[208] (208a) μὴ ὅτι αἱ μὲν γίγνονται, αἱ δὲ ἀπόλλυνται ἡμῖν, καὶ οὐδέποτε οἱ αὐτοί
ἐσμεν οὐδὲ κατὰ τὰς ἐπιστήμας, ἀλλὰ καὶ μία ἑκάστη τῶν ἐπιστημῶν ταὐτὸν
πάσχει. ὃ γὰρ καλεῖται μελετᾷν, ὡς ἐξιούσης ἐστὶ τῆς ἐπιστήμης· λήθη γὰρ
ἐπιστήμης ἔξοδος, μελέτη δὲ πάλιν καινὴν ἐμποιοῦσα ἀντὶ τῆς ἀπιούσης μνήμην
σῴζει τὴν ἐπιστήμην, ὥστε τὴν αὐτὴν δοκεῖν εἶναι. τούτῳ γὰρ τῷ τρόπῳ πᾶν τὸ
θνητὸν σῴζεται, οὐ τὸ παντάπασιν τὸ αὐτὸ ἀεὶ εἶναι ὥσπερ τὸ (208b) θεῖον, ἀλλὰ
τῷ τὸ ἀπιὸν καὶ παλαιούμενον ἕτερον νέον ἐγκαταλείπειν οἷον αὐτὸ ἦν. ταύτῃ τῇ
μηχανῇ, ὦ Σώκρατες, ἔφη, θνητὸν ἀθανασίας μετέχει, καὶ σῶμα καὶ τἆλλα
πάντα· ἀθάνατον δὲ ἄλλῃ. μὴ οὖν θαύμαζε εἰ τὸ αὑτοῦ ἀποβλάστημα φύσει πᾶν
τιμᾷ· ἀθανασίας γὰρ χάριν παντὶ αὕτη ἡ σπουδὴ καὶ ὁ ἔρως ἕπεται.
XXVII. Καὶ ἐγὼ ἀκούσας τὸν λόγον ἐθαύμασά τε καὶ εἶπον Εἶεν, ἦν δ᾽ ἐγώ, ὦ
σοφωτάτη Διοτίμα, ταῦτα ὡς ἀληθῶς οὕτως ἔχει; (208c) καὶ ἥ, ὥσπερ οἱ τέλεοι
σοφισταί, Εὖ ἴσθι, ἔφη, ὦ Σώκρατες· ἐπεί γε καὶ τῶν ἀνθρώπων εἰ ἐθέλεις εἰς τὴν
φιλοτιμίαν βλέψαι, θαυμάζοις ἂν τῆς ἀλογίας πέρι, ἃ ἐγὼ εἴρηκα εἰ μὴ ἐννοεῖς,
ἐνθυμηθεὶς ὡς δεινῶς διάκεινται ἔρωτι τοῦ ὀνομαστοὶ γενέσθαι καὶ “κλέος ἐς τὸν
ἀεὶ χρόνον ἀθάνατον καταθέσθαι„, καὶ ὑπὲρ τούτου κινδύνους τε κινδυνεύειν
ἕτοιμοί εἰσι πάντας ἔτι μᾶλλον ἢ ὑπὲρ τῶν (208d) παίδων, καὶ χρήματα
ἀναλίσκειν καὶ πόνους πονεῖν οὑστινασοῦν καὶ ὑπεραποθνήσκειν. ἐπεὶ οἴει σύ,
ἔφη, Ἄλκηστιν ὑπὲρ Ἀδμήτου ἀποθανεῖν ἄν, ἢ Ἀχιλλέα Πατρόκλῳ ἐπαποθανεῖν,
ἢ προαποθανεῖν τὸν ὑμέτερον Κόδρον ὑπὲρ τῆς βασιλείας τῶν παίδων, μὴ
οἰομένους ἀθάνατον μνήμην ἀρετῆς πέρι ἑαυτῶν ἔσεσθαι, ἣν νῦν ἡμεῖς ἔχομεν;
πολλοῦ γε δεῖ, ἔφη, ἀλλ᾽ οἶμαι ὑπὲρ ἀρετῆς ἀθανάτου καὶ τοιαύτης δόξης
εὐκλεοῦς πάντες πάντα ποιοῦσιν, ὅσῳ ἂν ἀμείνους (208e) ὦσι, τοσούτῳ μᾶλλον·
τοῦ γὰρ ἀθανάτου ἐρῶσιν. οἱ μὲν οὖν ἐγκύμονες, ἔφη, κατὰ τὰ σώματα ὄντες
πρὸς τὰς γυναῖκας μᾶλλον τρέπονται καὶ ταύτῃ ἐρωτικοί εἰσιν, διὰ παιδογονίας
ἀθανασίαν καὶ μνήμην καὶ εὐδαιμονίαν, ὡς οἴονται, αὑτοῖς εἰς τὸν ἔπειτα χρόνον
πάντα ποριζόμενοι· οἱ δὲ κατὰ τὴν
| [208] c'est que nos connaissances mêmes tantôt naissent,
tantôt périssent en nous, et que nous ne sommes jamais
identiques à nous-mêmes à cet égard ; et même chaque
connaissance isolée est sujette à ce changement; car
nous n'avons recours à ce qu'on appelle réfléchir que
parce que la connaissance nous échappe; l'oubli est la
