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[8,10] ὁρῶντες δὲ σφέας οἵ τε ἄλλοι στρατιῶται οἱ Ξέρξεω καὶ οἱ στρατηγοὶ ἐπιπλέοντας νηυσὶ ὀλίγῃσι,
πάγχυ σφι μανίην ἐπενείκαντες ἀνῆγον καὶ αὐτοὶ τὰς νέας, ἐλπίσαντες σφέας εὐπετέως αἱρήσειν,
οἰκότα κάρτα ἐλπίσαντες, τὰς μέν γε τῶν Ἑλλήνων ὁρῶντες ὀλίγας νέας, τὰς δὲ ἑωυτῶν πλήθεΐ τε
πολλαπλησίας καὶ ἄμεινον πλεούσας. καταφρονήσαντες ταῦτα ἐκυκλοῦντο αὐτοὺς ἐς μέσον. (2) ὅσοι
μέν νυν τῶν Ἰώνων ἦσαν εὔνοοι τοῖσι Ἕλλησι, ἀέκοντές τε ἐστρατεύοντο συμφορήν τε ἐποιεῦντο
μεγάλην ὁρῶντες περιεχομένους αὐτοὺς καὶ ἐπιστάμενοι ὡς οὐδεὶς αὐτῶν ἀπονοστήσει· οὕτω ἀσθενέα
σφι ἐφαίνετο εἶναι τὰ τῶν Ἑλλήνων πρήγματα. (3) ὅσοισι δὲ καὶ ἡδομένοισι ἦν τὸ γινόμενον, ἅμιλλαν
ἐποιεῦντο ὅκως αὐτὸς ἕκαστος πρῶτος νέα Ἀττικὴν ἑλὼν παρὰ βασιλέος δῶρα λάμψεται· Ἀθηναίων
γὰρ αὐτοῖσι λόγος ἦν πλεῖστος ἀνὰ τὰ στρατόπεδα.
| [8,10] X. Les généraux et les simples soldats de la flotte de Xerxès, voyant
les Grecs venir à eux avec un si petit nombre de vaisseaux, les
regardèrent comme des insensés. Ils levèrent aussi l'ancre, dans
l'espérance de s'en rendre maîtres sans peine. Ils s'en flattaient avec
d'autant plus de vraisemblance, qu'ils avaient l'avantage du côté du
nombre, et que leurs vaisseaux étaient meilleurs voiliers que ceux des
Grecs. Cette supériorité les détermina à les envelopper de toutes parts.
Ceux d'entre les Ioniens qui étaient bien intentionnés pour les Grecs
servaient à regret, et les voyaient investis avec d'autant plus de
chagrin qu'ils étaient persuadés qu'il n'en échapperait pas un seul, tant
ils leur paraissaient faibles. Ceux, au contraire, qui étaient charmés de
leur situation, s'empressaient à l'envi l'un de l'autre à qui prendrait le
premier quelque vaisseau athénien, dans l'espérance d'en être
récompensé du roi : car, dans l'armée des Barbares, on faisait plus de
cas des Athéniens que de tous les autres alliés.
| [8,11] τοῖσι δὲ Ἕλλησι ὡς ἐσήμηνε, πρῶτα μὲν ἀντίπρῳροι τοῖσι βαρβάροισι γενόμενοι ἐς τὸ μέσον τὰς
πρύμνας συνήγαγον, δεύτερα δὲ σημήναντος ἔργου εἴχοντο ἐν ὀλίγῳ περ ἀπολαμφθέντες καὶ κατὰ
στόμα. (2) ἐνθαῦτα τριήκοντα νέας αἱρέουσι τῶν βαρβάρων καὶ τὸν Γόργου τοῦ Σαλαμινίων βασιλέος
ἀδελφεὸν Φιλάονα τὸν Χέρσιος, λόγιμον ἐόντα ἐν τῷ στρατοπέδῳ ἄνδρα. πρῶτος δὲ Ἑλλήνων νέα τῶν
πολεμίων εἷλε ἀνὴρ Ἀθηναῖος Λυκομήδης Αἰσχραίου, καὶ τὸ ἀριστήιον ἔλαβε οὗτος. (3) τοὺς δ᾽ ἐν τῇ
ναυμαχίῃ ταύτῃ ἑτεραλκέως ἀγωνιζομένους νὺξ ἐπελθοῦσα διέλυσε. οἱ μὲν δὴ Ἕλληνες ἐπὶ τὸ
Ἀρτεμίσιον ἀπέπλεον, οἱ δὲ βάρβαροι ἐς τὰς Ἀφέτας, πολλὸν παρὰ δόξαν ἀγωνισάμενοι. ἐν ταύτῃ τῇ
ναυμαχίῃ Ἀντίδωρος Λήμνιος μοῦνος τῶν σὺν βασιλέι Ἑλλήνων ἐόντων αὐτομολέει ἐς τοὺς Ἕλληνας,
καὶ οἱ Ἀθηναῖοι διὰ τοῦτο τὸ ἔργον ἔδοσαν αὐτῷ χῶρον ἐν Σαλαμῖνι.
