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[8,25] ταῦτα ἐπαγγειλαμένου, μετὰ ταῦτα οὐδὲν ἐγίνετο πλοίων σπανιώτερον· οὕτω πολλοὶ ἤθελον
θεήσασθαι. διαπεραιωθέντες δὲ ἐθηεῦντο διεξιόντες τοὺς νεκρούς· πάντες δὲ ἠπιστέατο τοὺς κειμένους
εἶναι πάντας Λακεδαιμονίους καὶ Θεσπιέας, ὁρῶντες καὶ τοὺς εἵλωτας. (2) οὐ μὲν οὐδ᾽ ἐλάνθανε τοὺς
διαβεβηκότας Ξέρξης ταῦτα πρήξας περὶ τοὺς νεκροὺς τοὺς ἑωυτοῦ· καὶ γὰρ δὴ καὶ γελοῖον ἦν· τῶν μὲν
χίλιοι ἐφαίνοντο νεκροὶ κείμενοι, οἳ δὲ πάντες ἐκέατο ἁλέες συγκεκομισμένοι ἐς τὠυτὸ χωρίον,
τέσσερες χιλιάδες. (3) ταύτην μὲν τὴν ἡμέρην πρὸς θέην ἐτράποντο, τῇ δ᾽ ὑστεραίῃ οἳ μὲν ἀπέπλεον ἐς
Ἱστιαίην ἐπὶ τὰς νέας, οἱ δὲ ἀμφὶ Ξέρξην ἐς ὁδὸν ὁρμέατο.
| [8,25] XXV. Cette permission publiée, les bateaux devinrent extrêmement
rares, tant il y eut de gens empressés de jouir de ce spectacle. Quand
ils eurent fait le trajet, ils parcoururent le champ de bataille; et, ayant
examiné ces corps étendus par terre, ils crurent qu'ils étaient tous
lacédémoniens et thespiens, quoiqu'il y eût aussi des Ilotes. L'artifice
dont avait usé Xerxès au sujet des morts ne trompa personne, tant il
était ridicule. On voyait en effet sur le champ de bataille environ mille
morts du côté des Barbares, et quatre mille Grecs transportés dans le
même endroit et entassés les uns sur les autres. L'armée navale
s'occupa ce jour-là de ce spectacle; le lendemain elle retourna à Histiée
vers les vaisseaux, et Xerxès se mit en marche avec l'armée de terre.
| [8,26] ἧκον δέ σφι αὐτόμολοι ἄνδρες ἀπ᾽ Ἀρκαδίης ὀλίγοι τινές, βίου τε δεόμενοι καὶ ἐνεργοὶ
βουλόμενοι εἶναι. ἄγοντες δὲ τούτους ἐς ὄψιν τὴν βασιλέος ἐπυνθάνοντο οἱ Πέρσαι περὶ τῶν Ἑλλήνων
τί ποιέοιεν· εἷς δέ τις πρὸ πάντων ἦν ὁ εἰρωτῶν αὐτοὺς ταῦτα. (2) οἳ δέ σφι ἔλεγον ὡς Ὀλύμπια ἄγουσι
καὶ θεωρέοιεν ἀγῶνα γυμνικὸν καὶ ἱππικόν. ὁ δὲ ἐπείρετο ὅ τι τὸ ἄεθλον εἴη σφι κείμενον περὶ ὅτευ
ἀγωνίζονται· οἳ δ᾽ εἶπον τῆς ἐλαίης τὸν διδόμενον στέφανον. ἐνθαῦτα εἴπας γνώμην γενναιοτάτην
Τιγράνης ὁ Ἀρταβάνου δειλίην ὦφλε πρὸς βασιλέος. (3) πυνθανόμενος γὰρ τὸ ἄεθλον ἐὸν στέφανον
ἀλλ᾽ οὐ χρήματα, οὔτε ἠνέσχετο σιγῶν εἶπέ τε ἐς πάντας τάδε. “παπαῖ Μαρδόνιε, κοίους ἐπ᾽ ἄνδρας
ἤγαγες μαχησομένους ἡμέας, οἳ οὐ περὶ χρημάτων τὸν ἀγῶνα ποιεῦνται ἀλλὰ περὶ ἀρετῆς”. τούτῳ μὲν
δὴ ταῦτα εἴρητο.
