[8,39] Αἱ δὲ γυναῖκες αὐτῶν, ὡς ἐγγὺς ὄντος
ἤδη τοῦ δεινοῦ, καταλιποῦσαι τῆς οἴκοι μονῆς τὸ εὐπρεπὲς ἔθεον
ἐπὶ τὰ τεμένη τῶν θεῶν ὀλοφυρόμεναί
τε καὶ προκυλιόμεναι τῶν ξοάνων· καὶ ἦν ἅπας μὲν
ἱερὸς τόπος οἰμωγῆς τε καὶ ἱκετείας γυναικῶν ἀνάπλεως,
μάλιστα δὲ τὸ τοῦ Καπετωλίου Διὸς ἱερόν.
ἔνθα δή τις αὐτῶν γένει τε καὶ ἀξιώματι προὔχουσα
καὶ ἡλικίας ἐν τῷ κρατίστῳ τότ´ οὖσα καὶ φρονῆσαι
τὰ δέοντα ἱκανωτάτη, Οὐαλερία μὲν ὄνομα, Ποπλικόλα
δὲ τοῦ συνελευθερώσαντος ἀπὸ τῶν βασιλέων τὴν πόλιν
ἀδελφή, θείῳ τινὶ παραστήματι κινηθεῖσα ἐπὶ τῆς
ἀνωτάτω κρηπῖδος ἔστη τοῦ νεὼ καὶ προσκαλεσαμένη
τὰς ἄλλας γυναῖκας πρῶτον μὲν παρεμυθήσατο καὶ
παρεθάρρυνεν ἀξιοῦσα μὴ καταπεπλῆχθαι τὸ δεινόν·
ἔπειτα ὑπέσχετο μίαν εἶναι σωτηρίας ἐλπίδα τῇ πόλει,
ταύτην δ´ ἐν αὐταῖς εἶναι μόναις καταλειπομένην, ἐὰν
ἐθελήσωσι πράττειν, ἃ δεῖ. καί τις εἶπεν ἐξ αὐτῶν·
Καὶ τί πράττουσαι ἂν ἡμεῖς αἱ γυναῖκες διασῶσαι δυνηθείημεν
τὴν πατρίδα τῶν ἀνδρῶν ἀπειρηκότων; τίς ἡ
τοσαύτη περὶ ἡμᾶς τὰς ἀσθενεῖς καὶ ταλαιπώρους ἐστὶν
ἰσχύς; Οὐχὶ ὅπλων, ἔφησεν ἡ Οὐαλερία, καὶ χειρῶν
δεομένη· τούτων μὲν γὰρ ἀπολέλυκεν ἡμᾶς ἡ φύσις·
ἀλλ´ εὐνοίας καὶ λόγου. βοῆς δὲ μετὰ τοῦτο γενομένης καὶ
δεομένων ἁπασῶν φανερὸν ποιεῖν, ἥτις ἐστὶν
ἡ ἐπικουρία, λέγει πρὸς αὐτάς· Ταύτην ἔχουσαι τὴν
πιναράν τε καὶ ἄκοσμον ἐσθῆτα καὶ τὰς ἄλλας παραλαβοῦσαι
γυναῖκας καὶ τὰ τέκνα ἐπαγόμεναι βαδίζωμεν
ἐπὶ τὴν Οὐετουρίας τῆς Μαρκίου μητρὸς οἰκίαν· καὶ
πρὸ τῶν γονάτων αὐτῆς τὰ τέκνα θεῖσαι, δεώμεθα
μετὰ δακρύων ἡμᾶς τ´ οἰκτείρασαν τὰς μηθενὸς κακοῦ
αἰτίας καὶ τὴν ἐν ἐσχάτοις κινδύνοις οὖσαν πατρίδα
προελθεῖν ἐπὶ τὸν χάρακα τῶν πολεμίων, ἄγουσαν τούς
θ´ υἱωνοὺς καὶ τὴν μητέρα αὐτῶν καὶ ἡμᾶς ἁπάσας·
ἀκολουθῶμεν γὰρ αὐτῇ τὰ παιδία ἐπαγόμεναι· ἔπειτα
ἱκέτιν γενομένην τοῦ τέκνου, ἀξιοῦν καὶ δεῖσθαι μηδὲν
ἀνήκεστον κατὰ τῆς πατρίδος ἐξεργάσασθαι. ὀλοφυρομένης γὰρ
αὐτῆς καὶ ἀντιβολούσης οἶκτός τις εἰσελεύσεται τὸν ἄνδρα καὶ
λογισμὸς ἥμερος. οὐχ οὕτω στερρὰν καὶ ἄτρωτον ἔχει καρδίαν,
ὥστ´ ἀνασχέσθαι μητέρα πρὸς τοῖς ἑαυτοῦ γόνασι κυλιομένην.
