[8,90] Ὡς δὲ καθῆκεν ὁ τῶν ἀρχαιρεσιῶν χρόνος,
ἐλθόντων τῶν ὑπάτων πολλὴ σπουδὴ καὶ παράταξις ἐγένετο τοῦ
δήμου πρὸς τοὺς πατρικίους περὶ
τῶν παραληψομένων τὴν ἡγεμονίαν ἀνδρῶν. ἐκεῖνοι
μὲν γὰρ ἐκ τῶν νεωτέρων ἐβούλοντο τοὺς δραστηρίους
τε καὶ ἥκιστα δημοτικοὺς ἐπὶ τὴν ὑπατείαν προαγαγεῖν· καὶ
μετῄει τὴν ἀρχὴν κελευσθεὶς ὑπ´ αὐτῶν ὁ
υἱὸς Ἀππίου Κλαυδίου τοῦ πολεμιωτάτου τῷ δήμῳ
δοκοῦντος εἶναι, μεστὸς αὐθαδείας ἀνὴρ καὶ θράσους,
ἑταίροις τε καὶ πελάταις ἁπάντων πλεῖστον τῶν καθ´
ἡλικίαν δυνάμενος· ὁ δὲ δῆμος ἐκ τῶν πρεσβυτέρων
τε καὶ τῶν πεῖραν ἤδη δεδωκότων τῆς ἐπιεικείας τοὺς
προνοησομένους τοῦ κοινῇ συμφέροντος ὀνομάζων ἠξίου
ποιεῖν ὑπάτους. αἵ τ´ ἀρχαὶ διειστήκεσαν καὶ τὰς
ἀλλήλων ἀνέλυον ἐξουσίας. ὁπότε μὲν γὰρ οἱ ὕπατοι
καλοῖεν τὸ πλῆθος ὡς ἀποδείξοντες τοὺς μετιόντας
τὴν ἀρχὴν ὑπάτους, οἱ δήμαρχοι τοῦ κωλύειν ὄντες
κύριοι διέλυον τὰ ἀρχαιρέσια, ὁπότε δ´ αὖ πάλιν ἐκεῖνοι
καλοῖεν ὡς ἀρχαιρεσιάσοντα τὸν δῆμον, οὐκ ἐπέτρεπον οἱ ὕπατοι
τὴν ἐξουσίαν ἔχοντες τοῦ συγκαλεῖν
τοὺς λόχους καὶ τὰς ψήφους ἀναδιδόναι. κατηγορίαι
τ´ ἀλλήλων ἐγίνοντο καὶ συνεχεῖς ἁψιμαχίαι καθ´ ἑταιρίας
συνισταμένων, ὥστε καὶ πληγὰς ἀλλήλοις διδόναι
τινὰς ὑπ´ ὀργῆς, καὶ οὐ μακρὰν ἀποσχεῖν τὴν στάσιν
τῶν ὅπλων. ταῦτα μαθοῦσα ἡ βουλὴ πολὺν ἐσκόπει
χρόνον, ὅ τι χρήσεται τοῖς πράγμασιν, οὔτε βιάσασθαι
δυναμένη τὸν δῆμον οὔτ´ εἶξαι βουλομένη. ἦν δ´ ἡ
μὲν αὐθαδεστέρα γνώμη δικτάτορα ἑλέσθαι τῶν ἀρχαιρεσιῶν
ἕνεκα, ὃν ἂν ἡγῶνται κράτιστον εἶναι· τὸν δὲ
λαβόντα τὴν ἐξουσίαν τούς τε νοσοποιοὺς ἐκ τῆς πόλεως ἐξελεῖν,
καὶ εἴ τι ἡμάρτηται ταῖς πρότερον ἀρχαῖς
ἐπανορθώσασθαι, τόν τε κόσμον τοῦ πολιτεύματος,
ὃν βούλεται, καταστησάμενον ἀνδράσι τοῖς κρατίστοις
ἀποδοῦναι τὰς ἀρχάς. ἡ δ´ ἐπιεικεστέρα μεσοβασιλεῖς
ἑλέσθαι τοὺς πρεσβυτάτους τε καὶ τιμιωτάτους ἄνδρας,
οἷς ἐπιμελὲς ἔσται τὰ περὶ τὰς ἀρχάς, ὅπως κράτισται
γενήσονται, προνοηθῆναι, τὸν αὐτὸν τρόπον, ὅνπερ
ἐπὶ τῶν βασιλέων τῶν ἐκλιπόντων ἐγίνοντο. ταύτῃ
προσθεμένων τῇ γνώμῃ τῶν πλειόνων ἀποδείκνυται
πρὸς αὐτῶν μεσοβασιλεὺς Αὖλος Σεμπρώνιος Ἀτρατῖνος· αἱ δ´
ἄλλαι κατελύθησαν ἀρχαί. οὗτος ἐπιτροπεύσας τὴν πόλιν
ἀστασίαστον ὅσας ἐξῆν ἡμέρας ἕτερον ἀποδείκνυσιν, ὥσπερ
αὐτοῖς ἔθος ἦν, Σπόριον
Λάρκιον. κἀκεῖνος συγκαλέσας τὴν λοχῖτιν ἐκκλησίαν
καὶ τὰς ψήφους κατὰ τὰ τιμήματα ἀναδούς, ἐκ τῆς
ἀμφοτέρων εὐδοκήσεως ἀποδείκνυσιν ὑπάτους, Γάϊον
Ἰούλιον, τὸν ἐπικαλούμενον Ἴουλον, ἐκ τῶν φιλοδήμων, καὶ
Κόιντον Φάβιον Καίσωνος υἱὸν τὸ δεύτερον
ἐκ τῶν ἀριστοκρατικῶν. καὶ ὁ μὲν δῆμος οὐδὲν ἐκ
τῆς προτέρας ὑπατείας αὐτοῦ πεπονθὼς εἴασε τυχεῖν
ταύτης τῆς ἐξουσίας τὸ δεύτερον, μισῶν τὸν Ἄππιον
καὶ ὅτι ἐκεῖνος ἀτιμασθῆναι ἐδόκει σφόδρα ἡδόμενος·
τοῖς δ´ ἐν τέλει διαπεπραγμένοις δραστήριον ἄνδρα
καὶ οὐθὲν ἐνδώσοντα τῷ δήμῳ μαλακὸν ἐπὶ τὴν ὑπατείαν
παρελθεῖν, κατὰ γνώμην ἐδόκει κεχωρηκέναι τὰ
τῆς διχοστασίας.
