[15,8,1] VIII.
(1)<267> Διὰ τοῦτο καὶ μᾶλλον ἐξέβαινεν τῶν πατρίων ἐθῶν καὶ ξενικοῖς
ἐπιτηδεύμασιν ὑποδιέφθειρεν τὴν πάλαι κατάστασιν ἀπαρεγχείρητον οὖσαν, ἐξ
ὧν οὐ μικρὰ καὶ πρὸς τὸν αὖθις χρόνον ἠδικήθημεν ἀμεληθέντων ὅσα πρότερον
ἐπὶ τὴν εὐσέβειαν ἦγεν τοὺς ὄχλους· <268> πρῶτον μὲν γὰρ ἀγῶνα
πενταετηρικὸν ἀθλημάτων κατεστήσατο Καίσαρι καὶ θέατρον ἐν Ἱεροσολύμοις
ᾠκοδόμησεν, αὖθίς τ' ἐν τῷ πεδίῳ μέγιστον ἀμφιθέατρον, περίοπτα μὲν ἄμφω
τῇ πολυτελείᾳ, τοῦ δὲ κατὰ τοὺς Ἰουδαίους ἔθους ἀλλότρια· χρῆσίς τε γὰρ
αὐτῶν καὶ θεαμάτων τοιούτων ἐπίδειξις οὐ παραδίδοται. <269> Τὴν μέντοι
πανήγυριν ἐκεῖνος ἐπιφανεστάτην τὴν τῆς πενταετηρίδος συνετέλει
καταγγείλας τε τοῖς πέριξ καὶ συγκαλῶν ἀπὸ τοῦ παντὸς ἔθνους. Οἱ δ'
ἀθληταὶ καὶ τὰ λοιπὰ τῶν ἀγωνισμάτων ἀπὸ πάσης γῆς ἐκαλοῦντο κατ' ἐλπίδα
τῶν προκειμένων καὶ τῆς νίκης εὐδοξίᾳ, συνελέγησάν τε οἱ κορυφαιότατοι τῶν
ἐν τοῖς ἐπιτηδεύμασιν· <270> οὐ γὰρ μόνον τοῖς περὶ τὰς γυμνικὰς ἀσκήσεις,
ἀλλὰ καὶ τοῖς ἐν τῇ μουσικῇ διαγινομένοις καὶ θυμελικοῖς καλουμένοις
προυτίθει μέγιστα νικητήρια· καὶ διεσπούδαστο πάντας τοὺς ἐπισημοτάτους
ἐλθεῖν ἐπὶ τὴν ἅμιλλαν. <271> Προύθηκεν δὲ καὶ τεθρίπποις καὶ συνωρίσιν
καὶ κέλησιν οὐ μικρὰς δωρεάς, καὶ πάνθ', ὅσα κατὰ πολυτέλειαν ἢ
σεμνοπρέπειαν παρ' ἑκάστοις ἐσπούδαστο φιλοτιμίᾳ τοῦ διάσημον αὐτῷ
γενέσθαι τὴν ἐπίδειξιν ἐξεμιμήσατο. <272> Τό γε μὴν θέατρον ἐπιγραφαὶ
κύκλῳ περιεῖχον Καίσαρος καὶ τρόπαια τῶν ἐθνῶν, ἃ πολεμήσας ἐκεῖνος
ἐκτήσατο, χρυσοῦ τε ἀπέφθου καὶ ἀργύρου πάντων αὐτῷ πεποιημένων. <273> Τὰ
δ' εἰς ὑπηρεσίαν οὐδὲν οὕτως ἦν οὔτ' ἐσθῆτος τίμιον οὔτε σκευῆς λίθων, ὃ
μὴ τοῖς ὁρωμένοις ἀγωνίσμασιν συνεπεδείκνυτο. Παρασκευὴ δὲ καὶ θηρίων
ἐγένετο λεόντων τε πλείστων αὐτῷ συναχθέντων καὶ τῶν ἄλλων, ὅσα καὶ τὰς
ἀλκὰς ὑπερβαλλούσας ἔχει καὶ τὴν φύσιν ἐστὶν σπανιώτερα· <274> Τούτων
αὐτῶν τε πρὸς ἄλληλα συμπλοκαὶ καὶ μάχαι πρὸς αὐτὰ τῶν κατεγνωσμένων
ἀνθρώπων ἐπετηδεύοντο, τοῖς μὲν ξένοις ἔκπληξις ὁμοῦ τῆς δαπάνης καὶ
ψυχαγωγία τῶν περὶ τὴν θέαν κινδύνων, τοῖς δ' ἐπιχωρίοις φανερὰ κατάλυσις
τῶν τιμωμένων παρ' αὐτοῖς ἐθῶν· <275> ἀσεβὲς μὲν γὰρ ἐκ προδήλου
κατεφαίνετο θηρίοις ἀνθρώπους ὑπορρίπτειν ἐπὶ τέρψει τῆς ἀνθρώπων θέας,
ἀσεβὲς δὲ ξενικοῖς ἐπιτηδεύμασιν ἐξαλλάττειν τοὺς ἐθισμούς. <276> Πάντων
δὲ μᾶλλον ἐλύπει τὰ τρόπαια· δοκοῦντες γὰρ εἰκόνας εἶναι τὰς τοῖς ὅπλοις
περιειλημμένας, ὅτι μὴ πάτριον ἦν αὐτοῖς τὰ τοιαῦτα σέβειν, οὐ μετρίως
ἐδυσχέραινον.
