[11,505] (505) «Μαντεύομαι δὲ περὶ Κύρου τὰ μὲν ἄλλα στρατηγὸν αὐτὸν ἀγαθὸν εἶναι καὶ
φιλόπονον, παιδείας δ´ ὀρθῆς οὐδὲ ἧφθαι τὸ παράπαν, οἰκονομίᾳ δ´ οὐδ´ ᾑτινιοῦν
προσεσχηκέναι. Ἔοικε δ´ ἐκ νέου στρατεύεσθαι, παραδούς τε τοὺς παῖδας ταῖς
γυναιξὶ τρέφειν - - -.»
Πάλιν ὁ μὲν Ξενοφῶν συναναβὰς Κύρῳ εἰς Πέρσας μετὰ τῶν μυρίων Ἑλλήνων καὶ
ἀκριβῶς εἰδὼς τὴν προδοσίαν τοῦ Θεσσαλοῦ Μένωνος, ὅτι αὐτὸς αἴτιος ἐγένετο
(505b) τοῖς περὶ Κλέαρχον τῆς ἀπωλείας τῆς ὑπὸ Τισσαφέρνου γενομένης, καὶ οἷός
τις ἦν τὸν τρόπον, ὡς χαλεπός, ὡς ἀσελγής, διηγησαμένου· ὁ καλὸς Πλάτων
μονονουχὶ εἰπών
«Οὐκ ἔστ´ ἔτυμος λόγος οὗτος»
ἐγκώμια αὐτοῦ διεξέρχεται, ὁ τοὺς ἄλλους ἁπαξαπλῶς κακολογήσας, ἐν μὲν τῇ
Πολιτείᾳ Ὅμηρον ἐκβάλλων καὶ τὴν μιμητικὴν ποίησιν, αὐτὸς δὲ τοὺςδιαλόγους
μιμητικῶς γράψας, ὧν τῆς ἰδέας οὐδ´ αὐτὸς εὑρετής ἐστιν. Πρὸ γὰρ αὐτοῦ τοῦθ´
εὗρε τὸ εἶδος τῶν λόγων ὁ Τήιος Ἀλεξαμενός, ὡς Νικίας ὁ Νικαεὺς ἱστορεῖ καὶ
Σωτίων. (505c) Ἀριστοτέλης δ´ ἐν τῷ περὶ Ποιητῶν οὕτως γράφει·
«Οὐκοῦν οὐδὲ ἐμμέτρους τοὺς καλουμένους Σώφρονος μίμους μὴ φῶμεν εἶναι λόγους
καὶ μιμήσεις ἢ τοὺς Ἀλεξαμενοῦ τοῦ Τηίου τοὺς πρώτους γραφέντας τῶν Σωκρατικῶν
διαλόγων, »
ἄντικρυς φάσκων ὁ πολυμαθέστατος Ἀριστοτέλης πρὸ Πλάτωνος διαλόγους γεγραφέναι
τὸν Ἀλεξαμενόν.
Διαβάλλει δὲ ὁ Πλάτων καὶ Θρασύμαχον τὸν Χαλκηδόνιον σοφιστὴν ὅμοιον εἶναι λέγων
τῷ ὀνόματι, (505d) ἔτι δ´ Ἱππίαν καὶ Γοργίαν καὶ Παρμενίδην καὶ ἑνὶ διαλόγῳ τῷ
Πρωταγόρᾳ πολλούς, ὁ τοιαῦτα ἐν τῇ Πολιτείᾳ εἰπών·
«Ὅὅταν, οἶμαι, δημοκρατουμένη πόλις ἐλευθερίας διψήσασα κακῶν οἰνοχόων τύχῃ καὶ
ἀκράτου αὐτῆς μεθυσθῇ.»
(113) Λέγεται δὲ ὡς καὶ ὁ Γοργίας αὐτὸς ἀναγνοὺς τὸν ὁμώνυμον αὑτῷ διάλογον πρὸς
τοὺς συνήθεις ἔφη
«Ὡς καλῶς οἶδε Πλάτων ἰαμβίζειν.»
Ἕρμιππος δὲ ἐν τῷ περὶ Γοργίου
«Ὡς ἐπεδήμησε, φησί, ταῖς Ἀθήναις Γοργίας μετὰ τὸ ποιήσασθαι τὴν ἀνάθεσιν τῆς
ἐν Δελφοῖς ἑαυτοῦ χρυσῆς εἰκόνος, εἰπόντος τοῦ Πλάτωνος, ὅτε εἶδεν αὐτόν,
(505e) «Ἥκει ἡμῖν ὁ καλός τε καὶ χρυσοῦς Γοργίας,»
ἔφη ὁ Γοργίας·
«Ἦ καλόν γε αἱ Ἀθῆναι (καὶ) νέον τοῦτον Ἀρχίλοχον ἐνηνόχασιν.»
