[391] καὶ τιμὴν αὖ λαβόντα νεκροῦ (391a) ἀπολύειν, ἄλλως δὲ μὴ ’θέλειν.
Οὔκουν δίκαιόν γε, ἔφη, ἐπαινεῖν τὰ τοιαῦτα.
᾿Οκνῶ δέ γε, ἦν δ’ ἐγώ, δι’ ῞Ομηρον λέγειν ὅτι οὐδ’ ὅσιον ταῦτά γε
κατὰ Ἀχιλλέως φάναι καὶ ἄλλων λεγόντων πείθεσθαι, καὶ αὖ ὡς πρὸς
τὸν Ἀπόλλω εἶπεν :
ἔβλαψάς μ’ ἑκάεργε, θεῶν ὀλοώτατε πάντων·
ἦ σ’ ἂν τισαίμην, εἴ μοι δύναμίς γε παρείη·
(b) καὶ ὡς πρὸς τὸν ποταμόν, θεὸν ὄντα, ἀπειθῶς εἶχεν καὶ μάχεσθαι
ἕτοιμος ἦν, καὶ αὖ τὰς τοῦ ἑτέρου ποταμοῦ Σπερχειοῦ ἱερὰς τρίχας
Πατρόκλῳ ἥρωϊ, ἔφη, κόμην ὀπάσαιμι φέρεσθαι, νεκρῷ ὄντι, καὶ ὡς
ἔδρασεν τοῦτο, οὐ πειστέον· τάς τε αὖ ῞Εκτορος ἕλξεις περὶ τὸ σῆμα τὸ
Πατρόκλου καὶ τὰς τῶν ζωγρηθέντων σφαγὰς εἰς τὴν πυράν, σύμπαντα
ταῦτα οὐ φήσομεν ἀληθῆ εἰρῆσθαι, οὐδ’ ἐάσομεν (c) πείθεσθαι τοὺς
ἡμετέρους ὡς Ἀχιλλεύς, θεᾶς ὢν παῖς καὶ Πηλέως, σωφρονεστάτου τε καὶ
τρίτου ἀπὸ Διός, καὶ ὑπὸ τῷ σοφωτάτῳ Χείρωνι τεθραμμένος, τοσαύτης ἦν
ταραχῆς πλέως, ὥστ’ ἔχειν ἐν αὑτῷ νοσήματε δύο ἐναντίω ἀλλήλοιν,
ἀνελευθερίαν μετὰ φιλοχρηματίας καὶ αὖ ὑπερηφανίαν θεῶν τε καὶ
ἀνθρώπων.
᾿Ορθῶς, ἔφη, λέγεις.
Μὴ τοίνυν, ἦν δ’ ἐγώ, μηδὲ τάδε πειθώμεθα μηδ’ ἐῶμεν λέγειν, ὡς
Θησεὺς Ποσειδῶνος ὑὸς Πειρίθους τε Διὸς (d) ὥρμησαν οὕτως ἐπὶ δεινὰς
ἁρπαγάς, μηδέ τιν’ ἄλλον θεοῦ παῖδά τε καὶ ἥρω τολμῆσαι ἂν δεινὰ καὶ
ἀσεβῆ ἐργάσασθαι, παῖδά τε καὶ ἥρω τολμῆσαι ἂν δεινὰ καὶ ἀσεβῆ
ἐργάσασθαι, οἷα νῦν καταψεύδονται αὐτῶν· ἀλλὰ προσαναγκάζωμεν
τοὺς ποιητὰς ἢ μὴ τούτων αὐτὰ ἔργα φάναι ἢ τούτους μὴ εἶναι θεῶν
παῖδας, ἀμφότερα δὲ μὴ λέγειν, μηδὲ ἡμῖν ἐπιχειρεῖν πείθειν τοὺς νέους
ὡς οἱ θεοὶ κακὰ γεννῶσιν, καὶ ἥρωες ἀνθρώπων οὐδὲν βελτίους· ὅπερ γὰρ
ἐν τοῖς πρόσθεν ἐλέ(e)γομεν, οὔθ’ ὅσια ταῦτα οὔτε ἀληθῆ· ἐπεδείξαμεν
γάρ που ὅτι ἐκ θεῶν κακὰ γίγνεσθαι ἀδύνατον.
