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[1,83] 'Καὶ ἀνανδρία μηδενὶ πολλοὺς μιᾷ πόλει μὴ ταχὺ ἐπελθεῖν
δοκείτω εἶναι. εἰσὶ γὰρ καὶ ἐκείνοις οὐκ ἐλάσσους χρήματα φέροντες
ξύμμαχοι, καὶ ἔστιν ὁ πόλεμος οὐχ ὅπλων τὸ πλέον ἀλλὰ δαπάνης, δι' ἣν τὰ
ὅπλα ὠφελεῖ, ἄλλως τε καὶ ἠπειρώταις πρὸς θαλασσίους. πορισώμεθα οὖν
πρῶτον αὐτήν, καὶ μὴ τοῖς τῶν ξυμμάχων λόγοις πρότερον ἐπαιρώμεθα,
οἵπερ δὲ καὶ τῶν ἀποβαινόντων τὸ πλέον ἐπ' ἀμφότερα τῆς αἰτίας ἕξομεν,
οὗτοι καὶ καθ' ἡσυχίαν τι αὐτῶν προΐδωμεν.
| [1,83] LXXXIII. - "Que nul ne s'imagine qu'il y ait de la lâcheté, pour des adversaires nombreux comme vous
l'êtes, à ne pas attaquer sur-le-champ une seule ville. Car les Athéniens ont tout autant que nous des
alliés et qui payent un tribut. Or la guerre dépend plus de l'argent que des armes ; c'est l'argent qui
fournit les armes, principalement à des peuples continentaux contre des peuples maritimes.
Procurons-nous d'abord de l'argent et ne nous laissons pas entraîner auparavant par les discours de
nos alliés. Puisque c'est nous qui supporterons de toute façon la majeure partie des responsabilités
de cette guerre, donnons-nous au moins la possibilité d'examiner à loisir la situation.
| [1,84] καὶ τὸ βραδὺ καὶ μέλλον,
ὃ μέμφονται μάλιστα ἡμῶν, μὴ αἰσχύνεσθε. σπεύδοντές τε γὰρ σχολαίτερον
ἂν παύσαισθε διὰ τὸ ἀπαράσκευοι ἐγχειρεῖν, καὶ ἅμα ἐλευθέραν καὶ
εὐδοξοτάτην πόλιν διὰ παντὸς νεμόμεθα. καὶ δύναται μάλιστα σωφροσύνη
ἔμφρων τοῦτ' εἶναι· μόνοι γὰρ δι' αὐτὸ εὐπραγίαις τε οὐκ ἐξυβρίζομεν καὶ
ξυμφοραῖς ἧσσον ἑτέρων εἴκομεν· τῶν τε ξὺν ἐπαίνῳ ἐξοτρυνόντων ἡμᾶς ἐπὶ
τὰ δεινὰ παρὰ τὸ δοκοῦν ἡμῖν οὐκ ἐπαιρόμεθα ἡδονῇ, καὶ ἤν τις ἄρα ξὺν
κατηγορίᾳ παροξύνῃ, οὐδὲν δὴ μᾶλλον ἀχθεσθέντες ἀνεπείσθημεν.
πολεμικοί τε καὶ εὔβουλοι διὰ τὸ εὔκοσμον γιγνόμεθα, τὸ μὲν ὅτι αἰδὼς
σωφροσύνης πλεῖστον μετέχει, αἰσχύνης δὲ εὐψυχία, εὔβουλοι δὲ
ἀμαθέστερον τῶν νόμων τῆς ὑπεροψίας παιδευόμενοι καὶ ξὺν χαλεπότητι
σωφρονέστερον ἢ ὥστε αὐτῶν ἀνηκουστεῖν, καὶ μὴ τὰ ἀχρεῖα ξυνετοὶ ἄγαν
ὄντες τὰς τῶν πολεμίων παρασκευὰς λόγῳ καλῶς μεμφόμενοι ἀνομοίως
ἔργῳ ἐπεξιέναι, νομίζειν δὲ τάς τε διανοίας τῶν πέλας παραπλησίους εἶναι
καὶ τὰς προσπιπτούσας τύχας οὐ λόγῳ διαιρετάς. αἰεὶ δὲ ὡς πρὸς εὖ
βουλευομένους τοὺς ἐναντίους ἔργῳ παρασκευαζόμεθα· καὶ οὐκ ἐξ ἐκείνων
ὡς ἁμαρτησομένων ἔχειν δεῖ τὰς ἐλπίδας, ἀλλ' ὡς ἡμῶν αὐτῶν ἀσφαλῶς
προνοουμένων. πολύ τε διαφέρειν οὐ δεῖ νομίζειν ἄνθρωπον ἀνθρώπου,
κράτιστον δὲ εἶναι ὅστις ἐν τοῖς ἀναγκαιοτάτοις παιδεύεται.
| [1,84] LXXXIV. - "Quant à cette lenteur et à cette temporisation qu'on nous reproche, n'en rougissez pas. La
hâte à entreprendre la guerre, quand on n'est pas préparé, n'aboutit qu'à une plus grande lenteur à la
terminer. De plus nous habitons une ville libre et dont la réputation est tout à fait illustre ; et c'est ce
qui fait que notre sagesse peut être pleine de raison. C'est par là que seuls nous ne montrons pas
d'insolence dans le succès et que nous cédons moins que d'autres à l'infortune. Nous ne nous
laissons pas emporter par les flatteries de ceux qui nous poussent au danger contre notre propre
sentiment et nous n'obéissons pas davantage à l'irritation que nous procurent les plaintes dont on
nous aiguillonne. Aussi, par la sagesse de notre constitution, sommes-nous à la fois valeureux à la
guerre et sages dans nos résolutions, parce que le sentiment de l'honneur prend généralement sa
source dans la sagesse et le courage dans l'honnêteté. Nous sommes de bon consul, parce que nous
avons été élevés trop simplement pour mépriser les lois et avec une sévérité trop grande pour leur
désobéir ; moins versés que d'autres dans les connaissances oiseuses, nous ignorons l'art de critiquer
avec de belles phrases les préparatifs d'autrui, sans nous préoccuper de mettre nos actes d'accord
avec nos paroles. Nous pensons aussi que l'intelligence des autres vaut sensiblement la nôtre et que
ce ne sont pas les paroles qui fixent les incertitudes du hasard. Ne cessons pas d'opposer à des
adversaires qu'on doit supposer animés de bonnes résolutions, des préparatifs effectifs. Ne plaçons
pas nos espérances dans les fautes qu'ils peuvent commettre, mais dans la sagesse de nos
prévisions. Car l'homme, sachez-le, ne diffère pas sensiblement de l'homme, et celui-là l'emporte qui
a été formé par les plus rudes circonstances.
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