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[8,80] “κάρτα τε χρηστὰ διακελεύεαι καὶ εὖ ἤγγειλας· τὰ γὰρ ἐγὼ ἐδεόμην γενέσθαι, αὐτὸς αὐτόπτης
γενόμενος ἥκεις. ἴσθι γὰρ ἐξ ἐμέο τὰ ποιεύμενα ὑπὸ Μήδων· ἔδεε γάρ, ὅτε οὐκ ἑκόντες ἤθελον ἐς μάχην
κατίστασθαι οἱ Ἕλληνες, ἀέκοντας παραστήσασθαι. σὺ δὲ ἐπεί περ ἥκεις χρηστὰ ἀπαγγέλλων, αὐτός
σφι ἄγγειλον. (2) ἢν γὰρ ἐγὼ αὐτὰ λέγω, δόξω πλάσας λέγειν καὶ οὐ πείσω, ὡς οὐ ποιεύντων τῶν
βαρβάρων ταῦτα. ἀλλά σφι σήμηνον αὐτὸς παρελθὼν ὡς ἔχει. ἐπεὰν δὲ σημήνῃς, ἢν μὲν πείθωνται,
ταῦτα δὴ τὰ κάλλιστα, ἢν δὲ αὐτοῖσι μὴ πιστὰ γένηται, ὅμοιον ἡμῖν ἔσται· οὐ γὰρ ἔτι διαδρήσονται, εἴ
περ περιεχόμεθα πανταχόθεν, ὡς σὺ λέγεις”.
| [8,80] LXXX. « Votre avis, repartit Thémistocle, est très avantageux, ainsi
que la nouvelle que vous venez m'apprendre, et dont vous êtes témoin
oculaire; c'est ce que je désire le plus. Sachez que les Perses
n'agissent que par mon impulsion. Les Grecs n'étant point portés
d'eux-mêmes à livrer bataille, il fallait les y forcer. Mais, puisque vous
venez avec de si bonnes nouvelles, communiquez-les vous-même au
conseil; car, si je le faisais, on me soupçonnerait de les avoir
inventées, et je ne persuaderais pas plus que si les Barbares n'avaient
point fait cette manœuvre. Entrez donc, et faites part aux Grecs de
l'état des affaires. Si l'on vous croit, tant mieux; si l'on ne vous croit
pas cela sera égal: car si, comme vous le dites, nous sommes
enfermés de toutes parts, ils ne pourront prendre la fuite. »
| [8,81] ἐνθαῦτα ἔλεγε παρελθὼν ὁ Ἀριστείδης, φάμενος ἐξ Αἰγίνης τε ἥκειν καὶ μόγις ἐκπλῶσαι λαθὼν
τοὺς ἐπορμέοντας· περιέχεσθαι γὰρ πᾶν τὸ στρατόπεδον τὸ Ἑλληνικὸν ὑπὸ τῶν νεῶν τῶν Ξέρξεω·
παραρτέεσθαι τε συνεβούλευε ὡς ἀλεξησομένους. καὶ ὃ μὲν ταῦτα εἴπας μετεστήκεε, τῶν δὲ αὖτις
ἐγίνετο λόγων ἀμφισβασίη· οἱ γὰρ πλεῦνες τῶν στρατηγῶν οὐκ ἐπείθοντο τὰ ἐσαγγελθέντα.
| [8,81] LXXXI. Aristide, étant entré au conseil, dit qu'il venait d'Égine, et qu'il
avait eu bien de la peine à passer sans être aperçu de la flotte des
Perses, qui enveloppait la leur de toutes parts ; qu'ainsi il leur
conseillait de se mettre en défense. Cet avis donné, il se retira. Il y eut
encore après cette nouvelle beaucoup d'altercations entre les
généraux, la plupart ne voulant pas le croire.
| [8,82] ἀπιστεόντων δὲ τούτων ἧκε τριήρης ἀνδρῶν Τηνίων αὐτομολέουσα, τῆς ἦρχε ἀνὴρ Παναίτιος ὁ
Σωσιμένεος, ἥ περ δὴ ἔφερε τὴν ἀληθείην πᾶσαν. διὰ δὲ τοῦτο τὸ ἔργον ἐνεγράφησαν Τήνιοι ἐν
Δελφοῖσι ἐς τὸν τρίποδα ἐν τοῖσι τὸν βάρβαρον κατελοῦσι. (2) σὺν δὲ ὦν ταύτῃ τῇ νηὶ τῇ αὐτομολησάσῃ
ἐς Σαλαμῖνα καὶ τῇ πρότερον ἐπ᾽ Ἀρτεμίσιον τῇ Λημνίῃ ἐξεπληροῦτο τὸ ναυτικὸν τοῖσι Ἕλλησι ἐς τὰς
ὀγδώκοντα καὶ τριηκοσίας νέας· δύο γὰρ δὴ νεῶν τότε κατέδεε ἐς τὸν ἀριθμόν.