fuite de la connaissance, et la réflexion, en suscitant un
souvenir nouveau à la place de celui qui s'en va,
maintient la connaissance, de façon qu'elle paraît être la
même. C'est de cette manière que tout ce qui est mortel
se conserve, non point en restant toujours exactement le
même, comme ce qui est divin, mais en laissant toujours
à la place de l'individu qui s'en va et vieillit un
jeune qui lui ressemble. C'est par ce moyen, Socrate,
ajouta-t-elle, que ce qui est mortel, le corps et le reste,
participe à l'immortalité; ce qui est immortel l'est d'une
autre manière. Ne t'étonne donc plus si tout être prise
son rejeton : car c'est en vue de l'immortalité que
chacun a reçu ce zèle et cet amour."
— Après avoir entendu ce discours, je lui dis, plein
d'admiration : "C'est bien, très sage Diotime ; mais les choses
sont-elles bien réellement comme tu le dis?"
Elle reprit sur le ton d'un sophiste accompli "N'en
doute pas, Socrate. Aussi bien, si tu veux considérer
l'ambition des hommes, tu seras surpris de son absurdité,
à moins que tu n'aies présent à l'esprit ce que j'ai
dit, et que tu ne songes au singulier état où les met le
désir de se faire un nom et d'acquérir une gloire d'une
éternelle durée. C'est ce désir, plus encore que l'amour
des enfants, qui leur fait braver tous les dangers,
dépenser leur fortune, endurer toutes les fatigues et
sacrifier leur vie. Penses-tu, en effet, dit-elle,
qu'Alceste serait morte pour Admète, qu'Achille se
serait dévoué à la vengeance de Patrocle ou que votre
Codros aurait couru au-devant de la mort pour garder le
trône à ses enfants s'ils n'avaient pas pensé laisser de
leur courage le souvenir immortel que nous en gardons
aujourd'hui? Tant s'en faut, dit-elle, et je ne crois pas
me tromper en disant que c'est en vue d'une louange
immortelle et d'une renommée comme la leur que tous
les hommes se soumettent à tous les sacrifices, et cela
d'autant plus volontiers qu'ils sont meilleurs; car c'est
l'immortalité qu'ils aiment.
Et maintenant, continua-t-elle, ceux qui sont féconds
selon le corps se tournent de préférence vers les
femmes, et c'est leur manière d'aimer que de procréer
des enfants, pour s'assurer l'immortalité, la survivance
de leur mémoire, le bonheur, pour un avenir qu'ils se
figurent éternel.
Pour ceux qui sont féconds selon l'esprit...,
|