[8,59] Ἀναβάντος δὲ τοῦ ἀνδρὸς ἐπὶ τὴν ἀπολογίαν
βοή τε πολλὴ κωλύουσα τοὺς λόγους ἐκ τῆς
ἑταιρίας τῆς περὶ τὸν Τύλλον ἐγίνετο· καὶ μετὰ ταῦτα
Παῖε καὶ Βάλλε φωνοῦντες περιίστανται αὐτὸν οἱ θρασύτατοι καὶ
συναράττοντες τοῖς λίθοις ἀποκτιννύουσιν.
ἐρριμμένου δ´ αὐτοῦ χαμαὶ κατὰ τὴν ἀγορὰν οἵ τε
παραγενόμενοι τῷ πάθει καὶ οἱ μετὰ ταῦτ´ ἤδη νεκροῦ
ὄντος ἀφικόμενοι τόν τ´ ἄνδρα τῆς τύχης ὠδύροντο ὡς
οὐ καλὰς εἰληφότα παρὰ σφῶν ἀμοιβάς, ἐπιλεγόμενοι
πάντα ὅσα τὸ κοινὸν ὠφέλησε, καὶ τοὺς δράσαντας τὸν
φόνον ἐπόθουν λαβεῖν ὡς ἀνόμου ἔργου καὶ ἀσυμφόρου
ταῖς πόλεσιν ἄρξαντας, ἄνευ δίκης ἐν χειρῶν νόμῳ
τινὰ ἀποκτεῖναι καὶ ταῦθ´ ἡγεμόνα. μάλιστα δ´ ἠγανάκτουν οἱ
ταῖς στρατείαις αὐτοῦ παραγενόμενοι, καὶ
ἐπειδὴ ζῶντι αὐτῷ οὐχ ἱκανοὶ ἐγένοντο κωλυταὶ τῆς
συμφορᾶς, τὰς μετὰ τὸν θάνατον ὀφειλομένας ἔγνωσαν
ἀποδιδόναι χάριτας, συμφέροντες εἰς τὴν ἀγοράν, ὅσων
ἔδει τοῖς ἀγαθοῖς ἀνδράσιν εἰς τὴν ἀναγκαίαν τιμήν.
ἐπειδὴ δὲ πάντ´ εὐτρέπιστο, θέντες ἐπὶ στρωμνῆς ἐκπρεπεστάτῳ
ἠσκημένης κόσμῳ τὴν αὐτοκρατορικὴν
ἔχοντα ἐσθῆτα, καὶ πρὸ τῆς κλίνης αὐτοῦ φέρεσθαι
κελεύσαντες λάφυρά τε καὶ σκῦλα καὶ στεφάνους καὶ
μνήμας ὧν εἷλε πόλεων, ἤραντο τὴν κλίνην οἱ λαμπρότατοι τῶν
νέων ἐν τοῖς κατὰ πολέμους ἔργοις· καὶ
κομίσαντες εἰς τὸ προάστειον, ὃ μάλιστα ἦν ἐπιφανές,
ἔθεσαν ἐπὶ τὴν παρεσκευασμένην πυράν, συμπροπεμπούσης τὸ
σῶμα τῆς πόλεως ὅλης μετ´ οἰμωγῆς τε καὶ
δακρύων. ἔπειτα κατασφάξαντές τ´ αὐτῷ πολλὰ βοσκήματα καὶ
τῶν ἄλλων ἀπαρξάμενοι πάντων, ὅσων
ἄνθρωποι βασιλεῦσιν ἢ στρατιᾶς ἡγεμόσιν ἐπὶ πυραῖς
ἀπάρχονται, παρέμειναν οἱ μάλιστα τὸν ἄνδρα ἀσπαζόμενοι
μέχρι τοῦ μαρανθῆναι τὴν φλόγα, κἄπειτα συναγαγόντες τὰ
λείψανα ἔθαψαν ἐν τῷ αὐτῷ χωρίῳ
χώματι ὑψηλῷ διὰ πολυχειρίας ἐργασθέντι μνῆμα ἐπίσημον
ἐργασάμενοι.
| [8,59] V. Pendant que Marcius était étendu {par terre et} sans vie au milieu
de la place publique, ceux qui l'avaient vu assassiné, et ceux qui
survinrent après, ne purent s'empêcher de dire en déplorant son sort, qu'il
était bien mal récompensé de tant de services qu'il avait rendus à l'état.
Rappelant le souvenir de ses bienfaits et de tous les avantages, qu'il
avait procurés à la république des Volsques, ils auraient voulu tenir dans
le moment ces impies meurtriers, qui par un exemple pernicieux aux
autres villes de la nation, avaient osé tremper leurs mains sacrilèges dans
le sang de leur général sans avoir instruit et fait son procès. Ceux qui
avaient été témoins et compagnons de ses grands exploits de guerre
furent les plus indignés : comme ils n'avaient pas été assez puissants
pour le secourir pendant sa vie, ils voulurent au moins lui donner après sa
mort quelques marques de leur reconnaissance. Ils firent porter dans
la place publique tout ce qui pouvait être nécessaire pour rendre les
derniers honneurs à un homme de bien et d'un mérite distingué. Tous les
préparatifs faits, l'ayant revêtu de ses ornements de générai ils le mirent
sur un lit de parade superbement orné. On fit porter devant la pompe
funèbre les dépouilles qu'il avait remportées, les couronnes qu'il avait
méritées par sa valeur, les plans et les images des villes qu'il avait prises.
Les jeunes gens les plus illustres par leurs exploits de guerre, chargèrent
le lit de parade sur leurs épaules. Accompagnés de tout le peuple de la
ville qui fondait en larmes et qui faisait retentir l'air de ses gémissements,
ils portèrent son corps dans le principal faubourg, et le mirent sur un
bûcher qu'on lui avait préparé. On égorgea {plusieurs} victimes {en son
honneur}, on lui rendit tous les honneurs qu'on peut rendre à des rois ou à
des généraux d'armée : ses meilleurs amis attendirent que la flamme fût
éteinte, ils ramassèrent ses cendres et les enterrèrent au même endroit,
et mettant tous la main à l'œuvre, ils lui érigèrent un tombeau fort élevé
pour servir à la postérité de monument éternel.
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