[8,37] Ταῦτα ψηφισαμένης τῆς βουλῆς καὶ
πρεσβευτὰς ἑτέρους ἑλομένης δέκα ἄνδρας ἐκ τῶν ὑπατικῶν τοὺς
ἀξιώσοντας τὸν ἄνδρα μηθὲν ἐκφέρειν
ἐπίταγμα βαρὺ μηδ´ ἀνάξιον τῆς πόλεως, ἀλλὰ καταλύσαντα τὴν
ἔχθραν καὶ ἀναστήσαντα τὴν δύναμιν ἐκ
τῆς χώρας πειθοῖ καὶ διὰ λόγων συμβατηρίων ταῦτα
πειρᾶσθαι πράττειν, εἰ βούλεται βεβαίους τε καὶ εἰς
ἀεὶ διαμενούσας ποιήσασθαι τὰς ὁμολογίας τῶν πόλεων,
ὡς τῶν γε ὑπ´ ἀνάγκης τινὸς ἢ καιροῦ συγχωρουμένων καὶ
ἰδιώταις καὶ πόλεσιν ἅμα τῷ μεταπεσεῖν
τοὺς καιροὺς ἢ τὰς ἀνάγκας εὐθὺς διαλυομένων· οἱ
μὲν ἀποδειχθέντες ὑπ´ αὐτῆς πρέσβεις ἅμα τῷ πυθέσθαι τὴν
παρουσίαν τοῦ Μαρκίου πορευθέντες ὡς αὐτὸν πολλὰ ἐπαγωγὰ
διελέγοντο φυλάττοντες καὶ ἐν
τοῖς λόγοις τὸ ἀξίωμα τῆς πόλεως. ὁ δὲ Μάρκιος
ἄλλο μὲν οὐδὲν αὐτοῖς ἀπεκρίνατο, συνεβούλευε δὲ
κρεῖττόν τι βουλευσαμένους ἥκειν τριῶν ἐντὸς ἡμερῶν·
ταύτας γὰρ αὐτοῖς ἔσεσθαι μόνας ἀνοχὰς τοῦ πολέμου.
βουλομένων δέ τι πρὸς ταῦτα λέγειν τῶν ἀνδρῶν οὐκ
ἐπέτρεψεν, ἀλλ´ ἀπιέναι τὴν ταχίστην ἐκέλευσεν ἐκ τοῦ
χάρακος, ἀπειλήσας ὡς, εἰ μὴ ποιήσουσιν, ὡς κατασκόποις
χρήσεται· κἀκεῖνοι σιωπῇ ἀπιόντες εὐθὺς
ᾤχοντο. μαθόντες δ´ οἱ βουλευταὶ παρὰ τῶν πρέσβεων τὰς
αὐθάδεις ἀποκρίσεις τε καὶ ἀπειλὰς τοῦ
Μαρκίου στρατιὰν μὲν ὑπερόριον ἐξάγειν οὐδὲ τότε
ἐψηφίσαντο, εἴτε τὸ ἀπειροπόλεμον τῶν σφετέρων στρατιωτῶν·
νεοσύλλεκτοι γὰρ οἱ πλείους ἦσαν αὐτῶν· εὐλαβηθέντες, εἴτε τὴν
ἀτολμίαν τῶν ὑπάτων· ἥκιστα
γὰρ ἐν αὐτοῖς τὸ δραστήριον ἦν· σφαλερὰν ἡγησάμενοι
τηλικοῦτον ἀναιρεῖσθαι ἀγῶνα, εἴτ´ ἄρα καὶ τοῦ δαιμονίου σφίσιν
ἐναντιουμένου πρὸς τὴν ἔξοδον δι´
οἰωνῶν ἢ χρησμῶν Σιβυλλείων ἤ τινος ὀττείας πατρίου, ὧν οὐκ
ἠξίουν οἱ τότ´ ἄνθρωποι καθάπερ οἱ
νῦν ὑπερορᾶν· φυλάττειν δὲ τὴν πόλιν ἐπιμελεστέρᾳ
φυλακῇ καὶ ἀπὸ τῶν ἐρυμάτων τοὺς ἐπιόντας ἀμύνεσθαι διέγνωσαν.
| [8,37] III. Sur la résolution que je viens de dire, le sénat choisit dix autres
consulaires qu'il députa à Marcius pour l'engager à ne rien demander ni
ordonner de trop dur ou d'indigne de la ville de Rome, à mettre bas toute
inimitié, à retirer son armée de dessus les terres de la république, à
n'employer que les remontrances, les conférences et les discours dans
toute la négociation de la paix, s'il voulait conclure une alliance durable et
permanente entre les deux nations. Ils avaient ordre de lui représenter
que tous les traités, tant particuliers que publics, qui ne se font que par
contrainte et pour céder au temps, ne sont pas de longue durée, et
qu'on ne les observe plus dès que les raisons de nécessité cessent.
IV. Les députés du sénat partirent aussitôt qu'ils eurent apris que
Marcius était de retour. Ils lui firent plusieurs discours pour le gagner,
mais en conservant toujours dans leurs paroles la dignité de la ville de
Rome. Marcius ne leur répondit autre chose, sinon qu'ils pouvaient revenir
dans trois jours après s'être mieux consultés, que c'était-là la seule
trêve qu'il leur accorderait. Ils voulurent répliquer à cette réponse trop
fière, mais Marcius les interrompit et leur ordonna de sortir promptement
de son camp, avec menaces de les traiter comme espions s'ils
n'obéïssaient au plutôt. Alors les envoyés gardèrent un profond silence et
se mirent en chemin pour retourner à Rome. Ils firent leur rapport au
sénat, qui fut extrêmement piqué de l'arrogance avec laquelle Marcius les
avait traités. Néanmoins il ne jugea pas à propos de mettre
précipitamment une armée en campagne, soit qu'il comptât peu sur des
soldats sans expérience et sur ses nouvelles levées ; soit qu'il lui parût
trop dangereux de s'en rapporter dans une affaire de cette importance à
des consuls timides, peu guerriers, et sans vigueur, soit enfin qu'il en fût
détourné par la crainte des dieux, par les oracles des Sibylles, ou par
quelque autre motif de religion : car alors, on ne méprisait pas toutes ces
choses comme on fait aujourd'hui. Il se contenta de faire garder la ville
par une nombreuse garnison, afin de repousser l'ennemi de dessus les
remparts s'il venait les attaquer.
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