἰκών, πολύ τι τῆς ἀληθείας ἀπᾴδων, ἔργον ἐστὶ κωφὸν (10.98.4) χειρῶν Ἀττικῶν. "Εἰκὼν" μὲν γὰρ "τοῦ θεοῦ" λόγος αὐτοῦ (καὶ υἱὸς τοῦ νοῦ γνήσιος θεῖος λόγος, φωτὸς ἀρχέτυπον φῶς), εἰκὼν δὲ τοῦ λόγου ἄνθρωπος ἀληθινός, νοῦς ἐν ἀνθρώπῳ, "κατ' εἰκόνα" τοῦ θεοῦ καὶ "καθ' ὁμοίωσιν" διὰ τοῦτο γεγενῆσθαι λεγόμενος, τῇ κατὰ καρδίαν φρονήσει τῷ θείῳ παρεικαζόμενος λόγῳ καὶ ταύτῃ λογικός. Ἀνθρώπου δὲ τοῦ ὁρωμένου τοῦ γηγενοῦς γήινος εἰκὼν τὰ ἀγάλματα ἀνδρείκελα, πόρρω τῆς ἀληθείας ἐπίκαιρον ἐκμαγεῖον, καταφαίνεται. [98] Approchez, vous aussi, Phidias, Polyclète, Praxitèle, Appelle, vous tous qui exercez des arts mécaniques, terrestres artisans de la terre ; car une prophétie l'annonce : « Les choses iront mal ici-bas, lorsque les peuples mettront leur foi dans les statues ; » approchez donc, je ne cesserai de vous renouveler cette invitation; approchez, vils artisans. En est-il un seul parmi vous qui ait jamais façonné une image vivante et animée, ou qui, avec l'argile, ait assoupli une chair délicate et flexible? Qui de vous a liquéfié la moelle des os? qui de vous en a consolidé la charpente? qui de vous a étendu les nerfs? qui de vous a enflé les veines? qui de vous les a remplies de sang? qui de vous a recouvert de peau le corps tout entier ? qui de vous a jamais placé le regard dans ces yeux formés par vos mains? qui de vous a soufflé une âme dans la muette effigie ? qui de vous l'a imprégnée des sentiments de la justice ? qui de vous enfin lui a dit : tu seras immortelle ? C'est le noble artisan de l'univers; c'est le Père, auteur de toutes choses, qui seul a créé l'homme, statue vivante et animée. Mais pour votre dieu olympien, image de cette image et bien différent de la vérité, il n'est que le stupide ouvrage des mains uniques. En effet, l'image de Dieu, c'est son Verbe, fils véritable de la suprême intelligence, Verbe divin, lumière archétype de la lumière. L'homme, à son tour, est l'image du Verbe. Pourquoi cela? Parce qu'il y a dans l'homme une intelligence véritable, ce qui a fait dire qu'il est formé à l'image et à la ressemblance de Dieu, puisqu'il est réellement assimilé au Verbe par son cœur et son intelligence, et conséquemment doué de raison. Il est donc manifeste que les images de l'homme visible et terrestre, c'est-à-dire les statues qui essaient de reproduire la figure humaine, ne sont que de vaines et fragiles représentations auxquelles manquent la vie et la vérité.


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Dernière mise à jour : 26/02/2009