[191] (191a) τὰς πολλὰς ἐξελέαινε καὶ τὰ στήθη διήρθρου, ἔχων τι
τοιοῦτον ὄργανον οἷον οἱ σκυτοτόμοι περὶ τὸν καλάποδα λεαίνοντες τὰς τῶν
σκυτῶν ῥυτίδας· ὀλίγας δὲ κατέλιπε, τὰς περὶ αὐτὴν τὴν γαστέρα καὶ τὸν
ὀμφαλόν, μνημεῖον εἶναι τοῦ παλαιοῦ πάθους. ἐπειδὴ οὖν ἡ φύσις δίχα ἐτμήθη,
ποθοῦν ἕκαστον τὸ ἥμισυ τὸ αὑτοῦ ξυνῄει, καὶ περιβάλλοντες τὰς χεῖρας καὶ
συμπλεκόμενοι ἀλλήλοις, ἐπιθυμοῦντες συμφῦναι, ἀπέθνῃσκον ὑπὸ λιμοῦ καὶ
τῆς (191b) ἄλλης ἀργίας διὰ τὸ μηδὲν ἐθέλειν χωρὶς ἀλλήλων ποιεῖν. καὶ ὁπότε τι
ἀποθάνοι τῶν ἡμίσεων, τὸ δὲ λειφθείη, τὸ λειφθὲν ἄλλο ἐζήτει καὶ συνεπλέκετο,
εἴτε γυναικὸς τῆς ὅλης ἐντύχοι ἡμίσει, ὃ δὴ νῦν γυναῖκα καλοῦμεν, εἴτ᾽ ἀνδρός·
καὶ οὕτως ἀπώλλυντο. ἐλεήσας δὲ ὁ Ζεὺς ἄλλην μηχανὴν πορίζεται, καὶ
μετατίθησιν αὐτῶν τὰ αἰδοῖα εἰς τὸ πρόσθεν· τέως γὰρ καὶ ταῦτα ἐκτὸς εἶχον, καὶ
ἐγέννων (191c) καὶ ἔτικτον οὐκ εἰς ἀλλήλους ἀλλ᾽ εἰς γῆν, ὥσπερ οἱ τέττιγες.
μετέθηκέ τε οὖν οὕτω αὐτῶν εἰς τὸ πρόσθεν καὶ διὰ τούτων τὴν γένεσιν ἐν
ἀλλήλοις ἐποίησε, διὰ τοῦ ἄρρενος ἐν τῷ θήλει, τῶνδε ἕνεκα, ἵνα ἐν τῇ συμπλοκῇ
ἅμα μὲν εἰ ἀνὴρ γυναικὶ ἐντύχοι, γεννῷεν καὶ γίγνοιτο τὸ γένος, ἅμα δ᾽ εἰ καὶ
ἄρρην ἄρρενι, πλησμονὴν γοῦν γίγνοιτο τῆς συνουσίας καὶ διαπαύοιντο καὶ ἐπὶ
τὰ ἔργα τρέποιντο καὶ τοῦ ἄλλου βίου ἐπιμελοῖντο. ἔστι δὴ οὖν ἐκ τόσου (191d) ὁ
ἔρως ἔμφυτος ἀλλήλων τοῖς ἀνθρώποις καὶ τῆς ἀρχαίας φύσεως συναγωγεὺς καὶ
ἐπιχειρῶν ποιῆσαι ἓν ἐκ δυοῖν καὶ ἰάσασθαι τὴν φύσιν τὴν ἀνθρωπίνην.
