[15,8,4] (4)<284> ταῦτα γνόντες ἀπὸ συνθήματος εἰς τὸ θέατρον ἐχώρουν, ἐλπίσαντες
μὲν οὐδ' αὐτὸν Ἡρώδην διαφευξεῖσθαι προσπεσόντων ἐξ ἀφανοῦς, πολλοὺς δ',
εἰ καὶ μὴ τυγχάνοιεν ἐκείνου, τῶν περὶ αὐτὸν ἀναιρήσειν οἰόμενοι· καὶ
ταῦτ' αὐτοῖς ἀρκέσειν, εἰ καὶ θνήσκοιεν, εἰς ἔννοιαν ὧν ὁ βασιλεὺς
ἐξυβρίζειν ἐδόκει τὸ πλῆθος καὶ αὐτὸν ἐκεῖνον ἀγαγεῖν. <285> Ἐκεῖνοι μὲν
οὖν προκαταστάντες ἐπὶ τοιαύτης ἦσαν προθυμίας· εἷς δὲ τῶν ὑφ' Ἡρώδου
πολυπραγμονεῖν καὶ διαγγέλλειν τὰ τοιαῦτα τεταγμένων ἐξευρηκὼς ὅλην τὴν
ἐπίθεσιν εἰς τὸ θέατρον εἰσιέναι μέλλοντι τῷ βασιλεῖ κατεμήνυσεν. <286> Ὁ
δ', οὐ γὰρ ἀνοίκειον ᾠήθη τὸν λόγον εἴς τε τὸ μῖσος ἀφορῶν, ὃ συνῄδει παρὰ
τῶν πλειόνων αὐτῷ, καὶ τὰς ταραχὰς τὰς ἐπὶ τοῖς καθ' ἕκαστα γινομένοις
παρυφισταμένας, ἀναχωρήσας εἰς τὸ βασίλειον ὀνομαστὶ τοὺς ἐν ταῖς αἰτίαις
ἐκάλει. <287> Προσπιπτόντων δ' αὐτοῖς τῶν ὑπηρετῶν αὐτόφωροι λαμβανόμενοι
τὸ μὲν ὡς οὐκ ἂν διαφύγοιεν ᾔδεσαν, ἐπεκόσμησαν δὲ τὴν ἀναγκαίαν
καταστροφὴν τοῦ τέλους τῷ μηδὲν ὑφιέναι τοῦ φρονήματος· <288> οὐ γὰρ
ἐντραπέντες οὐδ' ἀρνησάμενοι τὴν πρᾶξιν ἀνέδειξαν μὲν ἤδη κρατούμενα τὰ
ξίφη, διωμολογήσαντο δὲ καλῶς καὶ σὺν εὐσεβείᾳ τὴν συνωμοσίαν αὐτοῖς
γενέσθαι, κέρδους μὲν οὐδενὸς οὐδ' οἰκείων ἕνεκεν παθῶν, τὸ δὲ πλέον ὑπὲρ
τῶν κοινῶν ἐθῶν, ἃ καὶ πᾶσιν ἢ φυλάττειν ἢ θνήσκειν πρὸ αὐτῶν ἄξιον. <289>
Τοιαῦτα μὲν ἐκεῖνοι τῇ προαιρέσει τῆς ἐπιβουλῆς ἐμπαρρησιασάμενοι
περιστάντων αὐτοῖς τῶν βασιλικῶν ἤγοντο καὶ πᾶσαν αἰκίαν ὑπομείναντες
διεφθάρησαν. Μετ' οὐ πολὺ δὲ καὶ τὸν ταῦτα μηνύσαντα κατὰ μῖσος
ἁρπασάμενοί τινες οὐκ ἀπέκτειναν μόνον, ἀλλὰ καὶ μελιστὶ διελόντες
προύθεσαν κυσίν. <290> ἑωρᾶτο δὲ πολλοῖς τῶν πολιτῶν τὰ γινόμενα καὶ
κατεμήνυσεν οὐδείς, ἕως Ἡρώδου πικροτέραν καὶ φιλόνεικον ποιουμένου τὴν
ἔρευναν ἐκβασανισθεῖσαι γυναῖκές τινες ὡμολόγησαν ἃ πραχθέντα εἶδον. Καὶ
τῶν μὲν ἐνεργησάντων ἐγένετο τιμωρία πανοικὶ τὴν προπέτειαν αὐτῶν
ἐπεξιόντος, <291> Ἡ δ' ἐπιμονὴ τοῦ πάθους καὶ τὸ τῆς ὑπὲρ τῶν νόμων
πίστεως ἀκατάπληκτον οὐ ῥᾴδιον ἐποίει τὸν Ἡρώδην, εἰ μὴ μετὰ πάσης
ἀσφαλείας κρατοίη, καὶ διέγνω πάντοθεν περιειληφέναι τὸ πλῆθος, ὡς μὴ
νεωτεριζόντων φανερὰν γενέσθαι τὴν ἀπόστασιν.
