HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, Le démon de Socrate

Chapitre 14

  Chapitre 14

[14] Ταῦτα τοῦ ξένου λέγοντος μὲν πατὴρ ἐπεδάκρυσε τῇ μνήμῃ τοῦ Λύσιδος πολὺν χρόνον, δ´ ἀδελφὸς ὑπομειδιῶν ὥσπερ εἰώθει πρὸς ἐμέπῶςἔφηποιοῦμεν, Καφισία; προϊέμεθα τὴν πενίαν τοῖς χρήμασι καὶ σιωπῶμεν;’ ‘ἥκιστ´ἔφην ἐγώτὴν φίλην καὶἀγαθὴν κουροτρόφον‘, ἀλλ´ ἄμυνε· σὸς γὰρ λόγος.’ ‘καὶ μὴν ἐγώ,’ εἶπεν πάτερ, ταύτῃ μόνον τὴν οἰκίαν ἐδεδίειν ἁλώσιμον ὑπὸ χρημάτων εἶναι, κατὰ τὸ Καφισίου σῶμα καλῆς μὲν ἐσθῆτος δεόμενον ἵνα τοῖς ἐρασταῖς ἐγκαλλωπίσηται τοσούτοις οὖσιν, ἀφθόνου δὲ καὶ πολλῆς τροφῆς ἵν´ ἀντέχῃ πρὸς τὰ γυμνάσια καὶ πρὸς τοὺς ἐν ταῖς παλαίστραις ἀγῶνας· ὁπηνίκα δ´ οὗτος οὐ προδίδωσι (τὴν πενίαν) οὐδ´ ὡς βαφὴν ἀνίησι τὴν πάτριον πενίαν, ἀλλὰ καίπερ ὢν μειράκιον εὐτελείᾳ καλλωπίζεται καὶ στέργει τὰ παρόντα, τίς ἂν ἡμῖν γένοιτο τῶν χρημάτων διάθεσις καὶ χρῆσις; ἦπου καταχρυσώσομεν τὰ ὅπλα καὶ τὴν ἀσπίδα πορφύρᾳ συμμεμιγμένῃ πρὸς χρυσίον, ὥσπερ Νικίας Ἀθηναῖος, διαποικιλοῦμεν; σοὶ δ´, πάτερ, Μιλησίαν χλανίδα τῇ δὲ μητρὶ παραλουργὸν ὠνησόμεθα χιτώνιον; οὐ γὰρ εἰς γαστέρα δήπου καταχρησόμεθα τὴν δωρεὰν εὐωχοῦντες αὑτοὺς πολυτελέστερον, ὥσπερ ξένον ὑποδεδεγμένοι βαρύτερον τὸν πλοῦτον.’ ‘ἄπαγ´,’ εἶπεν πατήρ παῖ· μηδέποτε τοιαύτην ἐπίδοιμι μετακόσμησιν τοῦ βίου (ἡμῶν).’ ‘καὶ μὴν οὐδ´ ἀργόνἔφηκαθισόμεθα φρουροῦντες οἴκοι τὸν πλοῦτον· ἄχαρις γὰρ ἂν οὕτως χάρις καὶ ἄτιμος κτῆσις εἴη.’ ‘τί μήν;’ εἶπεν πατήρ. ‘οὐκοῦνἔφη ἘπαμεινώνδαςἸάσωνι μὲν τῷ Θετταλῶν ταγῷ πέμψαντι δεῦρο πολὺ χρυσίον ἔναγχος πρὸς ἡμᾶς καὶ δεομένῳ λαβεῖν ἀγροικότερος ἐφάνην ἀποκρινόμενος ἀδίκων χειρῶν αὐτὸν κατάρχειν, ὅτι μοναρχίας ὢν ἐραστὴς ἄνδρα δημότην ἐλευθέρας καὶ αὐτονόμου (584) πόλεως ἐπείρα διὰ χρη|μάτων· σοῦ δ´, ξένε, τὴν μὲν προθυμίαν (καλὴ γὰρ καὶ φιλόσοφος) δέχομαι καὶ ἀγαπῶ διαφερόντως, ἥκεις δὲ φάρμακα φίλοις μὴ νοσοῦσι κομίζων. ὥσπερ οὖν εἰ πολεμεῖσθαι πυθόμενος ἡμᾶς ἔπλευσας (ἡμᾶς) ὅπλοις καὶ βέλεσιν ὠφελήσων, εἶτα φιλίαν καὶ εἰρήνην εὗρες, οὐκ ἂν ᾤου δεῖν ἐκεῖνα διδόναι καὶ ἀπολείπειν μὴ δεομένοις, οὕτω σύμμαχος μὲν ἀφῖξαι πρὸς πενίαν ὡς ἐνοχλουμένοις ὑπ´ αὐτῆς, δ´ ἐστὶ ῥᾴστη φέρειν ἡμῖν καὶ φίλη σύνοικος· οὔκουν δεῖ χρημάτων (οὐδ´) ὅπλων ἐπ´ αὐτὴν μηδὲν ἀνιῶσαν, ἀλλ´ ἀπάγγελλε τοῖς ἐκεῖ γνωρίμοις, ὅτι κάλλιστα μὲν αὐτοὶ πλούτῳ χρῶνται καλῶς δὲ πενίᾳ χρωμένους αὐτόθι φίλους ἔχουσι, τὰς δὲ Λύσιδος ἡμῖν τροφὰς καὶ ταφὰς αὐτὸς ὑπὲρ αὑτοῦ Λῦσις ἀπέδωκε, τά τ´ ἄλλα καὶ πενίαν διδάξας μὴ δυσχεραίνειν.’ [14] Sur ces paroles de l'étranger, mon père se mit à pleurer longuement au souvenir de Lysis ; puis mon frère me dit, avec un léger sourire à son habitude : «Qu'allons-nous faire, Caphisias ? Sacrifier la pauvreté à l'argent et nous taire?» «Non point, répondis-je ; cette chère «nourrice de vaillants garçons» ! Défends-la, au contraire ; à toi la parole.» «A vrai dire, mon père, répondit-il, je ne voyais notre maison vulnérable à l'argent que sur un seul point : Caphisias, parce qu'il lui faut de jolis habits pour s'entourer dignement de tant d'admirateurs et force nourriture pour soutenir les exercices et les luttes des palestres; mais puisqu'il ne trahit pas la pauvreté paternelle et ne s'en débarrasse pas comme d'un vernis, que, malgré sa jeunesse, il est fier de cette vie frugale et se contente de notre situation présente, comment pourrions-nous organiser l'emploi de cet argent ? Allons-nous dorer nos armes et peindre notre bouclier en mêlant la pourpre à l'or comme Nicias d'Athènes ? T'achèterons-nous, mon père, un manteau milésien, et à notre mère une tunique à bordure d'écarlate ? Car ce qu'on nous donne, nous n'allons pas, j'imagine, le dépenser pour notre ventre, en repas de luxe, accueillant cet hôte onéreux qu'est la richesse.» «A Dieu ne plaise ! mon fils, dit le père; puissé-je ne jamais voir notre vie ainsi changée !» «Nous n'installerons pas non plus chez nous, reprit Epaminondas, cet argent sans le dépenser, pour monter la garde autour de lui. Car de la sorte, la faveur serait peu favorable et notre enrichissement peu resplendissant.» «Sûrement, répondit le père.» «Eh bien! continua Epaminondas, quand le suzerain de la Thessalie, Jason, nous envoya naguère ici beaucoup d'or en nous priant de l'accepter, j'eus l'impolitesse de lui répondre que c'était un procédé immoral, pour un prétendant à la monarchie, de tenter par de l'argent le citoyen d'une ville libre et indépendante ; mais de toi, étranger, j'accepte et apprécie extrêmement l'intention (elle est belle et digne d'un sage); cependant, tu apportes des remèdes à des amis qui ne sont pas malades. Si, à la nouvelle qu'on nous faisait la guerre, tu nous avais apporté, pour nous secourir, des armes, des traits et qu'à l'arrivée tu eusses trouvé l'amitié et la paix, tu te serais dit qu'il ne fallait pas laisser ces armes sur les bras à des gens qui n'en avaient pas besoin. Eh bien ! tu nous arrives comme un allié contre la pauvreté en nous croyant accablés par elle, alors qu'elle nous est bien facile à supporter et partage en amie notre demeure : il n'est donc pas besoin d'argent pour lutter contre elle, qui ne nous afflige pas, et tu peux rapporter à tes frères de là-bas que s'ils font de la richesse l'usage le meilleur, ils ont ici des amis qui en font un bon de la pauvreté ; et que pour ce qui est de l'entretien et de la sépulture de Lysis, c'est Lysis lui-même qui nous en a dédommagés pour son propre compte, en nous donnant, entre autres leçons, celle de ne pas prendre la pauvreté en grippe.»


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Dernière mise à jour : 24/08/2005