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[1,51] ταύτας οὖν προϊδόντες οἱ Κορίνθιοι καὶ ὑποτοπήσαντες ἀπ' Ἀθηνῶν εἶναι
οὐχ ὅσας ἑώρων ἀλλὰ πλείους ὑπανεχώρουν. τοῖς δὲ Κερκυραίοις ἐπέπλεον γὰρ
μᾶλλον ἐκ τοῦ ἀφανοῦς οὐχ ἑωρῶντο, καὶ ἐθαύμαζον τοὺς Κορινθίους πρύμναν
κρουομένους, πρίν τινες ἰδόντες εἶπον ὅτι νῆες ἐκεῖναι ἐπιπλέουσιν. τότε δὲ
καὶ αὐτοὶ ἀνεχώρουν· ξυνεσκόταζε γὰρ ἤδη, καὶ οἱ Κορίνθιοι ἀποτραπόμενοι
τὴν διάλυσιν ἐποιήσαντο. οὕτω μὲν ἡ ἀπαλλαγὴ ἐγένετο ἀλλήλων, καὶ ἡ
ναυμαχία ἐτελεύτα ἐς νύκτα. τοῖς δὲ Κερκυραίοις στρατοπεδευομένοις ἐπὶ τῇ
Λευκίμμῃ αἱ εἴκοσι νῆες αἱ ἐκ τῶν Ἀθηνῶν αὗται, ὧν ἦρχε Γλαύκων τε ὁ
Λεάγρου καὶ Ἀνδοκίδης ὁ Λεωγόρου , διὰ τῶν νεκρῶν καὶ ναυαγίων
προσκομισθεῖσαι κατέπλεον ἐς τὸ στρατόπεδον οὐ πολλῷ ὕστερον ἢ
ὤφθησαν. οἱ δὲ Κερκυραῖοι (ἦν γὰρ νύξ) ἐφοβήθησαν μὴ πολέμιαι ὦσιν,
ἔπειτα δὲ ἔγνωσαν· καὶ ὡρμίσαντο.
| [1,51] LI. - Les Corinthiens les aperçurent les premiers. Soupçonnant qu'il survenait plus de
vaisseaux athéniens qu'ils n'en voyaient, ils se retirèrent lentement. Les Corcyréens ne
pouvaient les voir, car ils dérobaient leur marche, aussi furent -ils étonnés de la retraite
des Corinthiens. Enfin quelques-uns ayant aperçu ces vaisseaux qui venaient dans leur
direction, eux aussi firent demi-tour. C'était au crépuscule : les Corinthiens virèrent de
bord et rompirent le combat. Ainsi chacun se retira de son côté et la bataille prit fin à la
tombée de la nuit. Les Corcyréens avaient leur camp à Leucimnè ; ces vingt vaisseaux
d'Athènes, sous le commandement de Glaucon fils de Léagros et d'Andocidès fils de
Leogoras, s'avancèrent à travers les morts et les débris de navires et gagnèrent le camp,
peu de temps après avoir été aperçus. Les Corcyréens, dans l'obscurité, avaient craint
que ce ne fussent des vaisseaux ennemis ; ensuite ils les reconnurent et les reçurent
dans le port.
| [1,52] Τῇ δὲ ὑστεραίᾳ ἀναγαγόμεναι αἵ τε Ἀττικαὶ τριάκοντα νῆες καὶ
τῶν Κερκυραίων ὅσαι πλώιμοι ἦσαν ἐπέπλευσαν ἐπὶ τὸν ἐν τοῖς Συβότοις
λιμένα, ἐν ᾧ οἱ Κορίνθιοι ὥρμουν, βουλόμενοι εἰδέναι εἰ ναυμαχήσουσιν. οἱ
δὲ τὰς μὲν ναῦς ἄραντες ἀπὸ τῆς γῆς καὶ παραταξάμενοι μετεώρους
ἡσύχαζον, ναυμαχίας οὐ διανοούμενοι ἄρχειν ἑκόντες ὁρῶντες
προσγεγενημένας τε ναῦς ἐκ τῶν Ἀθηνῶν ἀκραιφνεῖς καὶ σφίσι πολλὰ τὰ
ἄπορα ξυμβεβηκότα, αἰχμαλώτων τε περὶ φυλακῆς οὓς ἐν ταῖς ναυσὶν εἶχον,
καὶ ἐπισκευὴν οὐκ οὖσαν τῶν νεῶν ἐν χωρίῳ ἐρήμῳ· τοῦ δὲ οἴκαδε πλοῦ
μᾶλλον διεσκόπουν ὅπῃ κομισθήσονται, δεδιότες μὴ οἱ Ἀθηναῖοι νομίσαντες
λελύσθαι τὰς σπονδάς, διότι ἐς χεῖρας ἦλθον, οὐκ ἐῶσι σφᾶς ἀποπλεῖν.
| [1,52] LII. - Le lendemain, les trente vaisseaux d'Athènes et tous ceux de Corcyre en état de
tenir la mer gagnèrent le large et mirent le cap vers le port des îles Sybota, où mouillaient
les Corinthiens ; ils voulaient voir si l'adversaire engagerait la bataille. Celui-ci mit les
vaisseaux à flot, se rangea au large en ordre de bataille, mais n'engagea pas le combat.
Les Corinthiens ne se montraient pas décidés à entamer l'action en raison des bâtiments
intacts qui venaient d'arriver d'Athènes ; de plus, bien des difficultés les arrêtaient : la
garde des prisonniers qu'ils avaient embarqués ; l'absence, sur une côte écartée, des
moyens de réparer leurs vaisseaux. Ils se préoccupaient davantage de se ménager des
possibilités de retraite ; car ils craignaient que les Athéniens, qui pour en être venus aux
mains devaient estimer la trêve rompue, ne les empêchassent de s'échapper.
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