[8] Τί οὖν ἡμεῖς οὐκ ἐκ τῶν ἔργων τοῦ Διογένους σκοποῦμεν αὐτὸν
τὸν κυνισμὸν ὅστις ἐστιν. Οὐκοῦν ἐπειδὴ σώματος μέρη μέν ἐστιν,
οἷον ὀφθαλμοί, πόδες, χεῖρες, ἄλλα γε ἐπισυμβαίνει, τρίχες,
ὄνυχες, ῥύπος, τοιούτων περιττωμάτων γένος, ὧν ἄνευ
σῶμα ἀνθρώπινον ἀμήχανον εἶναι, πότερον οὐ γελοῖός
ἐστινὁ μέρη νομίσας ὄνυχας ἢ τρίχας ἢ ῥύπον καὶ τὰ
δυσώδη τῶν περιττωμάτων, ἀλλ´ οὐ τὰ τιμιώτατα καὶ σπουδαῖα,
πρῶτον μὲν τὰ αἰσθητήρια καὶ τούτων αὐτῶν ἅττα
συνέσεως ἡμῖν ἐστι μᾶλλον αἴτια, οἷον ὀφθαλμούς, ἀκοάς;
Ὑπουργεῖ γὰρ ταῦτα πρὸς φρόνησιν εἴτε ἐγκατορωρυγμένῃ
τῇ ψυχῇ, ὡς ἂν θᾶττον καθαρθῆναι δύναιτο τῇ γε ὡς ἀρχῇ
{καὶ} ἀκινήτῳ τοῦ φρονεῖν δυνάμει, εἴτε, ὥσπερ τινὲς
οἴονται, καθάπερ δι´ ὀχετῶν τοιούτων εἰσφερούσης τῆς
ψυχῆς. Συλλέγουσα γάρ, φασί, τὰ κατὰ μέρος αἰσθήματα
καὶ συνέχουσα τῇ μνήμῃ γεννᾷ τὰς ἐπιστήμας. Ἐγὼ δέ, εἰ
μή τι τοιοῦτονἦν ἢ ἐνδέον ἢ τέλειον ἐμποδιζόμενονδ´
ὑπ´ ἄλλων πολλῶν καὶ ποικίλων, ὃ τῶν ἐκτὸς ποιεῖται τὴν
ἀντίληψιν, οὐδὲν δυνατὸν οἶμαι γενέσθαι τῶν αἰσθητῶν
ἀντίληψιν. Ἀλλ´ οὗτος μὲν ὁ λόγος οὐ τοῖς νῦν προσήκει,
διόπερ ἐπανακτέον ἐπὶ τὰ μέρη τῆς φιλοσοφίας τῆς κυνικῆς.
Φαίνονται μὲν δὴ καὶ οὗτοι διμερῆ τὴν φιλοσοφίαν
νομίσαντες, ὥσπερ ὁ Ἀριστοτέλης καὶ Πλάτων, θεωρηματικήν
τε καὶ πρακτικήν, αὐτὸ τοῦτο συνέντες δηλονότι καὶ
νοήσαντες, ὡς οἰκεῖόν ἐστιν ἄνθρωπος φύσει πράξει καὶ
ἐπιστήμῃ. Εἰ δὲ τῆς φυσικῆς πρὸς τὴν θεωρίαν ἐξέκλιναν,
οὐδὲν τοῦτο πρὸς τὸν λόγον. Ἐπεὶ καὶ Σωκράτης καὶ
πλείονες ἄλλοι θεωρίᾳ μὲν φαίνονται χρησάμενοι πολλῇ,
ταύτῃ δὲ οὐκ ἄλλου χάριν ἀλλὰ τῆς πράξεως· ἐπεὶ καὶ
τὸ «ἑαυτὸν γνῶναι» τοῦτο ἐνόμισαν, τὸ μαθεῖν ἀκριβῶς,
τί μὲν ἀποδοτέον ψυχῇ, τί δὲ σώματι· ἀπέδοσάν τε εἰκότως
ἡγεμονίαν μὲν τῇ ψυχῇ, ὑπηρεσίαν δὲ τῷ σώματι. Φαίνονται
δὴ οὖν ἀρετὴν ἐπιτηδεύσαντες, ἐγκράτειαν, ἀτυφίαν,
ἐλευθερίαν, ἔξω γενόμενοι παντὸς φθόνου, δειλίας, δεισιδαιμονίας.
