[15,10,4] (4)<365> Τότε καὶ τὸ τρίτον μέρος ἀφῆκε τῶν φόρων τοῖς ἐν τῇ βασιλείᾳ,
πρόφασιν μὲν ὡς ἀναλάβοιεν ἐκ τῆς ἀφορίας, τὸ δὲ πλέον ἀνακτώμενος ἔχοντας
δυσμενῶς· κατὰ γὰρ τὴν ἐξεργασίαν τῶν τοιούτων ἐπιτηδευμάτων ὡς ἂν
λυομένης αὐτοῖς τῆς εὐσεβείας καὶ μεταπιπτόντων τῶν ἐθῶν χαλεπῶς ἔφερον,
καὶ λόγοι δὲ πόντων ἐγίνοντο παροξυνομένων ἀεὶ καὶ ταραττομένων. <366> Ὁ
δὲ καὶ πρὸς τὸ τοιοῦτον πολλὴν τὴν ἐπιμέλειαν ἐπῆγεν, ἀφαιρούμενος μὲν τὰς
εὐκαιρίας, ἐπιτάττων δ' ἀεὶ γίνεσθαι πρὸς τοῖς πόνοις, ἦν δ' οὔτε σύνοδος
ἐφειμένη τοῖς περὶ τὴν πόλιν οὔτε κοινωνία περιπάτου καὶ διαίτης, ἀλλ'
ἐτετήρητο τὰ πάντα. Καὶ χαλεπαὶ τῶν φωραθέντων ἦσαν αἱ κολάσεις, πολλοί τε
καὶ φανερῶς καὶ λεληθότως εἰς τὸ φρούριον ἀναγόμενοι τὴν Ὑρκανίαν ἐκεῖ
διεφθείροντο, κἀν τῇ πόλει κἀν ταῖς ὁδοιπορίαις ἦσαν οἱ τοὺς συνιόντας εἰς
ταὐτὸν ἐπισκοποῦντες. <367> ἤδη δέ φασιν οὐδ' αὐτὸν ἀμελεῖν τοῦ τοιούτου
μέρους, ἀλλὰ πολλάκις ἰδιώτου σχῆμα λαμβάνοντα καταμίγνυσθαι νύκτωρ εἰς
τοὺς ὄχλους, καὶ πεῖραν αὐτῶν, ἣν ἔχουσιν ὑπὲρ τῆς ἀρχῆς, λαμβάνειν. <368>
Τοὺς μὲν οὖν παντάπασιν ἐξαυθαδιζομένους πρὸς τὸ μὴ συμπεριφέρεσθαι τοῖς
ἐπιτηδεύμασιν πάντας ἐπεξῄει τοὺς τρόπους, τὸ δ' ἄλλο πλῆθος ὅρκοις ἠξίου
πρὸς τὴν πίστιν ὑπάγεσθαι καὶ συνηνάγκαζεν ἐνώμοτον αὐτῷ τὴν εὔνοιαν ἦ μὴν
διαφυλάξειν ἐπὶ τῆς ἀρχῆς ὁμολογεῖν. <369> Οἱ μὲν οὖν πολλοὶ κατὰ
θεραπείαν καὶ δέος εἶκον οἷς ἠξίου, τοὺς δὲ φρονήματος μεταποιουμένους καὶ
δυσχεραίνοντας ἐπὶ τῷ καταναγκάζεσθαι πάντα τρόπον ἐκποδὼν ἐποιεῖτο. <370>
συνέπειθεν δὲ καὶ τοὺς περὶ Πολλίωνα τὸν Φαρισαῖον καὶ Σαμαίαν καὶ τῶν
ἐκείνοις συνδιατριβόντων τοὺς πλείστους ὀμνύειν· οἱ δ' οὔτε συνεχώρησαν
οὔθ' ὁμοίως τοῖς ἀρνησαμένοις ἐκολάσθησαν ἐντροπῆς διὰ τὸν Πολλίωνα
τυχόντες. <371> Ἀφείθησαν δὲ ταύτης τῆς ἀνάγκης καὶ οἱ παρ' ἡμῖν Ἐσσαῖοι
καλούμενοι· γένος δὲ τοῦτ' ἔστιν διαίτῃ χρώμενον τῇ παρ' Ἕλλησιν ὑπὸ
Πυθαγόρου καταδεδειγμένῃ. <372> Περὶ τούτων μὲν οὖν ἐν ἄλλοις σαφέστερον
διέξειμι. Τοὺς δὲ Ἐσσηνοὺς ἀφ' οἵας αἰτίας ἐτίμα μεῖζόν τι φρονῶν ἐπ'
αὐτοῖς ἢ κατὰ τὴν θνητὴν φύσιν, εἰπεῖν ἄξιον· οὐ γὰρ ἀπρεπὴς ὁ λόγος
φανεῖται τῷ τῆς ἱστορίας γένει παραδηλῶν καὶ τὴν ὑπὲρ τούτων ὑπόληψιν.
