[380] οὐδὲ θεῶν ἔριν τε καὶ κρίσιν (380a) διὰ Θέμιτός τε καὶ Διός, οὐδ’ αὖ,
ὡς Αἰσχύλος λέγει, ἐατέον ἀκούειν τοὺς νέους, ὅτι—
θεὸς μὲν αἰτίαν φύει βροτοῖς,
ὅταν κακῶσαι δῶμα παμπήδην θέλῃ.
ἀλλ’ ἐάν τις ποιῇ ἐν οἷς ταῦτα τὰ ἰαμβεῖα ἔνεστιν, τὰ τῆς Νιόβης πάθη, ἢ
τὰ Πελοπιδῶν ἢ τὰ Τρωικὰ ἤ τι ἄλλο τῶν τοιούτων, ἢ οὐ θεοῦ ἔργα ἐατέον
αὐτὰ λέγειν, ἢ εἰ θεοῦ, ἐξευρετέον αὐτοῖς σχεδὸν ὃν νῦν ἡμεῖς λόγον
ζητοῦμεν, καὶ (b) λεκτέον ὡς ὁ μὲν θεὸς δίκαιά τε καὶ ἀγαθὰ ἠργάζετο, οἱ
δὲ ὠνίναντο κολαζόμενοι· ὡς δὲ ἄθλιοι μὲν οἱ δίκην διδόντες, ἦν δὲ δὴ ὁ
δρῶν ταῦτα θεός, οὐκ ἐατέον λέγειν τὸν ποιητήν. ἀλλ’ εἰ μὲν ὅτι
ἐδεήθησαν κολάσεως λέγοιεν ὡς ἄθλιοι οἱ κακοί, διδόντες δὲ δίκην
ὠφελοῦντο ὑπὸ τοῦ θεοῦ, ἐατέον· κακῶν δὲ αἴτιον φάναι θεόν τινι
γίγνεσθαι ἀγαθὸν ὄντα, διαμαχετέον παντὶ τρόπῳ μήτε τινὰ λέγειν ταῦτα
ἐν τῇ αὑτοῦ πόλει, εἰ μέλλει εὐνομήσεσθαι, μήτε τινὰ ἀκούειν, (c) μήτε
νεώτερον μήτε πρεσβύτερον, μήτ’ ἐν μέτρῳ μήτε ἄνευ μέτρου
μυθολογοῦντα, ὡς οὔτε ὅσια ἂν λεγόμενα εἰ λέγοιτο, οὔτε σύμφορα ἡμῖν
οὔτε σύμφωνα αὐτὰ αὑτοῖς.
Σύμψηφός σοί εἰμι, ἔφη, τούτου τοῦ νόμου, καί μοι ἀρέσκει.
Οὗτος μὲν τοίνυν, ἦν δ’ ἐγώ, εἷς ἂν εἴη τῶν περὶ θεοὺς νόμων τε καὶ
τύπων, ἐν ᾧ δεήσει τούς τε λέγοντας λέγειν καὶ τοὺς ποιοῦντας ποιεῖν, μὴ
πάντων αἴτιον τὸν θεὸν ἀλλὰ τῶν ἀγαθῶν.
Καὶ μάλ’, ἔφη, ἀπόχρη.
(d) Τί δὲ δὴ ὁ δεύτερος ὅδε; ἆρα γόητα τὸν θεὸν οἴει εἶναι καὶ οἷον ἐξ
ἐπιβουλῆς φαντάζεσθαι ἄλλοτε ἐν ἄλλαις ἰδέαις τοτὲ μὲν αὐτὸν
γιγνόμενον, (καὶ) ἀλλάττοντα τὸ αὑτοῦ εἶδος εἰς πολλὰς μορφάς, τοτὲ δὲ
ἡμᾶς ἀπατῶντα καὶ ποιοῦντα περὶ αὑτοῦ τοιαῦτα δοκεῖν, ἢ ἁπλοῦν τε
εἶναι καὶ πάντων ἥκιστα τῆς ἑαυτοῦ ἰδέας ἐκβαίνειν;
Οὐκ ἔχω, ἔφη, νῦν γε οὕτως εἰπεῖν.
