[8,70] Ταῦτα διανοηθεὶς τῇ μετὰ τὸν θρίαμβον
ἡμέρᾳ συνεκάλεσε τὸ πλῆθος εἰς ἐκκλησίαν· καὶ παρελθὼν ἐπὶ τὸ
βῆμα, ὡς ἔθος ἐστὶ ποιεῖν τοῖς τεθριαμβευκόσι, πρῶτον μὲν
ἀπέδωκε τὸν ὑπὲρ τῶν πραχθέντων αὐτῷ λόγον, οὗ κεφάλαια ἦν
ταῦτα· ὅτι τῆς
μὲν πρώτης ὑπατείας τυχὼν τὸ Σαβίνων ἔθνος ἀντιποιούμενον
τῆς ἡγεμονίας μάχῃ νικήσας ὑπήκοον ἠνάγκασε Ῥωμαίοις
γενέσθαι· ἀποδειχθεὶς δὲ τὸ δεύτερον
ὕπατος τὴν ἐμφύλιον ἔπαυσε τῆς πόλεως στάσιν καὶ
κατήγαγε τὸν δῆμον εἰς τὴν πατρίδα, Λατίνους δὲ
συγγενεῖς μὲν ὄντας τῆς Ῥωμαίων πόλεως, ἀεὶ δὲ τῆς
ἡγεμονίας καὶ τῆς δόξης αὐτῇ φθονοῦντας, εἰς φιλότητα
συνήγαγε τῆς ἰσοπολιτείας μεταδούς, ὥστε μηκέτι
ἀντίπαλον, ἀλλὰ πατρίδα τὴν Ῥώμην νομίζειν. τρίτον
δὲ καταστὰς ἐπὶ τὴν αὐτὴν ἀρχὴν Οὐολούσκους τ´
ἠνάγκασε φίλους ἀντὶ πολεμίων γενέσθαι καὶ τὸ Ἑρνίκων ἔθνος
μέγα τε καὶ ἄλκιμον καὶ πλησίον σφῶν
κείμενον βλάπτειν τε καὶ ὠφελεῖν τὰ μέγιστα ἱκανώτατον
ἑκούσιον ὑπηγάγετο. ταῦτά τε δὴ καὶ τὰ ὅμοια
τούτοις διεξελθὼν ἠξίου τὸν δῆμον ἑαυτῷ προσέχειν
τὸν νοῦν, ὡς παρὰ πάντας τοὺς ἄλλους πρόνοιαν
ἔχοντι τοῦ κοινοῦ καὶ εἰς τὸν λοιπὸν ἕξοντι χρόνον.
τελευτῶν δὲ τοῦ λόγου τοσαῦτ´ ἔφη καὶ τηλικαῦτ´
ἀγαθὰ ποιήσειν τὸν δῆμον, ὥστε πάντας ὑπερβαλέσθαι
τοὺς ἐπαινουμένους ἐπὶ τῷ φιλεῖν καὶ σώζειν τὸ
δημοτικόν· καὶ ταῦτ´ ἔφη ποιήσειν οὐκ εἰς μακράν.
