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[15] Δηοῦς δὲ μυστήρια καὶ Διὸς πρὸς μητέρα Δήμητρα ἀφροδίσιοι
συμπλοκαὶ καὶ μῆνις (οὐκ οἶδ' ὅ τι φῶ λοιπὸν μητρὸς ἢ γυναικός) τῆς
Δηοῦς, ἧς δὴ χάριν Βριμὼ προσα γορευθῆναι λέγεται, ἱκετηρίαι Διὸς καὶ
πόμα χολῆς καὶ καρδιουλκίαι καὶ ἀρρητουργίαι·
ταὐτὰ οἱ Φρύγες τελίσκουσιν Ἄττιδι καὶ Κυβέλῃ καὶ
Κορύβασιν. Τεθρυλήκασιν δὲ ὡς ἄρα ἀποσπάσας ὁ Ζεὺς τοῦ κριοῦ τοὺς
διδύμους φέρων ἐν μέσοις ἔρριψε τοῖς κόλποις τῆς Δηοῦς, τιμωρίαν ψευδῆ
τῆς βιαίας συμπλοκῆς ἐκτιννύων, ὡς ἑαυτὸν δῆθεν ἐκτεμών. (2.15.3) Τὰ
σύμβολα τῆς μυήσεως ταύτης ἐκ περιουσίας παρατε θέντα οἶδ' ὅτι κινήσει
γέλωτα καὶ μὴ γελασείουσιν ὑμῖν διὰ τοὺς ἐλέγχους· "Ἐκ τυμπάνου ἔφαγον·
ἐκ κυμβάλου ἔπιον· ἐκιρνοφόρησα· ὑπὸ τὸν παστὸν ὑπέδυν." Ταῦτα οὐχ
ὕβρις τὰ σύμβολα; Οὐ χλεύη τὰ μυστήρια;
| [15] Et les mystères de Cérès, que présentent-ils autre chose que
l'incestueux commerce de Jupiter avec Cérès, dirai-je maintenant sa mère
ou sa femme ? De là, dit-on, lui est venu le surnom de Brimo, qui veut dire
furieuse. Que voyez-vous encore dans ces mystères? un Jupiter qui
supplie, du fiel qu'on avale, un cœur qu'on arrache, et des turpitudes
qu'on ne peut exprimer.
Les Phrygiens célèbrent de semblables mystères en l'honneur
d'Atys, de Cybèle et des Corybantes. On raconte que Jupiter arracha les
testicules d'un bélier et les jeta dans le sein de Cérès, lui laissant croire
qu'il s'était mutilé volontairement, pour expier sur lui-même l'outrage et la
violence dont il s'était rendu coupable à son égard. Les glorieux symboles
de cette initiation, qu'on étale si volontiers, nous feraient rire, malgré notre
envie de pleurer, à la vue de vos mystères dévoilés. « J'ai mangé du
tambour, répète-t-on, j'ai bu de la cymbale, j'ai porté la coupe, je suis
entré secrètement dans le lit nuptial. » Les nobles symboles! les augustes
mystères !
| [16] Τί δ' εἰ καὶ τὰ ἐπίλοιπα προσθείην; Κυεῖ μὲν ἡ Δημήτηρ,
ἀνατρέφεται δὲ ἡ Κόρη, μίγνυται δ' αὖθις ὁ γεννήσας οὑτοσὶ Ζεὺς τῇ
Φερεφάττῃ, τῇ ἰδίᾳ θυγατρί, μετὰ τὴν μητέρα τὴν Δηώ, ἐκλαθόμενος τοῦ
προτέρου μύσους, πατὴρ καὶ φθορεὺς κόρης ὁ Ζεύς, καὶ μίγνυται δράκων
(2.16.2) γενόμενος, ὃς ἦν ἐλεγχθείς. Σαβαζίων γοῦν μυστηρίων σύμβολον
τοῖς μυουμένοις ὁ διὰ κόλπου θεός· δράκων δέ ἐστιν οὗτος, διελκόμενος
τοῦ κόλπου τῶν τελουμένων, (2.16.3) ἔλεγχος ἀκρασίας Διός. Κυεῖ καὶ ἡ
Φερέφαττα παῖδα ταυρόμορφον· ἀμέλει, φησί τις ποιητὴς εἰδωλικός, ...
ταῦρος πατὴρ δράκοντος καὶ πατὴρ ταύρου δράκων, ἐν ὄρει τὸ κρύφιον,
βουκόλος, τὸ κέντρον, βουκολικόν, οἶμαι, κέντρον τὸν νάρθηκα ἐπικαλῶν,
ὃν δὴ ἀναστέφουσιν οἱ βάκχοι.
| [16] Et le reste, vous le dirai-je ? Cérès conçoit de Jupiter et met au
monde une fille qu'on appela Coré ou Proserpine; et voilà que ce Jupiter,
après avoir corrompu la mère, corrompt la fille ; c'est ainsi qu'il répare son
premier crime. Il est tout à la fois le père et le corrupteur de Coré; pour
arriver à ses fins, il s'était caché sous la forme d'un serpent, de manière
cependant qu'on put encore le reconnaître. Quel est, en effet, le symbole
offert aux initiés dans les mystères bachiques ? Un dieu qui se glisse
furtivement dans leur sein, et ce Dieu, c'est un reptile qu'on retire du sein
des adeptes. Preuve incontestable de la lubricité de Jupiter; Proserpine
accouche et met au monde un taureau, comme le chante un poète,
fervent adorateur des idoles : « Le taureau est père du dragon et le
dragon père du taureau : le pâtre cache son aiguillon dans la montagne. »
Que veut-il faire entendre par cet aiguillon ? N'est-ce pas l'élégante férule
que les prêtres du dieu entourent de feuillage ?
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