[192] (192a) τοῖς ἀνδράσι, καί εἰσιν οὗτοι βέλτιστοι τῶν παίδων καὶ μειρακίων, ἅτε
ἀνδρειότατοι ὄντες φύσει. φασὶ δὲ δή τινες αὐτοὺς ἀναισχύντους εἶναι,
ψευδόμενοι· οὐ γὰρ ὑπ᾽ ἀναισχυντίας τοῦτο δρῶσιν ἀλλ᾽ ὑπὸ θάρρους καὶ
ἀνδρείας καὶ ἀρρενωπίας, τὸ ὅμοιον αὐτοῖς ἀσπαζόμενοι. μέγα δὲ τεκμήριον· καὶ
γὰρ τελεωθέντες μόνοι ἀποβαίνουσιν εἰς τὰ πολιτικὰ ἄνδρες οἱ τοιοῦτοι. ἐπειδὰν
δὲ ἀνδρωθῶσι, (192b) παιδεραστοῦσι καὶ πρὸς γάμους καὶ παιδοποιίας οὐ
προσέχουσι τὸν νοῦν φύσει, ἀλλ᾽ ὑπὸ τοῦ νόμου ἀναγκάζονται· ἀλλ᾽ ἐξαρκεῖ
αὐτοῖς μετ᾽ ἀλλήλων καταζῇν ἀγάμοις. πάντως μὲν οὖν ὁ τοιοῦτος παιδεραστής
τε καὶ φιλεραστὴς γίγνεται, ἀεὶ τὸ συγγενὲς ἀσπαζόμενος. ὅταν μὲν οὖν καὶ
αὐτῷ ἐκείνῳ ἐντύχῃ τῷ αὑτοῦ ἡμίσει καὶ ὁ παιδεραστὴς καὶ ἄλλος πᾶς, τότε καὶ
θαυμαστὰ ἐκπλήττονται φιλίᾳ τε καὶ (192c) οἰκειότητι καὶ ἔρωτι, οὐκ ἐθέλοντες,
ὡς ἔπος εἰπεῖν χωρίζεσθαι ἀλλήλων οὐδὲ σμικρὸν χρόνον. καὶ οἱ διατελοῦντες
μετ᾽ ἀλλήλων διὰ βίου οὗτοί εἰσιν, οἳ οὐδ᾽ ἂν ἔχοιεν εἰπεῖν ὅ τι βούλονται σφίσι
παρ᾽ ἀλλήλων γίγνεσθαι. οὐδενὶ γὰρ ἂν δόξειεν τοῦτ᾽ εἶναι ἡ τῶν ἀφροδισίων
συνουσία, ὡς ἄρα τούτου ἕνεκα ἕτερος ἑτέρῳ χαίρει ξυνὼν οὕτως ἐπὶ μεγάλης
σπουδῆς· ἀλλ᾽ ἄλλο τι βουλομένη ἑκατέρου ἡ ψυχὴ (192d) δήλη ἐστίν, ὃ οὐ
δύναται εἰπεῖν, ἀλλὰ μαντεύεται ὃ βούλεται, καὶ αἰνίττεται. καὶ εἰ αὐτοῖς ἐν τῷ
αὐτῷ κατακειμένοις ἐπιστὰς ὁ Ἥφαιστος, ἔχων τὰ ὄργανα, ἔροιτο· τί ἔσθ᾽ ὃ
βούλεσθε, ὦ ἄνθρωποι, ὑμῖν παρ᾽ ἀλλήλων γενέσθαι; καὶ εἰ ἀποροῦντας αὐτοὺς
πάλιν ἔροιτο· ἆρά γε τοῦδε ἐπιθυμεῖτε, ἐν τῷ αὐτῷ γενέσθαι ὅτι μάλιστα
ἀλλήλοις, ὥστε καὶ νύκτα καὶ ἡμέραν μὴ ἀπολείπεσθαι ἀλλήλων; εἰ γὰρ τούτου
ἐπιθυμεῖτε, ἐθέλω ὑμᾶς συντῆξαι καὶ (192e) συμφυσῆσαι εἰς τὸ αὐτό, ὥστε δύ᾽
ὄντας ἕνα γεγονέναι καὶ ἕως τ᾽ ἂν ζῆτε, ὡς ἕνα ὄντα, κοινῇ ἀμφοτέρους ζῇν, καὶ
ἐπειδὰν ἀποθάνητε, ἐκεῖ αὖ ἐν Ἅιδου ἀντὶ δυοῖν ἕνα εἶναι κοινῇ τεθνεῶτε· ἀλλ᾽
ὁρᾶτε εἰ τούτου ἐρᾶτε καὶ ἐξαρκεῖ ὑμῖν ἂν τούτου τύχητε· ταῦτ᾽ ἀκούσας ἴσμεν
ὅτι οὐδ᾽ ἂν εἷς ἐξαρνηθείη οὐδ᾽ ἄλλο τι ἂν φανείη βουλόμενος, ἀλλ᾽ ἀτεχνῶς
οἴοιτ᾽ ἂν ἀκηκοέναι τοῦτο ὃ πάλαι ἄρα ἐπεθύμει, συνελθὼν καὶ συντακεὶς τῷ
ἐρωμένῳ ἐκ δυοῖν εἷς γενέσθαι. τοῦτο γάρ ἐστι τὸ αἴτιον, ὅτι ἡ ἀρχαία φύσις
ἡμῶν ἦν αὕτη καὶ ἦμεν ὅλοι· τοῦ ὅλου οὖν τῇ ἐπιθυμίᾳ
| [192] et prennent plaisir à coucher avec eux et à
être dans leurs bras, et ils sont parmi les enfants et les
jeunes garçons les meilleurs, parce qu'ils sont les plus
mâles de nature. Certains disent qu'ils sont sans
pudeur; c'est une erreur : ce n'est point par impudence,
mais par hardiesse, courage et virilité qu'ils