Τί δὲ τόδε; οὐκ ἀνάγκη, εἴπερ τι ἐξίσταιτο τῆς αὑτοῦ (e) ἰδέας, ἢ αὐτὸ
ὑφ’ ἑαυτοῦ μεθίστασθαι ἢ ὑπ’ ἄλλου;
᾿Ανάγκη.
Οὐκοῦν ὑπὸ μὲν ἄλλου τὰ ἄριστα ἔχοντα ἥκιστα ἀλλοιοῦταί τε καὶ
κινεῖται; οἷον σῶμα ὑπὸ σιτίων τε καὶ ποτῶν καὶ πόνων, καὶ πᾶν φυτὸν
ὑπὸ εἱλήσεών τε καὶ ἀνέμων καὶ τῶν τοιούτων παθημάτων,
| [380] non plus que celui qui rendrait (380a) Thémis et Zeus
responsables de la querelle et du jugement des déesses ;
de même nous ne permettrons pas que les jeunes gens
entendent ces vers d'Eschyle où il est dit que
Dieu chez les mortels fait naître le crime quand il veut ruiner
entièrement une maison.
Si quelqu'un compose un poème, tel que celui où se trouvent
ces ïambes, sur les malheurs de Niobé, des Pélopides, des
Troyens, ou sur tout autre sujet semblable, il ne faut pas qu'il
puisse dire que ces malheurs sont l'oeuvre de Dieu, ou, s'il le
dit, il doit en rendre raison à peu près comme, maintenant,
nous cherchons à le faire. (380b) Il doit dire qu'en cela Dieu n'a
rien fait que de juste et de bon, et que ceux qu'il a châtiés en
ont tiré profit ; mais que les hommes punis aient été
malheureux, et Dieu l'auteur de leurs maux, nous ne devons
pas laisser le poète libre de le dire. Par contre, s'il affirme que
les méchants avaient besoin de châtiment, étant malheureux,
et que Dieu leur fit du bien en les punissant, nous devons le
laisser libre. Dès lors, si l'on prétend que Dieu, qui est bon, est
la cause des malheurs de quelqu'un, nous combattrons de tels
propos de toutes nos forces, et nous ne permettrons pas qu'ils
soient énoncés ou entendus, par (380c) les jeunes ou par les
vieux, en vers ou en prose, dans une cité qui doit avoir de
bonnes lois, parce qu'il serait impie de les émettre, et qu'ils ne
sont ni à notre avantage ni d'accord entre eux.
Je vote cette loi avec toi, dit-il ; elle me plaît.
Voilà donc, repris-je, la première règle et le premier modèle
auxquels on devra se conformer dans les discours et dans les
compositions poétiques : Dieu n'est pas la cause de tout, mais
seulement du bien.
Cela suffit, dit-il.
(380d) Passons à la deuxième règle. Crois-tu que Dieu soit un
magicien capable d'apparaître insidieusement sous des
formes diverses, tantôt réellement présent et changeant son
image en une foule de figures différentes, tantôt nous
trompant et ne montrant de lui-même que des fantômes sans
réalité ? N'est-ce pas plutôt un être simple, le moins capable de
sortir de la forme qui lui est propre ?
Je ne puis te répondre sur-le-champ, dit-il.
Mais réponds à ceci. N'y a-t-il pas nécessité, si un être sort de
sa forme, qu'il se transforme lui-même ou soit transformé par
un autre? (380e) Il y a nécessité.
Mais les choses les mieux constituées ne sont-elles pas les
moins susceptibles d'être altérées et mues par une influence
étrangère ? Prends, par exemple, les altérations causées au
corps par la nourriture, la boisson, la fatigue, ou à la plante
par la chaleur du soleil, les vents et autres accidents
semblables ;
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