HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Julien l'Apostat, Contre les chiens ignorants

Chapitre 12

  Chapitre 12

[12] Ἐπειδὴ γάρ τις τῶν νέων ἐν ὄχλῳ, παρόντος καὶ τοῦ Διογένους, ἀπέπαρδεν, ἐπάταξεν ἐκεῖνος τῇ βακτηρίᾳ φάς· «Εἶτα, κάθαρμα, μηθὲν ἄξιον τοῦ δημοσίᾳ τὰ τοιαῦτα θαρσεῖν πράξας, ἐντεῦθεν ἡμῖν ἄρχῃ δόξης καταφρονεῖνΟὕτως ᾤετο χρῆναι πρότερον ἡδονῆς καὶ θυμοῦ κρείττονα γενέσθαι καὶ τρίτον ἐπὶ τὸ τελειότατον ἐλθεῖν τῶν παλαισμάτων, ἀποδυσάμενον πρὸς τὰς τῶν πολλῶν δόξας, αἳ μυρίων κακῶν αἴτιαι γίνονται τοῖς πολλοῖς. Οὐκ οἶσθα ὅπως τοὺς μὲν νέους τῆς φιλοσοφίας ἀπάγουσιν ἄλλα ἐπ´ ἄλλοις τῶν φιλοσόφων θρυλλοῦντες; Οἱ Πυθαγόρου καὶ Πλάτωνος καὶ Ἀριστοτέλους χορευταὶ γνήσιοι γόητες εἶναι λέγονται καὶ σοφισταὶ καὶ τετυφωμένοι καὶ φαρμακεῖς· τῶν Κυνικῶν εἴ πού τις γέγονε σπουδαῖος, ἐλεεινὸς δοκεῖ· μέμνημαι γοῦν ἐγώ ποτε τροφέως εἰπόντος πρός με, ἐπειδὴ τὸν ἑταῖρον εἶδεν Ἰφικλέα αὐχμηρὰν ἔχοντα τὴν κόμην καὶ κατερρωγότα τὰ στέρνα ἱμάτιόν τε παντάπασι φαῦλον ἐν δεινῷ χειμῶσι· «Τίς ἄρα δαίμων τοῦτον εἰς ταύτην περιέτρεψε τὴν συμφοράν, ὑφ´ ἧς αὐτὸς μὲν ἐλεεινός, ἐλεεινότεροι δὲ οἱ πατέρες αὐτοῦ, θρέψαντες σὺν ἐπιμελείᾳ καὶ παιδεύσαντες ὡς ἐνεδέχετο σπουδαίως, δὲ οὕτω νῦν περιέρχεται, πάντα ἀφείς, οὐθὲν τῶν προσαιτούντων κρείττων;» Ἐκείνου μὲν οὖν ἐγὼ οὐκ οἶδ´ ὅπως τότε κατειρωνευσάμην· εὖ μέντοι γε ἴσθι καὶ ταῦτα ὑπὲρ τῶν ἀληθῶς κυνῶν τοὺς πολλοὺς διανοουμένους. Καὶ οὐ τοῦτο δεινόν ἐστιν, ἀλλ´ ὁρᾷς ὅτι καὶ πλοῦτον ἀγαπᾶν πείθουσι καὶ πενίαν μισεῖν καὶ τὴν γαστέρα θεραπεύειν καὶ τοῦ σώματος ἕνεκα πάντα ὑπομένειν πόνον καὶ πιαίνειν τὸν τῆς ψυχῆς δεσμὸν καὶ τράπεζαν παρατίθεσθαι πολυτελῆ καὶ μηδέποτε νύκτωρ καθεύδειν μόνον, ἀλλὰ τὰ τοιαῦτα πάντα δρᾶν ἐν τῷ σκότῳ λανθάνοντα. Τοῦτο οὐκ ἔστι τοῦ Ταρτάρου χεῖρον; Οὐ βέλτιόν ἐστιν ὑπὸ τὴν Χάρυβδιν καὶ τὸν Κωκυτὸν καὶ μυρίας ὀργυιὰς κατὰ γῆς δῦναι, πεσεῖν εἰς τοιοῦτον βίον αἰδοίοις καὶ γαστρὶ δουλεύοντα, καὶ οὐδὲ τούτοις ἁπλῶς ὥσπερ τὰ θηρία, πράγματα δὲ ἔχειν ὡς ἂν καὶ λάθοιμεν ὑπὸ τῷ σκότῳ ταῦτα ἐξεργαζόμενοι; καίτοι πόσῳ κρεῖττον ἀπέχεσθαι παντάπασιν αὐτῶν; Εἰ δὲ μὴ ῥᾴδιον, οἱ Διογένους νόμοι καὶ Κράτητος ὑπὲρ τούτων οὐκ ἀτιμαστέοι· «ἔρωτα λύει λιμός, εἰ δὲ τούτῳ χρῆσθαι μὴ δύνασαι, βρόχοςΟὐκ οἶσθα ὅτι ταῦτα ἔπραξαν ἐκεῖνοι τῷ βίῳ διδόντες ὁδὸν εὐτελείας; «Οὐ γὰρ ἐκ τῶν μαζοφάγων», φησὶν Διογένης, «οἱ τύραννοι, ἀλλ´ ἐκ τῶν δειπνούντων πολυτελῶς»· καὶ Κράτης μέντοι πεποίηκεν ὕμνον Εἰς τὴν Εὐτέλειαν· «Χαῖρε, θεὰ δέσποινα, σοφῶν ἀνδρῶν ἀγάπημα, Εὐτελίη, κλεινῆς ἔγγονε Σωφροσύνης[12] Un jeune homme, dans une foule où était Diogène, s'étant mis à peter, Diogène lui donna un coup de bâton, en disant : « Comment, coquin, tu n'as jamais eu le coeur de faire en public quelque belle action, et tu