(5)<292> Ἐξωχυρωμένης οὖν αὐτῷ τῆς πόλεως μὲν ὑπὸ τῆς αὐλῆς, ἐν ᾗ διῃτᾶτο,
τοῦ δὲ ἱεροῦ τῇ περὶ τὸ φρούριον ὀχυρότητι τὸ καλούμενον Ἀντωνίαν
κατασκευασθὲν δι' αὐτοῦ, τρίτον παντὶ τῷ λαῷ τὴν Σαμάρειαν ἐνόησεν
ἐπιτείχισμα, καλέσας μὲν αὐτὴν Σεβαστήν, <293> οἰόμενος δὲ κατὰ τῆς χώρας
οὐδὲν ἔλαττον ἰσχυροποιεῖν τὸν τόπον, ἀπέχοντα μὲν Ἱεροσολύμων μιᾶς ὁδὸν
ἡμέρας, εὔχρηστον δ' ὄντα καὶ κοινὸν ἐπί τε τοῖς ἐν τῇ πόλει καὶ τῇ χώρᾳ
γενησόμενον. Τῷ δὲ ἔθνει παντὶ φρούριον ἐνῳκοδόμησεν τὸ πάλαι μὲν
καλούμενον Στράτωνος πύργον, Καισάρειαν δ' ὑπ' αὐτοῦ προσαγορευθέν. <294>
Ἔν τε τῷ μεγάλῳ πεδίῳ τῶν ἐπιλέκτων ἱππέων περὶ αὐτὸν ἀποκληρώσας χωρίον
συνέκτισεν ἐπί τε τῇ Γαλιλαίᾳ Γάβα καλούμενον καὶ τῇ Περαίᾳ τὴν
Ἐσεβωνῖτιν. <295> Ταῦτα μὲν οὖν ἐν τοῖς κατὰ μέρος αἰεί τι πρὸς ἀσφάλειαν
ἐπεξευρίσκων καὶ διαλαμβάνων φυλακαῖς τὸ πᾶν ἔθνος, ὡς ἥκιστα μὲν ἀπ'
ἐξουσίας εἰς ταραχὰς προπίπτειν, αἷς καὶ μικροῦ κινήματος ἐγγενομένου
συνεχὲς ἐχρῶντο, λανθάνειν δὲ μηδ' εἰ παρακινοῖεν ἐφεστηκότων αἰεί τινων
πλησίον, οἳ καὶ γινώσκειν καὶ κωλύειν ἐδύναντο. <296> Τότε δὲ τὴν
Σαμάρειαν ὡρμημένος τειχίζειν πολλοὺς μὲν τῶν συμμαχησάντων αὐτῷ κατὰ τοὺς
πολέμους, πολλοὺς δὲ τῶν ὁμόρων συμπολίζειν ἐπετήδευεν, ὑπό τε φιλοτιμίας
τοῦ νέον ἐγείρειν καὶ δι' αὐτοῦ πρότερον οὐκ ἐν ταῖς ἐπισήμοις οὖσαν, καὶ
μᾶλλον ὅτι πρὸς ἀσφάλειαν αὐτῷ τὸ φιλότιμον ἐπετηδεύετο, τήν τε
προσηγορίαν ὑπήλλαττε Σεβαστὴν καλῶν καὶ τῆς χώρας ἀρίστην οὖσαν τὴν
πλησίον κατεμέριζεν τοῖς οἰκήτορσιν, ὡς εὐθὺς ἐν εὐδαιμονίᾳ συνιόντας
οἰκεῖν, <297> καὶ τείχει καρτερῷ τὴν πόλιν περιέβαλεν τό τε τοῦ χωρίου
πρόσαντες εἰς ἐρυμνότητα κατασκευαζόμενος καὶ μέγεθος οὐχ ὡς τὸ πρῶτον
ἀλλ' ὥστε μηδὲν ἀποδεῖν τῶν ἐλλογιμωτάτων πόλεων περιλαμβάνων· στάδιοι γὰρ
ἦσαν εἴκοσιν. <298> Ἐντὸς δὲ καὶ κατὰ μέσην τριῶν ἡμισταδίων τέμενος
ἀνῆκεν παντοίως κεκοσμημένον καὶ ναὸν ἐν αὐτῷ μεγέθει καὶ κάλλει τῶν
ἐλλογιμωτάτων ἤγειρεν, ἔν τε τοῖς κατὰ μέρος διὰ πάντων ἐκόσμει τὴν πόλιν,
τὸ μὲν ἀναγκαῖον τῆς ἀσφαλείας ὁρῶν καὶ τῇ τῶν περιβόλων ἐρυμνότητι
φρούριον αὐτὴν ποιούμενος ἐπὶ τῇ μείζονι, τὸ δ' εὐπρεπὲς ὡς ἂν ἐκ τοῦ
φιλοκαλεῖν καὶ μνημεῖα φιλανθρωπίας ἀπολιπεῖν ἐν ὑστέρῳ.
| [15,8,4] <284> 4. Ainsi décidés, ils se rendirent, comme il était convenu, au
théâtre, dans l'espoir qu'Hérode, attaqué par eux à l'improviste, ne
pourrait leur échapper et qu'ils pourraient du moins, à défaut du roi,
mettre à mort nombre des gens de sa suite ; ce résultat leur paraissait
devoir suffire, si, même au prix de leur vie, ils amenaient le peuple et
le roi lui-même à réfléchir à ses outrages. Tels étaient leur dessein et
leur résolution bien arrêtés. <285> Mais l'un des hommes chargés par
Hérode de surveiller ces sortes d'affaires et de les lui dénoncer
découvrit le complot et le dévoila au roi au moment où il se rendait au
théâtre. <286> La nouvelle ne parut nullement invraisemblable à Hérode,
étant donné la haine dont il se savait l'objet de la part de la plupart
des Juifs et les troubles survenus à chaque événement ; il rentra donc
dans son palais et fit convoquer nominativement ceux qui étaient accusés.
