HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Julien l'Apostat, Contre les chiens ignorants

Chapitre 7

  Chapitre 7

[7] Ἡγεμόνα μὲν οὐ ῥᾴδιον εὑρεῖν, ἐφ´ ὃν ἀνενέγκαι χρὴ πρῶτον αὐτό, εἰ καί τινες ὑπολαμβάνουσιν Ἀντισθένει τοῦτο καὶ Διογένει προσήκειν. Τοῦτο γοῦν ἔοικεν Οἰνόμαος οὐκ ἀτόπως λέγειν « κυνισμὸς οὔτε ἀντισθενισμός ἐστιν οὔτε διογενισμός». Λέγουσι μὲν γὰρ οἱ γενναιότεροι τῶν κυνῶν ὅτι καὶ μέγας Ἡρακλῆς, ὥσπερ οὖν τῶν ἄλλων ἀγαθῶν ἡμῖν αἴτιος κατέστη, οὕτω δὲ καὶ τούτου τοῦ βίου παράδειγμα τὸ μέγιστον κατέλιπεν ἀνθρώποις. Ἐγὼ δὲ ὑπὲρ τῶν θεῶν καὶ τῶν εἰς θείαν λῆξιν πορευθέντων εὐφημεῖν ἐθέλων πείθομαι μὲν καὶ πρὸ τούτου τινὰς οὐκ ἐν Ἕλλησι μόνον, ἀλλὰ καὶ Βαρβάροιςοὕτω φιλοσοφῆσαι· αὕτη γὰρ φιλοσοφία κοινή πως ἔοικεν εἶναι καὶ φυσικωτάτη καὶ δεῖσθαι οὐθ´ ἡστινοσοῦν πραγματείας· ἀλλὰ ἀπόχρη μόνον ἑλέσθαι τὰ σπουδαῖα ἀρετῆς ἐπιθυμίᾳ καὶ φυγῇ κακίας, καὶ οὔτε βίβλους ἀνελίξαι δεῖ μυρίας· «πολυμαθία γάρ, φασί, νόον οὐ διδάσκει»· οὔτε ἄλλο τι τῶν τοιούτων παθεῖν, ὅσα καὶ οἷα πάσχουσιν οἱ διὰ τῶν ἄλλων αἱρέσεων ἰόντες, ἀλλὰ ἀπόχρη μόνον δύο ταῦτα τοῦ Πυθίου παραινοῦντος ἀκοῦσαι, τὸ «Γνῶθι σαυτὸν» καὶ «Παραχάραξον τὸ νόμισμα»· πέφηνε γοῦν ἡμῖν ἀρχηγὸς τῆς φιλοσοφίας ὅσπερ, οἶμαι, τοῖς Ἕλλησι κατέστη τῶν καλῶν ἁπάντων αἴτιος, τῆς Ἑλλάδος κοινὸς ἡγεμὼν καὶ νομοθέτης καὶ βασιλεύς, ἐν Δελφοῖς θεός, ὃν ἐπειδὴ μὴ θέμις ἦν τι διαλαθεῖν, οὐδὲ Διογένους ἐπιτηδειότης ἔλαθε. Προύτρεψε δὲ αὐτὸν οὐχ ὥσπερ τοὺς ἄλλους ἔπεισεν ἐντείνων τὴν παραίνεσιν, ἀλλ´ ἔργῳ διδάσκων ὅτι βούλεται συμβολικῶς διὰ δυοῖν ὀνομάτοιν, «Παραχάραξον», εἰπών, «τὸ νόμισμα». Τὸ γὰρ «Γνῶθι σαυτὸν» οὐκ ἐκείνῳ πρῶτον, ἀλλὰ καὶ τοῖς ἄλλοις ἔφη καὶ λέγει, πρόκειται γὰρ οἶμαι τοῦ τεμένους. Εὑρήκαμεν δὴ τὸν ἀρχηγέτην τῆς φιλοσοφίας, ὥς που καὶ δαιμόνιός φησιν Ἰάμβλιχος, ἀλλὰ καὶ τοὺς κορυφαίους ἐν αὐτῇ, Ἀντισθένη καὶ Διογένη καὶ Κράτητα, οἷς τοῦ βίου σκοπὸς ἦν καὶ τέλος αὑτοὺς οἶμαι γνῶναι καὶ τῶν κενῶν ὑπεριδεῖν δοξῶν, ἀληθείας δέ, «πάντωνμὲν ἀγαθῶν θεοῖς, πάντων δὲ ἀνθρώποις ἡγεῖται», ὅλῃ, φασίν, ἐπιδράξασθαι τῇ διανοίᾳ, ἧς οἶμαι καὶ Πλάτων καὶ Πυθαγόρας καὶ Σωκράτης οἵ τε ἐκ τοῦ Περιπάτου καὶ Ζήνων ἕνεκα πάντα ὑπέμειναν πόνον, αὑτούς τε ἐθέλοντες γνῶναι καὶ μὴ κεναῖς ἕπεσθαι δόξαις, ἀλλὰ τὴν ἐν τοῖς οὖσιν ἀλήθειαν ἀνιχνεῦσαι. Φέρε οὖν, ἐπειδὴ πέφηνεν οὐκ ἄλλο μὲν ἐπιτηδεύσας Πλάτων ἕτερον δὲ Διογένης, ἓν δέ τι καὶ ταὐτόν, εἰ γοῦν ἔροιτό τις τὸν σοφὸν Πλάτωνα «τὸ Γνῶθι σαυτὸν ὁπόσου νενόμικας ἄξιον;» εὖ οἶδα ὅτι «τοῦ παντὸς» φήσειε, καὶ λέγει δὲ ἐν Ἀλκιβιάδῃ· δεῦρο δὴ τὸ μετὰ τοῦτο φράσον ἡμῖν, δαιμόνιε Πλάτων καὶ θεῶν ἔκγονε, τίνα τρόπον χρὴ πρὸς τὰς τῶν πολλῶν διακεῖσθαι δόξας, ταὐτά τε ἐρεῖ καὶ ἔτι πρὸς τούτοις ὅλον ἡμῖν ἐπιτάξει διαρρήδην ἀναγνῶναι τὸν Κρίτωνα διάλογον, οὗ φαίνεται παραινῶν Σωκράτης μηδὲν φροντίζειν ἡμᾶς τῶν τοιούτων· φησὶ γοῦν· «Ἀλλὰ τί ἡμῖν, μακάριε Κρίτων, οὕτω τῆς τῶν πολλῶν δόξης μέλει;» Εἶτα ἡμεῖς, τούτων ὑπεριδόντες, ἀποτειχίζειν ἁπλῶς οὑτωσὶ καὶ ἀποσπᾶν ἄνδρας ἀλλήλων ἐθέλομεν οὓς τῆς ἀληθείας συνήγαγεν ἔρως τε τῆς δόξης ὑπεροψία καὶ πρὸς τὸν ζῆλον τῆς ἀρετῆς ξύμπνοια· εἰ δὲ Πλάτωνι μὲν ἔδοξε καὶ διὰ τῶν λόγων αὐτὰ ἐργάζεσθαι, Διογένει δὲ ἀπόχρη τὰ ἔργα, διὰ τοῦτο ἄξιός ἐστιν ὑφ´ ὑμῶν ἀκούειν κακῶς; Ὅρα δὲ μὴ καὶ τοῦτο αὐτὸ τῷ παντὶ κρεῖττόν ἐστιν, ἐπεὶ καὶ Πλάτων ἐξομνύμενος φαίνεται τὰ ξυγγράμματα. «Οὐ γάρ ἐστι Πλάτωνος», φησί, «ξύγγραμμα οὐθὲν οὔτ´ ἔσται, τὰ δὲ νῦν φερόμενά ἐστι Σωκράτους, ἀνδρὸς καλοῦ καὶ νέου[7] II n'est pas facile d'indiquer le fondateur auquel il faut faire remonter la secte, bien que quelques-uns l'attribuent à Antisthène ou à Diogène. Car OEnomaüs remarque avec raison qu'on dit le cynisme et non pas l'antisthénisme ou le diogénisme. Aussi les plus illustres des chiens prétendent-ils que le grand Hercule, qui a été pour nous l'auteur d'une infinité de biens, laissa aux hommes le glorieux modèle de ce genre de vie. Mais moi, qui aime à parler avec respect des dieux et des mortels qui se sont acheminés vers la vie immortelle, je suis convaincu que, avant Hercule, il y a eu des cyniques, non seulement chez les Grecs, mais chez les barbares. En effet, c'est une philosophie qui semble commune, toute naturelle, et qui ne donne pas grand embarras. Il suffit de choisir le bien par amour de la vertu et par fuite du vice. On n'a pas besoin de feuilleter des milliers de volumes, vu que l'érudition ne donne ni l'esprit, ni la force de supporter les inconvénients auxquels sont exposés ceux qui se livrent aux autres sectes. Tout se borne ici à écouter la voix d'Apollon Pythien quand il dit : "Connais-toi toi-même", et "Bats monnaie". On voit par là que le prince de la philosophie, celui de qui, selon moi, les Grecs ont reçu tous les autres biens, le chef commun, le législateur et le roi de la Grèce, c'est le dieu qui siége à Delphes. Et comme rien ne peut lui échapper, il n'est pas permis de croire qu'il ait ignoré le caractère propre