[1,6] CHAPITRE VI.
Συντόμως μὲν οὖν καὶ κεφαλαιωδῶς ἐπεληλύθαμεν τίνες τε καὶ
πῶς τυγχάνουσιν εἰρηκότες περί τε τῶν ἀρχῶν καὶ τῆς
ἀληθείας· ὅμως δὲ τοσοῦτόν γ' ἔχομεν ἐξ αὐτῶν, ὅτι τῶν
λεγόντων περὶ ἀρχῆς καὶ αἰτίας οὐθεὶς ἔξω τῶν ἐν τοῖς περὶ
φύσεως ἡμῖν διωρισμένων εἴρηκεν, ἀλλὰ πάντες ἀμυδρῶς μὲν
ἐκείνων δέ πως φαίνονται θιγγάνοντες. Οἱ μὲν γὰρ ὡς ὕλην τὴν
ἀρχὴν λέγουσιν, ἄν τε μίαν ἄν τε πλείους ὑποθῶσι, καὶ ἐάν τε
σῶμα ἐάν τε ἀσώματον τοῦτο τιθῶσιν (οἷον Πλάτων μὲν τὸ μέγα
καὶ τὸ μικρὸν λέγων, οἱ δ' ᾿Ιταλικοὶ τὸ ἄπειρον, ᾿Εμπεδοκλῆς δὲ
πῦρ καὶ γῆν καὶ ὕδωρ καὶ ἀέρα, ᾿Αναξαγόρας δὲ τὴν τῶν
ὁμοιομερῶν ἀπειρίαν· οὗτοί τε δὴ πάντες τῆς τοιαύτης αἰτίας
ἡμμένοι εἰσί, καὶ ἔτι ὅσοι ἀέρα ἢ πῦρ ἢ ὕδωρ ἢ πυρὸς μὲν
πυκνότερον ἀέρος δὲ λεπτότερον· καὶ γὰρ τοιοῦτόν τινες
εἰρήκασιν εἶναι τὸ πρῶτον στοιχεῖον)·
οὗτοι μὲν οὖν ταύτης τῆς αἰτίας ἥψαντο μόνον, ἕτεροι δέ τινες
ὅθεν ἡ ἀρχὴ τῆς κινήσεως (οἷον ὅσοι φιλίαν καὶ νεῖκος ἢ νοῦν ἢ
ἔρωτα ποιοῦσιν ἀρχήν)· τὸ δὲ τί ἦν εἶναι καὶ τὴν οὐσίαν
σαφῶς μὲν οὐθεὶς ἀποδέδωκε, (988β) μάλιστα δ' οἱ τὰ εἴδη
τιθέντες λέγουσιν (οὔτε γὰρ ὡς ὕλην τοῖς αἰσθητοῖς τὰ εἴδη καὶ
τὸ ἓν τοῖς εἴδεσιν οὔθ' ὡς ἐντεῦθεν τὴν ἀρχὴν τῆς κινήσεως
γιγνομένην ὑπολαμβάνουσιν - ἀκινησίας γὰρ αἴτια μᾶλλον καὶ
τοῦ ἐν ἠρεμίᾳ εἶναι φασιν - ἀλλὰ τὸ τί ἦν εἶναι ἑκάστῳ τῶν
ἄλλων τὰ εἴδη παρέχονται, τοῖς δ' εἴδεσι τὸ ἕν)· τὸ δ' οὗ ἕνεκα αἱ
πράξεις καὶ αἱ μεταβολαὶ καὶ αἱ κινήσεις τρόπον μέν τινα
λέγουσιν αἴτιον, οὕτω δὲ οὐ λέγουσιν οὐδ' ὅνπερ πέφυκεν. Οἱ μὲν
γὰρ νοῦν λέγοντες ἢ φιλίαν ὡς ἀγαθὸν μὲν ταύτας τὰς αἰτίας
τιθέασιν, οὐ μὴν ὡς ἕνεκά γε τούτων ἢ ὂν ἢ γιγνόμενόν τι τῶν
ὄντων ἀλλ' ὡς ἀπὸ τούτων τὰς κινήσεις οὔσας λέγουσιν· ὡς δ'
αὔτως καὶ οἱ τὸ ἓν ἢ τὸ ὂν φάσκοντες εἶναι τὴν τοιαύτην φύσιν
τῆς μὲν οὐσίας αἴτιόν φασιν εἶναι, οὐ μὴν τούτου γε ἕνεκα ἢ εἶναι
ἢ γίγνεσθαι, ὥστε λέγειν τε καὶ μὴ λέγειν πως συμβαίνει αὐτοῖς
τἀγαθὸν αἴτιον· οὐ γὰρ ἁπλῶς ἀλλὰ κατὰ συμβεβηκὸς λέγουσιν.
