| [8,61] Ἐκείνῳ γ´ οὖν ταύτας ὁ δαίμων τὰς ἀρετὰς
 χαρισάμενος ἑτέρας οὐκ εὐτυχεῖς κῆράς τε καὶ ἄτας
 προσῆψε. τὸ γὰρ πρᾳὺ καὶ φαιδρὸν οὐκ ἐπῆν αὐτοῦ
 τοῖς τρόποις, οὐδὲ τὸ θεραπευτικὸν τῶν πέλας ἔν τ´
 ἀσπασμοῖς καὶ προσαγορεύσεσιν, οὐδὲ δὴ τὸ εὐδιάλλακτον καὶ 
μετριοπαθές, ὁπότε δι´ ὀργῆς τῳ γένοιτο,
 οὐδὲ ἡ πάντα τὰ ἀνθρώπινα ἐπικοσμοῦσα χάρις· ἀλλ´
 ἀεὶ πικρὸς καὶ χαλεπὸς ἦν. ταῦτά τε δὴ αὐτὸν ἐν
 πολλοῖς ἔβλαψε, καὶ πάντων μάλιστα ἡ περὶ τὰ δίκαια 
 καὶ τὴν φυλακὴν τῶν νόμων ἄκρατός τε καὶ ἀπαράπειστος καὶ 
οὐθὲν τῷ ἐπιεικεῖ διδοῦσα ἀποτομία· ἔοικέ
 τ´ ἀληθὲς εἶναι τὸ ὑπὸ τῶν ἀρχαίων λεγόμενον φιλοσόφων, ὅτι 
μεσότητές εἰσιν, ἀλλ´ οὐκ ἀκρότητες αἱ
 τῶν ἠθῶν ἀρεταί, μάλιστα δ´ ἡ δικαιοσύνη. οὐ γὰρ
 μόνον ἐλλείπουσα τοῦ μετρίου πέφυκεν, ἀλλὰ καὶ ὑπερβάλλουσα 
αὐτοῖς τ´ οὐ λυσιτελής, ἀλλ´ ἔστιν ὅτ´ αἰτία
 μεγάλων συμφορῶν, καὶ εἰς θανάτους οἰκτροὺς καὶ
 λύμας ἀνηκέστους καταστρέφουσα. Μάρκιόν γ´ οὐδὲν
 ἦν ἕτερον ἄρα, ὃ τῆς πατρίδος ἐξήλασε καὶ τῶν ἄλλων
 ἀγαθῶν ἀνόνητον ἐποίησεν, ἢ τὸ ἀκριβὲς καὶ ἄκρον
 δίκαιον. τοῖς τε γὰρ δημόταις εἴκειν τὰ μέτρια δέον
 καὶ ἐφιέναι τι ταῖς ἐπιθυμίαις καὶ τὰ πρῶτα φέρεσθαι
 παρ´ αὐτοῖς, οὐκ ἠβουλήθη, ἀλλὰ πρὸς ἅπαντα τὰ μὴ
 δίκαια ἀντιλέγων μῖσος ἤγειρε καὶ ἐξηλάσθη πρὸς αὐτῶν· τῆς τε 
Οὐολούσκων στρατηγίας εὐθὺς ἅμα τῷ
 διαλῦσαι τὸν πόλεμον ἀπαλλαγῆναι παρὸν καὶ μετενέγκασθαι 
τὴν οἴκησιν ἑτέρωσέ ποι, τέως ἂν ἡ κάθοδος αὐτῷ δοθῇ ὑπὸ τῆς 
πατρίδος, καὶ μὴ παρασχεῖν
 αὑτὸν ἐχθρῶν ἐπιβουλαῖς καὶ ὄχλων ἀμαθίαις σκοπόν,
 οὐκ ἠξίωσεν, ἀλλ´ ὑπεύθυνον οἰόμενος δεῖν τὸ σῶμα
 παρασχεῖν τοῖς πεπιστευκόσι τὴν ἀρχὴν καὶ λόγον ἀποδοὺς ὧν 
ἔπραξε κατὰ τὴν ἡγεμονίαν, εἴ τι φαίνοιτο
 ἀδικῶν τὴν κατὰ νόμους ὑποσχεῖν δίκην, τῆς ἄκρας
 δικαιοσύνης οὐ καλοὺς ἀπέλαβε μισθούς. | [8,61] Parmi tant d'excellentes qualités dont le ciel lui fut si libéral, il y avait des 
imperfections qui devaient un jour lui être fatales. Il manquait de douceur 
dans ses mœurs : quand il parlait à ses amis ou qu'il conférait avec eux, il 
n'avait point ces manières honnêtes et  engageantes qui préviennent et  
qui gagnent le cœur. Etait-il en colère contre quelqu'un, il ne gardait 
aucune modération et ne se réconciliait pas aisément. En un mot, toujours 
revêche et difficile il n'avait rien de cet air poli et  insinuant, qui donne une 
certaine grâce à tout ce que l'on fait. De si grands défauts, 
particulièrement sa rigueur trop outrée, son amour excessif pour la justice, 
sa sévérité inexorable à faire observer les lois, sans ménagement, sans 
distinction et  sans aucun égard pour personne, lui firent beaucoup de tort 
dans plusieurs guerres. Ainsi je crois que les anciens philosophes ont eu 
raison de dire que les vertus morales, surtout la justice, consistent dans 
un certain milieu, et  non pas dans les extrémités. La justice en effet 
devient souvent nuisible à ceux qui la pratiquent, non seulement quand 
elle n'atteint pas jusqu'à une juste médiocrité, mais encore lorsqu'elle en 
passe les bornes. Quelquefois même elle est la cause des plus grands 
maux, puisqu'elle précipite les hommes dans une mort malheureuse et 
dans des dangers sans remède. Voila ce qui fit exiler Marcius : sa justice 
trop sévère et  trop exacte l'empêcha de jouir du fruit de ses vertus et de 
ses travaux. Au lieu de céder au peuple, en donnant quelque chose à ses 
passions, afin de s'en faire aimer, de parvenir aux premières dignités et  
de gagner l'amitié de ses citoyens y il se fit haïr et  chasser de sa patrie 
en s'opposant à tout ce qui lui paraissait injuste. Après avoir mis fin à la 
guerre des Volsques, il ne tenait qu'à lui de se démettre aussitôt , il 
pouvait se retirer ailleurs jusqu'à ce qu'on le rappelât à Rome, au lieu de 
se livrer lui-même aux embûches de ses ennemis et  à la fureur d'une 
multitude insensée. Mais il ne daigna pas prendre des précautions si 
nécessaires pour sa propre sûreté: quoiqu'il prévît bien ce qui pourrait lui 
en arriver, il crut qu'il devait comparaitre devant ceux qui lui avaient donné 
le commandement de l'armée, pour rendre compte de son administration, 
et  pour être puni selon les lois en cas qu'il se trouvât coupable. C'est 
ainsi que pour s'être trop exposé, il fut très mal récompensé de son 
attachement inviolable à la justice. |