| [8,11] XI. Au premier signal, les Grecs rangèrent d'abord les proues de leurs
vaisseaux en face des Barbares, et rassemblèrent les poupes au milieu,
les unes contre les autres. Au second, ils les attaquèrent de front,
quoique dans un espace étroit, et prirent trente vaisseaux aux
Barbares, dont l'un était monté par Philaon, fils de Chersis, et frère de
Gorgus, roi des Salaminiens, un des capitaines les plus estimés de
cette flotte. Lycomèdes d'Athènes, fils d'Aeschréas, enleva le premier
un vaisseau aux ennemis : aussi eut-il le prix de la valeur. La victoire
ne se déclara pour aucun des deux partis; les avantages furent
également compensés, et la nuit sépara les combattants. Les Grecs
retournèrent à la rade d'Artémisium, et les Barbares aux Aphètes,
après un succès bien différent de celui auquel ils s'étaient attendus.
Parmi tous les Grecs au service du roi, Antidore de Lemnos fut le seul
qui passa du côté des alliés pendant le combat. Les Athéniens lui
donnèrent des terres dans l'île de Salamine pour le récompenser de
cette action.
| [8,12] ὡς δὲ εὐφρόνη ἐγεγόνεε, ἦν μὲν τῆς ὥρης μέσον θέρος, ἐγίνετο δὲ ὕδωρ τε ἄπλετον διὰ πάσης
τῆς νυκτὸς καὶ σκληραὶ βρονταὶ ἀπὸ τοῦ Πηλίου· οἱ δὲ νεκροὶ καὶ τὰ ναυήγια ἐξεφέποντο ἐς τὰς
Ἀφέτας, καὶ περί τε τὰς πρῴρας τῶν νεῶν εἱλέοντο καὶ ἐτάρασσον τοὺς ταρσοὺς τῶν κωπέων. (2) οἱ δὲ
στρατιῶται οἱ ταύτῃ ἀκούοντες ταῦτα ἐς φόβον κατιστέατο, ἐλπίζοντες πάγχυ ἀπολέεσθαι ἐς οἷα κακὰ
ἧκον. πρὶν γὰρ ἢ καὶ ἀναπνεῦσαι σφέας ἔκ τε τῆς ναυηγίης καὶ τοῦ χειμῶνος τοῦ γενομένου κατὰ
Πήλιον, ὑπέλαβε ναυμαχίη καρτερή, ἐκ δὲ τῆς ναυμαχίης ὄμβρος τε λάβρος καὶ ῥεύματα ἰσχυρὰ ἐς
θάλασσαν ὁρμημένα βρονταί τε σκληραί.
| [8,12] XII. On était alors au milieu de l'été. Dès que la nuit fut venue, il
tomba jusqu'au jour une pluie prodigieuse, accompagnée d'un tonnerre
affreux qui partait du mont Pélion. Les flots et les vents poussèrent
jusqu'aux Aphètes les corps morts avec les débris des vaisseaux. Ils
venaient heurter contre la proue, et embarrassaient l'extrémité des
rames. Les soldats, effrayés de ce bruit, s'attendaient à tout instant à
périr. Que de maux n'éprouvèrent-ils pas! À peine avaient-ils eu le
temps de respirer après la tempête du mont Pélion, qu'on leur avait
livré un rude combat, suivi d'un tonnerre affreux, d'une pluie
impétueuse, et de courants qui se portaient avec violence dans la mer.
