HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Hérodote, Histoires, livre VIII

Chapitres 110-114

  Chapitres 110-114

[8,110] Θεμιστοκλέης μὲν ταῦτα λέγων διέβαλλε, Ἀθηναῖοι δὲ ἐπείθοντο· ἐπειδὴ γὰρ καὶ πρότερον δεδογμένος εἶναι σοφὸς ἐφάνη ἐὼν ἀληθέως σοφός τε καὶ εὔβουλος, πάντως ἕτοιμοι ἦσαν λέγοντι πείθεσθαι. (2) ὡς δὲ οὗτοί οἱ ἀνεγνωσμένοι ἦσαν, αὐτίκα μετὰ ταῦτα Θεμιστοκλέης ἄνδρας ἀπέπεμπε ἔχοντας πλοῖον, τοῖσι ἐπίστευε σιγᾶν ἐς πᾶσαν βάσανον ἀπικνεομένοισι τὰ αὐτὸς ἐνετείλατο βασιλέι φράσαι· τῶν καὶ Σίκιννος οἰκέτης αὖτις ἐγένετο· οἳ ἐπείτε ἀπίκοντο πρὸς τὴν Ἀττικήν, οἳ μὲν κατέμενον ἐπὶ τῷ πλοίῳ, Σίκιννος δὲ ἀναβὰς παρὰ Ξέρξην ἔλεγε τάδε. (3) “ἔπεμψέ με Θεμιστοκλέης Νεοκλέος, στρατηγὸς μὲν Ἀθηναίων ἀνὴρ δὲ τῶν συμμάχων πάντων ἄριστος καὶ σοφώτατος, φράσοντά τοι ὅτι Θεμιστοκλέης Ἀθηναῖος, σοὶ βουλόμενος ὑπουργέειν, ἔσχε τοὺς Ἕλληνας τὰς νέας βουλομένους διώκειν καὶ τὰς ἐν Ἑλλησπόντῳ γεφύρας λύειν. καὶ νῦν κατἡσυχίην πολλὴν κομίζεο”. οἳ μὲν ταῦτα σημήναντες ἀπέπλεον ὀπίσω. [8,110] CX. Ce discours trompeur persuada les Athéniens. Ils étaient en effet d'autant plus disposés à croire Thémistocle, qu'il s'était fait auparavant la réputation d'un homme sage, et que, dans l'occasion présente, il avait donné par ses bons conseils des preuves de sa prudence. Les Athéniens n'eurent pas plutôt approuvé son avis, qu'il fit partir sur un esquif des gens de confiance et incapables de révéler ce qu'il leur avait ordonné de dire au roi, quand même on les aurait mis à la torture. L'esclave Sicinnus fut encore de ce nombre. Lorsqu'ils furent arrivés sur les côtes de l'Attique, Sicinnus laissa les autres dans l'esquif, et se rendit auprès de Xerxès. « Thémistocle, fils de Néoclès, lui dit-il, général des Athéniens, le plus brave et le plus sage de tous les alliés, m'a envoyé vous dire que, par zèle pour votre service, il a retenu les Grecs qui voulaient poursuivre votre flotte et rompre les ponts de l'Hellespont. Vous pouvez donc maintenant vous retirer tranquillement. » Cet ordre exécuté, ils s'en retournèrent.