Πῶς γὰρ οὔ;
Καὶ μὴν τοῖς γε ἀκούουσιν βλαβερά· πᾶς γὰρ ἑαυτῷ συγγνώμην ἕξει
κακῷ ὄντι, πεισθεὶς ὡς ἄρα τοιαῦτα πράττουσίν τε καὶ ἔπραττον καὶ :
οἱ θεῶν ἀγχίσποροι,
<οἱ> Ζηνὸς ἐγγύς, ὧν κατ’ ᾿Ιδαῖον πάγον
Διὸς πατρῴου βωμός ἐστ’ ἐν αἰθέρι,
καὶ :
οὔ πώ σφιν ἐξίτηλον αἷμα δαιμόνων.
ὧν ἕνεκα παυστέον τοὺς τοιούτους μύθους,
| [391] et de ne vouloir rendre un cadavre qu'après en avoir touché la
rançon. (391a) Il n'est point juste, dit-il, de louer de pareils traits.
J'hésite, poursuivis-je, par respect pour Homère, à
affirmer qu'il est impie de prêter de tels sentiments à
Achille, de croire ceux qui les lui prêtent, et aussi ceux
qui lui font dire, s'adressant à Apollon : "Tu m'as nui,
toi qui lances au loin tes traits, le plus funeste de tous les dieux ;
Ah ! je me vengerais si j'en avais le pouvoir".
Qu'il se soit montré désobéissant et prêt à combattre
(391b) le fleuve qui était un dieu ; qu'il ait dit de sa
chevelure consacrée à l'autre fleuve, le Sperchéios :
"Je voudrais offrir cette chevelure au héros Patrocle",
celui-ci étant mort, et qu'il ait fait cela : voilà choses à ne
pas croire. Et quant à Hector traîné autour du tombeau
de Patrocle, et aux prisonniers égorgés sur son
bûcher, nous soutiendrons que tous ces récits sont
faux, et nous ne souffrirons pas qu'on fasse croire à nos
(391c) guerriers qu'Achille, le fils d'une déesse et du très
sage Pélée, lui-même petit-fils de Zeus, et l'élève du
très sage Chiron, ait eu l'âme assez désordonnée pour y
posséder deux maladies contraires : une basse cupidité et
un orgueilleux mépris des dieux et des hommes.
Tu as raison, dit-il.
Gardons-nous donc, repris-je, de croire et de laisser dire
que Thésée, fils de Poséidon, et Pirithoüs, fils de (391d)
Zeus, aient tenté des enlèvements aussi criminels que
ceux qu'on leur attribue, ni qu'aucun autre fils de
dieu, aucun héros, ait osé commettre les actions terribles
et sacrilèges dont on les accuse faussement. Au contraire,
contraignons les poètes à reconnaître qu'ils n'ont pas
commis de telles actions, ou qu'ils ne sont pas les enfants
des dieux ; mais ne leur permettons pas de faire les deux
assertions à la fois, ni d'essayer de persuader à nos
jeunes gens que les dieux produisent des choses mauvaises
et que les héros ne sont en rien meilleurs que les hommes.
(391e) Comme nous le disions tout à l'heure ces propos sont
impies et faux ; car nous avons démontré qu'il est impossible
que le mal vienne des dieux.
Sans contredit.
Ajoutons qu'ils sont nuisibles à ceux qui les entendent ;
tout homme, en effet, se pardonnera sa méchanceté s'il
est persuadé qu'il ne fait que ce que font et ont fait les
descendants des dieux, les proches parents de Zeus, qui
sur le mont Ida, haut dans l'éther, ont un autel consacré à
leur père, et qui "dans leurs veines gardent encore un sang divin".
Ces raisons nous obligent à mettre fin à de telles fictions,
|