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[21] Ταῦτ' ἔστι τὰ κρύφια τῶν Ἀθηναίων μυστήρια. Ταῦτά τοι καὶ
Ὀρφεὺς ἀναγράφει. Παραθήσομαι δέ σοι αὐτὰ τοῦ Ὀρφέως τὰ ἔπη, ἵν' ἔχῃς
μάρτυρα τῆς ἀναισχυντίας τὸν μυσταγωγόν·
ὣς εἰποῦσα πέπλους ἀνεσύρατο, δεῖξε δὲ πάντα σώματος οὐδὲ
πρέποντα τύπον· παῖς δ' ἦεν Ἴακχος, χειρί τέ μιν ῥίπτασκε γελῶν Βαυβοῦς
ὑπὸ κόλποις· ἡ δ' ἐπεὶ οὖν μείδησε θεά, μείδησ' ἐνὶ θυμῷ, δέξατο δ' αἰόλον
ἄγγος, ἐν ᾧ κυκεὼν ἐνέκειτο. (2.21.2) Κἄστι τὸ σύνθημα Ἐλευσινίων
μυστηρίων· "ἐνήστευσα, ἔπιον τὸν κυκεῶνα, ἔλαβον ἐκ κίστης,
ἐργασάμενος ἀπεθέμην εἰς κάλαθον καὶ ἐκ καλάθου εἰς κίστην."
| [21] Voilà les mystères secrets de nos illustres Athéniens. C'est
Orphée lui-même qui les décrit. Je citerai ses paroles, afin que les initiés
connaissent l'Infamie de ces mystères par l'initiateur lui-même :
« Elle dit, puis, écartant sa robe, elle découvre à Cérès ce qui ne se
montre jamais ; le jeune Inachus était là; Cérès, mise en belle humeur, le
jette entre les bras de Baubon ; lui souriant alors, et oubliant ses chagrins,
elle accepte la coupe et boit le breuvage préparé. »
Voici l'espèce de mot d'ordre des mystères d'Éleusis : j'ai jeûné, j'ai
bu le breuvage, j'ai pris du panier, j'ai remis la coupe dans la corbeille et
de la corbeille dans le panier.
| [22] Καλά γε τὰ θεάματα καὶ θεᾷ πρέποντα. Ἄξια μὲν οὖν νυκτὸς τὰ
τελέσματα καὶ πυρὸς καὶ τοῦ "μεγαλήτορος", μᾶλλον δὲ ματαιόφρονος
Ἐρεχθειδῶν δήμου, πρὸς δὲ καὶ τῶν ἄλλων Ἑλλήνων, οὕστινας "μένει
(2.22.2) τελευτήσαντας ἅσσα οὐδὲ ἔλπονται." Τίσι δὴ μαντεύεται
Ἡράκλειτος ὁ Ἐφέσιος; "Νυκτιπόλοις, μάγοις, βάκχοις, λήναις, μύσταις",
τούτοις ἀπειλεῖ τὰ μετὰ θάνατον, τούτοις μαντεύεται τὸ πῦρ·
"τὰ γὰρ νομιζόμενα κατὰ ἀνθρώπους (2.22.3) μυστήρια ἀνιερωστὶ
μυοῦνται." Νόμος οὖν καὶ ὑπόληψις κενὴ καὶ τοῦ δράκοντος τὰ μυστήρια
ἀπάτη τίς ἐστιν θρῃσκευομένη, τὰς ἀμυήτους ὄντως μυήσεις καὶ τὰς ἀνορ
(2.22.4) γιάστους τελετὰς εὐσεβείᾳ νόθῳ προστρεπομένων.
Οἷαι δὲ καὶ αἱ κίσται μυστικαί· δεῖ γὰρ ἀπογυμνῶσαι τὰ ἅγια αὐτῶν καὶ
τὰ ἄρρητα ἐξειπεῖν. Οὐ σησαμαῖ ταῦτα καὶ πυραμίδες καὶ τολύπαι καὶ
πόπανα πολυόμφαλα χόνδροι τε ἁλῶν καὶ δράκων, ὄργιον Διονύσου
Βασσάρου; Οὐχὶ δὲ ῥοιαὶ πρὸς τοῖσδε καὶ κράδαι νάρθηκές τε καὶ κιττοί,
πρὸς δὲ καὶ φθοῖς καὶ μήκωνες; Ταῦτ' ἔστιν αὐτῶν τὰ ἅγια.