| [8,13] καὶ τούτοισι μὲν τοιαύτη ἡ νὺξ ἐγίνετο, τοῖσι δὲ ταχθεῖσι αὐτῶν περιπλέειν Εὔβοιαν ἡ αὐτή περ
ἐοῦσα νὺξ πολλὸν ἦν ἔτι ἀγριωτέρη, τοσούτω ὅσῳ ἐν πελάγεϊ φερομένοισι ἐπέπιπτε, καὶ τὸ τέλος σφι
ἐγίνετο ἄχαρι. ὡς γὰρ δὴ πλέουσι αὐτοῖσι χειμών τε καὶ τὸ ὕδωρ ἐπεγίνετο ἐοῦσι κατὰ τὰ Κοῖλα τῆς
Εὐβοίης, φερόμενοι τῷ πνεύματι καὶ οὐκ εἰδότες τῇ ἐφέροντο ἐξέπιπτον πρὸς τὰς πέτρας· ἐποιέετό τε
πᾶν ὑπὸ τοῦ θεοῦ ὅκως ἂν ἐξισωθείη τῷ Ἑλληνικῷ τὸ Περσικὸν μηδὲ πολλῷ πλέον εἴη.
| [8,13] XIII. Cette nuit fut bien cruelle pour eux; mais elle le fut encore plus
pour ceux qui avaient ordre de faire le tour de l'Eubée. Elle le fut
d'autant plus, qu'ils étaient en mer lorsque la tempête s'éleva : aussi
périrent-ils misérablement. Elle commença tandis qu'ils étaient vers les
écueils de l'Eubée. Emportés par les vents sans savoir en quel lieu ils
étaient poussés, ils se brisèrent contre ces rochers. Tout cela arriva
par la permission d'un dieu, afin que la flotte des Perses se trouvât
égalé à celle des Grecs, ou qu'au moins elle n'eût pas une aussi grande
supériorité du côté du nombre. Ainsi périt une partie de l'armée navale
des Barbares contre les écueils de l'Eubée.
| [8,14] οὗτοι μέν νυν περὶ τὰ Κοῖλα τῆς Εὐβοίης διεφθείροντο· οἱ δ᾽ ἐν Ἀφέτῃσι βάρβαροι, ὥς σφι
ἀσμένοισι ἡμέρη ἐπέλαμψε, ἀτρέμας τε εἶχον τὰς νέας καί σφι ἀπεχρᾶτο κακῶς πρήσουσι ἡσυχίην
ἄγειν ἐν τῷ παρεόντι. τοῖσι δε Ἕλλησι ἐπεβοήθεον νέες τρεῖς καὶ πεντήκοντα Ἀττικαί. (2) αὗταί τε δή
σφεας ἐπέρρωσαν ἀπικόμεναι καὶ ἅμα ἀγγελίη ἐλθοῦσα, ὡς τῶν βαρβάρων οἱ περιπλέοντες τὴν
Εὔβοιαν πάντες εἴησαν διεφθαρμένοι ὑπὸ τοῦ γενομένου χειμῶνος. φυλάξαντες δὴ τὴν αὐτὴν ὥρην,
πλέοντες ἐπέπεσον νηυσὶ Κιλίσσῃσι· ταύτας δὲ διαφθείραντες, ὡς εὐφρόνη ἐγίνετο, ἀπέπλεον ὀπίσω
ἐπὶ τὸ Ἀρτεμίσιον.
| [8,14] XIV. Les Barbares qui étaient aux Aphètes virent avec plaisir le jour
paraître. Ils tinrent leurs vaisseaux tranquilles, et, après les malheurs
qu'ils avaient éprouvés, ils s'estimèrent heureux de goûter enfin le
repos dans le moment présent. Cependant il vint aux Grecs un renfort
de cinquante-trois vaisseaux athéniens. Encouragés par ce secours, et
par la nouvelle du naufrage des Barbares autour de l'Eubée, dont pas
un n'était échappé, ils partirent dans le même temps que la veille,
fondirent sur les vaisseaux ciliciens, les détruisirent, et retournèrent à
la rade d'Artémisium à l'entrée de la nuit.
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