[8,58] Ὁ δὲ Μάρκιος ἀντιλέγειν μὲν πρὸς οὐδέτερον τούτων
ἐδικαίου, περὶ δὲ τῆς τάξεως αὐτῶν
διεφέρετο λόγον ἀξιῶν ἀποδοῦναι πρότερον τῶν πεπραγμένων
αὐτῷ κατὰ τὸν πόλεμον, ἔπειτ´, ἐὰν ἅπασι
δόξῃ Οὐολούσκοις, ἀποθήσεσθαι τὴν ἀρχήν. τούτων
δ´ οὐ μίαν ᾤετο πόλιν δεῖν, ἐν ᾗ τὸ πλεῖον ὑπὸ τοῦ
Τύλλου διέφθαρτο μέρος, γενέσθαι κυρίαν, ἀλλὰ τὸ
ἔθνος ἅπαν εἰς τὴν ἔννομον ἀγορὰν συναχθέν, εἰς ἣν
ἔθος ἦν αὐτοῖς, ὅτι περὶ τῶν μεγίστων βουλεύεσθαι
μέλλοιεν, ἐξ ἁπάσης πόλεως προβούλους ἀποστέλλειν.
ὁ δὲ Τύλλος ἀντέλεγε πρὸς ταῦτα καλῶς εἰδώς, ὅτι
δεινὸς εἰπεῖν ἁνὴρ πολλῶν καὶ καλῶν ἔργων λόγον
ἀποδιδοὺς ἐν ἡγεμονικῷ ἀξιώματι μένων πείσει τὸ
πλῆθος, καὶ τοσούτου δεήσει τιμωρίαν προδοτῶν ὑποσχεῖν, ὥστε
καὶ λαμπρότερος ἔτι καὶ τιμιώτερος ὑπ´
αὐτῶν ἔσται, τόν τε πόλεμον, ὅπως ἂν βούληται, καταλύσασθαι
συγχωρησάντων ἁπάντων γενήσεται κύριος.
καὶ ἦν μέχρι πολλοῦ λόγων τε καὶ ἀντιμαχήσεων τῶν
ἐπ´ ἀλλήλοις γινομένων καθ´ ἑκάστην ἡμέραν ἐν ταῖς
ἐκκλησίαις καὶ κατὰ τὴν ἀγορὰν πολὺς ἀγών· ἔργῳ
γὰρ οὐχ οἷόν τ´ ἦν οὐδετέρῳ βιάσασθαι τὸν ἕτερον
τῆς ἰσοτίμου ἀρχῆς ἀξιώσει κρατυνόμενον. ὡς δ´ οὐδὲν
τῆς φιλονεικίας ἐγίνετο πέρας, ἡμέραν προειπὼν ὁ
Τύλλος, ἐν ᾗ τὸν Μάρκιον ἐκέλευσεν ἥκειν τὴν ἀρχὴν
ἀποθησόμενον καὶ δίκην ὑφέξοντα τῆς προδοσίας, θρασυτάτους
τ´ ἄνδρας εὐεργεσιῶν ἐλπίσιν ἐπάρας ἀρχηγοὺς ἀνοσίου ἔργου
γενέσθαι, παρῆν εἰς τὴν ἀποδειχθεῖσαν ἀγορὰν καὶ παρελθὼν ἐπὶ
τὸ βῆμα πολλῇ
κατηγορίᾳ ἐχρήσατο τοῦ Μαρκίου, καὶ εἰ μὴ βούλοιτο
ἀποθέσθαι τὴν ἀρχὴν ἑκών, τῷ δήμῳ παρεκελεύετο
παύειν αὐτὸν ἁπάσῃ δυνάμει.
| [8,58] Marcius ne refusait pas de faire ces deux choses, il ne se défendait
point de remettre sa
commission ni de rendre compte de sa conduite , mais il contestait sur
l'ordre et l'arrangement que son adversaire avait proposé. Il demandait à
se justifier d'abord sur la conduite qu'il avait tenue dans la guerre,
promettant de se démettre ensuite du commandement des troupes si tous
les Volsques en étaient d'avis. D'ailleurs il ne voulait pas qu'aucune ville
en particulier fût juge et maîtresse dans cette affaire, parce qu'il n'y en
avait pas une seule dont Attius n'eut gagné et corrompu la plupart des
citoyens : mais il demandait que sa cause fût décidée par les états de la
nation légitimement assemblés et composés des députés de toutes les
villes, comme c'était la coutume lorsqu'il s'agissait de délibérer de choses
importantes. Tullus de son côté, prétendait tout le contraire. Comme il
connaissait Marcius pour un homme très éloquent, il prévoyait bien, que
tant qu'il serait revêtu de sa dignité, il ne manquerait pas de persuader le
peuple en lui rendant compte de ses grands exploits , qu'ainsi, loin d'être
condamné comme coupable de trahison, il n'en deviendrait que plus
illustre, plus honoré et plus accrédité parmi les Volsques, et que toute
l'assemblée d'une commune voix, lui donnerait un pouvoir absolu de
terminer la guerre comme il le jugerait à propos. Ces contestations
durèrent fort longtemps : tous les jours ils faisaient tour à tour et avec
chaleur de nouveaux discours et de nouvelles réponses l'un contre
l'autre, tant dans les assemblées que dans la place publique, sans que ni
l'un ni l'autre osa en venir aux voies de fait, parce qu'ils avaient tous deux
la même dignité et un pouvoir égal.
IV. Enfin comme leurs disputes ne cessaient point, Tullus assigna
Marcius à comparaître à certain jour pour abdiquer sa charge de
commandant et pour se purger du crime de trahison. Cet ennemi
implacable suborna par de belles promesses une troupe de déterminés
pour exécuter son détestable dessein. Il se trouve à l'assemblée au jour
marqué , il monte sur son tribunal, il accuse Marcius sur plusieurs chefs,
il excite le peuple à {lui} faire violence, s'il ne veut pas de bon gré se
démettre de sa charge. Marcius monte sur un tribunal pour défendre sa
cause: mais la faction de Tullus fait tant de bruit qu'elle l'empêche de
parler : les plus déterminés crient aussitôt de toutes leurs forces, main
basse, tue, tue, en même temps ils entourent l'accusé, et l'assomment à
coups de pierres.
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