| [21] XXI - Πότερον οὖν αἱρῇ, ὦ Σιμμία; Ἐπισταμένους ἡμᾶς γεγονέναι, (76b) ἢ ἀναμιμνῄσκεσθαι ὕστερον ὧν πρότερον ἐπιστήμην εἰληφότες ἦμεν;
 - Οὐκ ἔχω, ὦ Σώκρατες, ἐν τῷ παρόντι ἑλέσθαι.
 - Τί δέ; Τόδε ἔχεις ἑλέσθαι, καὶ πῇ σοι δοκεῖ περὶ αὐτοῦ; Ἀνὴρ ἐπιστάμενος
 περὶ ὧν ἐπίσταται ἔχοι ἂν δοῦναι λόγον ἢ οὔ;
 - Πολλὴ ἀνάγκη, ἔφη, ὦ Σώκρατες.
 - Ἦ καὶ δοκοῦσί σοι πάντες ἔχειν διδόναι λόγον περὶ τούτων ὧν νυνδὴ
 ἐλέγομεν;
 - Βουλοίμην μεντἄν, ἔφη ὁ Σιμμίας· ἀλλὰ πολὺ μᾶλλον φοβοῦμαι μὴ αὔριον
 τηνικάδε οὐκέτι ᾖ ἀνθρώπων οὐδεὶς ἀξίως οἷός τε τοῦτο ποιῆσαι.
 - (76c) Οὐκ ἄρα δοκοῦσί σοι ἐπίστασθαί γε, ἔφη, ὦ Σιμμία, πάντες αὐτά;
 - Οὐδαμῶς.
 - Ἀναμιμνῄσκονται ἄρα ἅ ποτε ἔμαθον;
 - Ἀνάγκη.
 - Πότε λαβοῦσαι αἱ ψυχαὶ ἡμῶν τὴν ἐπιστήμην αὐτῶν; Οὐ γὰρ δὴ ἀφ᾽ οὗ γε
 ἄνθρωποι γεγόναμεν.
 - Οὐ δῆτα.
 - Πρότερον ἄρα.
 - Ναί.
 - Ἦσαν ἄρα, ὦ Σιμμία, αἱ ψυχαὶ καὶ πρότερον, πρὶν εἶναι ἐν ἀνθρώπου εἴδει,
 χωρὶς σωμάτων, καὶ φρόνησιν εἶχον.
 - Εἰ μὴ ἄρα ἅμα γιγνόμενοι λαμβάνομεν, ὦ Σώκρατες, ταύτας τὰς ἐπιστήμας·
 οὗτος γὰρ λείπεται ἔτι ὁ χρόνος.
 (76d) Εἶεν, ὦ ἑταῖρε· ἀπόλλυμεν δὲ αὐτὰς ἐν ποίῳ ἄλλῳ χρόνῳ; - οὐ γὰρ δὴ
 ἔχοντές γε αὐτὰς γιγνόμεθα, ὡς ἄρτι ὡμολογήσαμεν - ἢ ἐν τούτῳ ἀπόλλυμεν
 ἐν ᾧπερ καὶ λαμβάνομεν; Ἢ ἔχεις ἄλλον τινὰ εἰπεῖν χρόνον;
 - Οὐδαμῶς, ὦ Σώκρατες, ἀλλὰ ἔλαθον ἐμαυτὸν οὐδὲν εἰπών.
 | [21] XXI. — Alors lequel des deux choisis-tu, Simmias ? Naissons-nous avec des connaissances, ou bien nous ressouvenons-nous ensuite des choses dont nous avions pris
 connaissance auparavant ?
 — Je suis incapable, Socrate, de faire ce choix sur-le-champ.
 — Eh bien, voici une question où tu peux faire un choix et dire ton avis : un homme qui
 sait peut-il rendre raison de ce qu’il sait, ou ne le peut-il pas ?
 — Forcément, il le peut, Socrate, dit-il.
 — Te paraît-il aussi que tous les hommes puissent rendre raison de ces réalités dont
 nous parlions tout à l’heure ?
 — Je le voudrais bien, ma foi, dit Simmias ; mais j’ai plutôt peur que demain à cette
 heure-ci il n’y ait plus un homme au monde qui soit capable de s’en acquitter
 dignement.
 — Tu ne crois donc pas, Simmias, dit Socrate, que tous les hommes connaissent ces
 réalités
 — Pas du tout.
 — Alors ils se ressouviennent de ce qu’ils ont appris jadis ?
 — Nécessairement.
 — En quel temps nos âmes ont-elles acquis la connaissance de ces réalités ? Ce n’est
 certes pas depuis que nous sommes sous forme d’hommes.
 — Non, certainement.
 — C’est donc avant.
 — Oui.
 — Par conséquent, Simmias, les âmes existaient déjà avant d’être sous la forme
 humaine, séparées du corps et en possession de la pensée ?
 — A moins, Socrate, que nous ne recevions ces connaissances au moment de notre
 naissance ; car il nous reste encore ce temps-là.
 — Fort bien, camarade. Mais en quel autre temps les perdons-nous ? Nous ne naissons
 pas avec elles, nous venons d’en convenir. Les perdons-nous au moment même où nous
 les recevons ; ou peux-tu indiquer un autre temps ?
 — Pas du tout, Socrate ; par mégarde, j’ai dit une sottise.
 
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