[13,14] (Θεόφραστος δ' ἐν τῷ ᾿Ερωτικῷ Χαιρήμονά φησι τὸν
τραγικὸν λέγειν, ὡς τὸν οἶνον τῶν χρωμένων <τοῖς τρόποις>
κεράννυσθαι, οὕτως καὶ τὸν ῎Ερωτα· ὃς μετριάζων μέν ἐστιν
εὔχαρις, ἐπιτεινόμενος δὲ καὶ διαταράττων χαλεπώτατος - - -
διόπερ ὁ ποιητὴς οὗτος οὐ κακῶς αὐτοῦ τὰς δυνάμεις
διαιρῶν φησι 'δίδυμα {γὰρ} τόξα αὐτὸν ἐντείνεσθαι χαρίτων,
τὸ μὲν ἐπ' εὐαίωνι τύχᾳ, τὸ δ' ἐπὶ συγχύσει βιοτᾶς.')
῾Ο δ' αὐτὸς ποιητὴς καὶ περὶ τῶν ἐρώντων ἐν τῷ
ἐπιφραφομένῷ Τραυματίᾳ φησὶν οὕτως·
Τίς οὐχί φησι τοὺς ἐρῶντας ζῆν μόνους,
<οὓς> δεῖ γε πρῶτον μὲν στρατευτικωτάτους
εἶναι πονεῖν τε δυναμένους τοῖς σώμασιν
μάλιστα προσεδρεύειν τ' ἀρίστους τῷ πόθῳ,
ποιητικούς, ἰταμούς, προθύμους, εὐπόρους
ἐν τοῖς ἀπόροις, βλέποντας ἀθλιωτάτους.
Θεόφιλος δ' ἐν τῷ Φιλαύλῳ·
Τίς φησὶ τοὺς ἐρῶντας οὐχὶ νοῦν ἔχειν;
ἦ πού τίς ἐστι τοὺς τρόπους ἀβέλτερος.
Εἰ γὰρ ἀφέλοι τις τοῦ βίου τὰς ἡδονάς,
καταλείπετ' οὐδὲν ἄλλο πλὴν τεθνηκέναι.
᾿Εγὼ μὲν οὖν καὐτὸς κιθαριστρίας ἐρῶν,
παιδὸς κόρης, οὐ νοῦν ἔχω πρὸς τῶν θεῶν;
κάλλει καλῆς, μεγέθει μεγάλης, τέχνῃ σοφῆς·
ἥν ἐστ' ἰδειν ἥδιον ἢ τὸ θεωρίκον
ἔχουσιν ὑμιν διανέμειν ἑκάστοτε.
᾿Αριστοφῶν δὲ ἐν Πυθαγοριστῇ·
Εἶτ' οὐ δικαίως ἔστ' ἀπεψηφισμένος
ὑπὸ τῶν θεῶν τῶν δώδεκ' εἰκότως <τ'> ῎Ερως;
᾿Ετάραττε κἀκείνους γὰρ ἐμβάλλων στάσεις,
ὅτ' ἦν μετ' αὐτῶν. ῾Ως δὲ λίαν ἦν θρασὺς
καὶ σοβαρός, ἀποκόψαντες αὐτοῦ τὰ πτερά,
ἵνα μὴ πέτηται πρὸς τὸν οὐρανὸν πάλιν,
δεῦρ' αὐτὸν ἐφυγάδευσαν ὡς ἡμᾶς κάτω,
τὰς δὲ πτέρυγας ἃς εἶχε τῇ Νίκῃ φορεῖν
ἔδοσαν, περιφανὲς σκῦλον ἀπὸ τῶν πολεμίων.
