[8,65] Ἀκύλλιος μὲν οὖν ἅτερος τῶν ὑπάτων ἐν
τῇ Πραινεστηνῶν χώρᾳ τὸν Ἑρνίκων στρατὸν ὑπομένοντα
καταλαβὼν ἀντικατεστρατοπέδευσεν ὡς ἐδύνατο
μάλιστ´ ἀγχοτάτω σταδίους ἀπὸ τῆς Ῥώμης ἀποσχὼν
ὀλίγῳ πλείους διακοσίων· τρίτῃ δ´ ἀφ´ ἧς κατεστρατοπέδευσεν
ἡμέρᾳ, προελθόντων ἐκ τοῦ χάρακος τῶν
Ἑρνίκων εἰς τὸ πεδίον ἐν τάξει καὶ τὰ σημεῖ´ ἀράντων τῆς μάχης,
ἀντεξῆγε καὶ αὐτὸς τὴν δύναμιν ἐν
κόσμῳ τε καὶ κατὰ τέλη. ἐπεὶ δ´ ἀγχοῦ ἐγένοντο ἀλλήλων ἔθεον
ἀλαλάξαντες ὁμόσε, πρῶτον μὲν οἱ ψιλοὶ
σαυνίων τε βολαῖς καὶ τοξεύμασι καὶ λίθοις ἀπὸ σφενδόνης
μαχόμενοι, καὶ πολλὰ τραύματα ἔδοσαν ἀλλήλοις· ἔπειτα ἱππεῖς
ἱππεῦσι συρράττουσι κατ´ ἴλας
ἐλαύνοντες καὶ τὸ πεζὸν τῷ πεζῷ κατὰ σπείρας μαχόμενον. ἔνθα
δὴ καλὸς ἀγὼν ἦν ἐκθύμως ἀμφοτέρων
ἀγωνιζομένων, καὶ μέχρι πολλοῦ διέμενον οὐδέτεροι
τοῖς ἑτέροις τοῦ χωρίου, ἐν ᾧ ἐτάχθησαν, εἴκοντες.
ἔπειτα ἡ Ῥωμαίων ἤρξατο κάμνειν φάλαγξ, οἷα διὰ
πολλοῦ τοῦ μεταξὺ χρόνου τότε πρῶτον ἠναγκασμένη
ὁμιλεῖν πολέμῳ. τοῦτο συνιδὼν Ἀκύλλιος ἐκέλευσε
τοὺς ἀκμῆτας ἔτι καὶ εἰς αὐτὸ τοῦτο φυλαττομένους
ὑπὸ τὰ κάμνοντα τῆς φάλαγγος ὑπελθεῖν μέρη, τοὺς
δὲ τραυματίας καὶ τοὺς ἀπειρηκότας ὀπίσω τῆς φάλαγγος
ἀπιέναι. οἱ δ´ Ἕρνικες ὡς ἔμαθον κινουμένους
αὐτῶν τοὺς λόχους φυγῆς τ´ ἄρχειν τοὺς Ῥωμαίους
ὑπέλαβον, καὶ παρακελευσάμενοι ἀλλήλοις ἐμβάλλουσι
πυκνοῖς τοῖς λόχοις εἰς τὰ κινούμενα τῶν πολεμίων
μέρη, καὶ οἱ ἀκραιφνεῖς τῶν Ῥωμαίων ἐπιόντας αὐτοὺς δέχονται·
καὶ ἦν αὖθις ἐξ ὑπαρχῆς ἀμφοτέρων
ἐκθύμως ἀγωνιζομένων μάχη καρτερά· καὶ γὰρ καὶ
οἱ τῶν Ἑρνίκων ἐξεπληροῦντο λόχοι τοῖς ἀκμῆσιν
ὑποπεμπομένοις εἰς τὰ κάμνοντα ὑπὸ τῶν ἡγεμόνων.
