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[8,20] οἱ γὰρ Εὐβοέες, παραχρησάμενοι τὸν Βάκιδος χρησμὸν ὡς οὐδὲν λέγοντα, οὔτε τι ἐξεκομίσαντο
οὐδὲν οὔτε προσεσάξαντο ὡς παρεσομένου σφι πολέμου, περιπετέα τε ἐποιήσαντο σφίσι αὐτοῖσι τὰ
πρήγματα. (2) Βάκιδι γὰρ ὧδε ἔχει περὶ τούτων ὁ χρησμός.
φράζεο, βαρβαρόφωνος ὅταν ζυγὸν εἰς ἅλα βάλλῃ
βύβλινον, Εὐβοίης ἀπέχειν πολυμηκάδας αἶγας.
τούτοισι οὐδὲν τοῖσι ἔπεσι χρησαμένοισι ἐν τοῖσι τότε παρεοῦσί τε καὶ προσδοκίμοισι κακοῖσι παρῆν σφι
συμφορῇ χρᾶσθαι πρὸς τὰ μέγιστα.
| [8,20] XX. Les Eubéens n'avaient pas eu jusqu'alors plus d'égard pour
l'oracle de Bacis que s'il n'eût rien signifié. Ils n'avaient ni transporté
leurs effets hors de leur pays, ni fait venir les provisions nécessaires,
comme l'auraient dû des gens menacés d'une guerre prochaine ; et,
par cette conduite, ils avaient mis leurs affaires dans une situation très
critique. Voici l'oracle de Bacis qui les concernait : « Lorsqu'un Barbare
captivera la mer sous un joug de cordes, éloigne tes chèvres
bêlantes des rivages de l'Eubée. » Comme ils n'avaient pas profité du
sens de ces vers dans leurs maux actuels, et dans ceux qui les
menaçaient, il devait leur arriver les plus grands malheurs.
| [8,21] οἳ μὲν δὴ ταῦτα ἔπρησσον, παρῆν δὲ ὁ ἐκ Τρηχῖνος κατάσκοπος. ἦν μὲν γὰρ ἐπ᾽ Ἀρτεμισίῳ
κατάσκοπος Πολύας, γένος Ἀντικυρεύς, τῷ προσετέτακτο, καὶ εἶχε πλοῖον κατῆρες ἕτοιμον, εἰ
παλήσειε ὁ ναυτικὸς στρατός, σημαίνειν τοῖσι ἐν Θερμοπύλῃσι ἐοῦσι· ὣς δ᾽ αὕτως ἦν Ἀβρώνιχος ὁ
Λυσικλέος Ἀθηναῖος καὶ παρὰ Λεωνίδῃ ἕτοιμος τοῖσι ἐπ᾽ Ἀρτεμισίω ἐοῦσι ἀγγέλλειν τριηκοντέρῳ, ἤν τι
καταλαμβάνῃ νεώτερον τὸν πεζόν. (2) οὗτος ὦν ὁ Ἀβρώνιχος ἀπικόμενός σφι ἐσήμαινε τὰ γεγονότα
περὶ Λεωνίδην καὶ τὸν στρατὸν αὐτοῦ. οἳ δὲ ὡς ἐπύθοντο ταῦτα, οὐκέτι ἐς ἀναβολὰς ἐποιεῦντο τὴν
ἀποχώρησιν, ἐκομίζοντο δὲ ὡς ἕκαστοι ἐτάχθησαν, Κορίνθιοι πρῶτοι, ὕστατοι δὲ Ἀθηναῖοι.
| [8,21] XXI. Sur ces entrefaites arrive l'espion de Trachis. Les Grecs en
avaient deux, l'un à Artémisium ; il s'appelait Polyas, et était d'Anticyre. Il
avait un vaisseau léger tout prêt, avec ordre de donner avis aux
troupes des Thermopyles des accidents fâcheux qui pourraient survenir
à l'armée navale. Il y en avait un autre auprès de Léonidas; c'était un
Athénien nommé Abronychus, fils de Lysiclès ; il était prêt à partir sur
un vaisseau à trente rames, s'il arrivait quelque échec aux troupes de
terre, afin, d'en avertir celles qui étaient à Artémisium. Cet Abronychus
fit part, à son arrivée, du sort qu'avaient éprouvé Léonidas et son
armée. Sur cette nouvelle, le départ ne fut plus différé, et l'on partit
dans l'ordre où l'on se trouvait, !es Corinthiens les premiers, et les
Athéniens les derniers.
