[8,30] Καὶ ταυτὶ μὲν ἴσως ἂν ἔχοι τις καὶ ἕτερος
ὑπὲρ αὑτοῦ γενναῖος ἀνήρ, εἰ μὴ καὶ τοσαῦτα, λέγειν·
ἀλλὰ πόλιν ὅλην τίς δύναιτ´ ἂν καυχήσασθαι στρατηγὸς ἢ
λοχαγὸς ἑλών, ὥσπερ ἐγὼ τὴν Κοριολανῶν,
καὶ τῆς αὐτῆς ἡμέρας ὁ αὐτὸς ἀνὴρ στρατιὰν πολεμίων
τρεψάμενος, ὥσπερ ἐγὼ τὴν Ἀντιατῶν ἐπίκουρον
τοῖς πολιορκουμένοις ἀφικομένην; ἐῶ γὰρ λέγειν, ὅτι
τοιαύτας ἀρετὰς ἀποδειξάμενος, ἐξόν μοι λαβεῖν ἐκ
τῶν λαφύρων πολὺν μὲν χρυσόν, πολὺν δ´ ἄργυρον
ἀνδράποδά τε καὶ ὑποζύγια καὶ βοσκήματα καὶ γῆν
πολλὴν καὶ ἀγαθὴν οὐκ ἠξίωσα, ἀλλ´ ἀνεπίφθονον ὡς
μάλιστα βουληθεὶς ἐμαυτὸν παρασχεῖν, πολεμιστὴν
ἵππον ἕνα μόνον ἐκ τῶν λαφύρων ἔλαβον καὶ τὸν
ἐμαυτοῦ ξένον ἐκ τῶν αἰχμαλώτων, τὸν δ´ ἄλλον πλοῦτον
εἰς τὸ κοινὸν ἔθηκα φέρων. πότερον οὖν τιμωρίας ἄξιος ἦν
ἐπὶ τούτοις ὑπέχειν, ἢ τιμὰς λαμβάνειν,
καὶ πότερον ὑπὸ τοῖς κακίστοις γενέσθαι τῶν πολιτῶν,
ἢ τὰ δίκαια τάττειν αὐτὸς τοῖς ἥττοσιν; ἀλλ´ οὐ διὰ
ταῦτά με ἀπήλασεν ὁ δῆμος, ἀλλ´ ὅτι περὶ τὸν ἄλλον
βίον ἀκόλαστος καὶ πολυτελὴς καὶ παράνομος ἦν; καὶ
τίς ἂν ἔχοι δεῖξαί τινα διὰ τὰς ἐμὰς παρανόμους ἡδονὰς ἢ τὴν
πατρίδα φεύγοντα ἢ τὴν ἐλευθερίαν ἀπολωλεκότα ἢ χρημάτων
στερόμενον ἢ ἄλλῃ τινὶ συμφορᾷ
χρησάμενον; ἀλλ´ οὐδὲ τῶν ἐχθρῶν με οὐδεὶς πώποτε
ᾐτιάσατο οὐδὲ διέβαλεν ἐπ´ οὐδενὶ τούτων, ἀλλ´ ὑπὸ
πάντων ἐμαρτυρεῖτό μοι καὶ ὁ καθ´ ἡμέραν ἀνεπίληπτος εἶναι
βίος. ἀλλ´ ἡ προαίρεσις, νὴ Δία, φαίη
τις ἄν, ἡ τῶν πολιτευμάτων σου μισηθεῖσα ταύτην
ἐξειργάσατό σοι τὴν συμφοράν. ἐξὸν γὰρ ἑλέσθαι τὴν
κρείττω μερίδα τὴν χείρονα εἵλου καὶ διετέλεις ἅπαντα
καὶ λέγων καὶ πράττων, ἐξ ὧν καταλυθήσεται μὲν ἡ
πάτριος ἀριστοκρατία, κύριος δ´ ἔσται τῶν κοινῶν
ὄχλος ἀμαθὴς καὶ πονηρός. ἀλλ´ ἔγωγε τἀναντία ἔπραττον, ὦ
Μηνύκιε, καὶ ὅπως ἡ βουλὴ τῶν κοινῶν διὰ
παντὸς ἐπιμελήσεται καὶ ὁ πάτριος διαμενεῖ κόσμος
τῆς πολιτείας προὐνοούμην. ἀντὶ τούτων μέντοι τῶν
καλῶν ἐπιτηδευμάτων, ἃ τοῖς προγόνοις ἡμῶν ζηλωτὰ
εἶναι ἐδόκει, τὰς εὐτυχεῖς ταύτας καὶ μακαρίας κεκόμισμαι παρὰ
τῆς πατρίδος ἀμοιβάς, οὐχ ὑπὸ τοῦ δήμου
μόνον ἐξελασθείς, ὦ Μηνύκιε, ἀλλὰ πολὺ πρότερον
ὑπὸ τῆς βουλῆς, ἣ κατ´ ἀρχὰς ἐπαίρουσά με κεναῖς
ἐλπίσιν, ἡνίκα τοῖς δημάρχοις τυραννίδα περιβαλλομένοις
ἠναντιούμην, ὡς αὐτὴν παρέξουσα τὸ ἀσφαλές,
ἐπειδὴ κίνδυνόν τιν´ ἐκ τῶν δημοτικῶν ὑπείδετο,
ἀπέστη καὶ παρέδωκέ με τοῖς ἐχθροῖς. σὺ μέντοι τότ´
αὐτὸς ὕπατος ἦσθα, ὦ Μηνύκιε, ὅτι τὸ προβούλευμα
τὸ περὶ τῆς δίκης ἐγένετο, καὶ ἡνίκα Οὐαλέριος ὁ
παραδιδόναι με τῷ δήμῳ παραινῶν σφόδρα ἐπὶ τοῖς
λόγοις εὐδοκίμει, κἀγὼ δεδιώς, μὴ ψήφου δοθείσης
ὑπὸ τῶν συνέδρων ἁλῶ, συνέγνων καὶ παρέξειν ἐμαυτὸν
ὑπεσχόμην ἑκόντα ἐπὶ τὴν δίκην.