διαλύσας δὲ τὴν ἐκκλησίαν καὶ χρόνον οὐδὲ ἀκαριαῖον
διαλιπὼν τῇ κατόπιν ἡμέρᾳ συνεκάλει τὴν βουλὴν εἰς
τὸ συνέδριον ὀρθὴν καὶ περίφοβον οὖσαν ἐπὶ τοῖς
ῥηθεῖσιν ὑπ´ αὐτοῦ λόγοις· καὶ πρὶν ἑτέρου τινὸς
ἄρξασθαι λόγου τὴν ἀπόρρητον ἐν τῷ δήμῳ φυλαχθεῖσαν
γνώμην εἰς μέσον ἔφερεν, ἀξιῶν τοὺς βουλευτάς, ἐπειδὴ πολλὰ ὁ
δῆμος τῇ πόλει χρήσιμος γέγονε
τὰ μὲν εἰς τὴν ἐλευθερίαν, τὰ δ´ εἰς τὸ ἑτέρων ἄρχειν
συλλαβόμενος, πρόνοιαν αὐτοῦ ποιήσασθαι, τήν τε χώραν αὐτῷ
νείμαντας, ὅση πολέμῳ κρατηθεῖσα λόγῳ
μὲν ἦν δημοσία, ἔργῳ δὲ τῶν ἀναιδεστάτων τε καὶ
σὺν οὐδενὶ δικαίῳ κατεσχηκότων πατρικίων, καὶ τῆς
ὑπὸ Γέλωνος τοῦ Σικελίας τυράννου πεμφθείσης σφίσι
δωρεᾶς σιτικῆς, ἣν προῖκα δέον ἅπαντας διανείμασθαι
τοὺς πολίτας ὠνητὴν ἐλάμβανον οἱ πένητες, ἀποδοθῆναι τὰς
τιμὰς τοῖς ὠνησαμένοις ἐξ ὧν εἶχε τὸ κοινὸν χρημάτων.
| [8,70] Pour y réussir,
le lendemain de son triomphe il convoque une assemblée du peuple, et
montant sur son tribunal (honneur qu'on accorde à ceux qui ont triomphé)
d'abord il rend compte de ses actions par un long, discours dont je
rapporterai les principaux points. Il dit que pendant son premier consulat,
ayant vaincu dans une bataille la nation des Sabins qui disputaient
l'empire, il les avait obligés à se reconnaître sujets des Romains ; que
dans le sécond, après avoir apaisé les séditions de Rome, il avait fait
revenir le peuple dans le sein de sa patrie : qu'il avait si bien ménagé les
esprits des Latins, parents à la vérité du peuple Romain , mais toujours
jaloux de son empire et de sa gloire, qu'ils étaient entrés dans une
alliance sincère avec la république, en leur accordant seulement l'égalité
dans le droit de bourgeoisie , de sorte qu'ils n'appelaient plus la ville de
Rome leur ennemie et leur rivale, mais qu'ils la nommaient leur chère
patrie ; que pendant le troisième, il avait obligé les Volsques à rechercher
l'amitié du peuple Romain, mettre bas toute jalousie et à oublier leurs
vieilles querelles et qu'enfin il avait engagé les Herniques, nation
nombreuse et puissante, qui comme voisine de Rome pouvait lui faire
beaucoup de bien ou beaucoup de mal, à se rendre, pour ainsi dire,
d'eux-mêmes sous l'obéissance de la république. Après, avoir dit ces
choses et autres semblables, il conjure le peuple de s'attacher
particulièrement à lui, l'assurant qu'aucun citoyen n'était plus zélé que lui
pour les intérêts de la république, et que dans la suite il en donnerait de
nouvelles preuves, Enfin il conclut son discours en promettant qu'il ferait
tant de bien aux Romains, qu'il effacerait tous ceux qui s'étaient attiré
quelques louanges par leur amour et leur zèle pour le salut du public , et
que dans peu il effectuerait sa promesse.
VI. L'ASSEMBLÉE congédiée, le lendemain sans perdre de
temps il convoque le sénat qui était attentif et inquiet au sujet de sa
harangue du jour précèdent. Avant que d'entamer un autre discours, il
propose une chose qu'il avait cachée à la multitude. Il représente au sénat
que le peuple avait rendu plusieurs services à l'état, tant pour défendre la
liberté que pour acquérir un nouvel empire sur les autres nations : que par
là il avait mérité qu'on prît quelque soin de ses intérêts ; qu'il fallait lui
distribuer toutes les terres qu'il avait conquises par ses victoires, terres
qu'on appelait le domaine du public, dont quelques patriciens des plus
effrontés s'étaient mis en possession sans aucun droit ; et qu'à l'égard du
blé dont Gélon tyran de Sicile avait fait présent à la république pendant la
cherté, il était juste de rembourser le peuple aux dépens du trésor public
et de rendre aux pauvres citoyens tout l'argent qu'il leur en avait coûté
pour acheter ces provisions qui devaient leur être distribuées gratis.
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