| [8,22] Ἀθηναίων δὲ νέας τὰς ἄριστα πλεούσας ἐπιλεξάμενος Θεμιστοκλέης ἐπορεύετο περὶ τὰ πότιμα
ὕδατα, ἐντάμνων ἐν τοῖσι λίθοισι γράμματα. τὰ Ἴωνες ἐπελθόντες τῇ ὑστεραίῃ ἡμέρῃ ἐπὶ τὸ
Ἀρτεμίσιον ἐπελέξαντο. τὰ δὲ γράμματα τάδε ἔλεγε. “ἄνδρες Ἴωνες, οὐ ποιέετε δίκαια ἐπὶ τοὺς
πατέρας στρατευόμενοι καὶ τὴν Ἑλλάδα καταδουλούμενοι. (2) ἀλλὰ μάλιστα μὲν πρὸς ἡμέων γίνεσθε·
εἰ δὲ ὑμῖν ἐστι τοῦτο μὴ δυνατὸν ποιῆσαι, ὑμεῖς δὲ ἔτι καὶ νῦν ἐκ τοῦ μέσου ἡμῖν ἕζεσθε καὶ αὐτοὶ καὶ
τῶν Καρῶν δέεσθε τὰ αὐτὰ ὑμῖν ποιέειν. εἰ δὲ μηδέτερον τούτων οἷόν τε γίνεσθαι, ἀλλ᾽ ὑπ᾽ ἀναγκαίης
μέζονος κατέζευχθε ἢ ὥστε ἀπίστασθαι, ὑμεῖς δὲ ἐν τῷ ἔργῳ, ἐπεὰν συμμίσγωμεν, ἐθελοκακέετε
μεμνημένοι ὅτι ἀπ᾽ ἡμέων γεγόνατε καὶ ὅτι ἀρχῆθεν ἡ ἔχθρη πρὸς τὸν βάρβαρον ἀπ᾽ ὑμέων ἡμῖν
γέγονε”. (3) Θεμιστοκλέης δὲ ταῦτα ἔγραφε, δοκέειν ἐμοί, ἐπ᾽ ἀμφότερα νοέων, ἵνα ἢ λαθόντα τὰ
γράμματα βασιλέα Ἴωνας ποιήσῃ μεταβαλεῖν καὶ γενέσθαι πρὸς ἑωυτῶν, ἢ ἐπείτε ἀνενειχθῇ καὶ
διαβληθῇ πρὸς Ξέρξην, ἀπίστους ποιήσῃ τοὺς Ἴωνας καὶ τῶν ναυμαχιέων αὐτοὺς ἀπόσχῃ.
| [8,22] XXII. Thémistocle, ayant choisi parmi les vaisseaux athéniens les
meilleurs voiliers, se rendit avec eux aux endroits où il y avait de l'eau
potable, et y grava sur les rochers un avis que lurent le lendemain les
Ioniens à leur arrivée à la rade d'Artémisium. Voici ce qu'il portait :
«Ioniens, vous faites une action injuste en portant les armes contre vos
pères, et en travaillant à asservir la Grèce. Prenez plutôt notre parti ;
ou si vous ne le pouvez, du moins retirez-vous du combat, et engagez
les Cariens à suivre votre exemple. Si ni l'un ni l'autre n'est possible,
et que le joug de la nécessité vous retienne au service du roi,
conduisez-vous du moins mollement dans l’action; n'oubliez pas que
nous sommes vos pères, et que vous êtes la cause primitive de la
guerre que nous avons aujourd'hui contre les Barbares. » Thémistocle
écrivit, à ce que je pense, ces choses dans une double vue : la
première, afin que si le roi n'en était point instruit, elles engageassent
les Ioniens à changer de parti, et à se déclarer pour eux; la seconde,
afin que si Xerxès en était informé, et qu'on leur en fit un crime auprès
de ce prince, cet avis les lui rendît suspects; et qu'il ne s'en servît plus
dans les combats de mer. Thémistocle écrivit ces choses.