Περὶ δὲ τοῦ ἐρᾶν ῎Αμφις ἐν Διθυράμβῳ φησίν·
Τί φῄς; σὺ ταυτὶ προσδοκᾷς πείσειν ἐμέ,
ὡς ἔστ' ἐραστὴς ὅστις ὡραῖον φιλῶν
τρόπων ἐραστής ἐστι, τὴν ὄψιν παρείς;
ἄφρων γ' ἀληθῶς. Οὔτε τοῦτο πείθομαι
οὔθ' ὡς πένης ἄνθρωπος ἐνοχλῶν πολλάκις
τοῖς εὐπροροῦσιν οὐ λαβεῖν τι βούλεται.
῎Αλεξις ῾Ελένῃ·
῾Ως ὅστις αὐτῆς <τῆς> ἀκμῆς τῶν σωμάτων
ἐρᾷ, τὸν ἄλλον δ' οὐδὲ γινώσκει λόγον,
τῆς ἡδονῆς ἐστ', οὐχὶ τῶν φίλων φίλος,
ἀδικεῖ τε τὸν ῎Ερωτ' ἐμφανῶς θνητὸς θεόν,
ἄπιστον αὐτον πᾶσι τοῖς ἄμμοις ποιῶν.
| [13,14] Théophraste, dans son Traité de l'Amour, cite le
poète tragique Chérémon :
«Comme le vin coupé d’eau tempère les ardeurs des buveurs, il en est
aussi d’Éros. Quand on s’y adonne avec modération, il est aimable ; mais
qu’on y goûte avec excès, on bascule dans le désordre et il devient cruel.»
C’est pourquoi ce poète, faisant la part des choses sur les
effets d'Éros, ajoute ceci :
«Il tend deux flèches avec son arc : l’une nous apporte une vie
délicieuse, l’autre sème la ruine dans notre existence.»
Dans sa pièce L'homme blessé, le même poète parle des
amoureux en ces termes :
«"Disons-le ! les amoureux sont les seuls à vivre authentiquement.
D'abord, pareils aux soldats, ils sont toujours sur le pied de guerre ; leurs
corps doivent subir maintes et douloureuses contraintes ; ils doivent aussi
garder patience dans la conquête de leur désir, et pour cela, faire montre
d’ingéniosité, d’ardeur, de courage face aux épreuves les plus aiguës.»
Théophilos dit dans son Amateur de flûte :
«Qui ose prétendre que les amoureux sont sans cervelle ? Celui qui
l’affirme est certainement lui-même un abruti. En effet, si l’on supprimait
les plaisirs de la vie, il ne resterait plus qu'à mourir. Tenez, moi, j'aime
une joueuse de flûte, une jeune fille : serais-je stupide, par tous les
dieux ? Elle est superbe, d’une belle taille, experte dans son art. Et
franchement, il m’est plus agréable de la regarder que de distribuer des
billets aux pauvres pour qu’ils aillent au théâtre.»
Quant à Aristophon, il écrit ceci dans son Disciple de Pythagore:
«N'est-ce pas justice qu'Éros ait été banni de leur domaine par les
douze dieux ? Il avait la méchante habitude de les importuner et de semer
la discorde quand il vivait en leur compagnie. Il était tellement insolent et
arrogant qu’ils finirent par lui couper les ailes pour l'empêcher de voler à
nouveau dans le ciel. Ils l’exilèrent ici, sur terre, donnant les ailes à la
seule Victoire, comme un butin pris à l’ennemi.»
Et au sujet de l'amour, Amphis dit dans son Dithyrambe :
«Mais que me dis-tu ? Tu crois être convaincant en m’affirmant qu’un amoureux véritable est celui qui
n’aime que la beauté morale sans se soucier de la beauté physique ? Tu es un sot ! ! Crois-tu qu’un pauvre
hère tracasse sans cesse les richards sans arrière-pensée manifeste ?»
En revanche, Alexis dit dans son Hélène :
«Quand on aime l’éclat vigoureux d’un corps, en faisant abstraction
de tout le reste, on est amoureux seulement de son propre plaisir, et non
de ses amis : on commet là une faute grave, au point de rendre suspect la
figure du dieu chez nos beaux garçons.»
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