ἐπειδὴ δὲ περὶ δείλην ὀψίαν ἦν ἤδη, παρακαλέσας τοὺς
ἱππεῖς ὁ ὕπατος νυνὶ δὴ ἄνδρας ἀγαθοὺς γενέσθαι,
ἐμβάλλει τοῖς πολεμίοις κατὰ τὸ δεξιὸν κέρας αὐτὸς
ἡγούμενος τῆς ἴλης. οἱ δ´ ὀλίγον τινὰ δεξάμενοι χρόνον αὐτοὺς
ἐγκλίνουσι, καὶ γίνεται φόνος ἐνταῦθα
πολύς. τὸ μὲν οὖν δεξιὸν τῶν Ἑρνίκων κέρας ἐπόνει
τ´ ἤδη καὶ ἐξέλειπε τὴν τάξιν, τὸ δ´ εὐώνυμον ἔτι
ἀντεῖχε καὶ περιῆν τοῦ Ῥωμαίων δεξιοῦ· μετ´ ὀλίγον
μέντοι καὶ τοῦτ´ ἐνέδωκεν. ὁ γὰρ Ἀκύλλιος τοὺς ἀρίστους τῶν
νέων ἐπαγόμενος παρεβοήθει κἀκεῖ παραθαρρύνων τε καὶ ἐξ
ὀνόματος ἀνακαλῶν τοὺς εἰωθότας ἐν ταῖς πρὶν ἀριστεύειν
μάχαις, τά τε σημεῖα τῶν
λόχων, ὅσοι μὴ ἐρρωμένως ἐδόκουν ἀμύνεσθαι, παρὰ
τῶν σημειοφόρων ἁρπάζων εἰς μέσους ἐρρίπτει τοὺς
πολεμίους, ἵνα τὸ δέος αὐτοὺς τῆς ἐννόμου τιμωρίας,
εἰ μὴ ἀνασώσαιντο τὰς σημαίας, ἄνδρας ἀγαθοὺς εἶναι
ἀναγκάσῃ· τῷ τε κάμνοντι αὐτὸς παρεβοήθει μέρει ἀεί,
τέως ἐξέωσε τῆς στάσεως καὶ θάτερον κέρας. ψιλωθέντων δὲ τῶν
ἄκρων οὐδὲ τὰ μέσα παρέμεινε. φυγὴ
δὴ τῶν Ἑρνίκων τὸ μετὰ τοῦτ´ ἐγίνετο ἐπὶ τὸν χάρακα
τεταραγμένη τε καὶ ἄκοσμος, καὶ οἱ Ῥωμαῖοι αὐτοῖς
κτείνοντες ἠκολούθουν. τοσαύτη δ´ ἄρα προθυμία
παρὰ τὸν τότ´ ἀγῶνα τῇ Ῥωμαίων στρατιᾷ ἐνέπεσεν,
ὥστε καὶ τοῦ χάρακος τῶν πολεμίων πειρᾶσθαί τινας
ἐπιβαίνειν ὡς ἐξ ἐφόδου χειρωσομένους· ὧν οὐκ ἀσφαλῆ
τὴν προθυμίαν οὐδ´ ἐν τῷ συμφέροντι γιγνομένην
ὁρῶν ὁ ὕπατος, σημαίνειν κελεύσας τὸ ἀνακλητικὸν
κατεβίβασε τοὺς ὁμόσε χωροῦντας ἄκοντας ἀπὸ τῶν
ἐρυμάτων, δείσας, μὴ ἐξ ὑπερδεξιῶν βαλλόμενοι σὺν
αἰσχύνῃ τε καὶ μετὰ μεγάλης βλάβης ἀναγκασθῶσιν
ὑποχωρεῖν, ἔπειτα καὶ τὴν ἐκ τῆς προτέρας νίκης εὔκλειαν
ἀφανίσωσι. τότε μὲν οὖν ἤδη {καὶ} γὰρ ἦν περὶ
δύσιν ἡλίου· χαίροντές τε καὶ παιανίζοντες οἱ Ῥωμαῖοι
κατεστρατοπέδευσαν.
