| [8,74] Ταύτην εἰσηγησαμένου τὴν γνώμην Ἀππίου 
 καὶ σφόδρα δόξαντος εὐδοκιμεῖν δεύτερος ἐρωτηθεὶς 
 Αὖλος Σεμπρώνιος Ἀτρατῖνος ἔλεξεν· Ἄππιον
 μὲν οὐ νῦν ἔχω πρῶτον ἐπαινεῖν, ὡς φρονῆσαί τε
 ἱκανώτατον πρὸ πολλοῦ τὰ μέλλοντα καὶ γνώμας τὰς
 καλλίστας τε καὶ ὠφελιμωτάτας ἀποδεικνύμενον βέβαιόν 
 τε καὶ ἀμετακίνητον ἐν τοῖς κριθεῖσι καὶ οὔτε
 φόβῳ εἴκοντα οὔτε χάρισιν ὑποκατακλινόμενον. ἀεὶ
 γὰρ ἐπαινῶν αὐτὸν καὶ θαυμάζων διατελῶ τοῦ τε
 φρονίμου καὶ τῆς γενναιότητος, ἣν παρὰ τὰ δεινὰ ἔχει.
 γνώμην τ´ οὐχ ἑτέραν, ἀλλὰ καὶ αὐτὸς ταύτην ἀποδείκνυμαι, 
μικρὰ ἔτι προσθεὶς αὐτῇ, ἅ μοι παραλιπεῖν
 Ἄππιος ἐδόκει. Ἕρνικας μὲν γὰρ καὶ Λατίνους, οἷς
 νεωστὶ δεδώκαμεν τὴν ἰσοπολιτείαν, οὐδ´ αὐτὸς οἶμαι
 δεῖν κληρουχεῖν τὰ ἡμέτερα. οὐ γάρ, ἐξ οὗ προσῆλθον
 εἰς τὴν φιλίαν ἡμῖν, ταύτην τὴν γῆν κτησάμενοι ἔχομεν, ἀλλὰ 
παλαίτερον ἔτι τοῖς ἑαυτῶν κινδύνοις
 οὐθενὸς ἄλλου προσωφελήσαντος ἀφελόμενοι τοὺς ἐχθρούς. 
ἀποκρινώμεθά τ´ αὐτοῖς, ὅτι τὰς μὲν πρότερον
 ὑπαρχούσας ἡμῖν κτήσεις, ὅσας ἕκαστοι εἴχομεν, ὅτε
 τὴν φιλίαν συνετιθέμεθα, ἰδίας τε καὶ ἀναφαιρέτους
 ἑκάστοις δεῖ μένειν, ὅσων δ´ ἄν, ἀφ´ οὗ τὰς συνθήκας
 ἐποιησάμεθα, κοινῇ στρατεύσαντες ἐκ πολέμου κύριοι
 γενώμεθα, τούτων ὑπάρξει τὸ ἐπιβάλλον ἑκάστοις
 λάχος. ταῦτα γὰρ οὔτε τοῖς συμμάχοις ὡς ἀδικουμένοις ὀργῆς 
παρέξει δικαίας προφάσεις, οὔτε τῷ δήμῳ
 δέος, μὴ δόξῃ τὰ κερδαλεώτερα πρὸ τῶν εὐπρεπεστέρων 
αἱρεῖσθαι. τῇ τε αἱρέσει τῶν ἀνδρῶν, οὓς Ἄππιος ἠξίου ὁριστὰς 
γενέσθαι τῆς δημοσίας γῆς, πάνυ
 εὐδοκῶ. πολλὴν γὰρ ἡμῖν τοῦτ´ οἴσει παρρησίαν πρὸς
 τοὺς δημοτικούς, ἐπεὶ νῦν γ´ ἄχθονται κατ´ ἀμφότερα,
 καὶ ὅτι αὐτοὶ τῶν δημοσίων οὐθὲν ἀπολαύουσι κτημάτων, 
 καὶ ὅτι ἐξ ἡμῶν τινες οὐ δικαίως αὐτὰ καρποῦνται. ἐὰν δὲ 
δημοσιωθέντα ἴδωσι καὶ τὰς ἀπ´
 αὐτῶν προσόδους εἰς τὰ κοινὰ καὶ ἀναγκαῖα δαπανωμένας, 
οὐδὲν ὑπολήψονται σφίσι διαφέρειν τῆς γῆς ἢ
 τῶν ἐξ αὐτῆς καρπῶν μετέχειν. ἐῶ γὰρ λέγειν, ὅτι
 τῶν ἀπόρων ἐνίους μᾶλλον εὐφραίνουσιν αἱ ἀλλότριαι
 βλάβαι τῶν ἰδίων ὠφελειῶν. οὐ μὴν ἀποχρῆν γ´ οἴομαι τούτων 
ἑκάτερον ἐν τῷ ψηφίσματι γράφειν, ἀλλὰ
 καὶ δι´ ἄλλης τινὸς οἴομαι δεῖν θεραπείας μετρίας τὸν
 δῆμον οἰκειώσασθαί τε καὶ ἀναλαβεῖν· ἣν μετὰ μικρὸν
 ἐρῶ, τὴν αἰτίαν πρῶτον ὑμῖν ἀποδειξάμενος, μᾶλλον
 δὲ τὴν ἀνάγκην, δι´ ἣν καὶ τοῦτο πρακτέον ἡμῖν.