(5)<373> Ἦν τις τῶν Ἐσσηνῶν Μανάημος ὄνομα καὶ τἆλλα κατὰ τὴν προαίρεσιν
τοῦ βίου καλοκαγαθίαν μαρτυρούμενος καὶ πρόγνωσιν ἐκ θεοῦ τῶν μελλόντων
ἔχων. Οὗτος ἔτι παῖδα τὸν Ἡρώδην εἰς διδασκάλου φοιτῶντα κατιδὼν βασιλέα
Ἰουδαίων προσηγόρευσεν. <374> Ὁ δ' ἀγνοεῖν ἢ κατειρωνεύεσθαι νομίζων αὐτὸν
ἀνεμίμνησκεν ἰδιώτης ὤν. Μανάημος δὲ μειδιάσας ἠρέμα καὶ τύπτων τῇ χειρὶ
κατὰ τῶν γλουτῶν “ἀλλά τοι καὶ βασιλεύσεις, ἔφη, καὶ τὴν ἀρχὴν εὐδαιμόνως
ἀπάξεις· ἠξίωσαι γὰρ ἐκ θεοῦ. Καὶ μέμνησο τῶν Μαναήμου πληγῶν, ὥστε σοι
καὶ τοῦτο σύμβολον εἶναι τῶν κατὰ τὴν τύχην μεταπτώσεων. <375> ἄριστος γὰρ
ὁ τοιοῦτος λογισμός, εἰ καὶ δικαιοσύνην ἀγαπήσειας καὶ πρὸς τὸν θεὸν
εὐσέβειαν ἐπιείκειαν δὲ πρὸς τοὺς πολίτας· ἀλλ' οὐ γὰρ οἶδά σε τοιοῦτον
ἔσεσθαι τὸ πᾶν ἐπιστάμενος. <376> Εὐτυχίᾳ μὲν γὰρ ὅσον οὐκ ἄλλος διοίσεις
καὶ τεύξῃ δόξης αἰωνίου, λήθην δ' εὐσεβείας ἕξεις καὶ τοῦ δικαίου. Ταῦτα
δ' οὐκ ἂν λάθοι τὸν θεὸν ἐπὶ τῇ καταστροφῇ τοῦ βίου τῆς ἀντ' αὐτῶν <377>
ὀργῆς ἀπομνημονευομένης.” τούτοις αὐτίκα μὲν ἥκιστα τὸν νοῦν προσεῖχεν
ἐλπίδι λειπόμενος αὐτῶν Ἡρώδης, κατὰ μικρὸν δὲ ἀρθεὶς ἕως καὶ τοῦ
βασιλεύειν καὶ εὐτυχεῖν ἐν τῷ μεγέθει τῆς ἀρχῆς μεταπέμπεται τὸν Μανάημον
καὶ περὶ τοῦ χρόνου πόσον ἄρξει διεπυνθάνετο. <378> Μανάημος δὲ τὸ μὲν
σύμπαν οὐκ εἶπεν· ὡς δὲ σιωπῶντος αὐτοῦ, μόνον εἰ δέκα γενήσονται
βασιλείας ἐνιαυτοὶ προσεπύθετο καὶ εἴκοσι καὶ τριάκοντα εἰπὼν τὸν ὅρον οὐκ
ἐπέθηκε τῷ τέλει τῆς προθεσμίας, Ἡρώδης δὲ καὶ τούτοις ἀρκεσθεὶς τόν τε
Μανάημον ἀφῆκεν δεξιωσάμενος καὶ πάντας ἀπ' ἐκείνου τοὺς Ἐσσηνοὺς τιμῶν
διετέλει. <379> Ταῦτα μὲν οὖν εἰ καὶ παράδοξα δηλῶσαι τοῖς ἐντυγχάνουσιν
ἠξιώσαμεν καὶ περὶ τῶν παρ' ἡμῖν ἐμφῆναι, διότι πολλοὶ <διὰ> τοιούτων ὑπὸ
καλοκαγαθίας καὶ τῆς τῶν θείων ἐμπειρίας ἀξιοῦνται.
