[18] καὶ δὴ καὶ νῦν τοῦτο ὑμῶν δέομαι δίκαιον, ὥς γέ μοι δοκῶ, τὸν μὲν τρόπον
τῆς λέξεως ἐᾶν -- ἴσως μὲν γὰρ χείρων, ἴσως δὲ βελτίων ἂν εἴη -- αὐτὸ δὲ τοῦτο
σκοπεῖν καὶ τούτῳ τὸν νοῦν προσέχειν, εἰ δίκαια λέγω ἢ μή· δικαστοῦ μὲν γὰρ
αὕτη ἀρετή, ῥήτορος δὲ τἀληθῆ λέγειν.
πρῶτον μὲν οὖν δίκαιός εἰμι ἀπολογήσασθαι, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, πρὸς τὰ
πρῶτά μου ψευδῆ κατηγορημένα καὶ τοὺς πρώτους κατηγόρους, ἔπειτα δὲ
πρὸς τὰ ὕστερον καὶ τοὺς (18b) ὑστέρους. ἐμοῦ γὰρ πολλοὶ κατήγοροι
γεγόνασι πρὸς ὑμᾶς καὶ πάλαι πολλὰ ἤδη ἔτη καὶ οὐδὲν ἀληθὲς λέγοντες,
οὓς ἐγὼ μᾶλλον φοβοῦμαι ἢ τοὺς ἀμφὶ Ἄνυτον, καίπερ ὄντας καὶ τούτους
δεινούς· ἀλλ᾽ ἐκεῖνοι δεινότεροι, ὦ ἄνδρες, οἳ ὑμῶν τοὺς πολλοὺς ἐκ
παίδων παραλαμβάνοντες ἔπειθόν τε καὶ κατηγόρουν ἐμοῦ μᾶλλον
οὐδὲν ἀληθές, ὡς ἔστιν τις Σωκράτης σοφὸς ἀνήρ, τά τε μετέωρα
φροντιστὴς καὶ τὰ ὑπὸ γῆς πάντα ἀνεζητηκὼς καὶ τὸν ἥττω λόγον
κρείττω (18c) ποιῶν. οὗτοι, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, <οἱ> ταύτην τὴν φήμην
κατασκεδάσαντες, οἱ δεινοί εἰσίν μου κατήγοροι· οἱ γὰρ ἀκούοντες
ἡγοῦνται τοὺς ταῦτα ζητοῦντας οὐδὲ θεοὺς νομίζειν. ἔπειτά εἰσιν οὗτοι οἱ
κατήγοροι πολλοὶ καὶ πολὺν χρόνον ἤδη κατηγορηκότες, ἔτι δὲ καὶ ἐν
ταύτῃ τῇ ἡλικίᾳ λέγοντες πρὸς ὑμᾶς ἐν ᾗ ἂν μάλιστα ἐπιστεύσατε, παῖδες
ὄντες ἔνιοι ὑμῶν καὶ μειράκια, ἀτεχνῶς ἐρήμην κατηγοροῦντες
ἀπολογουμένου οὐδενός. ὃ δὲ πάντων ἀλογώτατον, ὅτι οὐδὲ τὰ (18d)
ὀνόματα οἷόν τε αὐτῶν εἰδέναι καὶ εἰπεῖν, πλὴν εἴ τις κωμῳδοποιὸς
τυγχάνει ὤν. ὅσοι δὲ φθόνῳ καὶ διαβολῇ χρώμενοι ὑμᾶς ἀνέπειθον -- οἱ δὲ
καὶ αὐτοὶ πεπεισμένοι ἄλλους πείθοντες -- οὗτοι πάντες ἀπορώτατοί εἰσιν·
οὐδὲ γὰρ ἀναβιβάσασθαι οἷόν τ᾽ ἐστὶν αὐτῶν ἐνταυθοῖ οὐδ᾽ ἐλέγξαι
οὐδένα, ἀλλ᾽ ἀνάγκη ἀτεχνῶς ὥσπερ σκιαμαχεῖν ἀπολογούμενόν τε καὶ
ἐλέγχειν μηδενὸς ἀποκρινομένου. ἀξιώσατε οὖν καὶ ὑμεῖς, ὥσπερ ἐγὼ
λέγω, διττούς μου τοὺς κατηγόρους γεγονέναι, ἑτέρους μὲν τοὺς ἄρτι
κατηγορήσαντας, ἑτέρους δὲ (18e) τοὺς πάλαι οὓς ἐγὼ λέγω, καὶ οἰήθητε
δεῖν πρὸς ἐκείνους πρῶτόν με ἀπολογήσασθαι· καὶ γὰρ ὑμεῖς ἐκείνων
πρότερον ἠκούσατε κατηγορούντων καὶ πολὺ μᾶλλον ἢ τῶνδε τῶν ὕστερον.