| [8,23] Θεμιστοκλέης μὲν ταῦτα ἐνέγραψε· τοῖσι δὲ βαρβάροισι αὐτίκα μετὰ ταῦτα πλοίῳ ἦλθε ἀνὴρ
Ἱστιαιεὺς ἀγγέλλων τὸν δρησμὸν τὸν ἀπ᾽ Ἀρτεμισίου τῶν Ἑλλήνων. οἳ δ᾽ ὑπ᾽ ἀπιστίης τὸν μὲν
ἀγγέλλοντα εἶχον ἐν φυλακῇ, νέας δὲ ταχέας ἀπέστειλαν προκατοψομένας· ἀπαγγειλάντων δὲ τούτων
τὰ ἦν, οὕτω δὴ ἅμα ἡλίῳ σκιδναμένῳ πᾶσα ἡ στρατιὴ ἐπέπλεε ἁλὴς ἐπὶ τὸ Ἀρτεμίσιον. ἐπισχόντες δὲ
ἐν τούτῳ τῷ χώρῳ μέχρι μέσου ἡμέρης, τὸ ἀπὸ τούτου ἔπλεον ἐς Ἱστιαίην· ἀπικόμενοι δὲ τὴν πόλιν
ἔσχον τῶν Ἱστιαιέων, καὶ τῆς Ἐλλοπίης μοίρης γῆς δὲ τῆς Ἱστιαιώτιδος τὰς παραθαλασσίας χώρας
πάσας ἐπέδραμον.
| [8,23] XXIII. Aussitôt après le départ des Grecs, un homme d'Histiée vint
sur son esquif annoncer aux Barbares que les Grecs s'étaient enfuis
d'Artémisium; mais, comme ils s'en défiaient, ils le firent garder
étroitement, et envoyèrent à la découverte quelques vaisseaux légers.
Sur leur rapport, la flotte entière mit à la voile aux premiers rayons du
soleil pour aller à Artémisium. Elle demeura en cet endroit jusqu'à
midi, et se rendit ensuite à Histiée. Les Barbares s'emparèrent de cette
ville à leur arrivée, et firent des courses dans l'Hellopie, et dans toutes
les bourgades maritimes de l'Histiaeotide.
| [8,24] ἐνθαῦτα δὲ τούτων ἐόντων, Ξέρξης ἑτοιμασάμενος τὰ περὶ τοὺς νεκροὺς ἔπεμπε ἐς τὸν ναυτικὸν
στρατὸν κήρυκα, προετοιμάσατο δὲ τάδε· ὅσοι τοῦ στρατοῦ τοῦ ἑωυτοῦ ἦσαν νεκροὶ ἐν Θερμοπύλῃσι
(ἦσαν δὲ καὶ δύο μυριάδες), ὑπολιπόμενος τούτων ὡς χιλίους, τοὺς λοιποὺς τάφρους ὀρυξάμενος
ἔθαψε, φυλλάδα τε ἐπιβαλὼν καὶ γῆν ἐπαμησάμενος, ἵνα μὴ ὀφθείησαν ὑπὸ τοῦ ναυτικοῦ στρατοῦ. (2)
ὡς δὲ διέβη ἐς τὴν Ἱστιαίην ὁ κῆρυξ, σύλλογον ποιησάμενος παντὸς τοῦ στρατοπέδου ἔλεγε τάδε.
“ἄνδρες σύμμαχοι, βασιλεὺς Ξέρξης τῷ βουλομένῳ ὑμέων παραδίδωσι ἐκλιπόντα τὴν τάξιν καὶ
ἐλθόντα θεήσασθαι ὅκως μάχεται πρὸς τοὺς ἀνοήτους τῶν ἀνθρώπων, οἳ ἤλπισαν τὴν βασιλέος
δύναμιν ὑπερβαλέεσθαι”.
| [8,24] XXIV. Tandis que les forces navales étaient dans l'Histiaeotide,
Xerxès leur dépêcha un héraut après qu'il eut achevé les préparatifs
nécessaires concernant les morts. Voici en quoi consistaient ces
préparatifs. Il avait perdu vingt mille hommes aux combats des
Thermopyles. II en laissa environ mille sur le champ de bataille, et fit
enterrer le reste dans de grandes fosses qu'on creusa à ce sujet. On
recouvrit ensuite ces fosses avec de la terre qu'on entassa, et avec des
feuilles, afin que l'armée navale ne s'aperçût de rien. Le héraut, étant
arrivé à Histiée, fit assembler toutes les troupes, et leur parla en ces
termes : « Alliés, le roi Xerxès permet à tous ceux d'entre vous qui
voudront quitter leur poste de venir voir comment il combat contre ces
insensés qui se flattaient de triompher de ses forces. »
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