| [8,26] XXVI. Quelques Arcadiens en petit nombre passèrent du côté des
Perses. Ils manquaient des choses nécessaires à la vie, et ne
demandaient qu'a travailler. Ayant été conduits devant le roi, quelques
Perses, et l'un plus particulièrement encore que les autres, leur
demandèrent à quoi s'occupaient alors les Grecs. « Maintenant,
répondirent-ils, ils célèbrent les jeux olympiques, et regardent les
exercices gymniques et la course des chevaux. » Ce même Perse
leur demanda encore quel était le prix des combats. « Une couronne
d'olivier, » dirent-ils. On rapporte à cette occasion une expression
généreuse de Tritantaechmès, fils d'Artabane, qui le fit accuser par le
roi de lâcheté ; car, ayant su que le prix ne consistait point en argent,
mais en une couronne d'olivier, il ne put s'empêcher de s'écrier devant tout
le monde : « Odieux! Mardinius, quels sont donc ces hommes que tu nous
mènes attaquer? Insensibles à l'intérêt, ils ne combattent que pour la gloire ! »
| [8,27] ἐν δὲ τῷ διὰ μέσου χρόνῳ, ἐπείτε τὸ ἐν Θερμοπύλῃσι τρῶμα ἐγεγόνεε, αὐτίκα Θεσσαλοὶ
πέμπουσι κήρυκα ἐς Φωκέας, ἅτε σφι ἔχοντες αἰεὶ χόλον, ἀπὸ δὲ τοῦ ὑστάτου τρώματος καὶ τὸ κάρτα.
(2) ἐσβαλόντες γὰρ πανστρατιῇ αὐτοί τε οἱ Θεσσαλοὶ καὶ οἱ σύμμαχοι αὐτῶν ἐς τοὺς Φωκέας, οὐ
πολλοῖσι ἔτεσι πρότερον ταύτης τῆς βασιλέος στρατηλασίης, ἑσσώθησαν ὑπὸ τῶν Φωκέων καὶ
περιέφθησαν τρηχέως. (3) ἐπείτε γὰρ κατειλήθησαν ἐς τὸν Παρνησὸν οἱ Φωκέες ἔχοντες μάντιν
Τελλίην τὸν Ἠλεῖον, ἐνθαῦτα ὁ Τελλίης οὗτος σοφίζεται αὐτοῖσι τοιόνδε. γυψώσας ἄνδρας ἑξακοσίους
τῶν φωκέων τοὺς, ἀρίστους, αὐτούς τε τούτους καὶ τὰ ὅπλα αὐτῶν, νυκτὸς ἐπεθήκατο τοῖσι
Θεσσαλοῖσι, προείπας αὐτοῖσι, τὸν ἂν μὴ λευκανθίζοντα ἴδωνται, τοῦτον κτείνειν. (4) τούτους ὦν αἵ τε
φυλακαὶ τῶν Θεσσαλῶν πρῶται ἰδοῦσαι ἐφοβήθησαν, δόξασαι ἄλλο τι εἶναι τέρας, καὶ μετὰ τὰς
φυλακὰς αὐτὴ ἡ στρατιὴ οὕτω ὥστε τετρακισχιλίων κρατῆσαι νεκρῶν καὶ ἀσπίδων Φωκέας, τῶν τὰς
μὲν ἡμισέας ἐς Ἄβας ἀνέθεσαν τὰς δὲ ἐς Δελφούς· (5) ἡ δὲ δεκάτη ἐγένετο τῶν χρημάτων ἐκ ταύτης τῆς
μάχης οἱ μεγάλοι ἀνδριάντες οἱ περὶ τὸν τρίποδα συνεστεῶτες ἔμπροσθε τοῦ νηοῦ τοῦ ἐν Δελφοῖσι, καὶ
ἕτεροι τοιοῦτοι ἐν Ἄβῃσι ἀνακέαται.
| [8,27] XXVII. Sur ces entrefaites, et aussitôt après l'échec reçu aux
Thermopyles, les Thessaliens envoyèrent un héraut aux Phocidiens, à
qui ils avaient toujours voulu beaucoup de mal, et principalement
depuis leur dernière défaite. Ils étaient en effet entrés dans la Phocide,
eux et leurs alliés, avec toutes leurs forces, quelques années avant
l'expédition du roi de Perse, mais les Phocidiens les avaient battus et
fort malmenés; car les Thessaliens les tenant renfermés sur le
Parnasse avec le devin Tellias d'Élée, celui-ci imagina ce
stratagème : il prit six cents des plus braves de l'armée, les blanchit
avec du plâtre, eux et leurs boucliers, et les envoya la nuit contre les
Thessaliens avec ordre de tuer tous ceux qui ne seraient pas blanchis
comme eux. Les sentinelles les aperçurent les premières; et,
s'imaginant que c'était quelque prodige, elles en furent épouvantées;
l'armée le fut tellement aussi, que les Phocidiens leur tuèrent quatre
mille hommes, dont ils enlevèrent les boucliers. Ils en offrirent la
moitié à Abes, et l'autre moitié à Delphes; et de la dixième partie de
l'argent qu'ils prirent après ce combat ils firent faire les grandes
statues qu'on voit autour du trépied devant le temple de Delphes, et
d'autres pareilles qu'ils ont consacrées à Abes.
