[377] (377a) Παιδευτέον δ’ ἐν ἀμφοτέροις, πρότερον δ’ ἐν τοῖς ψευδέσιν;
Οὐ μανθάνω, ἔφη, πῶς λέγεις.
Οὐ μανθάνεις, ἦν δ’ ἐγώ, ὅτι πρῶτον τοῖς παιδίοις μύθους λέγομεν;
τοῦτο δέ που ὡς τὸ ὅλον εἰπεῖν ψεῦδος, ἔνι δὲ καὶ ἀληθῆ. πρότερον δὲ
μύθοις πρὸς τὰ παιδία ἢ γυμνασίοις χρώμεθα.
῎Εστι ταῦτα.
Τοῦτο δὴ ἔλεγον, ὅτι μουσικῆς πρότερον ἁπτέον ἢ γυμναστικῆς.
᾿Ορθῶς, ἔφη.
Οὐκοῦν οἶσθ’ ὅτι ἀρχὴ παντὸς ἔργου μέγιστον, ἄλλως (b) τε δὴ καὶ
νέῳ καὶ ἁπαλῷ ὁτῳοῦν; μάλιστα γὰρ δὴ τότε πλάττεται, καὶ ἐνδύεται
τύπος ὃν ἄν τις βούληται ἐνσημήνασθαι ἑκάστῳ.
Κομιδῇ μὲν οὖν.
῏Αρ’ οὖν ῥᾳδίως οὕτω παρήσομεν τοὺς ἐπιτυχόντας ὑπὸ τῶν
ἐπιτυχόντων μύθους πλασθέντας ἀκούειν τοὺς παῖδας καὶ λαμβάνειν ἐν
ταῖς ψυχαῖς ὡς ἐπὶ τὸ πολὺ ἐναντίας δόξας ἐκείναις ἅς, ἐπειδὰν
τελεωθῶσιν, ἔχειν οἰησόμεθα δεῖν αὐτούς;
Οὐδ’ ὁπωστιοῦν παρήσομεν.
Πρῶτον δὴ ἡμῖν, ὡς ἔοικεν, ἐπιστατητέον τοῖς μυθοποιοῖς, (c) καὶ ὃν
μὲν ἂν καλὸν (μῦθον) ποιήσωσιν, ἐγκριτέον, ὃν δ’ ἂν μή, ἀποκριτέον. τοὺς
δ’ ἐγκριθέντας πείσομεν τὰς τροφούς τε καὶ μητέρας λέγειν τοῖς παισίν,
καὶ πλάττειν τὰς ψυχὰς αὐτῶν τοῖς μύθοις πολὺ μᾶλλον ἢ τὰ σώματα
ταῖς χερσίν· ὧν δὲ νῦν λέγουσι τοὺς πολλοὺς ἐκβλητέον.
Ποίους δή; ἔφη.
᾿Εν τοῖς μείζοσιν, ἦν δ’ ἐγώ, μύθοις ὀψόμεθα καὶ τοὺς ἐλάττους. δεῖ
γὰρ δὴ τὸν αὐτὸν τύπον εἶναι καὶ ταὐτὸν (d) δύνασθαι τούς τε μείζους καὶ
τοὺς ἐλάττους. ἢ οὐκ οἴει;
῎Εγωγ’, ἔφη· ἀλλ’ οὐκ ἐννοῶ οὐδὲ τοὺς μείζους τίνας λέγεις.
Οὓς ῾Ησίοδός τε, εἶπον, καὶ ῞Ομηρος ἡμῖν ἐλεγέτην καὶ οἱ ἄλλοι
ποιηταί. οὗτοι γάρ που μύθους τοῖς ἀνθρώποις ψευδεῖς συντιθέντες
ἔλεγόν τε καὶ λέγουσι.
Ποίους δή, ἦ δ’ ὅς, καὶ τί αὐτῶν μεμφόμενος λέγεις;
῞Οπερ, ἦν δ’ ἐγώ, χρὴ καὶ πρῶτον καὶ μάλιστα μέμφεσθαι, ἄλλως τε
καὶ ἐάν τις μὴ καλῶς ψεύδηται.