Ὅτι μὲν οὖν ὀρθῶς διώρισται περὶ τῶν αἰτίων καὶ πόσα καὶ ποῖα,
μαρτυρεῖν ἐοίκασιν ἡμῖν καὶ οὗτοι πάντες, οὐ δυνάμενοι θιγεῖν
ἄλλης αἰτίας, πρὸς δὲ τούτοις ὅτι ζητητέαι αἱ ἀρχαὶ ἢ οὕτως
ἅπασαι ἢ τινὰ τρόπον τοιοῦτον, δῆλον· πῶς δὲ τούτων
ἕκαστος εἴρηκε καὶ πῶς ἔχει περὶ τῶν ἀρχῶν, τὰς ἐνδεχομένας
ἀπορίας μετὰ τοῦτο διέλθωμεν περὶ αὐτῶν.
| [1,6] CHAPITRE VI.
Nous, venons de voir, brièvement et sommairement, il est vrai, quels sont ceux qui
se sont occupés des principes et de la vérité, et comment ils l'ont fait : cette revue
rapide n'a pas laissé de nous faire reconnaître, que de tous les philosophes qui ont
traité de principe et de cause, pas un n'est sorti de la classification que nous avons
établie dans la Physique, et que tous plus ou moins nettement l'ont entrevue. Les
uns considèrent le principe sous le point de vue de la matière, soit qu'ils lui attribuent
l'unité ou la pluralité, soit qu'ils le supposent corporel ou incorporel; tels sont le grand
et le petit de Platon, l'infini de l'école italique; le feu, la terre, l'eau et l'air
d'Empédocle; l'infinité des homoeoméries d'Anaxagoras. Tous ont évidemment
touché cet ordre de causes, et de même ceux qui ont choisi l'air, le feu ou l'eau, ou
un élément plus dense que le feu et plus délié que l'air; car telle est la nature que
quelques-uns ont donnée à l'élément premier. Ceux-là donc n'ont atteint que le
principe de la matière, quelques autres le principe du mouvement, comme ceux par
exemple qui font un principe de l'amitié ou de la discorde, de l'intelligence ou de
l'amour. Quant à la forme et à l'essence, nul n'en a traité clairement, mais ceux qui
l'ont fait le mieux sont les partisans des idées. En effet, ils ne regardent pas les idées
et les principes des idées, comme la matière des choses sensibles, ni comme le
principe d'où leur vient le mouvement (car ce seraient plutôt, selon eux, des causes
d'immobilité et de repos); mais c'est l'essence que les idées fournissent à chaque
chose, comme l'unité la fournit aux idées. Quant à la fin en vue de laquelle se font
les actes, les changements et les mouvements, ils mentionnent bien en quelque
manière ce principe, mais ils ne le font pas dans cet esprit, ni dans le vrai sens de la
chose; car ceux qui mettent en avant l'intelligence et l'amitié, posent bien ces
principes , comme quelque chose de bon , mais non comme un but en vue duquel
tout être est ou devient; ce sont plutôt des causes d'où leur vient le mouvement. Il en
est de même de ceux qui prétendent que l'unité ou l'être est cette même nature ; ils
disent qu'elle est la cause de l'essence, mais ils ne disent pas qu'elle est la fin pour
laquelle les choses sont et deviennent. De sorte qu'il leur arrive en quelque façon de
parler à la fois et de ne pas parler du principe du bien; car ils n'en parlent pas d'une
manière spéciale, mais seulement par accident. Ainsi, que le nombre et la nature des
causes ait été déterminé par nous avec exactitude, c'est ce que semblent témoigner
tous ces philosophes dans l'impossibilité où ils sont d'indiquer aucun autre principe.
Outre cela, il est clair qu'il faut, dans la recherche des principes, ou les considérer
tous comme nous l'avons fait, ou adopter les vues de quelques-uns de ces
philosophes. Exposons d'abord les difficultés que soulèvent les doctrines de nos
devanciers et la question de la nature même des principes.
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