[240] (240a) διακωλυτὰς καὶ ἐπιτιμητὰς ἡγούμενος τῆς ἡδίστης πρὸς αὐτὸν
ὁμιλίας. ἀλλὰ μὴν οὐσίαν γ᾽ ἔχοντα χρυσοῦ ἤ τινος ἄλλης κτήσεως οὔτε
εὐάλωτον ὁμοίως οὔτε ἁλόντα εὐμεταχείριστον ἡγήσεται· ἐξ ὧν πᾶσα ἀνάγκη
ἐραστὴν παιδικοῖς φθονεῖν μὲν οὐσίαν κεκτημένοις, ἀπολλυμένης δὲ χαίρειν. ἔτι
τοίνυν ἄγαμον, ἄπαιδα, ἄοικον ὅτι πλεῖστον χρόνον παιδικὰ ἐραστὴς εὔξαιτ᾽ ἂν
γενέσθαι, τὸ αὑτοῦ γλυκὺ ὡς πλεῖστον χρόνον καρποῦσθαι ἐπιθυμῶν.
ἔστι μὲν δὴ καὶ ἄλλα κακά, ἀλλά τις δαίμων ἔμειξε τοῖς (240b) πλείστοις ἐν τῷ
παραυτίκα ἡδονήν, οἷον κόλακι, δεινῷ θηρίῳ καὶ βλάβῃ μεγάλῃ, ὅμως ἐπέμειξεν
ἡ φύσις ἡδονήν τινα οὐκ ἄμουσον, καί τις ἑταίραν ὡς βλαβερὸν ψέξειεν ἄν, καὶ
ἄλλα πολλὰ τῶν τοιουτοτρόπων θρεμμάτων τε καὶ ἐπιτηδευμάτων, οἷς τό γε
καθ᾽ ἡμέραν ἡδίστοισιν εἶναι ὑπάρχει· παιδικοῖς δὲ ἐραστὴς πρὸς τῷ βλαβερῷ
καὶ εἰς τὸ συνημερεύειν πάντων (240c) ἀηδέστατον. ἥλικα γὰρ δὴ καὶ ὁ παλαιὸς
λόγος τέρπειν τὸν ἥλικα — ἡ γὰρ οἶμαι χρόνου ἰσότης ἐπ᾽ ἴσας ἡδονὰς ἄγουσα δι᾽
ὁμοιότητα φιλίαν παρέχεται — ἀλλ᾽ ὅμως κόρον γε καὶ ἡ τούτων συνουσία ἔχει.
καὶ μὴν τό γε ἀναγκαῖον αὖ βαρὺ παντὶ περὶ πᾶν λέγεται· ὃ δὴ πρὸς τῇ
ἀνομοιότητι μάλιστα ἐραστὴς πρὸς παιδικὰ ἔχει. νεωτέρῳ γὰρ πρεσβύτερος
συνὼν οὔθ᾽ ἡμέρας οὔτε νυκτὸς ἑκὼν ἀπολείπεται, ἀλλ᾽ ὑπ᾽ (240d) ἀνάγκης τε
καὶ οἴστρου ἐλαύνεται, ὃς ἐκείνῳ μὲν ἡδονὰς ἀεὶ διδοὺς ἄγει, ὁρῶντι, ἀκούοντι,
ἁπτομένῳ, καὶ πᾶσαν αἴσθησιν αἰσθανομένῳ τοῦ ἐρωμένου, ὥστε μεθ᾽ ἡδονῆς
ἀραρότως αὐτῷ ὑπηρετεῖν· τῷ δὲ δὴ ἐρωμένῳ ποῖον παραμύθιον ἢ τίνας ἡδονὰς
διδοὺς ποιήσει τὸν ἴσον χρόνον συνόντα μὴ οὐχὶ ἐπ᾽ ἔσχατον ἐλθεῖν ἀηδίας —
ὁρῶντι μὲν ὄψιν πρεσβυτέραν καὶ οὐκ ἐν ὥρᾳ, ἑπομένων δὲ τῶν ἄλλων ταύτῃ, ἃ
καὶ λόγῳ (240e) ἐστὶν ἀκούειν οὐκ ἐπιτερπές, μὴ ὅτι δὴ ἔργῳ ἀνάγκης ἀεὶ
προσκειμένης μεταχειρίζεσθαι, φυλακάς τε δὴ καχυποτόπους φυλαττομένῳ διὰ
παντὸς καὶ πρὸς ἅπαντας, ἀκαίρους τε ἐπαίνους καὶ ὑπερβάλλοντας ἀκούοντι,
ὡς δ᾽ αὕτως ψόγους νήφοντος μὲν οὐκ ἀνεκτούς, εἰς δὲ μέθην ἰόντος πρὸς τῷ μὴ
ἀνεκτῷ ἐπαισχεῖς, παρρησίᾳ κατακορεῖ καὶ ἀναπεπταμένῃ χρωμένου;
καὶ ἐρῶν μὲν βλαβερός τε καὶ ἀηδής, λήξας δὲ τοῦ ἔρωτος εἰς τὸν ἔπειτα χρόνον
ἄπιστος,
| [240] (240a) autant d'empêcheurs à ses yeux, autant de censeurs
du commerce infiniment agréable qui l'unit à l'autre! Bien sur aussi,
tel aimé qui a du bien, soit en or, soit en une autre espèce de
propriété, il ne le jugera,
ni pareillement facile à prendre, ni, une fois pris, pareillement
facile à manier; d'où il suit que, de toute nécessité, un amant
est jaloux que ses amours possèdent de la fortune et que, au
contraire, leur ruine ferait sa joie. Ce n'est pas tout encore :
ne point se marier, ne point avoir d'enfants, être sans foyer,
et cela le plus longtemps possible, voilà ce que pour ses amours
souhaiterait un amant, dans son désir de s'assurer, et le
plus longtemps possible, la cueillette d'un fruit dont il connaît
personnellement la douceur!
« Sans doute existe-t-il d'autres maux; une Divinité (b) a
pourtant mêlé à la plupart d'entre eux un plaisir immédiat :
au flatteur, par exemple, cette terrible bête et grandement
dommageable, la nature a néanmoins mêlé je ne sais quel plaisir,
qui n'est pas sans délicatesse; d'avoir une maîtresse, on vous
blâmera : cela, dit-on, vous fera du tort; sans parler d'une
foule de créatures et de pratiques du même acabit, auxquelles
il appartient d'être, pour un jour au moins, les plus agréables
du monde ! Or, pour un bien-aimé, un amant joint au tort
qu'il cause (c) l'extrême désagrément de sa constante assiduité.
Chaque âge, dit même le vieil adage, se plaît en effet
avec qui est du même âge : c'est, je pense, que, lorsqu'on est
du même temps, on est porté aux mêmes plaisirs, et que de
cette similitude naît une amitié ; mais pourtant, malgré tout,
même ces gens-là se lassent de se fréquenter! D'autre part,
c'est bien un adage encore, que ce qu'on fait par force pèse
en tout à tout le monde. Tel est donc, au plus haut point, sans
parler de la différence d'âge, le cas de l'amant dans ses rapports
avec ses amours : quand il en fréquente un plus jeune,
l'homme plus âgé, ni jour, ni nuit, ne se laisse en effet de bon
gré délaisser. (d) Bien plutôt, c'est de force, c'est sous l'aiguillon
qu'est poussé celui dont la vie se passe à toujours
donner des jouissances à l'homme dont je parle : jouissance
de le voir, de l'entendre, de le toucher, de sentir par tous les
sens son aimé, au point de se mettre, avec jouissance, solidement
au service de celui-ci. Or, à l'aimé, maintenant, quelle
sorte d'encouragement ou quelles jouissances lui donnera-t-il,
pour faire qu'au bout du même temps celui-ci n'en soit pas
arrivé, par cette fréquentation, au dernier terme du déplaisir?
alors qu'à sa vue s'offre une vision de vieillesse flétrie, à
laquelle fait d'autre part cortège ce reste de misères, dont
il n'est pas bien agréable d'entendre même parler (e) et, à
plus forte rai son, d'essuyer culait le contact par l'effet d'une
contrainte constamment pressante? alors que, par là-même,
il est, tout le temps et vis-à-vis de tout le monde, guetté par
la malveillance aux aguets? alors qu'il s'entend adresser des
louanges hors de propos et démesurées, niais aussi bien des
reproches qui, intolérables quand l'amoureux a encore sa tête
i lui, ne se bornent pas, quand l'ivresse le gagne, à être intolérables,
mais sont outrageants, de la part d'un homme dont
la fatigante loquacité se donne librement carrière?
«Nuisible et déplaisant tant qu'il aime, l'amoureux, quand il a cessé
d'aimer, est sans foi pour le temps qui suivra, pour ce temps
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