| [8,39] IV. PENDANT qu'on se donne tous ces mouvements, les dames
Romaines effrayées par la grandeur du péril qui les menace, semblent
oublier en cette occasion les règles de la bienséance. Elles sortent de
leurs maisons en désordre et se réfugient dans les temples. Là elles
déplorent leur infortune, se jettent aux pieds des autels et embrassent les
statues des dieux. Bientôt tous les lieux saints sont remplis de femmes
éplorées, surtout le temple de Jupiter Capitolin retentit de leurs cris, de
leurs gémissements, de leurs prières.
V. DANS cette consternation générale, une dame aussi distinguée
par son mérite que par sa naissance, donna des marques d'une prudence
singulière. Elle se nommait Valérie, et était sœur de ce Valerius Poplicola
qui avait contribué à délivrer la ville de Rome de la tyrannie des rois, elle
était dans un âge mûr et capable de donner de bons conseils. Par une
espèce d'inspiration divine, Valérie monte au haut des degrés du temple.
De là elle assemble les Romaines : elle les console d'abord, elle les
rassure, les encourage, les prie de ne se point épouvanter à la vue du
péril ; puis elle leur déclare qu'il y a encore quelque espérance de salut
pour la patrie, et que l'unique ressource dépend d'elles pourvu qu'elles
veuillent faire leur devoir. Alors une de la troupe prenant la parole :
« Hé ! Quel moyen avons-nous, dit-elle, pour sauver la patrie ! que
ferons-nous, nous autres femmes, dans un temps où les hommes mêmes
ont perdu toute espérance ? Quel pouvoir avons nous ? Quel fond peut-on
faire sur un sexe faible et déjà accablé sous le poids de son infortune ?
Il n'est point ici besoin, reprend Valérie, ni de la force des bras ni de
celle des armes ; la nature nous a dispensées d'en faire usage : mais il
s'agit d'employer les remontrances, les discours, les charmes et toute
la tendresse que nous sommes capables d'inspirer ».
Aussitôt il s'élève un cri par toute l'assemblée, et on la conjure de
dire si elle a trouvé quelque moyen pour remédier aux malheurs publics.
« Prenons, leur dit Valérie, les autres dames et nos enfants avec
nous. Allons avec ces habits de deuil chez Véturie, mère de Marcius,
mettons nos enfants à ses pieds ; conjurons-la d'avoir pitié de nous et de
notre patrie qui se trouve dans le dernier danger, représentons-lui que
nous ne sommes point en faute : engageons-la à aller avec ses petits fils
et leur mère au camp de Marcius, et à nous mener toutes avec elle, car il
faut que nous l'accompagnions, nous et nos enfants. Obtenons qu'elle
conjure son fils, par les motifs les plus pressant, d'épargner sa patrie. La
colère de Marcius se désarmera sans doute. Touché de compassion et
attendri par les larmes d'une mère qu'il aime comme un bon fils, il a le
cœur trop bien placé pour ne pas prendre part à ses douleurs ou pour
souffrir qu'elle se prosterne à ses pieds. »
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