(2)<277> Ἐλάνθανον δ' οὐδὲ τὸν Ἡρώδην ἐκταραττόμενοι· καὶ βίαν μὲν ἐπάγειν
ἄκαιρον ᾤετο, καθωμίλει δ' ἐνίους καὶ παρηγόρει τῆς δεισιδαιμονίας
ἀφαιρούμενος. Οὐ μὴν ἔπειθεν, ἀλλ' ὑπὸ δυσχερείας ὧν ἐδόκουν ἐκεῖνον
πλημμελεῖν ὁμοθυμαδὸν ἐξεβόων, εἰ καὶ πάντα δοκοῖεν οἰστά, μὴ φέρειν
εἰκόνας ἀνθρώπων ἐν τῇ πόλει, τὰ τρόπαια λέγοντες· οὐ γὰρ εἶναι πάτριον
αὐτοῖς. <278> Ἡρώδης δὲ τεταραγμένους ὁρῶν καὶ μὴ ῥᾳδίως ἂν μεταπεσόντας,
εἰ μὴ τύχοιεν παρηγορίας, καλέσας αὐτῶν τοὺς ἐπιφανεστάτους εἰς τὸ θέατρον
παρήγαγεν καὶ δείξας τὰ τρόπαια, τί ποτ' ἔστιν ὃ δοκεῖ ταῦτα αὐτοῖς
ἐπύθετο. <279> Τῶν δὲ ἐκβοησάντων ἀνθρώπων εἰκόνες, ἐπιτάξας ἀφαιρεθῆναι
τὸν περιθέσιμον κόσμον ἐπιδείκνυσιν αὐτοῖς γυμνὰ τὰ ξύλα. Τὰ δ' εὐθὺς ἦν
ἀποσυληθέντα γέλως καὶ πλεῖστον εἰς διάχυσιν ἐδυνήθη τὸ καὶ πρότερον
αὐτοὺς ἐν εἰρωνείᾳ τίθεσθαι τὰς κατασκευὰς τῶν ἀγαλμάτων.
(3)<280> Τοῦτον δὲ τὸν τρόπον αὐτοῦ παρακρουσαμένου τὸ πλῆθος καὶ τὴν
ὁρμὴν ἣν ἐπεπόνθεισαν ἐξ ὀργῆς διαχέαντος, οἱ μὲν πλείους εἶχον ὡς
μεταβεβλῆσθαι καὶ μὴ χαλεπαίνειν ἔτι, <281> τινὲς δ' αὐτῶν ἐπέμενον τῇ
δυσχερείᾳ τῶν οὐκ ἐξ ἔθους ἐπιτηδευμάτων, καὶ τὸ καταλύεσθαι τὰ πάτρια
μεγάλων ἡγούμενοι ἀρχὴν κακῶν ὅσιον ᾠήθησαν ἀποκινδυνεῦσαι μᾶλλον ἢ δοκεῖν
ἐξαλλαττομένης αὐτοῖς τῆς πολιτείας περιορᾶν Ἡρώδην πρὸς βίαν ἐπεισάγοντα
τὰ μὴ δι' ἔθους ὄντα, καὶ λόγῳ μὲν βασιλέα, τῷ δ' ἔργῳ πολέμιον φαινόμενον
τοῦ παντὸς ἔθνους. <282> Ἐκ δὲ τούτου συνομοσάμενοι πάντα κίνδυνον
ὑποδύεσθαι δέκα τῶν πολιτῶν ἄνδρες, ξιφίδια τοῖς ἱματίοις ὑποβαλόντες,
<283> Ἦν δ' αὐτοῖς δι' ἀναξιοπάθειαν ὧν ἤκουεν καὶ τῶν διεφθορότων τις
τοὺς ὀφθαλμοὺς συνομωμοσμένος, οὐχ ὡς ἐνεργῆσαί τι καὶ δρᾶν εἰς τὴν
ἐπιχείρησιν ἱκανός, ἀλλ' ἐν ἑτοίμῳ κατατιθεὶς αὑτὸν παθεῖν εἴ τι κἀκείνοις
συμβαίνοι δυσχερές, ὥστε μὴ μετρίαν τὴν ὁρμὴν τοῖς ἐπιχειροῦσι δι' αὐτὸν
γενέσθαι,
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<267> 1. Dès lors il s'éloigna de plus en plus des coutumes nationales et
par l'introduction d'habitudes étrangères mina l'ancienne constitution,
jusque-là inattaquable ; ce qui nous fit alors et depuis le plus grand
tort, car on négligea tout ce que jadis était propre à entretenir le
peuple dans la piété. <268> Tout d'abord, en effet, il institua en
l'honneur de César des jeux, qui devaient être célébrés tous les quatre
ans ; il fit bâtir à Jérusalem un théâtre et dans la plaine un vaste
amphithéâtre, édifices remarquables par leur magnificence, mais contraires
aux habitudes des Juifs, car aucune tradition n'en autorisait l'usage ni
les spectacles qu'on y donnait. <269> Hérode cependant célébra avec le
plus grand éclat cette fête quinquennale, pour laquelle il adressait des
invitations aux voisins et convoquait tous les peuples. Il avait fait
venir de partout des athlètes et concurrents de toutes sortes, attirés par
les prix proposés et par la gloire que donnerait la victoire ; et l'on
réunit dans chaque ordre d'exercices les champions les plus illustres :
<270> car d'importantes récompenses furent proposées non seulement aux
exercices gymniques, mais encore aux musiciens et aux autres artistes
thyméliques, et l'on mit tout en oeuvre pour que les plus célèbres
vinssent les disputer. <271> Des prix de grande valeur furent aussi donnés
pour les courses de chars à quatre ou deux chevaux ainsi que pour les
courses de cavaliers ; et toutes les recherches de luxe et de magnificence
qui étaient déployées ailleurs furent imitées par Hérode dans son désir de
donner des fêtes qui missent sa grandeur en relief. <272> Tout autour du
théâtre furent disposées des inscriptions en l'honneur de César, des