| [8,28] ταῦτα μέν νυν τὸν πεζὸν ἐργάσαντο τῶν Θεσσαλῶν οἱ Φωκέες πολιορκέοντας ἑωυτούς·
ἐσβαλοῦσαν δὲ ἐς τὴν χώρην τὴν ἵππον αὐτῶν ἐλυμήναντο ἀνηκέστως. ἐν γὰρ τῇ ἐσβολῇ ἣ ἐστὶ κατὰ
Ὑάμπολιν, ἐν ταύτῃ τάφρον μεγάλην ὀρύξαντες ἀμφορέας κενεοὺς ἐς αὐτὴν κατέθηκαν, χοῦν δὲ
ἐπιφορήσαντες καὶ ὁμοιώσαντες τῷ ἄλλῳ χώρῳ ἐδέκοντο τοὺς Θεσσαλοὺς ἐσβάλλοντας. οἳ δὲ ὡς
ἀναρπασόμενοι τοὺς Φωκέας φερόμενοι ἐσέπεσον ἐς τοὺς ἀμφορέας. ἐνθαῦτα οἱ ἵπποι τὰ σκέλεα
διεφθάρησαν.
| [8,28] XXVIII. Ce fut ainsi que les Phocidiens traitèrent l'infanterie
thessalienne qui les assiégeait. Quant à la cavalerie, qui avait fait une
incursion sur leurs terres, ils la détruisirent sans ressource. Près
d'Hyampolis est un défilé par où l'on entre en Phocide. Ils creusèrent
en cet endroit un grand fossé, y mirent des amphores vides, et, l'ayant
recouvert de terre, qu'ils eurent soin de mettre de niveau avec le reste
du terrain, ils reçurent en ce poste les ennemis qui venaient fondre sur
leur pays. Ceux-ci, se jetant avec impétuosité sur les Phocidiens,
comme s'ils eussent voulu les enlever, tombèrent sur les amphores, et
leurs chevaux s'y brisèrent les jambes.
| [8,29] τούτων δή σφι ἀμφοτέρων ἔχοντες ἔγκοτον οἱ Θεσσαλοὶ πέμψαντες κήρυκα ἠγόρευον τάδε. “ὦ
Φωκέες, ἤδη τι μᾶλλον γνωσιμαχέετε μὴ εἶναι ὅμοιοι ἡμῖν. (2) πρόσθε τε γὰρ ἐν τοῖσι Ἕλλησι, ὅσον
χρόνον ἐκεῖνα ἡμῖν ἥνδανε, πλέον αἰεί κοτε ὑμέων ἐφερόμεθα· νῦν τε παρὰ τῷ βαρβάρῳ τοσοῦτο
δυνάμεθα ὥστε ἐπ᾽ ἡμῖν ἐστι τῆς γῆς ἐστερῆσθαι καὶ πρὸς ἠνδραποδίσθαι ὑμέας. ἡμεῖς μέντοι τὸ πᾶν
ἔχοντες οὐ μνησικακέομεν, ἀλλ᾽ ἡμῖν γενέσθω ἀντ᾽ αὐτῶν πεντήκοντα τάλαντα ἀργυρίου, καὶ ὑμῖν
ὑποδεκόμεθα τὰ ἐπιόντα ἐπὶ τὴν χώρην ἀποτρέψειν”.
| [8,29] XXIX. Les Thessaliens, qui, depuis ce double échec, conservaient
contre les Phocidiens une haine implacable, leur envoyèrent un héraut.
« Devenez enfin plus sages, Phocidiens, leur dit le héraut, et
reconnaissez notre supériorité. Jusqu'ici, tant que le parti des Grecs
nous a plu, nous avons toujours eu de l'avantage sur vous; et
aujourd'hui nous avons un si grand crédit auprès du roi, qu'il dépend
de nous de vous enlever vos terres et de vous réduire en esclavage.
Quoique tout soit en notre pouvoir, nous oublierons vos insultes,
pourvu que vous nous donniez cinquante talents d'argent; nous vous
promettons à ce prix de détourner les maux prêts à fondre sur votre pays. »
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