agissent ainsi, s'attachant à ce qui leur ressemble, et en
voici une preuve convaincante, c'est que, quand ils ont
atteint leur complet développement, les garçons de
cette nature sont les seuls qui se consacrent au gouvernement
des États. Quand ils sont devenus des hommes,
ils aiment les garçons, et, s'ils se marient et ont des
enfants, ce n'est point qu'ils suivent un penchant naturel,
c'est qu'ils y sont contraints par la loi : ils se contenteraient de
vivre ensemble, en célibataires. Il faut donc absolument qu'un
tel homme devienne amant ou ami des hommes, parce qu'il
s'attache toujours à ce qui lui ressemble.
Quand donc un homme, qu'il soit porté pour les
garçons ou pour les femmes, rencontre celui-là même
qui est sa moitié, c'est un prodige que les transports de
tendresse, de confiance et d'amour dont ils sont saisis;
ils ne voudraient plus se séparer, ne fût-ce qu'un
instant. Et voilà des gens qui passent toute leur vie
ensemble, sans pouvoir dire d'ailleurs ce qu'ils
attendent l'un de l'autre ; car il ne semble pas que ce soit
le plaisir des sens qui leur fasse trouver tant de charme
dans la compagnie l'un de l'autre. Il est évident que leur
âme à tous deux désire autre chose, qu'elle ne peut pas
dire, mais qu'elle devine et laisse deviner. Si, pendant
qu'ils sont couchés ensemble, Héphaïstos leur appa-
raissait avec ses outils et leur disait : "Hommes, que
désirez-vous l'un de l'autre?" et si, les voyant embarrassés,
il continuait : "L'objet de vos voeux n'est-il pas
de vous rapprocher autant que possible l'un de l'autre,
au point de ne vous quitter ni nuit ni jour? Si c'est là ce
que vous désirez, je vais vous fondre et vous souder
ensemble, de sorte que de deux vous ne fassiez plus
qu'un, que jusqu'à la fin de vos jours vous meniez une
vie commune, comme si vous n'étiez qu'un, et qu'après
votre mort, là-bas, chez Hadès, vous ne soyez pas deux,
mais un seul, étant morts d'une commune mort. Voyez
si c'est là ce que vous désirez, et si en l'obtenant vous
serez satisfaits." A une telle demande nous savons bien
qu'aucun d'eux ne dirait non et ne témoignerait qu'il
veut autre chose : il croirait tout bonnement qu'il vient
d'entendre exprimer ce qu'il désirait depuis longtemps,
c'est-à-dire de se réunir et de se fondre avec l'objet aimé
et de ne plus faire qu'un au lieu de deux.
Et la raison en est que notre ancienne nature était telle
et que nous étions un tout complet : c'est le désir et
la poursuite de ce tout qui s'appelle amour.
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