εἶεν· ἀπολογητέον δή, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι,
| [18] et je crois ma demande juste, de ne pas prendre
garde à ma façon de parler, bonne ou mauvaise,
et de regarder seulement, avec toute l'attention possible,
si je vous dis des choses justes ou non; car
c'est en cela que consiste toute la vertu du juge,
comme celle de l'orateur est de ne dire que la vérité.
Il est juste que je commence par répondre à mes
premiers accusateurs, et par réfuter les premières
accusations, avant d'en venir aux dernières qu'on a
élevées contre moi. Car j'ai bien des accusateurs
auprès de vous, depuis bien des années, et qui n'ont
rien avancé qui ne soit faux. Je crains bien plus
ceux-là qu'Anytus et ses complices, quoique ces
derniers soient fort éloquents; mais les autres sont
beaucoup plus redoutables, en ce que, vous entourant
pour la plupart dès votre enfance, ils vous ont
donné de moi une fausse opinion, et vous ont dit
qu'il y a un certain Socrate, homme savant, qui recherche
ce qui se passe dans les cieux et dans le sein de la terre,
et qui d'une méchante cause sait en faire une bonne.
Ceux qui ont semé ces faux bruits sont mes plus
dangereux accusateurs; car en y prêtant l'oreille on
reste persuadé que les hommes occupés à de telles
recherches ne croient point à l'existence des dieux.
D'ailleurs, ces accusateurs sont en fort grand nombre,
et il y a déjà longtemps qu'ils travaillent à ce
complot. Ils vous ont prévenus de cette opinion dans
un âge qui est ordinairement très crédule; car vous
étiez enfants pour la plupart, ou dans la première
jeunesse, lorsqu'ils m'accusaient auprès de vous tout
à leur aise, sans que l'accusé les contredit; et ce
qu'il y a encore de plus injuste, c'est qu'il ne m'est
pas permis de connaître ni de nommer mes accusateurs,
si ce n'est un certain faiseur de comédies.
Tous ceux qui, par envie ou par malice, vous ont
persuadé toutes ces faussetés, et ceux qui, persuadés
eux-mêmes, ont persuadé les autres, demeurent cachés,
je ne puis ni les appeler devant vous,
ni les réfuter; et il faut, pour me défendre, que je
me batte, comme on dit, contre une ombre, et que
j'attaque et me défende sans qu'aucun adversaire paraisse.
Mettez-vous donc bien dans l'esprit, Athéniens,
que j'ai affaire à deux sortes d'accusateurs, comme
je vous l'ai dit : ceux qui m'ont accusé depuis
longtemps, et ceux qui m'ont cité en dernier
lieu ; et croyez, je vous prie, qu'il est nécessaire
que je réponde d'abord aux premiers; car ce sont
là ceux que vous avez écoutés d'abord, et ils ont
fait beaucoup plus d'impression sur vous que les autres.
Eh bien donc! Athéniens, il faut se défendre,
|