de Diogène. Il n'agit donc pas avec lui comme avec les autres, cherchant à le convaincre en étendant ses conseils, mais il lui dit réellement ce qu'il veut dire en se servant d'une forme symbolique à l'aide de ces deux mots : « Bats monnaie. » En effet, Diogène n'est pas le premier à qui l'oracle ait dit "Connais-toi toi-même" Il l'a dit et il le répète à bien d'autres. Ce mot même, si je ne me trompe, est inscrit sur le temple. Nous avons donc trouvé le fondateur de notre philosophie, et nous en proclamons, avec le divin Jamblique, pour coryphées Antisthène, Diogène et Cratès, qui ont eu pour fin et pour but de leur vie, ce semble, de se connaître eux-mêmes, de mépriser les saines opinions, et de se livrer, de toute leur intelligence, à la recherche de la vérité, le plus grand des biens et pour les dieux et pour les hommes, vérité, par amour de laquelle Platon, Pythagore, Socrate et les péripatéticiens se sont décidés à tout souffrir, en travaillant à se connaître, à s'éloigner des opinions vaines et à poursuivre ce qu'il y a de vrai dans les êtres. Or, puisqu'il paraît clair que Platon n'eut pas d'autre doctrine que Diogène, mais qu'ils s'unirent tous deux dans un sentiment commun, si l'on pouvait demander au sage Platon : « Quel cas fais-tu du précepte « Connais-toi toi-même? » je suis sûr qu'il répondrait : « Je le mets au-dessus de tout. » Et c'est ainsi qu'il le fait dans son Alcibiade « Continue donc, ô divin Platon, rejeton des dieux! Apprends-nous comment il faut envisager les opinions du vulgaire. » Pour répondre à cet appel, il nous prierait de lire en entier son dialogue intitulé Criton, où il fait dire à Socrate : « Mais, mon bon Criton, que nous fait à nous l'opinion du vulgaire? » De quel droit alors, au mépris de ces faits, séparerions-nous, comme par une muraille, ces hommes unis par le même amour de la vérité, le même dédain de la gloire, la même conspiration zélée pour la vertu? Eh quoi! Platon aura, dans ses discours, proclamé les mêmes préceptes que Diogène s'est contenté de mettre en pratique, et pour cela vous calomnierez ce dernier? Craignez, au contraire, qu'il n'ait tout l'avantage. Platon, en effet, semble désavouer ses écrits. Il n'y en a pas un seul qui porte le nom de Platon ; tous ceux qu'il a publiés sont sous le nom de Socrate, homme illustre et nouveau.


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Dernière mise à jour : 7/03/2006