| [15,10,4] <365> 4. C'est alors aussi qu'il remit à ses sujets le tiers des impôts,
sous prétexte de leur permettre de se relever des pertes qu'ils avaient
éprouvées par la disette, en réalité pour se concilier les mécontents ;
car beaucoup supportaient impatiemment l'introduction définitive de
nouvelles habitudes, où ils voyaient la ruine de la piété et la décadence
des mœurs ; et c'était là l'objet de toutes les conversations du peuple,
en proie à l'irritation et au trouble. <366> Hérode surveillait fort cet
état d'esprit : il supprimait toutes les occasions possibles d'agitation,
obligeant les habitants à toujours être à leur travail, interdisant toute
réunion aux citadins, les promenades et les festins communs ; leurs
moindres gestes étaient épiés. Quiconque se laissait prendre en faute
était sévèrement puni ; nombre de personnes, arrêtées en public ou
secrètement, étaient conduites à la forteresse Hyrcania et mises à mort ;
dans la ville, sur les routes, des hommes apostés surveillaient tous les
rassemblements. <367> Hérode lui-même, dit-on, ne dédaignait pas de jouer
ce rôle ; souvent, vêtu comme un simple particulier, il se mêlait, la nuit
venue, aux groupes pour surprendre les appréciations sur le gouvernement.
<368> Ceux qui restaient des adversaires résolus des moeurs nouvelles
étaient impitoyablement pourchassés par tous les moyens ; quant aux
autres, il espéra les amener à la fidélité en leur faisant prêter serment
et il les contraignit à s'engager solennellement à lui conserver, comme à
leur souverain, leur dévouement ainsi juré. <369> La plupart, par
servilité et par crainte, se plièrent à ses exigences ; pour ceux qui
montraient quelque fierté et s'indignaient contre cette contrainte, il
s'en débarrassait à tout prix. <370> Il voulut amener Pollion le Pharisien
et Samaias, ainsi que la plupart de ceux de leur école, à prêter serment
mais ils n'y consentirent pas et cependant ne furent pas châtiés comme les
autres récalcitrants, car Hérode se montra indulgent pour eux, en
considération de Pollion<112>. <371> Furent également exemptés de cette
obligation ceux qu'on appelle chez nous Esséens : c'est une secte qui mène
une vie conforme aux préceptes qu'enseigna Pythagore chez les Grecs. <372>
Je parlerai d'eux ailleurs avec plus de détails, mais il est bon de
dire pour quelle raison il les tenait en haute estime et leur témoignait
plus de considération que n'en mériteraient de simples mortels ; cette
explication ne paraîtra pas déplacée dans un livre d'histoire et fera
comprendre l'opinion qu’on avait sur leur compte.
<373> 5. Il y avait parmi les Esséniens un certain Manahem, d'une
honnêteté éprouvée dans la conduite de sa vie, et qui tenait de Dieu le
don de prévoir l'avenir. Un jour qu'Hérode, alors enfant, allait à
l'école, cet homme le regarda attentivement et le salua du titre de roi
des Juifs. <374> Hérode crut que c'était ignorance ou moquerie et lui
rappela qu'il n'était qu'un simple particulier. Mais Manahem sourit
tranquillement et lui donnant une tape familière<114> : « Tu seras
pourtant roi, lui dit-il, et tu régneras heureusement, car Dieu t'en a
jugé digne. Et souviens-toi des coups de Manahem, et que ce soit pour toi
comme un symbole des revirements de la fortune. <375> Ce te serait, en
effet, un excellent sujet de réflexions, si tu aimais la justice, la piété
envers Dieu, l'équité à l'égard des citoyens ; mais, moi qui sais tout, je
sais que tu ne seras pas tel. <376> Tu seras heureux comme personne ne l'a
été, tu acquerras une gloire immortelle, mais tu oublieras la piété et la
justice, et cet oubli ne saurait échapper à Dieu ; sa colère s'en
souviendra à la fin de ta vie. » <377> Sur le moment Hérode ne fit pas
grande attention à ces prédictions, n'ayant aucun espoir de les voir se
réaliser ; mais quand il se fut élevé peu à peu jusqu'au trône et à la
prospérité, dans tout l'éclat du pouvoir, il fit venir Manahem et
l'interrogea sur la durée de son règne.<378> Manahem ne lui en dit pas le
total ; comme il se taisait, Hérode lui demanda s'il régnerait dix ans.
Manahem répondit oui, et même vingt, et trente, mais n'assigna aucune date
à l'échéance finale. Hérode se déclara cependant satisfait, renvoya
Manahem après lui avoir donné la main, et depuis ce temps honora
particulièrement tous les Esséniens. <379> J'ai pensé que, quelque
invraisemblance qu'il y ait dans ce récit, je devais le faire à mes
lecteurs et rendre ce témoignage public à mes compatriotes, car nombre
d'hommes de cette espèce doivent au privilège de leur vertu d'être honorés
de la connaissance des choses divines.
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