Ἄλλοι δέ φασιν ὡς ἀναγνοὺς ὁ Γοργίας τὸν Πλάτωνος διάλογον πρὸς τοὺς παρόντας
εἶπεν ὅτι οὐδὲν τούτων οὔτ´ εἶπεν οὔτ´ ἤκουσε (παρὰ Πλάτωνος). Ταὐτά φασι καὶ
Φαίδωνα εἰπεῖν ἀναγνόντα τὸν περὶ Ψυχῆς. Διὸ καλῶς ὁ Τίμων περὶ αὐτοῦ ἔφη·
«Ὡς ἀνέπλαττε Πλάτων ὁ πεπλασμένα θαύματα εἰδώς.
(505f) Παρμενίδῃ μὲν γὰρ καὶ ἐλθεῖν εἰς λόγους τὸν τοῦ Πλάτωνος Σωκράτην μόλις ἡ
ἡλικία συγχωρεῖ, οὐχ ὡς καὶ τοιούτους εἰπεῖν ἢ ἀκοῦσαι λόγους. Τὸ δὲ πάντων
σχετλιώτατον καὶ τὸ εἰπεῖν οὐδεμιᾶς κατεπειγούσης χρείας ὅτι παιδικὰ γεγόνοι τοῦ
Παρμενίδου Ζήνων ὁ πολίτης αὐτοῦ. Ἀδύνατον δὲ καὶ Φαῖδρον οὐ μόνον κατὰ Σωκράτην
εἶναι, ἦ πού γε καὶ ἐρώμενον αὐτοῦ γεγονέναι.
| [11,505] (505) «Pour moi, je présume que Cyrus était du reste un brave général, et un
bon citoyen; mais qui n'avait pas reçu ce qu'on appelle une heureuse éducation,
et qui jamais ne s'était appliqué au gouvernement des affaires domestiques. Il
paraît qu'il fit ses premières armes dès sa tendre jeunesse, et qu'il laissa
l'éducation de ses enfants aux femmes.»
De plus, Xénophon, qui était allé en Perse avec le jeune Cyrus à la tête de dix
mille Grecs, et qui avait été bien instruit de la trahison du Thessalien Ménon,
dit qu'il fut la cause de la mort (505b) de Cléarque que Thissapherne fit périr,
et nous dépeint le caractère de ce Thessalien qu'il nous donne pour un homme dur
et impudent. Platon, de son côté, ne dit pas expressément que ce rapport est
faux; mais il fait de grands éloges de cet homme, lui qui a pour habitude de
calomnier si ouvertement, qui proscrit Homère de sa république, et toute poésie
imitative, tandis qu'il écrit des dialogues imitatifs, dont cependant la
première idée ne lui appartient pas; car c'est Alexamène de Téos qui a imaginé
cette espèce de discours, comme le rapportent Nicias de Nicée, et Sotérion.
(505c) Aristote s'exprime ainsi à ce sujet, dans son ouvrage sur les Poètes :
«Ne pouvons-nous pas dire que les Mimes rythmiques de Sophron sont des discours
familiers et des imitations de ce qui se passe dans le commerce ordinaire de la
vie ? et ne penserons-nous pas de même des premiers dialogues socratiques,
écrits par Alexamène de Téos ?»
Le docte Aristote dit très clairement : je pense qu'Alexamène avait écrit avant
Platon des dialogues de ce genre.
Platon calomnie encore Thrasymachus de Calcédoine, disant que c'était un
sophiste bien semblable au nom qu'il portait. Il n'épargne (505d) pas plus
Hippias, Gorgias, Parménide, ni plusieurs autres qu'il nomme dans son seul
dialogue intitulé Protagoras. Il compare les magistrats à des échansons, en ces
termes, au liv. 8 de sa République :
«Lorqu'une ville démocratique a une grande soif de la liberté, si elle a en
même temps de mauvais échansons, et qu'elle s'enivre de vin pur, je pense, etc.»
(113) On rapporte que Gorgias, ayant lu le dialogue qui porte son nom, dit à ses
amis : Ma foi, convenons que Platon entend bien l'art de la satire.
Ermippe, qui a écrit sur ce Gorgias, rapporte que lorsqu'il fut de retour à
Athènes, après avoir consacré sa statue d'or à Delphes, Platon l'ayant aperçu, dit :
(505e) Oh ! voilà le beau Gorgias tout d'or qui est arrivé ; sur quoi celui-ci
lui répartit : Oh ! voilà un bel et jeune Archiloque que la ville d'Athènes a produit!
D'autres disent que Gorgias, ayant lu le dialogue de Platon, assura, à ceux qui
étaient avec lui, que jamais il n'avait rien dit, ni entendu dire rien de
semblable à Platon. C'est pourquoi Timon écrivit fort à propos à ce sujet :
«Comme l'a imaginé Platon, ce grand maître dans l'art d'inventer des choses
étranges.»
(505f) Quant à Parménide, son âge permet à peine de supposer que le Socrate de
Platon ait jamais pu entrer en conversation avec lui, bien loin d'avoir dit de
pareilles choses, ou de les avoir entendu dire ; mais ce qu'il y a de plus
blâmable, est que Platon, sans y être engagé par aucun motif d'utilité, ait pu
dire que Zénon, concitoyen de Parménide, en ait été le catamite. Il est
pareillement impossible que Phaedre ait été contemporain de Socrate, bien loin
d'en avoir été aimé.
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