 | [8,74] XIV. Appius ayant ouvert cet avis qui parut fort sensé, Aulus 
Sempronius Atratinus qui dit son sentiment le second , parla en ces termes. 
«Je dois commencer, Messieurs, par rendre justice à Appius, 
personnage d'une rare prudence à prévoir de loin l'avenir. C'est un esprit 
pénétrant qui ouvre les plus excellents avis, qui donne les conseils les 
plus utiles, et  dont la constance et la fermeté sont à l'épreuve et  de la 
crainte et  de la faveur. Pour moi je ne puis assez admirer sa sagesse; je 
ne cesse de louer ce courage héroïque qu'il conserve et  dans l'adversité 
et  dans les périls les plus évidents. Aujourd'hui je n'ai point d'autre avis à 
donner que le sien que je me fais gloire de suivre : j'y ajouterai seulement 
ce qu'il me paraît avoir omis. Je ne crois pas non plus que lui, qu'il soit a 
propos que les Herniques et  les Latins, à qui nous avons donné depuis 
peu le droit de bourgeoisie, entrent en partage de ce qui nous appartient. 
En effet nous n'avons pas acquis les terres en question depuis qu'ils ont 
été reçus dans notre alliance: nous les avions gagnées longtemps 
auparavant sur nos ennemis, en nous exposant nous-mêmes aux périls 
de la guerre, sans le secours d'aucun autre. Il faut donc, selon mon 
sentiment, leur répondre que les biens que nous possédions déjà les uns 
et  les autres lorsque nous fîmes amitié avec ces peuples, doivent rester 
comme un héritage particulier et  pour toujours à ceux qui en jouissent 
aujourd'hui : mais qu'à l'égard de ce que nous avons gagné ou de ce que 
nous acquerrons dans la guerre et  avec leur secours depuis l'alliance 
conclue, chaque nation en aura sa part. De cette manière les alliés 
n'auront aucun sujet légitime de se plaindre qu'on leur fasse tort, et  le 
peuple Romain n'aura point à craindre qu'on ne dise qu'il consulte plus 
son intérêt particulier que la bienséance et la raison. Au reste j'approuve 
fort ce qu'a dit Appius, qu'il faut choisir des commissaires pour faire 
arpenter les terres publiques et  y planter des bornes. Nous en serons 
plus libres à l'égard des plébéiens, et  ils deviendront plus traitables. S'ils 
sont aujourd'hui en colère de ce qu'ils ne retirent aucun avantage des 
terres du public, tandis que quelques-uns de nous en jouissent sans 
aucun titre : quand ils verront qu'on les rendra publiques et  que les 
revenus en seront employés aux besoins de l'état, il leur sera indifférent 
d'en jouir en propre, ou d'en percevoir les revenus. Il n'est pas besoin 
de vous dire que parmi les pauvres citoyens il y en a qui ont plus de joie 
de la perte d'autrui que s'ils faisaient eux-mêmes quelque gain : il vous est 
aisé de faire cette remarque. 
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