| [8,82] LXXXII. Ils en doutaient encore, lorsqu'on vit arriver une trirème de
Téniens transfuges, commandée par Panétius, fils de Sosimènes, qui
leur apporta des nouvelles certaines. En mémoire de cette action, on
grava sur le trépied consacré à Delphes le nom des Téniens parmi ceux
qui avaient eu part à la défaite de Xerxès. Ce vaisseau ténien, qui
passa du côté des Grecs à Salamine, compléta, avec celui de Lemnos
qui les était venu joindre auparavant à Artémisium, le nombre de la
flotte grecque, qui, étant de trois cent soixante et dix-huit vaisseaux,
fut alors de trois cent quatre-vingts.
| [8,83] τοῖσι δὲ Ἕλλησι ὡς πιστὰ δὴ τὰ λεγόμενα ἦν τῶν Τηνίων ῥήματα, παρεσκευάζοντο ὡς
ναυμαχήσοντες. ἠώς τε διέφαινε καὶ οἳ σύλλογον τῶν ἐπιβατέων ποιησάμενοι, προηγόρευε εὖ ἔχοντα
μὲν ἐκ πάντων Θεμιστοκλέης, τὰ δὲ ἔπεα ἦν πάντα κρέσσω τοῖσι ἥσσοσι ἀντιτιθέμενα, ὅσα δὴ ἐν
ἀνθρώπου φύσι καὶ καταστάσι ἐγγίνεται· (2) παραινέσας δὲ τούτων τὰ κρέσσω αἱρέεσθαι καὶ
καταπλέξας τὴν ῥῆσιν, ἐσβαίνειν ἐκέλευε ἐς τὰς νέας. καὶ οὗτοι μὲν δὴ ἐσέβαινον, καὶ ἧκε ἡ ἀπ᾽
Αἰγίνης τριήρης, ἣ κατὰ τοὺς Αἰακίδας ἀπεδήμησε.
| [8,83] LXXXIII. Les Grecs, ayant ajouté foi au rapport des Téniens, se
préparèrent au combat. Dès que l'aurore commença à paraître, on
assembla les troupes. Thémistocle anima les siennes par sa harangue.
Il fit dans son discours un parallèle des grandes actions et des lâches;
et parmi toutes celles qui dépendent de la nature de l'homme ou de sa
position, il les exhorta à choisir celles qui pouvaient leur être
glorieuses. Sa harangue finie, il leur ordonna de monter sur leurs
vaisseaux. Ils s'étaient à peine embarqués, qu'arriva d'Égine le
vaisseau qu'on avait envoyé vers les Eacides. Aussitôt après les Grecs
levèrent l'ancre.
| [8,84] ἐνθαῦτα ἀνῆγον τὰς νέας ἁπάσας Ἕλληνες, ἀναγομένοισι δέ σφι αὐτίκα ἐπεκέατο οἱ βάρβαροι.
οἱ μὲν δὴ ἄλλοι Ἕλληνες ἐπὶ πρύμνην ἀνεκρούοντο καὶ ὤκελλον τὰς νέας, Ἀμεινίης δὲ Παλληνεὺς
ἀνὴρ Ἀθηναῖος ἐξαναχθεὶς νηὶ ἐμβάλλει· συμπλακείσης δὲ τῆς νεὸς καὶ οὐ δυναμένων ἀπαλλαγῆναι,
οὕτω δὴ οἱ ἄλλοι Ἀμεινίῃ βοηθέοντες συνέμισγον. (2) Ἀθηναῖοι μὲν οὕτω λέγουσι τῆς ναυμαχίης
γενέσθαι τὴν ἀρχήν, Αἰγινῆται δὲ τὴν κατὰ τοὺς Αἰακίδας ἀποδημήσασαν ἐς Αἴγιναν, ταύτην εἶναι τὴν
ἄρξασαν. λέγεται δὲ καὶ τάδε, ὡς φάσμα σφι γυναικὸς ἐφάνη, φανεῖσαν δὲ διακελεύσασθαι ὥστε καὶ
ἅπαν ἀκοῦσαι τὸ τῶν Ἑλλήνων στρατόπεδον, ὀνειδίσασαν πρότερον τάδε, “ὦ δαιμόνιοι, μέχρι κόσου
ἔτι πρύμνην ἀνακρούεσθε;”
| [8,84] LXXXIV. Dès qu'ils commencèrent à s'ébranler, les Perses fondirent
sur eux. Les Grecs reculèrent vers le rivage, sans virer de bord, pour
tomber ensuite sur l'ennemi, lorsque Aminias, Athénien et du bourg de
Pallène, s'avança devant les autres, et alla attaquer un vaisseau. Les
deux vaisseaux s'étant accrochés de manière qu'ils ne pouvaient plus
se séparer, le reste des Grecs accourut au secours d'Aminias, et le
combat s'engagea. Ce fut ainsi qu'il commença, suivant les Athéniens.
Mais les Éginètes prétendent que le vaisseau envoyé vers les Eacides
donna le premier. On dit aussi qu'un fantôme apparut aux Grecs sous
la forme d'une femme, et que, d'une voix assez forte pour être
entendue de toute la flotte, il les anima après leur avoir fait des
reproches: « Malheureux, quand cesserez-vous donc de reculer ? »
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