[8,111] οἱ δὲ Ἓλληνες, ἐπείτε σφι ἀπέδοξε μήτἐπιδιώκειν ἔτι προσωτέρω τῶν βαρβάρων τὰς νέας μήτε πλέειν ἐς τὸν Ἑλλήσποντον λύσοντας τὸν πόρον, τὴν Ἄνδρον περικατέατο ἐξελεῖν ἐθέλοντες. (2) πρῶτοι γὰρ Ἄνδριοι νησιωτέων αἰτηθέντες πρὸς Θεμιστοκλέος χρήματα οὐκ ἔδοσαν, ἀλλὰ προϊσχομένου Θεμιστοκλέος λόγον τόνδε, ὡς ἥκοιεν Ἀθηναῖοι περὶ ἑωυτοὺς ἔχοντες δύο θεοὺς μεγάλους, πειθώ τε καὶ ἀναγκαίην, οὕτω τέ σφι κάρτα δοτέα εἶναι χρήματα, ὑπεκρίναντο πρὸς ταῦτα λέγοντες ὡς κατὰ λόγον ἦσαν ἄρα αἱ Ἀθῆναι μεγάλαι τε καὶ εὐδαίμονες, αἳ καὶ θεῶν χρηστῶν ἥκοιεν εὖ, (3) ἐπεὶ Ἀνδρίους γε εἶναι γεωπείνας ἐς τὰ μέγιστα ἀνήκοντας, καὶ θεοὺς δύο ἀχρήστους οὐκ ἐκλείπειν σφέων τὴν νῆσον ἀλλαἰεὶ φιλοχωρέειν, πενίην τε καὶ ἀμηχανίην, καὶ τούτων τῶν θεῶν ἐπηβόλους ἐόντας Ἀνδρίους οὐ δώσειν χρήματα· οὐδέκοτε γὰρ τῆς ἑωυτῶν ἀδυναμίης τὴν Ἀθηναίων δύναμιν εἶναι κρέσσω. [8,111] CXI. Les Grecs, ayant résolu de ne pas poursuivre plus loin la flotte des Barbares, et de ne point rompre les ponts de l'Hellespont, assiégèrent Andros dans le dessein de la détruire. Ces insulaires refusèrent les premiers à Thémistocle l'argent qu'il exigeait d'eux. Comme ce général alléguait qu'ils ne pouvaient se dispenser d'accorder cet argent à deux grandes divinités, la Persuasion et la Nécessité, dont les Athéniens étaient accompagnés, ils lui répondirent qu'Athènes, protégée par deux divinités favorables, était avec raison grande, riche et florissante; que le territoire d'Andros était très mauvais; que deux divinités pernicieuses, la Pauvreté et l'Impuissance, se plaisaient dans leur île, et ne la quittaient jamais; qu'étant au pouvoir de ces deux divinités, ils ne pouvaient donner d'argent, et que jamais la puissance d'Athènes ne serait plus forte que leur impuissance. Sur cette réponse et leur refus, on les assiégea.
[8,112] οὗτοι μὲν δὴ ταῦτα ὑποκρινάμενοι καὶ οὐ δόντες τὰ χρήματα ἐπολιορκέοντο. Θεμιστοκλέης δὲ, οὐ γὰρ ἐπαύετο πλεονεκτέων, ἐσπέμπων ἐς τὰς ἄλλας νήσους ἀπειλητηρίους λόγους αἴτεε χρήματα διὰ τῶν αὐτῶν ἀγγέλων, χρεώμενος τοῖσι καὶ πρὸς βασιλέα ἐχρήσατο, λέγων ὡς εἰ μὴ δώσουσι τὸ αἰτεόμενον, ἐπάξει τὴν στρατιὴν τῶν Ἑλλήνων καὶ πολιορκέων ἐξαιρήσει. (2) λέγων ταῦτα συνέλεγε χρήματα μεγάλα παρὰ Καρυστίων τε καὶ Παρίων, οἳ πυνθανόμενοι τήν τε Ἄνδρον ὡς πολιορκέοιτο διότι ἐμήδισε, καὶ Θεμιστοκλέα ὡς εἴη ἐν αἴνῃ μεγίστῃ τῶν στρατηγῶν, δείσαντες ταῦτα ἔπεμπον χρήματα. εἰ δὲ δὴ τινὲς καὶ ἄλλοι ἔδοσαν νησιωτέων, οὐκ ἔχω εἰπεῖν, δοκέω δὲ τινὰς καὶ ἄλλους δοῦναι καὶ οὐ τούτους μούνους. (3) καίτοι Καρυστίοισί γε οὐδὲν τούτου εἵνεκα τοῦ κακοῦ ὑπερβολὴ ἐγένετο· Πάριοι δὲ Θεμιστοκλέα χρήμασι ἱλασάμενοι διέφυγον τὸ στράτευμα. Θεμιστοκλέης μέν νυν ἐξ Ἄνδρου ὁρμώμενος χρήματα παρὰ νησιωτέων ἐκτᾶτο λάθρῃ τῶν ἄλλων στρατηγῶν. [8,112] CXII. Avide d'argent, Thémistocle ne cessait d'en amasser. Il en envoya demander aux autres insulaires par les mêmes députés, qui leur tinrent le même langage qu'à ceux d'Andros, et les menacèrent, en cas de refus, de les assiéger avec l'armée grecque, et de les détruire entièrement. Il tira par cette voie de grandes sommes des Carystiens et des Pariens, qui les envoyèrent dans la crainte d'être traités comme Andros, dont ils avaient appris qu'on formait le siège à cause de son attachement aux Mèdes, et parce qu'ils savaient que Thémistocle jouissait auprès des généraux du plus grand crédit. J'ignore si quelques autres îles en donnèrent aussi. Je croirais volontiers qu'il y en eut d'autres, et que celles-là ne furent pas les seules. Le malheur des Carystiens ne fut pas pour cela différé. Quant aux Pariens, ils apaisèrent Thémistocle avec de l'argent, et l'armée n'alla pas chez eux. Ce fut ainsi que Thémistocle, à l'insu des autres généraux, tira beaucoup d'argent des insulaires, à commencer par ceux d'Andros.
[8,113] οἱ δἀμφὶ Ξέρξην ἐπισχόντες ὀλίγας ἡμέρας μετὰ τὴν ναυμαχίην ἐξήλαυνον ἐς Βοιωτοὺς τὴν αὐτὴν ὁδόν. ἔδοξε γὰρ Μαρδονίῳ ἅμα μὲν προπέμψαι βασιλέα, ἅμα δὲ ἀνωρίη εἶναι τοῦ ἔτεος πολεμέειν, χειμερίσαι τε ἄμεινον εἶναι ἐν Θεσσαλίῃ, καὶ ἔπειτα ἅμα τῷ ἔαρι πειρᾶσθαι τῆς Πελοποννήσου. (2) ὡς δὲ ἀπίκατο ἐς τὴν Θεσσαλίην, ἐνθαῦτα Μαρδόνιος ἐξελέγετο πρώτους μὲν τοὺς Πέρσας πάντας τοὺς ἀθανάτους καλεομένους, πλὴν Ὑδάρνεος τοῦ στρατηγοῦ (οὗτος γὰρ οὐκ ἔφη λείψεσθαι βασιλέος), μετὰ δὲ τῶν ἄλλων Περσέων τοὺς θωρηκοφόρους καὶ τὴν ἵππον τὴν χιλίην, καὶ Μήδους τε καὶ Σάκας καὶ Βακτρίους τε καὶ Ἰνδούς, καὶ τὸν πεζὸν καὶ τὴν ἄλλην ἵππον. (3) ταῦτα μὲν ἔθνεα ὅλα εἵλετο, ἐκ δὲ τῶν ἄλλων συμμάχων ἐξελέγετο κατὀλίγους, τοῖσι εἴδεά τε ὑπῆρχε διαλέγων καὶ εἰ τεοῖσι τι χρηστὸν συνῄδεε πεποιημένον· ἓν δὲ πλεῖστον ἔθνος Πέρσας αἱρέετο, ἄνδρας στρεπτοφόρους τε καὶ ψελιοφόρους, ἐπὶ δὲ Μήδους· οὗτοι δὲ τὸ πλῆθος μὲν οὐκ ἐλάσσονες ἦσαν τῶν Περσέων, ῥώμῃ δὲ ἥσσονες. ὥστε σύμπαντας τριήκοντα μυριάδας γενέσθαι σὺν ἱππεῦσι. [8,113] CXIII. L'armée de terre, ayant séjourné quelques jours dans l'Attique après le combat naval, prit avec Xerxès la route de la Béotie et le même chemin qu'elle avait tenu en venant. Mardonius avait jugé à propos d'accompagner le roi, parce que la saison n'était plus propre aux opérations de la guerre, et qu'il croyait plus avantageux de passer l'hiver en Thessalie, et