| [8,30] Quelqu'autre brave pourrait sans doute se vanter d'avoir fait d'aussi beaux
exploits que ceux-là, quoiqu'ils ne fussent pas en grand nombre. Mais
quel est le général ou le capitaine qui peut se vanter d'avoir pris {toute}
une ville de force, comme j'ai pris celle de Coriole ; et d'avoir le même
jour mis en fuite et en déroute une armée entière, comme j'y ai mis celle
des Antiates qui venait au secours des assiégés ? Je passe sous silence
le désintéressement que je fis paraître dans cette occasion. Après avoir
donné de si éclatantes preuves de ma valeur, il ne tenait qu'à moi de
prendre une partie du butin, des richesses immenses en or et en argent,
un grand nombre d'esclaves, de prisonniers de guerre, de bêtes de
charge, de bestiaux et une vaste étendue de bonnes terres mais je n'en
voulus pas profiter ; et pour me mettre entièrement à couvert de l'envie,
de toutes les dépouilles je ne reçus qu'un seul cheval de bataille, et un
prisonnier avec lequel j'avais droit d'hospitalité. Quant au reste du butin,
je le mis en commun pour être distribué aux autres.
XVIII. Méritais-je donc d'être honoré ou d'être puni pour ces actions ?
Méritais-je d'être au-dessous des tous ses plus méchants citoyens, ou de
faire la loi et de commander à mes inférieurs ? N'est-ce pas pour cela
que le peuple m'a exilé, ou si c'est pour avoir vécu dans la débauche,
dans le luxe et contre les lois ? Mais quel est l'homme qui peut dire, que
pour satisfaire des passions criminelles, j'aie chassé aucun citoyen de la
patrie, que je lui aie ôté la liberté ou ses biens, ou que je l'aie plongé dans
quelque autre malheur ? Mes ennemis mêmes ne m'ont jamais accusé
d'un pareil crime, on ne me reproche rien de semblable : au contraire tous
les citoyens sont témoins de la vie irréprochable que j'ai menée. Mais, me
dira quelqu'un, c'est la conduite que vous avez tenue dans l'administration
de la république qui vous a fait haïr, c'est là la source de vos malheurs :
pouvant vous ranger du meilleur parti, vous avez pris le pire : vous
avez toujours dit et fait tout ce qui dépendait de vous pour détruire le
gouvernement aristocratique que nos pères ont établi, et pour donner
toute l'autorité de la république à une populace ignorante et corrompue.
J'en appelle à votre témoignage, Minucius : vous savez que j'ai tenu une
route contraire ; que j'ai fait tout ce que j'ai pu pour maintenir le sénat
dans le maniement des affaires : et que je n'ai rien eu plus a cœur que de
conserver le gouvernement dans la même forme que nos ancêtres ont
établie. C'est pour ce zèle louable qui du temps de nos pères aurait été
digne d'émulation, que j'ai reçu une si belle récompense. Non, Minucius,
ce n'est pas le peuple seul qui m'a exilé : longtemps auparavant, le sénat
travaillait à me rendre ce service. Dès le commencement des troubles,
voyant que je m'opposais aux entreprises des tribuns qui aspiraient à la
tyrannie, il me nourrit de vaines espérances, et me promit qu'il ne
m'arriverait aucun mal. Mais quand il vit qu'il y avait quelque chose à
craindre de la part des plébéiens, il m'abandonna lâchement, et me livra
entre les mains de mes ennemis. Vous étiez vous-même consul,
Minucius, quand il fit un décret pour donner aux tribuns la permission de
me juger, et que Valerius reçut tant de louanges pour avoir dit qu'il fallait
me livrer au peuple. Ce fut alors que craignant d'être condamné par les
suffrages des sénateurs, je consentis à tout ce qu'on voulut, promettant
de comparaître au tribunal du peuple pour y être jugé.
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