XVI. Ἕκαστος οὖν ἡμῶν ἐστὶν ἀνθρώπου ξύμβολον, ἅτε τετμημένος ὥσπερ αἱ
ψῆτται, ἐξ ἑνὸς δύο. ζητεῖ δὴ ἀεὶ τὸ αὑτοῦ ἕκαστος ξύμβολον. ὅσοι μὲν οὖν τῶν
ἀνδρῶν τοῦ κοινοῦ τμῆμά εἰσιν, ὃ δὴ τότε ἀνδρόγυνον ἐκαλεῖτο, φιλογύναικές τέ
εἰσὶ καὶ οἱ πολλοὶ τῶν μοιχῶν ἐκ τούτου τοῦ γένους γεγόνασιν, καὶ (191e) ὅσαι αὖ
γυναῖκες φίλανδροί τε καὶ μοιχεύτριαι, ἐκ τούτου τοῦ γένους γίγνονται. ὅσαι δὲ
τῶν γυναικῶν γυναικὸς τμῆμά εἰσιν, οὐ πάνυ αὗται τοῖς ἀνδράσι τὸν νοῦν
προσέχουσιν, ἀλλὰ μᾶλλον πρὸς τὰς γυναῖκας τετραμμέναι εἰσί, καὶ αἱ
ἑταιρίστριαι ἐκ τούτου τοῦ γένους γίγνονται. ὅσοι δὲ ἄρρενος τμῆμά εἰσι, τὰ
ἄρρενα διώκουσι, καὶ τέως μὲν ἂν παῖδες ὦσιν, ἅτε τεμάχια ὄντα τοῦ ἄρρενος,
φιλοῦσι τοὺς ἄνδρας καὶ χαίρουσι συγκατακείμενοι καὶ συμπεπλεγμένοι
| [191] Puis il polissait la plupart des plis et façonnait
la poitrine avec un instrument pareil à celui dont les
cordonniers se servent pour polir sur la forme les plis
du cuir; mais il laissait quelques plis, ceux qui sont au
ventre même et au nombril, pour être un souvenir de
l'antique châtiment.
Or, quand le corps eut été ainsi divisé, chacun,
regrettant sa moitié, allait à elle; et, s'embrassant et
s'enlaçant les uns les autres avec le désir de se fondre
ensemble, les hommes mouraient de faim et d'inaction,
parce qu'ils ne voulaient rien faire les uns sans les
autres; et quand une moitié était morte et que l'autre
survivait, celle-ci en cherchait une autre et s'enlaçait à
elle, soit que ce fût une moitié de femme entière — ce
qu'on appelle une femme aujourd'hui —, soit que ce fût
une moitié d'homme, et la race s'éteignait.
Alors Zeus, touché de pitié, imagine un autre expédient :
il transpose les organes de la génération sur le
devant; jusqu'alors ils les portaient derrière, et ils
engendraient et enfantaient non point les uns dans les
autres, mais sur la terre, comme les cigales. Il plaça
donc les organes sur le devant et par là fit que les
hommes engendrèrent les uns dans les autres, c'est-à-dire
le mâle dans la femelle. Cette disposition était à
deux fins : si l'étreinte avait lieu entre un homme et une
femme, ils enfanteraient pour perpétuer la race, et, si
elle avait lieu entre un mâle et un mâle, la satiété les
séparerait pour un temps, ils se mettraient au travail et
pourvoiraient à tous les besoins de l'existence. C'est de
ce moment que date l'amour inné des hommes les uns
pour les autres : l'amour recompose l'antique nature,
s'efforce de fondre deux êtres en un seul,
et de guérir la nature humaine.
Chacun de nous est donc comme une tessère d'hospitalité,
puisque nous avons été coupés comme des soles et que d'un
nous sommes devenus deux; aussi chacun cherche sa moitié.
Tous les hommes qui sont une moitié de ce composé des deux
sexes que l'on appelait alors androgyne aiment les femmes, et
c'est de là que viennent la plupart des hommes adultères;
de même toutes les femmes qui aiment les hommes
et pratiquent l'adultère appartiennent aussi à
cette espèce. Mais toutes celles qui sont une moitié de
femme ne prêtent aucune attention aux hommes, elles
préfèrent s'adresser aux femmes et c'est de cette espèce
que viennent les tribades. Ceux qui sont une moitié de
mâle s'attachent aux mâles, et tant qu'ils sont enfants,
comme ils sont de petites tranches de mâle, ils aiment les hommes
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