d'attaquer ensuite le Péloponnèse au commencement du printemps. Lorsqu'on fut arrivé en Thessalie, Mardonius choisit d'abord tous les Perses qu'on appelle Immortels, excepté Hydarnes, leur commandant, qui ne voulut point abandonner le roi. Il prit ensuite parmi les autres Perses les cuirassiers et le corps de mille chevaux, auxquels il joignit toutes les troupes mèdes, saces, bactriennes et indiennes, tant infanterie que cavalerie. Quant au reste des alliés, il ne fit choix que d'un petit nombre, et ne prit que les beaux hommes et ceux qui avaient fait de belles actions et dont la valeur lui était connue. Il choisit aussi la plus grande partie des Perses, ceux surtout qui portaient des colliers et des bracelets, et ensuite les Mèdes. Ceux-ci étaient égaux en nombre aux Perses, mais inférieurs du côté de la force. Toutes ces troupes réunies faisaient trois cent mille hommes, y compris la cavalerie.
[8,114] ἐν δὲ τούτῳ τῷ χρόνῳ, ἐν τῷ Μαρδόνιός τε τὴν στρατιὴν διέκρινε καὶ Ξέρξης ἦν περὶ Θεσσαλίην, χρηστήριον ἐληλύθεε ἐκ Δελφῶν Λακεδαιμονίοισι, Ξέρξην αἰτέειν δίκας τοῦ Λεωνίδεω φόνου καὶ τὸ διδόμενον ἐξ ἐκείνου δέκεσθαι. πέμπουσι δὴ κήρυκα τὴν ταχίστην Σπαρτιῆται, ὃς ἐπειδὴ κατέλαβε ἐοῦσαν ἔτι πᾶσαν τὴν στρατιὴν ἐν Θεσσαλίῃ, ἐλθὼν ἐς ὄψιν τὴν Ξέρξεω ἔλεγε τάδε. (2) “ βασιλεῦ Μήδων, Λακεδαιμόνιοί τέ σε καὶ Ἡρακλεῖδαι οἱ ἀπὸ Σπάρτης αἰτέουσι φόνου δίκας, ὅτι σφέων τὸν βασιλέα ἀπέκτεινας ῥυόμενον τὴν Ἑλλάδα”. δὲ γελάσας τε καὶ κατασχὼν πολλὸν χρόνον, ὥς οἱ ἐτύγχανε παρεστεὼς Μαρδόνιος, δεικνὺς ἐς τοῦτον εἶπετοιγὰρ σφι Μαρδόνιος ὅδε δίκας δώσει τοιαύτας οἵας ἐκείνοισι πρέπει”. [8,114] CXIV. Pendant que Mardonius était occupé du choix de l'armée et que Xerxès était aux environs de la Thessalie, il vint aux Lacédémoniens un oracle de Delphes qui leur ordonnait de demander à Xerxès justice de la mort de Léonidas, et d'accepter comme un augure, la réponse qu'il leur ferait. Aussitôt les Spartiates dépêchèrent un héraut, qui fit tant de diligence, qu'il rencontra encore toute l'armée en Thessalie avec Xerxès. Ce prince lui ayant donné audience : « Roi des Perses, lui dit-il, les Lacédémoniens et les Héraclides de Sparte vous demandent justice de la mort de leur roi, qui a été tué par vous en combattant pour la défense de la Grèce. » À ces mots, Xerxès se mit à rire ; et après avoir été longtemps sans répondre : « Voilà, dit-il en montrant Mardonius, qui était présent, voilà celui qui la leur fera comme il convient.» Le héraut accepta l'augure et se retira.


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Dernière mise à jour : 2/02/2006