Τί τοῦτο;
(e) ῞Οταν εἰκάζῃ τις κακῶς (οὐσίαν) τῷ λόγῳ, περὶ θεῶν τε καὶ
ἡρώων οἷοί εἰσιν, ὥσπερ γραφεὺς μηδὲν ἐοικότα γράφων οἷς ἂν ὅμοια
βουληθῇ γράψαι.
Καὶ γάρ, ἔφη, ὀρθῶς ἔχει τά γε τοιαῦτα μέμφεσθαι. ἀλλὰ πῶς δὴ
λέγομεν καὶ ποῖα;
Πρῶτον μέν, ἦν δ’ ἐγώ, τὸ μέγιστον καὶ περὶ τῶν μεγίστων ψεῦδος ὁ εἰπὼν
οὐ καλῶς ἐψεύσατο ὡς Οὐρανός τε ἠργάσατο ἅ φησι δρᾶσαι αὐτὸν ῾Ησίοδος,
| [377] Les uns et les autres entreront-ils dans notre éducation,
(377a) ou d'abord les mensongers ?
Je ne comprends pas, dit-il, comment tu l'entends.
Tu ne comprends pas, répondis-je, que nous racontons
d'abord des fables aux enfants ? En général elles sont fausses,
bien qu'elles enferment quelques vérités. Nous utilisons ces
fables, pour l'éducation des enfants, avant les exercices
gymniques.
C'est vrai.
Voilà pourquoi je disais que la musique doit venir avant la gymnastique.
Et avec raison.
Maintenant, ne sais-tu pas que le commencement, en toute
chose, est ce qu'il y a de plus important, (377b) particulièrement
pour un être jeune et tendre ? C'est surtout alors en effet qu'on
le façonne et qu'il reçoit l'empreinte dont on veut le marquer.
Très certainement.
Ainsi, laisserons-nous négligemment les enfants écouter les
premières fables venues, forgées par les premiers venus, et
recevoir dans leurs âmes des opinions le plus souvent
contraires à celles qu'ils doivent avoir, à notre avis, quand ils
seront grands ?
D'aucune manière nous ne le permettrons.
Donc, il nous faut d'abord, ce semble, veiller sur les (377c)
faiseurs de fables, choisir leurs bonnes compositions et rejeter
les mauvaises. Nous engagerons ensuite les nourrices et les
mères à conter aux enfants celles que nous aurons choisies, et
à modeler l'âme avec leurs fables bien plus que le corps avec
leurs mains ; mais de celles qu'elles racontent à présent la
plupart sont à rejeter.
Lesquelles? demanda-t-il.
Nous jugerons, répondis-je, des petites par les grandes ; car
elles doivent être faites sur le même modèle et produire (377d)
le même effet, grandes et petites ; ne le crois-tu pas ?
Si, dit-il ; mais je ne vois pas quelles sont ces grandes fables
dont tu parles.
Ce sont, repris-je, celles d'Hésiode, d'Homère et des autres
poètes. Ceux-ci, en effet, ont composé des fables menteuses
que l'on a racontées et qu'on raconte encore aux hommes.
Quelles sont ces fables, demanda-t-il, et qu'y blâmes-tu ?
Ce qu'il faut, répondis-je, avant tout et surtout blâmer,
particulièrement quand le mensonge est sans beauté. (377e)
Mais quand est-ce?
Quand on représente mal les dieux et les héros, comme un
peintre qui trace des objets n'ayant aucune ressemblance avec
ceux qu'il voulait représenter.
C'est à bon droit en effet, dit-il, qu'on blâme de telles choses.
Mais comment disons-nous cela, et à quoi nous référons-nous ?
D'abord, repris-je, celui qui a commis le plus grand des
mensonges sur les plus grands des êtres l'a commis sans
beauté, lorsqu'il a dit qu'Ouranos fit ce que rapporte Hésiode,
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