[8,48] Παυσαμένου δ´ αὐτοῦ μικρὸν ἡ Οὐετουρία
ἐπισχοῦσα χρόνον, ἕως ὁ τῶν περιεστηκότων
ἔπαινος ἐπαύσατο πολύς τε καὶ μέχρι πολλοῦ γενόμενος, λέγει
πρὸς αὐτόν· Ἀλλ´ ἔγωγέ σε, ὦ Μάρκιε
τέκνον, οὔτε προδότην Οὐολούσκων γενέσθαι ἀξιῶ, οἵ
σε φεύγοντα ὑποδεξάμενοι τοῖς τ´ ἄλλοις ἐτίμησαν καὶ
τὴν ἑαυτῶν ἡγεμονίαν ἐπίστευσαν, οὔτε παρὰ τὰς ὁμολογίας καὶ
τοὺς ὅρκους, οὓς ἔδωκας αὐτοῖς, ὅτε τὰς
δυνάμεις παρελάμβανες, ἄνευ κοινῆς γνώμης ἰδίᾳ καταλύσασθαι
τὴν ἔχθραν βούλομαι· μηδ´ ὑπολάβῃς τὴν
σεαυτοῦ μητέρα τοσαύτης ἀναπεπλῆσθαι θεοβλαβείας,
ὥστε τὸν ἀγαπητὸν καὶ μόνον υἱὸν εἰς αἰσχρὰς καὶ
ἀνοσίους πράξεις παρακαλεῖν. ἀλλὰ μετὰ κοινῆς γνώμης
ἀποστῆναί σε ἀξιῶ τοῦ πολέμου, πείσαντα τοὺς
Οὐολούσκους μετριάσαι περὶ τὰς διαλλαγὰς καὶ ποιήσασθαι τὴν
εἰρήνην ἀμφοτέροις τοῖς ἔθνεσι καλὴν
καὶ πρέπουσαν. τοῦτο δὲ γένοιτ´ ἄν, εἰ νῦν μὲν ἀναστήσας τὴν
στρατιὰν ἀπαγάγοις ἐνιαυσίους ποιησάμενος ἀνοχάς, ἐν δὲ τῷ
μεταξὺ χρόνῳ πρέσβεις ἀποστέλλων τε καὶ δεχόμενος ἀληθῆ
φιλίαν πράττοις καὶ
διαλλαγὰς βεβαίας. καὶ εὖ ἴσθι· Ῥωμαῖοι μέν, ὅσα
μήτε τὸ ἀδύνατον μήτ´ ἄλλη τις ἀδοξία προσπεσοῦσα
κωλύσει, πάντα ὑπομενοῦσι πράττειν λόγῳ καὶ παρακλήσει
πειθόμενοι, ἀναγκαζόμενοι δ´, ὥσπερ σὺ νῦν
ἀξιοῖς, οὐθὲν ἂν πώποτε χαρίσαιντο ὑμῖν οὔτε μεῖζον
οὔτ´ ἔλαττον, ὡς ἐξ ἄλλων τε πολλῶν πάρεστί σοι
καταμαθεῖν καὶ τὰ τελευταῖα ἐξ ὧν Λατίνοις συνεχώρησαν
ἀποστᾶσιν ἀπὸ τῶν ὅπλων· Οὐολοῦσκοι δὲ πολὺ
τὸ αὔθαδες ἔχουσιν, ὃ συμβαίνει τοῖς μεγάλα εὐτυχήσασιν. ἐὰν
δὲ διδάσκῃς αὐτούς, ὅτι πᾶσα μὲν εἰρήνη παντός ἐστι πολέμου
κρείττων, σύμβασις δὲ φίλων
κατὰ τὸν ἑκούσιον γινομένη τρόπον τῶν ὑπ´ ἀνάγκης
συγχωρηθέντων βεβαιοτέρα, καὶ ὅτι σωφρόνων ἐστὶν
ἀνθρώπων, ὅταν μὲν εὖ πράττειν δοκῶσι, ταμιεύεσθαι
τὰς τύχας, ὅταν δ´ εἰς ταπεινὰς καὶ φαύλας ἔλθωσι,
μηθὲν ὑπομένειν ἀγεννές· καὶ τἆλλα, ὅσα εἰς ἡμερότητα καὶ
ἐπιείκειαν ἐπαγωγὰ παιδεύματα εὕρηται
λόγων, οὓς ὑμεῖς οἱ τὰ πολιτικὰ πράττοντες μάλιστ´
ἐπίστασθε, ἴστε ὅτι τοῦ τε αὐχήματος, ἐφ´ οὗ νῦν
εἰσιν, ἑκόντες ὑποβήσονται καὶ ποιήσουσιν ἐξουσίαν
σοι τοῦ πράττειν, ὅ τι ἂν αὐτοῖς ὑπολαμβάνῃς συνοίσειν. ἐὰν δ´
ἀντιπράττωσί σοι καὶ τοὺς λόγους μὴ
προσδέχωνται ταῖς διὰ σὲ καὶ διὰ τὴν ἡγεμονίαν τὴν
σὴν γενομέναις περὶ αὐτοὺς τύχαις ὡς ἀεὶ διαμενούσαις
ἐπαιρόμενοι, τῆς στρατηγίας αὐτοῖς ἀφίστασο φανερῶς, καὶ μήτε
προδότης γίνου τῶν πεπιστευκότων
μήτε πολέμιος τῶν ἀναγκαιοτάτων· ἀσεβὲς γὰρ ἑκάτερον. ταῦτα
ἥκω δεομένη σου γενέσθαι μοι παρὰ σοῦ,
Μάρκιε τέκνον, οὔτ´ ἀδύναθ´, ὡς σὺ φῄς, πάσης τ´
ἀδίκου καὶ ἀνοσίου συνειδήσεως καθαρά.