(2.22.5) Καὶ προσέτι τῆς Θέμιδος τὰ ἀπόρρητα σύμβολα ὀρίγανον,
λύχνος, ξίφος, κτεὶς γυναικεῖος, ὅ ἐστιν εὐφήμως καὶ μυστικῶς
εἰπεῖν μόριον γυναικεῖον. Ὢ τῆς ἐμφανοῦς ἀναισχυντίας. Πάλαι μὲν
ἀνθρώποις σωφρονοῦσιν ἐπικάλυμμα ἡδονῆς νὺξ ἦν σιωπωμένη· νυνὶ δὲ
τοῖς μυουμένοις πεῖρα τῆς ἀκρασίας νύξ ἐστι λαλουμένη, καὶ τὸ πῦρ ἐλέγχει
τὰ πάθη δᾳδουχούμενον. Ἀπόσβεσον, ὦ ἱεροφάντα, τὸ πῦρ·
αἰδέσθητι, δᾳδοῦχε, τὰς λαμπάδας· ἐλέγχει σου τὸν Ἴακχον τὸ φῶς·
ἐπίτρεψον ἀποκρύψαι τῇ νυκτὶ τὰ μυστήρια· σκότει τετι μήσθω τὰ ὄργια· τὸ
πῦρ οὐχ ὑποκρίνεται, ἐλέγχειν καὶ κολάζειν κελεύεται.
| [22] Magnifique spectacle, digne d'une déesse, digne assurément de
la nuit et du feu, bien digne de la race des Erechthides, si magnanime ou
plutôt si vaniteuse, et je puis ajouter digne des autres Grecs, qui
trouveront après le trépas un sort auquel ils sont loin de s'attendre ; du
reste, Héraclite d'Éphèse annonce à ces coureurs de nuit, à ces
magiciens, à ces bacchantes, à ces fanatiques, tout ce qui leur doit
arriver; et, ce qu'il leur annonce, c'est le feu pour supplice.
Les initiations à ces mystères sont des impiétés; rien de plus ridicule
que les lois et l'opinion qui les consacrent; ces mystères du serpent ne
sont qu'une erreur superstitieuse qui se déguise sous un vain masque de
religion et couvre des rites affreux d'un extérieur de piété trompeur et
adultère.
Que recèlent ces corbeilles mystérieuses? Il est temps de dévoiler
leurs sublimes secrets; vous y trouvez du sésame, des pyramides, des
pelotes de laine, des gâteaux portant l'empreinte de plusieurs sortes de
boucliers, des grumeaux de sel, ce n'est pas tout : vous y voyez encore le
serpent, symbole de Bacchus bassarien, des grenades, de la moelle
d'arbre, des férules avec du lierre, de la farine, enfin des pavots. Voilà ce
que vous appelez de saints mystères.
Ceux de Thémis ne sont pas moins vénérables dans leurs symboles
: c'est de l'origan, c'est une lampe, c'est une épée, c'est un peigne,
emblème honnête et mystérieux de ce qu'on ne saurait nommer ? honte
! ô impudeur qui ne sait pas rougir ! Autrefois la nuit prêtait ses voiles à la
volupté; c'est elle maintenant qui révèle aux initiés les secrets de la
débauche, le feu de mille flambeaux accuse toutes ces infamies. Éteins
ces feux que tu portes à la main, misérable sycophante ! respecte ces
flambeaux, cette lumière que tu portes à la main, elle trahit ton Inachus ;
souffre qu'une nuit épaisse couvre sa turpitude, honore les orgies du voile
des ténèbres; le feu ne sait pas feindre : il accuse, il punit, il exécute
l'ordre qu'il a reçu.
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