| [8,90] CHAPITRE QUINZIEME.
I. QUAND le temps des assemblées pour la nomination des
magistrats fut venu, les consuls se rendirent aux comices. II y eut de
grandes contestations entre le peuple et les patriciens au sujet de ceux
qu'on, devait élire. Ces derniers voulaient élever au consulat quelques
jeunes gens des plus expéditifs et des moins populaires. Ils avaient
même engagé le fils d'Appius Claudius, qui passait pour le plus grand
ennemi du peuple, à briguer cette dignité. C'était un jeune homme fier,
hardi, et des plus puissants par le grand nombre de clients et d'amis qu'il
avait à sa dévotion. Le peuple au contraire nommait des personnes
âgées, dont la probité reconnue pût lui répondre qu'elles prendraient les
intérêts de la république: c'était sur les plus anciens qu'il jetait les yeux
pour les élever au consulat. Les magistrats mêmes ne s'accordaient pas
ensemble, les uns ne cherchaient qu'à détruire l'autorité des autres.
Toutes les fois que les consuls convoquaient le peuple pour conférer le
consulat aux postulants , les tribuns en vertu de leurs pouvoirs
empêchaient la tenue des assemblées. De même lorsque ceux-ci
assemblaient le peuple pour faire l'élection, les consuls s'y opposaient,
prétendant que le droit de convoquer le peuple et de recueillir les
suffrages appartenait à eux seuls. Ils formaient diverses accusations les
uns contre les autres : appuyés d'une troupe de clients, quel que soit leur
colère allait si loin qu'on en venait aux coups, peu s'en fallut qu'ils ne
poussassent leurs contestation et jusqu'à prendre les armes et à exciter
dans Rome une sédition générale.
II. SUR ces disputes, le sénat qui ne voulait pas que le peuple lui fît
la loi, et qui cependant ne pouvait pas user envers lui des voies de
contrainte, fut longtemps à délibérer ce qu'il devait faire dans de si
fâcheuses conjonctures. On proposa dans les délibérations deux avis
différents. Les uns plus hardis, voulaient qu'on créât pour dictateur
quelque grand personnage, qui revêtu de l'autorité souveraine, pût tenir
les comices sans aucun trouble, chasser de Rome les membres pourris
qui infectaient les autres, corriger ce qui s'était fait de mal sous les
précédents magistrats, rétablir le bon ordre du gouvernement comme il le
jugerait à propos, et élever aux charges les plus gens de bien. Les autres
plus modérés, opinaient à nommer pour entre-rois quelques uns des plus
âgés et des plus respectables par leur mérite, pour avoir soin de choisir
de bons magistrats, comme il s'était pratiqué pendant le gouvernement
monarchique après la mort des rois. Le plus grand nombre des sénateurs
embrassa ce dernier avis : on nomma pour entre-roi Aulus Sempronius
Atratinus, et les pouvoirs des autres magistrats cédèrent aussitôt. Cet
entre-roi gouverna l'état sans aucun trouble autant de jours que s'étendait
sa puissance , après lesquels il choisit selon la coutume Spurius Largius
pour son successeur. Celui-ci assembla les comices par centuries , il
recueillit les suffrages en commençant par les classes des plus riches
citoyens, et l'élection fut terminée.
III. ON élut Consuls au grand contentement des deux partis, Caius
Julius {surnommé Jullus} pour la première fois, et Quintus Fabius fils de
Caeson pour la seconde fois. Le premier était de la faction des plébéiens,
et le second de celle des grands. Le peuple, qui n'avait point été
mécontent de celui-ci pendant son premier consulat, souffrit volontiers
qu'on le revêtît une seconde fois de la même dignité , assez
récompensé d'ailleurs par la joie de voir qu'Appius, qu'il haïssait
souverainement, avoir eu l'exclusion avec une espèce de honte. D'un
autre côté les grands qui voulaient avoir un consul vigilant, prompt et
incapable de mollir en faveur du peuple, étaient ravis que la sédition se fut
terminée de cette manière.
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