Ἀλλ´ οὐχ ἡμεῖς ταῦτα ὑπὲρ αὐτῶν διανοούμεθα,
παίζειν δὲ αὐτοὺς καὶ «κυβεύειν περὶ τοῖς φιλτάτοις»
ὑπολαμβάνομεν, οὕτως ὑπεριδόντας τοῦ σώματος, ὡς ὁ
Σωκράτης ἔφη λέγων ὀρθῶς «μελέτην εἶναι θανάτου τὴν
φιλοσοφίαν», Τοῦτο ἐκεῖνοι καθ´ ἑκάστην ἡμέραν ἐπιτηδεύοντες
οὐ ζηλωτοὶ μᾶλλον ἡμῖν ἄθλιοι δέ τινες καὶ
παντελῶς ἀνόητοι δοκοῦσιν· ἀνθ´ ὅτου δὴ τοὺς πόνους
ὑπέμειναν τούτους; Ὡς αὐτὸς εἶπας, κενοδοξίας ἕνεκα·
καὶ γὰρ πῶς ὑπὸ τῶν ἄλλων ἐπῃνοῦντο ὠμὰ προσφερόμενοι
σαρκία; Καίτοι οὐδὲ αὐτὸς ἐπαινέτης εἶ. Τὸν γοῦν
τοιούτου τρίβωνα καὶ τὴν κόμην, ὥσπερ αἱ γραφαὶ τῶν
ἀνδρῶν, ἀπομιμούμενος εἶθ´ ὃ μηδὲ αὐτὸς ἀξιάγαστον
ὑπολαμβάνεις, τοῦτο εὐδοκιμεῖν οἴει παρὰ τῷ πλήθει;
Καὶ εἷς μὲν ἢ δύο ἐπῄνει τότε, πλὴν γοῦν ἢ δέκα μυριάδες
ὑπὸ τῆς ναυτίας καὶ βδελυρίας διεστράφησαν τὸν στόμαχον
καὶ ἀπόσιτοι γεγόνασιν, ἄχρις αὐτοὺς οἱ θεράποντες ἀνέλαβον
ὀσμαῖς καὶ μύροις καὶ πέμμασιν· οὕτως ὁ κλεινὸς
ἥρως ἔργῳ κατεπλήξατο γελοίῳ μὲν ἀνθρώποις τοιούτοις,
«Οἷοι νῦν βροτοί εἰσιν»,
οὐκ ἀγεννεῖ δέ, νὴ τοὺς θεούς, εἴ τις αὐτὸ κατὰ τὴν Διογένους
ἐξηγήσατο σύνεσιν. Ὅπερ γὰρ ὁ Σωκράτης ὑπὲρ
αὑτοῦ φησιν ὅτι τῷ θεῷ νομίζων λατρείαν ἐκτελεῖν ἐν τῷ
τὸν δοθέντα χρησμὸν ὑπὲρ αὐτοῦ κατὰ πάντα σκοπὸν
ἐξετάζειν τὸν ἐλεγκτικὸν ἠσπάσατο βίον, τοῦτο καὶ Διογένης,
οἶμαι, συνειδὼς ἑαυτῷ πυθόχρηστον οὖσαν τὴν
φιλοσοφίαν ἔργοις ᾤετο δεῖν ἐξελέγχειν πάντα καὶ μὴ
δόξαις ἄλλων, τυχὸν μὲν ἀληθέσι, τυχὸν δὲ ψευδέσι,
προσπεπονθέναι. Οὐκοῦν οὐδὲ εἴ τι Πυθαγόρας ἔφη, οὐδὲ
εἴ τις ἄλλος τῷ Πυθαγόρᾳ παραπλήσιος, ἀξιόπιστος ἐδόκει
τῷ Διογένει· τὸν γὰρ θεόν, ἄνθρωπον οὐδένα τῆς φιλοσοφίας
ἀρχηγὸν ἐπεποίητο. Τί δῆτα τοῦτο, ἐρεῖς, πρὸς τὴν
τοῦ πολύποδος ἐδωδήν; Ἐγώ σοι φράσω.
