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[8,15] τρίτῃ δὲ ἡμέρῃ δεινόν τι ποιησάμενοι οἱ στρατηγοὶ τῶν βαρβάρων νέας οὕτω σφι ὀλίγας
λυμαίνεσθαι, καὶ τὸ ἀπὸ Ξέρξεω δειμαίνοντες, οὐκ ἀνέμειναν ἔτι τοὺς Ἕλληνας μάχης ἄρξαι, ἀλλὰ
παρακελευσάμενοι κατὰ μέσον ἡμέρης ἀνῆγον τὰς νέας. συνέπιπτε δὲ ὥστε τὰς αὐτὰς ἡμέρας τάς τε
ναυμαχίας γίνεσθαι ταύτας καὶ τὰς πεζομαχίας τὰς ἐν Θερμοπύλῃσι. (2) ἦν δὲ πᾶς ὁ ἀγὼν τοῖσι κατὰ
θάλασσαν περὶ τοῦ Εὐρίπου, ὥσπερ τοῖσι ἀμφὶ Λεωνίδην τὴν ἐσβολὴν φυλάσσειν. οἳ μὲν δὴ
παρεκελεύοντο ὅκως μὴ παρήσουσι ἐς τὴν Ἑλλάδα τοὺς βαρβάρους, οἳ δ᾽ ὅκως τὸ Ἑλληνικὸν
στράτευμα διαφθείραντες τοῦ πόρου κρατήσουσι. ὡς δὲ ταξάμενοι οἱ Ξέρξεω ἐπέπλεον, οἱ Ἕλληνες
ἀτρέμας εἶχον πρὸς τῷ Ἀρτεμισίῳ. οἱ δὲ βάρβαροι μηνοειδὲς ποιήσαντες τῶν νεῶν ἐκυκλοῦντο, ὡς
περιλάβοιεν αὐτούς.
| [8,15] XV. Le troisième jour, les généraux des Barbares, indignés de se voir
maltraités par un si petit nombre de, vaisseaux, et craignant la colère
du roi, n'attendirent point encore que les Grecs commençassent le
combat; ils s'avancèrent vers le milieu du jour en s'animant
mutuellement. Ces combats, par un hasard singulier, se donnèrent sur
mer les mêmes jours que ceux des Thermopyles. L'Euripe était l'objet
de tous les combats de mer, de même que le passage des
Thermopyles l'était de tous ceux que livra sur terre Léonidas. Les
Grecs s'exhortaient à ne point laisser pénétrer les Barbares dans la
Grèce, et ceux-ci à détruire les armées grecques, et à se rendre
maîtres des passages.
| [8,16] ἐνθεῦτεν οἱ Ἕλληνες ἐπανέπλεόν τε καὶ συνέμισγον. ἐν ταύτῃ τῇ ναυμαχίῃ παραπλήσιοι
ἀλλήλοισι ἐγίνοντο. (2) ὁ γὰρ Ξέρξεω στρατὸς ὑπὸ μεγάθεός τε καὶ πλήθεος αὐτὸς ὑπ᾽ ἑωυτοῦ ἔπιπτε,
ταρασσομενέων τε τῶν νεῶν καὶ περιπιπτουσέων περὶ ἀλλήλας· ὅμως μέντοι ἀντεῖχε καὶ οὐκ εἶκε·
δεινὸν γὰρ χρῆμα ἐποιεῦντο ὑπὸ νεῶν ὀλιγέων ἐς φυγὴν τρέπεσθαι. (3) πολλαὶ μὲν δὴ τῶν Ἑλλήνων
νέες διεφθείροντο πολλοὶ δὲ ἄνδρες, πολλῷ δ᾽ ἔτι πλεῦνες νέες τε τῶν βαρβάρων καὶ ἄνδρες, οὕτω δὲ
ἀγωνιζόμενοι διέστησαν χωρὶς ἑκάτεροι.
| [8,16] XVI. Pendant que les vaisseaux de Xerxès s'avançaient en ordre de
bataille, les Grecs se tenaient tranquilles à la rade d'Artémisium. Les
Barbares, rangés en forme de croissant, les enveloppaient de tous
côtés, afin de les prendre tous. Mais les Grecs allèrent à leur rencontre,
et en vinrent aux mains. On combattit en cette journée à forces
égales; car la flotte de Xerxès s'incommodait elle-même par sa propre
grandeur et par le nombre de ses vaisseaux, qui se heurtaient les uns
les autres et s'embarrassaient mutuellement. Elle résistait cependant,
et ne cédait point. Quel opprobre en effet d'être mis en fuite par un
petit nombre de vaisseaux! Les Grecs perdirent beaucoup de bâtiments
et un grand nombre d'hommes; mais la perte des Barbares fut
beaucoup plus considérable. Telle fut l'issue de ce combat, après lequel
chacun se retira de son côté.