commences par braver l'opinion publique ! » Il pensait donc qu'un homme doit savoir se rendre maître du plaisir et de la colère avant d'en venir à la troisième épreuve, à la plus décisive, c'est-à-dire l'affranchissement de l'opinion. De là mille causes de maux pour un grand nombre. Et ne vois-tu pas que c'est pour détourner les jeunes gens de la philosophie qu'on fuit courir tous ces bruits sur les philosophes? On dit que les disciples de Pythagore, de Platon et d'Aristote ne sont que des jongleurs, des sophistes, des vaniteux, des empoisonneurs, et le plus digne d'admiration parmi les cyniques on le regarde en pitié. Je me rappelle avoir entendu mon gouverneur me dire un jour, en voyant un de mes compagnons, Iphiclès, la chevelure négligée, la poitrine débraillée et un méchant manteau dans le coeur de l'hiver : « Quel mauvais génie l'a donc réduit à une pareille détresse pour son malheur, et plus encore pour celui de ses parents qui l'ont élevé avec le plus grand soin et qui lui ont donné l'éducation la plus parfaite? Comment, après avoir tout abandonné, mène-t-il une vie errante comme les mendiants? » Je lui répondis par je ne sais quelle pointe ironique. Tu vois par là ce que pense le gros des hommes sur les vrais chiens. Et ce n'est point encore ce qu'il y a de plus grave. Mais ne remarques-tu pas qu'on s'habitue à aimer la richesse et à détester la pauvreté, à faire un dieu de son ventre, à supporter toute peine en vue du corps, à engraisser cette prison de l'àme, à entretenir une table somptueuse, à ne jamais coucher seul la nuit, à faire tout ce qui peut s'envelopper de ténèbres ? Tout cela n'est-il pas pire que le Tartare ? Ne vaut-il pas mieux être jeté dans Charybde, dans le Cocyte, ou englouti à dix mille orgyes sous terre que de tomber dans une pareille vie, esclave des parties honteuses et du ventre : et cela non pas simplement, à la manière des bêtes sauvages, mais en mettant tout en oeuvre pour couvrir ces infamies d'une discrète obscurité? Combien n'eût-il pas été mieux de s'en abstenir? Ou, si ce n'était pas chose facile, les préceptes de Diogène et de Cratès à cet égard n'étaient donc pas à dédaigner. "La faim, disent-ils, énerve l'amour : si tu ne peux pas l'endurer, la corde"! Ne vois-tu pas que ces grands maîtres ont vécu de la sorte pour mettre les hommes en voie de frugalité? "Ce n'est point parmi les mangeurs de biscuit, disait Diogène, que l'on trouve des tyrans, mais parmi ceux qui font de somptueux repas." Cratès composa un hymne en l'honneur de la frugalité : "Salut, des gens de bien sainte divinité, Fille de la Sagesse, ô toi, Frugalité !"


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Dernière mise à jour : 7/03/2006