| [8,65] IV. Aquilius l'un des consuls, trouva l'armée des Herniques sur les
terres de Praeneste. Il se campa le plus près d'eux qu'il lui fut possible, à
un peu plus de deux cents stades de Rome. Trois jours après qu'il eut
assis son camp, les Herniques s'avancent dans la plaine en ordre de
bataille, levèrent l'étendard du combat. Le consul fit faire à ses troupes la
même contenance et sortit à la rencontre des ennemis. Dès que les deux
armées sont en présence, elles s'entrechoquent avec de grands cris. Les
troupes légèrement armées commencent l'action : elles font voler les traits
et les flèches, elles lancent une nuée de pierres avec la fronde ; on reçoit
une infinité de blessures de part et d'autre. Ensuite la cavalerie et
l'infanterie en viennent aux mains, escadron contre escadron, régiment
contre régiment. L'action fut meurtrière, on combattit longtemps avec
chaleur sans que ni les uns ni les autres cédassent le terrain où ils
s'étaient postés. Enfin l'armée Romaine qui combattait alors pour la
première fois après avoir été longtemps sans faire la guerre, commença à
lâcher pied. Aquilius s'aperçoit que les siens s'ébranlent : il donne ordre à
des troupes toutes fraîches qu'il avait réservées exprès, de prendre la
place de celles qui font épuisées par la fatigue : il renvoie à l'arrière-garde
une partie du corps de bataille, les blessés et tous ceux qui sont hors de
combat. Ce mouvement fait croire aux Herniques que les ennemis
s'ébranlent pour prendre la fuite. Ils se raniment les uns les autres , ils
serrent leurs rangs et tombent avec fureur sur cette partie de l'armée qui
ne faisait pas bonne contenance. Les Romains renforcés par des troupes
toutes fraîches, soutiennent leur choc avec fermeté , chacun fait de son
mieux et le combat se rengage avec plus d'opiniâtreté. Les Herniques de
leur côté remplacent par de nouvelles troupes celles dont l'ardeur se
ralentit, et l'action devient plus meurtrière qu'auparavant. Déjà le jour
baissait, lorsque le consul ranimant la cavalerie, se met lui-même à la tête
des escadrons : il pique d'honneur ses soldats, ils les exhorte à se
comporter en gens de cœur, il tombe brusquement sur l'aile droite des
ennemis, et après une légère résistance, l'ayant enfin obligée de plier il
couvre le champ de bataille d'un horrible carnage. Tandis que l'aile droite
des Herniques se laissait enfoncer et qu'elle abandonnait son poste, leur
aile gauche tenant toujours ferme commençait a presser vivement l'aile
droite de l'armée Romaine : mais cette vigueur extraordinaire ne dura pas
longtemps, elle fut enfin contrainte de lâcher pied de même que la droite.
Aquilius vole au secours des siens avec l'élite de la jeunesse , il les anime
par ses discours: il appelle par leur nom ceux qui se sont distingués dans
les batailles précédentes : s'il en voit qui ne combattent pas avec assez
de valeur, il arrache les enseignes des mains de ceux qui les portent, et
les jette dans le fort des escadrons ennemis, afin que la crainte des
peines dont les lois menacent les soldats qui perdent leurs drapeaux,
soutienne les courages les plus abattus. Attentif à tout, dès qu'une partie
de ses troupes commence à s'ébranler, il l'appuie par de nouveaux
renforts , il vole lui-même à son secours et il ne cesse de courir partout
où sa présence est nécessaire, jusqu'à ce que l'autre aile de l'armée
ennemie pliant sous ses efforts redoublés ait abandonné son poste. Une
attaque si vigoureuse ayant déconcerté les deux ailes, le corps de bataille
restait seul dénué de tout appui. Les Herniques ne cherchent plus leur
salut que dans une prompte fuite: le désordre se communique dans
tous les rangs et chacun tâche de regagner le camp. Les Romains à leurs
trousses les poursuivent l'épée dans les reins, et en font un horrible
carnage. Leur ardeur fut si grande dans cette affreuse journée, que pour
mettre le comble à leur victoire quelques soldats voulaient même attaquer
le camp de l'ennemi, espérant le forcer du premier assaut. Mais le consul
jugeant que l'entreprise était peu utile et trop hasardeuse, fit sonner la
retraite pour les rappeler malgré eux et leur faire quitter prise, de peur
que l'ennemi lançant une nuée de traits du haut de ses retranchements,
ne les forçât de reculer honteusement avec perte des leurs, et qu'ils ne
ternissent la gloire de leur première victoire.
V. LE soleil était déjà sur le point de se coucher, lorsque les Romains
se retirèrent pleins de joie, poussant mille cris d'allégresse.
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