trophées rappelant les peuples qu'il avait vaincus et conquis, le tout
exécuté en or pur et en argent. <273> Quant au matériel, il n’était
vêtements coûteux ou pierres précieuses dont on ne donnât le spectacle en
même temps que celui des jeux. On fit aussi venir des bêtes féroces, des
lions en grand nombre, ainsi que d'autres animaux, choisis parmi les plus
forts et les plus rares ; on les fit se déchirer entre eux, ou combattre
avec des condamnés. <274> Les étrangers furent frappés d'admiration par la
somptuosité déployée, en même temps que vivement intéressés par les
dangers de ce spectacle ; mais les indigènes voyaient là la ruine certaine
des coutumes en honneur chez eux : <275> car il était d'une impiété
manifeste de jeter des hommes aux bêtes, pour le plaisir que d'autres
hommes trouvaient à ce spectacle, impie également d'abandonner les moeurs
nationales pour en adopter d'étrangères. <276> Mais ce qui surtout les
chagrinait, c'était les trophées : croyant, en effet, qu’il y avait des
figures enfermées dans les panoplies, ils s'indignaient, car leurs lois
interdisaient d'honorer de semblables images.
<277> 2. Leur trouble n'échappa point à Hérode. Il jugea inopportun d'user
de violence et se contenta de causer avec quelques-uns d'entre eux, de les
raisonner pour essayer de les délivrer de leur scrupule religieux. Il ne
put les convaincre, et dans leur ressentiment pour toutes les offenses
dont il leur semblait coupable, ils déclaraient tout d'une voix que, tout
le reste leur parût-il supportable, ils ne pourraient admettre dans la
ville des représentations humaines - ils voulaient parler des trophées -,
car elles étaient contraires aux coutumes nationales. <278> Hérode, les
voyant inquiets et pensant qu'il serait difficile de les faire changer
d'avis, si l'on ne trouvait le moyen de les satisfaire, fit venir les
principaux d'entre eux et les conduisit au théâtre ; là, leur montrant les
trophées, il leur demanda ce qu'ils croyaient que ce pût être : <279> ils
s'écrièrent que c'étaient des figures humaines. Donnant alors l'ordre
d'enlever tous les ornements qui les recouvraient, il leur montra
l'armature de bois à nu. A les voir ainsi dépouillés, les mécontents ne
purent retenir leurs rires, et ce qui contribua le plus à la détente, fut
que déjà auparavant ils s'étaient moqués des images.
<280> 3. Quand Hérode eut ainsi détourné les soupçons du peuple et brisé
l'élan de colère qui l'avait soulevé, la plupart des Juifs se tinrent
tranquilles, changèrent de sentiment et revinrent de leur hostilité ;
<281> plusieurs cependant persistèrent dans le mécontentement que leur
causait l'introduction d'habitudes étrangères. Persuadés que la dérogation
aux coutumes nationales amènerait de grands malheurs, ils jugèrent qu'il
était de leur devoir de s'exposer eux-mêmes au danger de mort plutôt que
de paraître tolérer avec indifférence qu'Hérode, la constitution
bouleversée, introduisît par la force des habitudes contraires aux moeurs
juives, et fût en apparence le roi, en réalité l'ennemi du peuple entier.
<282> S'étant donc unis par le serment de ne reculer devant aucun péril,
dix citoyens s'armèrent de poignards cachés sous leur manteau ; <283>
parmi les conjurés, se trouvait un aveugle, poussé par l'indignation que
lui causaient les récits qu'il entendait ; incapable d'agir et de rien
faire pour aider à l'exécution du complot, il était cependant prêt à payer
de sa personne s'il arrivait malheur aux autres, et sa présence ne fut pas
un médiocre encouragement pour ceux-ci.
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