<287> Surpris par ses serviteurs et saisis sur le fait, les conjurés,
voyant qu'il n'y avait pour eux aucune chance de salut, s'appliquèrent à
ennoblir leur mort inévitable par une inébranlable fermeté : <288> sans
défaillance, sans rétractation, ils montrèrent leurs poignards, bien que
déjà maîtrisés, et déclarèrent qu'ils s'étaient conjurés dans un
esprit de justice et de piété, ayant en vue, non pas quelque intérêt ou
ressentiment personnel, mais avant tout la cause des coutumes nationales,
que tous doivent observer ou défendre au prix de leur vie. <289> Après cet
aveu très franc du but de leur complot, entourés par les soldats du roi,
ils furent entraînés, accablés de tourments et mis à mort. Peu après
quelques Juifs s'emparèrent du dénonciateur et, non contents de le tuer,
coupèrent son cadavre en morceaux, qu'ils donnèrent à manger aux chiens.
<290> Nombre de citoyens assistèrent au meurtre, mais personne ne le
dénonça, jusqu'au jour où, Hérode ayant ordonné une enquête sévère et
implacable, quelques femmes mises à la torture avouèrent les faits dont
elles avaient été témoins. Les auteurs du crime furent alors punis, et
Hérode se vengea sur toute leur famille de leur témérité. <291> Cependant
la ténacité du peuple et son inébranlable fidélité aux lois rendaient la
situation difficile pour Hérode, s'il ne prenait d'énergiques mesures pour
assurer sa sécurité ; aussi résolut-il de cerner le peuple de tous tes
côtés, afin d'empêcher une révolte ouverte de la part des révolutionnaires.
<292> 5. Il commandait déjà la ville par le palais où il habitait, et le
Temple par la forteresse appelé Antonia, qui avait été bâtie par lui. Il
s'avisa de faire de Samarie un troisième rempart contre la population tout
entière ; <293> il lui donna le nom de Sébaste et pensa que cette place
pourrait lui servir de forteresse contre la contrée, aussi utilement que
les autres. Il fortifia donc cette bourgade, distante de Jérusalem
d'un jour de marche, et aussi bien placée pour tenir en respect la
capitale que la campagne. Pour la défense du royaume entier, il releva la
forteresse appelée jadis Tour de Straton, et à laquelle il donna le nom de
Césarée. <294> Dans la grande plaine, sur la frontière de Galilée, il
fonda une colonie militaire peuplée de cavaliers d'élite de sa garde,
appelée Gaba ; il colonisa de même le territoire d'Hesbon dans la
Pérée. <295> Ces fondations se firent successivement ; ainsi petit à
petit il pourvoyait à sa sécurité, enfermant le peuple dans une ceinture
de places fortes, pour lui enlever autant que possible toute facilité de
se laisser entraîner aux troubles, comme il en avait l'habitude au moindre
mouvement, et lui faire comprendre qu'à la première tentative de
soulèvement il y aurait toujours à proximité des troupes qui sauraient en
avoir connaissance et la réprimer. <296> A l'époque où nous sommes,
désireux de fortifier Samarie, il s'occupa de lui donner une population,
composée de beaucoup de ses anciens compagnons d'armes et de nombreux
habitants des territoires voisins ; son ambition était d'y élever un
temple et, grâce à lui, de donner de l'importance à une ville qui n'en
avait pas auparavant ; mais surtout il voulait assurer sa sécurité par sa
magnificence. Il changea le nom de la ville et l'appela Sébaste,
distribua le territoire avoisinant, dont les terres étaient excellentes,
aux colons, afin qu'aussitôt arrivés ils se trouvassent déjà prospères ;
<297> il entoura la ville d'une forte muraille, utilisant pour la défense
la situation escarpée de la place, et traçant une enceinte, non pas de la
dimension de l'ancienne, mais telle qu'elle ne le cédât en rien à celle
des villes les plus renommées elle avait en effet vingt stades. <298> A
l'intérieur, au milieu même de la ville, il traça un enclos sacré d'un
stade demi, orné avec beaucoup de recherche, et dans lequel il éleva un
temple égalant les plus célèbres par ses dimensions et sa beauté ; peu à
peu il prodigua dans la ville les embellissements, considérant, d'une
part, les nécessités de sa défense personnelle et faisant de cette place
par la solidité de sa muraille une forteresse de premier ordre, d'autre
part désireux de passer pour aimer les belles choses et de laisser à la
postérité des monuments de sa munificence.
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