| [8,17] ἐν ταύτῃ τῇ ναυμαχίῃ Αἰγύπτιοι μὲν τῶν Ξέρξεω στρατιωτέων ἠρίστευσαν, οἳ ἄλλα τε μεγάλα
ἔργα ἀπεδέξαντο καὶ νέας αὐτοῖσι ἀνδράσι εἷλον Ἑλληνίδας πέντε. τῶν δὲ Ἑλλήνων κατὰ ταύτην τὴν
ἡμέρην ἠρίστευσαν Ἀθηναῖοι καὶ Ἀθηναίων Κλεινίης ὁ Ἀλκιβιάδεω, ὃς δαπάνην οἰκηίην παρεχόμενος
ἐστρατεύετο ἀνδράσι τε διηκοσίοισι καὶ οἰκηίῃ νηί.
| [8,17] XVII. Parmi les troupes navales de Xerxès, les Égyptiens acquirent le
plus de gloire; et, entre autres belles actions, ils prirent aux Grecs cinq
vaisseaux avec les troupes qui les montaient. Du côté des Grecs, les
Athéniens se distinguèrent le plus, et parmi ceux-ci, Clinias, fils
d'Alcibiade. Le vaisseau qu'il montait, et sur lequel il y avait deux
cents hommes, lui appartenait en propre, et il l'avait armé à ses dépens.
| [8,18] ὡς δὲ διέστησαν, ἄσμενοι ἑκάτεροι ἐς ὅρμον ἠπείγοντο. οἱ δὲ Ἕλληνες ὡς διακριθέντες ἐκ τῆς
ναυμαχίης ἀπηλλάχθησαν, τῶν μὲν νεκρῶν καὶ τῶν ναυηγίων ἐπεκράτεον, τρηχέως δὲ περιεφθέντες,
καὶ οὐκ ἥκιστα Ἀθηναῖοι τῶν αἱ ἡμίσεαι τῶν νεῶν τετρωμέναι ἦσαν, δρησμὸν δὴ ἐβούλευον ἔσω ἐς τὴν
Ἑλλάδα.
| [8,18] XVIII. Les deux flottes, s'étant séparées avec plaisir, se hâtèrent de
regagner leurs rades respectives. Les Grecs retournèrent à
l'Artémisium après le combat naval. Quoiqu'ils eussent en leur
puissance et leurs morts et les débris de leurs vaisseaux, cependant,
comme ils avaient été fort maltraités, et particulièrement les Athéniens,
dont la moitié des vaisseaux étaient endommagés, ils délibérèrent
s'ils ne se retireraient pas précipitamment dans l'intérieur de la Grèce.
| [8,19] νόῳ δὲ λαβὼν ὁ Θεμιστοκλέης ὡς εἰ ἀπορραγείη ἀπὸ τοῦ βαρβάρου τό τε Ἰωνικὸν φῦλον καὶ τὸ
Καρικόν, οἷοί τε εἴησαν ἂν τῶν λοιπῶν κατύπερθε γενέσθαι, ἐλαυνόντων τῶν Εὐβοέων πρόβατα ἐπὶ
τὴν θάλασσαν ταύτην, συλλέξας τοὺς στρατηγοὺς ἔλεγέ σφι ὡς δοκέοι ἔχειν τινὰ παλάμην, τῇ ἐλπίζοι
τῶν βασιλέος συμμάχων ἀποστήσειν τοὺς ἀρίστους. (2) ταῦτα μέν νυν ἐς τοσοῦτο παρεγύμνου, ἐπὶ δὲ
τοῖσι κατήκουσι πρήγμασι τάδε ποιητέα σφι εἶναι ἔλεγε, τῶν τε προβάτων τῶν Εὐβοϊκῶν καταθύειν
ὅσα τις ἐθέλοι· κρέσσον γὰρ εἶναι τὴν στρατιὴν ἔχειν ἢ τοὺς πολεμίους· παραίνεέ τε προειπεῖν τοῖσι
ἑωυτῶν ἑκάστους πῦρ ἀνακαίειν· κομιδῆς δὲ πέρι τὴν ὥρην αὐτῷ μελήσειν, ὥστε ἀσινέας ἀπικέσθαι ἐς
τὴν Ἑλλάδα. ταῦτα ἤρεσέ σφι ποιέειν, καὶ αὐτίκα πῦρ ἀνακαυσάμενοι ἐτράποντο πρὸς τὰ πρόβατα.
| [8,19] XIX. Thémistocle avait conçu que si on réussissait à détacher de
l'armée des Barbares les Ioniens et les Cariens, il serait facile
d'acquérir de la supériorité sur le reste. Tandis que les Eubéens
menaient leurs troupeaux vers la mer, il assembla de ce côté les chefs
de l'armée, et leur dit qu'il pensait avoir un moyen infaillible pour
enlever au roi les plus braves de ses alliés. Il ne leur en découvrit pas
davantage pour lors; mais il ajouta que, dans l'état actuel, il fallait tuer
aux Eubéens autant de bétail qu'on le pourrait, parce qu'il valait mieux
que leurs troupes en profitassent que celles des ennemis. Il leur
recommanda aussi d'ordonner à leurs troupes d'allumer du feu, et qu'à
l'égard du départ il aurait soin de prendre le temps le plus favorable
pour qu'ils pussent retourner en Grèce sans accident. Ce conseil fut
approuvé. Aussitôt on alluma des feux, et l’on tomba sur les troupeaux.
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