| [8,48] XVII. Ce discours fut suivi des louanges et des acclamations de
toute l'assemblée. Véturie demeura un peu de temps sans rien dire,
jusqu'à ce que les applaudissements fussent cessés. Dès qu'on eut fait
silence, elle parla en ces termes.
XVIII. « NON, mon fils, je ne vous demande point que vous trahissiez
les Volsques ; aux dieux ne plaise, Marcius, que je veuille vous engager à
manquer de foi envers des peuples, qui après vous avoir reçu dans leurs
villes, vous ont comblé d'honneurs et vous ont fait général de leur armée.
Je ne prétends point non plus qu'infracteur des traités et infidèle aux
serments par lesquels vous avez engagé votre foi lorsqu'ils vous ont
confié le commandement de leurs troupes, vous fassiez votre paix
particulière sans le consentement de toute la nation. Ne vous imaginez
pas que votre mère soit assez impie pour porter son cher et unique fils à
des actions également honteuses et injustes. Non, les dieux ne m'ont pas
tellement renversé le sens, que je sois capable de vous engager dans les
crimes les plus énormes. Tout ce que je vous demande, c'est de faire
consentir les Volsques à terminer la guerre, et de les porter à des
conditions de paix également honorables et avantageuses aux deux
nations. Le moyen d'y réussir, est de retirer vos troupes de dessus nos
terres, et de nous accorder une trêve d'un an, pendant laquelle nous
puissions nous envoyer des ambassades de part et d'autre pour négocier
une paix stable et une alliance à l'épreuve des changements. Soyez
persuadé que n'employant que les remontrances et les voies de la
douceur, le peuple Romain consentira volontiers à toutes vos demandes
pourvu qu'elles n'intéressent point l'honneur et la gloire de la république,
mais que si vous prétendez le contraindre par voies de fait, comme vous
faites aujourd'hui, il ne se relâchera jamais sur la moindre chose. Vous
avez plusieurs exemples de sa conduite en pareille occasion, et vous
n'ignorez pas ce qu'il a accordé depuis peu aux Latins lorsqu'ils ont mis
bas les armes. Les Volsques sont devenus extrêmement fiers : il n'en faut
pas être surpris, c'est l'ordinaire de tous ceux qui ont réussi dans les
grandes entreprises. Mais si vous leur faites comprendre que la paix,
quelle qu'elle puisse être, vaut toujours beaucoup mieux que la guerre,
qu'un traité conclu avec liberté, est plus fiable que les alliances qui se font
par contrainte , que c'est le fait des hommes sages d'user de leur bonne
fortune avec modération et économie lorsque tout leur réussit, et de ne
point faire de bassesses dans le temps de l'adversité : si, dis-je, vous leur
donnez ces avertissements, capables d'inspirer de la douceur et de la
modération, et si vous voulez leur apporter d'autres semblables motifs qui
vous sont d'autant plus connus que vous êtes versé dans l'administration
de la république, ils ne manqueront pas de rabattre de leur orgueil, ils
vous laisseront le maitre de faire tout ce que vous croirez leur être utile.
Que s'ils font les difficiles, s'ils refusent d'écouter vos remontrances, et
qu'enflés des heureux succès qu'ils ont eu sous votre gouvernement, ils
s'imaginent que la fortune leur sera toujours favorable ; abdiquez
publiquement la dignité de général dont ils vous ont revêtu : et gardez-vous
bien de devenir traître envers une nation qui se repose sur vous, ou
de vous déclarer l'ennemi de ceux qui vous touchent de plus près : l'un et
l'autre serait une action impie et contraire à la justice.
XIX. VOILA, mon fils ce que je viens vous demander. Ce ne sont pas
des choses impossibles, comme vous le prétendez, dans tout ce que
j'exige de vous, il n'y a rien de contraire à l'équité et au caractère
d'honnête homme.
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