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[1,19] καὶ οἱ μὲν Λακεδαιμόνιοι οὐχ ὑποτελεῖς ἔχοντες φόρου τοὺς ξυμμάχους ἡγοῦντο,
κατ' ὀλιγαρχίαν δὲ σφίσιν αὐτοῖς μόνον ἐπιτηδείως ὅπως πολιτεύσουσι
θεραπεύοντες, Ἀθηναῖοι δὲ ναῦς τε τῶν πόλεων τῷ χρόνῳ παραλαβόντες
πλὴν Ξίων καὶ Λεσβίων, καὶ χρήματα τοῖς πᾶσι τάξαντες φέρειν. καὶ ἐγένετο
αὐτοῖς ἐς τόνδε τὸν πόλεμον ἡ ἰδία παρασκευὴ μείζων ἢ ὡς τὰ κράτιστά ποτε
μετὰ ἀκραιφνοῦς τῆς ξυμμαχίας ἤνθησαν.
| [1,19] XlX. - Les Lacédémoniens n'imposaient pas de tributs à leurs alliés ; mais ils avaient soin,
dans leur propre intérêt, qu'ils se gouvernassent selon les principes oligarchiques. Les
Athéniens, avec le temps, exigèrent des navres de toutes les cités, sauf de Chios et de
Lesbos, et imposèrent à tous un tribut en argent. Et au moment de la guerre du
Péloponnèse, les uns et les autres avaient un matériel plus important qu'à l'époque même
où ils étaient les plus puissants avec l'aide de leurs alliés.
| [1,20] Τὰ μὲν οὖν παλαιὰ τοιαῦτα ηὗρον, χαλεπὰ ὄντα παντὶ ἑξῆς
τεκμηρίῳ πιστεῦσαι. οἱ γὰρ ἄνθρωποι τὰς ἀκοὰς τῶν προγεγενημένων, καὶ
ἢν ἐπιχώρια σφίσιν ᾖ, ὁμοίως ἀβασανίστως παρ' ἀλλήλων δέχονται.
Ἀθηναίων γοῦν τὸ πλῆθος Ἵππαρχον οἴονται ὑφ' Ἁρμοδίου καὶ
Ἀριστογείτονος τύραννον ὄντα ἀποθανεῖν, καὶ οὐκ ἴσασιν ὅτι Ἱππίας μὲν
πρεσβύτατος ὢν ἦρχε τῶν Πεισιστράτου υἱέων, Ἵππαρχος δὲ καὶ Θεσσαλὸς
ἀδελφοὶ ἦσαν αὐτοῦ, ὑποτοπήσαντες δέ τι ἐκείνῃ τῇ ἡμέρᾳ καὶ παραχρῆμα
Ἁρμόδιος καὶ Ἀριστογείτων ἐκ τῶν ξυνειδότων σφίσιν Ἱππίᾳ μεμηνῦσθαι τοῦ
μὲν ἀπέσχοντο ὡς προειδότος, βουλόμενοι δὲ πρὶν ξυλληφθῆναι δράσαντές
τι καὶ κινδυνεῦσαι, τῷ Ἱππάρχῳ περιτυχόντες περὶ τὸ Λεωκόρειον
καλούμενον τὴν Παναθηναϊκὴν πομπὴν διακοσμοῦντι ἀπέκτειναν. πολλὰ δὲ
καὶ ἄλλα ἔτι καὶ νῦν ὄντα καὶ οὐ χρόνῳ ἀμνηστούμενα καὶ οἱ ἄλλοι Ἕλληνες
οὐκ ὀρθῶς οἴονται, ὥσπερ τούς τε Λακεδαιμονίων βασιλέας μὴ μιᾷ ψήφῳ
προστίθεσθαι ἑκάτερον, ἀλλὰ δυοῖν, καὶ τὸν Πιτανάτην λόχον αὐτοῖς εἶναι,
ὃς οὐδ' ἐγένετο πώποτε. οὕτως ἀταλαίπωρος τοῖς πολλοῖς ἡ ζήτησις τῆς
ἀληθείας, καὶ ἐπὶ τὰ ἑτοῖμα μᾶλλον τρέπονται.
| [1,20] XX. - Tel était, d'après mes recherches, l'antique état de la Grèce. Car il est difficile
d'accorder créance aux documents dans leur ensemble. Les hommes acceptent sans
examen les récits des faits passés, même ceux qui concernent leur pays. Ainsi la majorité
des Athéniens s'imagine que c'est Hipparque, qui, parce qu'il était au pouvoir, a péri sous
les coups d'Harmodios et d'Aristogitôn ; ils ignorent que c'est Hippias, l’aîné des fils de
Pisistrate, qui était à la tête du gouvernement ; Hipparque et Thessalos étaient ses frères.
Le jour proposé pour le meurtre et au moment même d'agir, Harmodios et Aristogiton
soupçonnèrent que quelques-uns des conjurés avaient prévenu Hippias ; aussi ne
l'attaquèrent-ils pas, puisqu'ils le supposaient averti ; mais ne voulant pas être pris sans
avoir rien fait, ils tuèrent Hipparque, qu'ils avaient rencontré près du temple du Léocorion,
au moment où il organisait la procession des Panathénées. Sur bien d'autres
questions contemporaines, je dis bien sur des questions que le temps n'a pu faire oublier,
le reste de la Grèce n'a pas d'idées exactes : on s'imagine que les rois de Sparte
disposent de deux et non d'un seul suffrage ; qu'ils ont à leur disposition un corps de
troupes formé de la tribu de Pitanè ; ce qui n'a jamais eu lieu. On voit avec quelle
négligence la plupart des gens recherchent la vérité et comment ils accueillent les
premières informations venues.
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