[525] ἀλλὰ διαμεμαστιγωμένην καὶ οὐλῶν μεστὴν ὑπὸ (525a) ἐπιορκιῶν καὶ ἀδικίας, ἃ
ἑκάστη ἡ πρᾶξις αὐτοῦ ἐξωμόρξατο εἰς τὴν ψυχήν, καὶ πάντα σκολιὰ ὑπὸ
ψεύδους καὶ ἀλαζονείας καὶ οὐδὲν εὐθὺ διὰ τὸ ἄνευ ἀληθείας τεθράφθαι· καὶ
ὑπὸ ἐξουσίας καὶ τρυφῆς καὶ ὕβρεως καὶ ἀκρατίας τῶν πράξεων ἀσυμμετρίας τε
καὶ αἰσχρότητος γέμουσαν τὴν ψυχὴν εἶδεν· ἰδὼν δὲ ἀτίμως ταύτην ἀπέπεμψεν
εὐθὺ τῆς φρουρᾶς, οἷ μέλλει ἐλθοῦσα ἀνατλῆναι τὰ προσήκοντα πάθη. (525b)
προσήκει δὲ παντὶ τῷ ἐν τιμωρίᾳ ὄντι, ὑπ' ἄλλου ὀρθῶς τιμωρουμένῳ, ἢ βελτίονι
γίγνεσθαι καὶ ὀνίνασθαι ἢ παραδείγματι τοῖς ἄλλοις γίγνεσθαι, ἵνα ἄλλοι
ὁρῶντες πάσχοντα ἃ ἂν πάσχῃ φοβούμενοι βελτίους γίγνωνται. εἰσὶν δὲ οἱ μὲν
ὠφελούμενοί τε καὶ δίκην διδόντες ὑπὸ θεῶν τε καὶ ἀνθρώπων οὗτοι οἳ ἂν ἰάσιμα
ἁμαρτήματα ἁμάρτωσιν· ὅμως δὲ δι' ἀλγηδόνων καὶ ὀδυνῶν γίγνεται αὐτοῖς ἡ
ὠφελία καὶ ἐνθάδε καὶ ἐν Ἅιδου· οὐ γὰρ οἷόν τε ἄλλως ἀδικίας ἀπαλλάττεσθαι.
(525c) οἳ δ' ἂν τὰ ἔσχατα ἀδικήσωσι καὶ διὰ τὰ τοιαῦτα ἀδικήματα ἀνίατοι
γένωνται, ἐκ τούτων τὰ παραδείγματα γίγνεται, καὶ οὗτοι αὐτοὶ μὲν οὐκέτι
ὀνίνανται οὐδέν, ἅτε ἀνίατοι ὄντες, ἄλλοι δὲ ὀνίνανται οἱ τούτους ὁρῶντες διὰ
τὰς ἁμαρτίας τὰ μέγιστα καὶ ὀδυνηρότατα καὶ φοβερώτατα πάθη πάσχοντας τὸν
ἀεὶ χρόνον, ἀτεχνῶς παραδείγματα ἀνηρτημένους ἐκεῖ ἐν Ἅιδου ἐν τῷ
δεσμωτηρίῳ, τοῖς ἀεὶ τῶν ἀδίκων ἀφικνουμένοις θεάματα καὶ νουθετήματα.
(525d) ὧν ἐγώ φημι ἕνα καὶ Ἀρχέλαον ἔσεσθαι, εἰ ἀληθῆ λέγει πῶλος, καὶ ἄλλον
ὅστις ἂν τοιοῦτος τύραννος ᾖ· οἶμαι δὲ καὶ τοὺς πολλοὺς εἶναι τούτων τῶν
παραδειγμάτων ἐκ τυράννων καὶ βασιλέων καὶ δυναστῶν καὶ τὰ τῶν πόλεων
πραξάντων γεγονότας· οὗτοι γὰρ διὰ τὴν ἐξουσίαν μέγιστα καὶ ἀνοσιώτατα
ἁμαρτήματα ἁμαρτάνουσι. μαρτυρεῖ δὲ τούτοις καὶ Ὅμηρος· βασιλέας γὰρ καὶ
δυνάστας ἐκεῖνος πεποίηκεν (525e) τοὺς ἐν Ἅιδου τὸν ἀεὶ χρόνον τιμωρουμένους,
Τάνταλον καὶ Σίσυφον καὶ Τιτυόν· Θερσίτην δέ, καὶ εἴ τις ἄλλος πονηρὸς ἦν
ἰδιώτης, οὐδεὶς πεποίηκεν μεγάλαις τιμωρίαις συνεχόμενον ὡς ἀνίατον — οὐ γὰρ
οἶμαι ἐξῆν αὐτῷ· διὸ καὶ εὐδαιμονέστερος ἦν ἢ οἷς ἐξῆν — ἀλλὰ γάρ, ὦ Καλλίκλεις,
| [525] il voit que le parjure et l'injustice l'ont en quelque sorte flagellée
et couverte de cicatrices dont ces vices ont laissé l'empreinte
dans son âme; que le mensonge et la vanité y
ont tracé mille détours obliques; qu'il n'y a rien de
droit en elle, parce qu'elle a été élevée loin de la vérité.
Il voit que la puissance sans bornes, la mollesse, la licence,
le dérèglement ont rempli cette âme de désordre
et d'infamie. A cette vue, il l'envoie ignominieusement
à la prison, où elle ne sera pas plus tôt arrivée, qu'elle
subira les châtiments qu'elle mérite.
LXXXI. Or, il convient que tout homme qui subit
une peine, s'il est châtié justement par un autre, ou en
devienne meilleur et tire avantage de la punition, ou
serve d'exemple aux autres, afin qu'étant témoins des
tourments qu'il souffre, ils en craignent autant pour
eux-mêmes, et qu'ainsi ils travaillent à s'amender. Mais
pour tirer profit de la punition et satisfaire la justice
des dieux et des hommes, les fautes doivent être de nature
à pouvoir s'expier. Toutefois, même alors, ce n'est
que par les douleurs et les souffrances que l'expiation
s'accomplit et devient profitable ici et dans l'autre
monde : car il n'est pas possible d'être délivré autrement
de l'injustice. Pour ceux qui ont commis les plus
grands crimes et que leurs forfaits ont rendus incucurables,
on fait sur eux des exemples. Leur supplice
ne leur est d'aucune utilité, parce qu'ils sont incapables
de guérison ; mais c'est utile aux autres qui
voient les tourments extrêmes, atroces, effroyables,
que ces hommes souffrent à jamais pour leurs crimes,
étant en quelque sorte suspendus dans la prison des
enfers, comme un exemple servant tout à la fois de
spectacle et d'avertissement à tous les méchants, qui
sans cesse y arrivent. De ce nombre sera certainement
Archélatis, si ce que Polus a dit de lui est vrai, ainsi
que tout autre tyran qui lui ressemblera. Je crois même
que la plupart de ceux qui sont donnés ainsi en spectacle
sont des tyrans, des rois, des potentats, des
hommes d'État. Car ce sont eux qui, à cause du pouvoir
dont ils sont revêtus, commettent les actions les plus
injustes et les plus impies. J'invoque ici le témoignage
d'Homère. Ceux qu'il représente comme tourmentés
éternellement aux enfers, sont des rois et des potentats,
comme Tantale, Sisyphe, Tithye. Quand à Thersite, ou
tout autre méchant ayant vécu dans une condition
privée, aucun poète ne l'a représenté en proie aux plus
grands supplices comme incurable, sans doute parce
qu'il n'avait pas eu tout pouvoir : en quoi il était plus
heureux que ceux qui pouvaient tout.
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