| [8] Cela étant, pourquoi n'étudierions-nous pas le cynisme
dans les propres actions de Diogène? Le corps humain a ses
parties essentielles, c'est-à-dire les yeux, les pieds, les mains,
et ses parties accessoires, les cheveux, les ongles, la crasse et
autres superfluités du même genre, sans lesquelles le corps ne
formerait pas un tout complet. Or, celui-là ne serait-il pas
ridicule, qui prendrait pour les parties essentielles les ongles,
les cheveux, la crasse et les superfluités désagréables, au lieu
des parties relevées et nobles, qui sont le siége des sens et les
organes propre de l'intelligence, je veux dire les yeux et les
oreilles? Ce sont là, en effet, les agents de la pensée, soit
parce que, l'âme étant comme enfouie en eux, ils y éveillent
plus vite le principe et la force invincible de cette pensée, soit
que, suivant quelques philosophe, l'âme se répande par eux
comme par des canaux. Car c'est, dit-on, en rassemblant les
rapports des sens divers et en les renfermant dans la mémoire
qu'elle enfante les sciences. Pour moi je ne saurais comprendre
que les choses sensibles puissent être perçues autrement que
par un principe soit incomplet, soit parfait, mais plus ou moins
gêné par la variété des objets qui sont du domaine de la perception
extérieure. Mais cette question ne sert de rien pour le
moment - - -. Je reviens donc aux différentes branches de la philosophie
cynique. Les cyniques ont divisé leur philosophie en
deux parties, comme Aristote et comme Platon, la théorie et
la pratique, sachant bien, pour y avoir réfléchi, que l'homme
est de sa nature propre à l'action et à la spéculation. Que dans
la physique ils aient incliné vers la théorie, il n'importe guère.
Socrate aussi et un grand nombre d'autres se sont servis beaucoup
de la théorie, mais ils ne l'ont fait que pour arriver à la
pratique, puisqu'ils n'ont vu dans le précepte « Connais-toi
toi-même » que la nécessité d'étudier avec soin ce qu'il faut
accorder à l'âme et ce qu'il faut accorder au corps : à l'âme,
la prééminence, au corps, la sujétion. Et voilà pourquoi nous
les voyons cultiver la vertu, la tempérance, la modestie, la
liberté, et se tenir loin de toute jalousie, de toute timidité, de
toute superstition. Mais il est des points sur lesquels nous ne
pensons pas comme eux, et nous croyons qu'ils plaisantent et
qu'ils jouent aux dés ce qu'ils ont de plus cher, quand ils se
montrent si dédaigneux du corps. Je conviens que Socrate a
dit avec justesse que la philosophie est une préparation à la
mort. Mais des hommes qui font de cet exercice une occupation
journalière, ne nous paraissent point dignes d'envie. Ce
sont des malheureux, des gens qui me paraissent tout à fait
insensés, s'ils supportent tous les maux, comme tu le dis toi-même,
pour une vaine gloire. Car comment d'autres auraient-ils
loué en eux jusqu'à l'abstinence des viandes crues? Toi-même
tu ne saurais l'approuver. Et tandis que tu copies le
manteau et la chevelure d'un tel, comme les portraits sont les
copies des personnes, pourquoi penserais-tu que ce que tu ne
juges point digne d'admiration puisse ravir celle du vulgaire?
Qu'un ou deux y aient applaudi, passe encore; mais cette
pratique a soulevé des nausées et un dégoût invincible dans
l'estomac de cent mille autres, et ils ont renoncé à tout aliment,
jusqu'à ce que leurs serviteurs les eussent remis par des
odeurs, des parfums et des apéritifs. Tant l'exemple de ce
héros philosophique a réellement frappé de stupeur ! Cependant
quoique cette action soit tournée en ridicule
"Parmi tous les mortels qui vivent aujourd'hui",
elle n'a rien d'ignoble, j'en atteste les dieux, si on la juge
d'après la sage intention de Diogène. Car, comme Socrate dit
de lui-même que, se croyant obligé envers la Divinité d'accomplir,
selon son pouvoir, l'oracle dont il était l'objet, il avait
choisi le métier de critique, ainsi Diogène se sentant appelé,
je crois, à la philosophie par un oracle pythien, crut devoir
tout soumettre à son examen personnel et ne point s'en remettre
à l'opinion des autres, qui pouvait être vraie sur ce point-ci,
mais fausse sur celui-là. Ainsi ni Pythagore, ni tout autre philosophe
aussi distingué que Pythagore ne parut digne de
créance à Diogène : c'est un dieu et non pas un homme qu'il
regardait comme inventeur de la philosophie. Mais qu'est-ce
que cela, diras-tu, peut avoir de commun avec le mets du
polype? Je vais te l'expliquer.
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