[6,509] ἐπιστήμην (509a) δὲ καὶ ἀλήθειαν, ὥσπερ ἐκεῖ φῶς τε καὶ ὄψιν ἡλιοειδῆ
μὲν νομίζειν ὀρθόν, ἥλιον δ’ ἡγεῖσθαι οὐκ ὀρθῶς ἔχει, οὕτω καὶ ἐνταῦθα
ἀγαθοειδῆ μὲν νομίζειν ταῦτ’ ἀμφότερα ὀρθόν, ἀγαθὸν δὲ ἡγεῖσθαι ὁπότερον
αὐτῶν οὐκ ὀρθόν, ἀλλ’ ἔτι μειζόνως τιμητέον τὴν τοῦ ἀγαθοῦ ἕξιν.
᾿Αμήχανον κάλλος, ἔφη, λέγεις, εἰ ἐπιστήμην μὲν καὶ ἀλήθειαν
παρέχει, αὐτὸ δ’ ὑπὲρ ταῦτα κάλλει ἐστίν· οὐ γὰρ δήπου σύ γε ἡδονὴν
αὐτὸ λέγεις.
Εὐφήμει, ἦν δ’ ἐγώ· ἀλλ’ ὧδε μᾶλλον τὴν εἰκόνα αὐτοῦ ἔτι ἐπισκόπει.
(509b) Πῶς;
Τὸν ἥλιον τοῖς ὁρωμένοις οὐ μόνον οἶμαι τὴν τοῦ ὁρᾶσθαι δύναμιν
παρέχειν φήσεις, ἀλλὰ καὶ τὴν γένεσιν καὶ αὔξην καὶ τροφήν, οὐ γένεσιν
αὐτὸν ὄντα.
Πῶς γάρ;
Καὶ τοῖς γιγνωσκομένοις τοίνυν μὴ μόνον τὸ γιγνώσκεσθαι φάναι
ὑπὸ τοῦ ἀγαθοῦ παρεῖναι, ἀλλὰ καὶ τὸ εἶναί τε καὶ τὴν οὐσίαν ὑπ’ ἐκείνου
αὐτοῖς προσεῖναι, οὐκ οὐσίας ὄντος τοῦ ἀγαθοῦ, ἀλλ’ ἔτι ἐπέκεινα τῆς
οὐσίας πρεσβείᾳ καὶ δυνάμει ὑπερέχοντος.
(509c) Καὶ ὁ Γλαύκων μάλα γελοίως, ῎Απολλον, ἔφη, δαιμονίας
ὑπερβολῆς.
Σὺ γάρ, ἦν δ’ ἐγώ, αἴτιος, ἀναγκάζων τὰ ἐμοὶ δοκοῦντα περὶ αὐτοῦ
λέγειν.
Καὶ μηδαμῶς γ’, ἔφη, παύσῃ, εἰ μή τι, ἀλλὰ τὴν περὶ τὸν ἥλιον
ὁμοιότητα αὖ διεξιών, εἴ πῃ ἀπολείπεις.
᾿Αλλὰ μήν, εἶπον, συχνά γε ἀπολείπω.
Μηδὲ σμικρὸν τοίνυν, ἔφη, παραλίπῃς.
Οἶμαι μέν, ἦν δ’ ἐγώ, καὶ πολύ· ὅμως δέ, ὅσα γ’ ἐν τῷ παρόντι
δυνατόν, ἑκὼν οὐκ ἀπολείψω.
Μὴ γάρ, ἔφη.
(509d) Νόησον τοίνυν, ἦν δ’ ἐγώ, ὥσπερ λέγομεν, δύο αὐτὼ εἶναι, καὶ
βασιλεύειν τὸ μὲν νοητοῦ γένους τε καὶ τόπου, τὸ δ’ αὖ ὁρατοῦ, ἵνα μὴ
οὐρανοῦ εἰπὼν δόξω σοι σοφίζεσθαι περὶ τὸ ὄνομα. ἀλλ’ οὖν ἔχεις ταῦτα
διττὰ εἴδη, ὁρατόν, νοητόν;
῎Εχω.
῞Ωσπερ τοίνυν γραμμὴν δίχα τετμημένην λαβὼν ἄνισα τμήματα,
πάλιν τέμνε ἑκάτερον τὸ τμῆμα ἀνὰ τὸν αὐτὸν λόγον, τό τε τοῦ ὁρωμένου
γένους καὶ τὸ τοῦ νοουμένου, καί σοι ἔσται σαφηνείᾳ καὶ ἀσαφείᾳ πρὸς
ἄλληλα ἐν μὲν τῷ ὁρωμένῳ (509e) τὸ μὲν ἕτερον τμῆμα εἰκόνες—
λέγω δὲ τὰς εἰκόνας
| [6,509] comme, (509a) dans le monde visible, on a raison de penser que la
lumière et la vue sont semblables au soleil, mais tort de croire qu'elles sont le soleil,
de même, dans le monde intelligible, il est juste de penser que la science et la vérité
sont l'une et l'autre semblables au bien, mais faux de croire que l'une ou l'autre soit le
bien; la nature du bien doit être regardée comme beaucoup plus précieuse.
Sa beauté, d'après toi, est au-dessus de toute expression s'il produit la science et la
vérité et s'il est encore plus beau qu'elles. Assurément, tu ne le fais pas consister
dans le plaisir.
Ne blasphème pas, repris-je; mais considère plutôt son image de cette manière.
Comment?
(509b) Tu avoueras, je pense, que le soleil donne aux choses visibles non seulement le
pouvoir d'être vues, mais encore la génération, l'accroissement et la nourriture, sans
être lui-même génération.
Comment le serait-il, en effet?
Avoue aussi que les choses intelligibles ne tiennent pas seulement du bien leur
intelligibilité, mais tiennent encore de lui leur être et leur essence, quoique le bien ne
soit point l'essence, mais fort au-dessus de cette dernière en dignité et en puissance.
Alors Glaucon s'écria de façon comique : Par Apollon ! (509c) voilà une merveilleuse
supériorité !
C'est ta faute aussi ! Pourquoi m'obliger à dire ma pensée sur ce sujet?
Ne t'arrête pas là, reprit-il, mais achève ta comparaison avec le soleil, s'il te reste
encore quelque chose à dire.
Mais certes ! il m'en reste encore un grand nombre !
N'omets donc pas la moindre chose.
Je pense que j'en omettrai beaucoup. Cependant, tout ce que je pourrai dire en ce
moment, je ne l'omettrai pas de propos délibéré.
C'est cela.
Conçois donc, comme nous disons, qu'ils sont deux (509d) rois, dont l'un règne sur le
genre et le domaine de l'intelligible, et l'autre du visible : je ne dis pas du ciel de peur
que tu ne croies que je joue sur les mots. Mais imagines-tu ces deux genres, le
visible et l'intelligible?
Je les imagine.
Prends donc une ligne coupée en deux segments inégaux, l'un représentant le
genre visible, l'autre le genre intelligible, et coupe de nouveau chaque segment
suivant la même proportion; tu auras alors, en classant les divisions obtenues
d'après leur degré relatif de clarté ou d'obscurité, dans le monde visible, un premier
segment, (509e) celui des images - j'appelle images d'abord les ombres,
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